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EAN : 9782073035455
Gallimard (07/03/2024)
4.1/5   79 notes
Résumé :
Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l’ordre SS et à leurs mères « de sang pur » un cadre harmonieux.
La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s’être éprise d’un soldat allemand, trouve là un refuge dans l’attente d’une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourriss... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Parmi les idées saugrenues et aberrantes de l'Allemagne nazie, figure sûrement leur création d'une association visant la naissance d'enfants aryens purs, dignes de la race des seigneurs. Cette association, qui porte le nom de "Lebensborn" ou Source de vie, fut créée dès le 12 décembre 1935. Elle ressortait sous le haut patronage de l'horrible Reichsführer-SS, Heinrich Himmler, né le 7 octobre 1900 à Munich, grand manitou de la redoutable Gestapo, qui s'est suicidé à Luneburg, en Basse-Saxe, le 23 mai 1945.

La plus célèbre enfant de Lebensborn est incontestablement Anni-Frid Lyngstad, chanteuse du groupe ABBA, née le 15 novembre 1945 près de Narvik en Norvège, comme une des 12.000 enfants de mère norvégienne et père allemand. Ce n'est qu'en 1977 que Frida a rencontré son père naturel, le sergent Alfred Haase, Allemand et marié.

Sur le "programme" Lebensborn existe une multitude de livres, documentaires, films, séries télévisées et même un jeu vidéo "Mon enfant Lebensborn".
Il y a entre autres les ouvrages de Will Berthold (1958), de Georg Lilienthal (2003) et le plus connu "Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits" de Boris Thiolay de 2014.

Les inspirateurs théoriques de ce phénomène curieux ont été essentiellement le Français Arthur Comte de Gobineau (1816-1882) avec son "Essai des inégalités des races humaines" de 1853 ; le Britannique Houston Stewart Chamberlain (1855-1927) avec "La Genèse du XIXe siècle" ; et l'Allemand Alfred Rosenberg, le philosophe du Parti Nazi, né en 1893, condamné à mort lors du Procès de Nuremberg et pendu le 16 octobre 1946.

Je m'excuse si j'ai été un peu long à présenter l'arrière-plan du merveilleux roman de ma compatriote, Caroline de Mulder. Pour nos jeunes lectrices et lecteurs, j'ai pensé que mon petit résumé, mettrait cependant davantage les qualités de ce roman en relief.

Au Heim Hochland, le premier centre de l'association Lebensborn à Steinhöring, en Haute-Bavière à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Munich, sous la direction de l'Oberführer (colonel) dr. Georg Ebner (1892-1974), l'ancien toubib de la famille Himmler, l'auteure nous présente ses protagonistes principaux, début décembre 1944, à l'occasion de la visite de l'affreux Himmler pour une cérémonie de "Namengebung" qui, au lieu de baptême chez nous, consistait à donner un nom et un parrain à un nouveau-né de façon à l'admettre dans la communauté nazie.

Ainsi, nous faisons donc la connaissance de l'adolescente Renée, originaire de Caen en France, qui attend un bébé de celui qu'elle croit être son grand amour, le soldat allemand Artur Feuerbach, à qui elle "pense tout le temps,... même sans y penser".
Un amour de jeunesse prohibé, qui lui a valu d'être chassée de chez elle et tondue.
Elle écrit aussi des lettres d'amour à son Artur, qui est quelque part sur le front et ne répond jamais à ses billets doux.
Dans le doute, mais plein d'espoir, notre Renée fait des sacrés efforts pour apprendre, en attendant, la langue de Goethe.

Autre personnage attachant : "Schwester" ou soeur Helga, un monument vivant d'humanité, qui dans cet enfer essaie d'aider ses pauvres jeunes mères avec leurs bébés et les futures mamans dans leur grossesse, tout en se chargeant des tâches administratives du docteur Ebner, son chef.

J'arrête là mon synopsis, pour avouer mon honte que l'auteure de ce remarquable récit m'était complètement inconnue, c'est d'autant plus grave que Caroline de Mulder est née dans la ville de Gand, où j'ai fait mes études secondaires, quoique quelques années avant sa naissance en 1976.

Je regrette qu'à cause d'un arrêt de coeur, mon cardiologue m'a interdit les grandes distances, car j'aurais vraiment aimé me rendre à Paris, le 26 avril prochain, pour la rencontre avec Caroline de Mulder, organisée par Babelio et l'éditeur Gallimard, l'entendre présenter son oeuvre et surtout lui offrir mes sincères félicitations.
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L'eugénisme et ses dérives.

Himmler lance, dès 1935, l'idée d'une race pure et germanisable qui sera développée dans des maternités (il y en aura aussi en France et en Belgique).

Le Heinhockland (Bavière) dans lequel nous pénétrons par la plume de Caroline de Mulder dévoile tous les mécanismes de cette idéologie.
Chaque personnage évoqué est représentatif des conséquences de cette guerre destructrice jusqu'à l'impensable, le difficilement supportable, l'inimaginable que l'on n'arrête pas de découvrir.

Helga, l'infirmière en proie aux questionnements rapidement engloutis par son embrigadement.
Doutes, malaise, abandon à l'Ordre.
Renée, la française tondue, rejetée, en attente de la naissance du fruit d'un amour allemand qui n'a que faire d'elle.
Marek, passé par Dachau et réduit à une condition animale, travaillant à la constructions des bâtiments devant accueillir des enfants : le degré zéro de la vie.

Des futures mères, des "infirmières", un docteur dirigeant, des bébés, des très petits, des convictions, des regards différents selon l'origine de la mère (étrangères, filles mères, etc...), des règlements organisant la vie quotidienne et les soins aux enfants.

Des non-dits, des pensées détournées vers le pire, des pensées uniques non habitées personnellement et le danger qui en découle.
Un but : la pureté de la race et sa construction forcée, la création d'un nouvel être, "l'élevage" de futurs seigneurs de guerre.
Des enfants "triés", examinés sous tous les aspects possibles (les mères aussi), des grilles tueuses : le tri amenant l'exclusion et/ou la mort précédée parfois par d'atroces souffrances dues aux expérimentations médicales.

Et puis l'arrivée des Américains, la délivrance et l'anéantissement. La douleur qui n'en finit pas.

L'auteure nous offre cependant une fin plus humaine avec Marek qui laisse s'entrevoir l'espérance d'une humanité plus digne de ce nom mais, que de chemins encore à accomplir avec le poids de ce qui fut vécu.

Caroline de Mulder, par une écriture "scalpel", précise, sans fioritures, qui fait exister êtres et lieux, remue en nous émotions, larmes, révolte, nausées, apitoiement, tendresse douloureuse.
Un roman qui raconte une réalité sans nom où l'humain est englouti sous une idéologie abjecte.

Dire est nécessaire, ne pas oublier, rester vigilants, voilà les leçons à tirer de ce livre coup de poing et magistralement bien écrit.


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L'auteure, le livre (288 pages, 2024) :
Caroline de Mulder est l'auteure belge de Manger Bambi (un polar féministe qu'on a pas lu ici) qui nous revient avec un titre percutant une fois de plus : La pouponnière d'Himmler.

Le contexte :
Le sujet est connu : c'est le Lebensborn (la fontaine de vie en VO), un programme de nurseries initié par Heinrich Himmler dès 1935 pour peupler le nouveau Reich de bons aryens.
Une trentaine de pouponnières furent ouvertes dans le cadre de ce programme (en Allemagne et en Norvège notamment) et près de 10.000 enfants y naquirent.
Le foyer Heim Hochland où se déroule l'essentiel de l'intrigue du livre, fut la première nurserie créée par Himmler à Steinhöring en Bavière, près de Munich, en 1936.
Le foyer français de Lamorlaye dans l'Oise a également existé.
Un système dont certains aspects font écho à la dystopie de Sophie Loubière : Obsolète, parue récemment.

On aime beaucoup :
• L'auteure a construit son récit sur trois ou quatre points de vue complémentaires, trois ou quatre destins qui se seraient croisés en 1944 au Heim Hochland de Bavière : une jeune française, une infirmière allemande, une mère inconsolable et un prisonnier des camps.
• Si le sujet n'est pas nouveau et si Caroline de Mulder a choisi de le romancer du point de vue des femmes, elle n'oublie pas pour autant de rappeler soigneusement les faits : son bouquin est très documenté et les faits terribles suffisent amplement à condamner la violence des hommes.
• C'est un roman empreint d'une profonde tristesse, la tristesse de ces femmes aux destins malmenés par la guerre et aux maternités préemptées par le pouvoir nazi. On ne peut même pas le lire d'une seule traite : on a besoin de pauses pour échapper à cette ambiance désespérée et à cette violence sourde. Une violence très institutionnelle ici.

L'intrigue :
Nous voici en 1944, en Bavière, dans un foyer, un "Heim", pour jeunes mères de bons aryens.
Himmler en personne est venu célébrer la maternité de ces mamans au sang pur et de leurs beaux bébés blonds.
Il y a là, Renée, une française, séduite trop jeune par un beau Waffen-SS dans sa campagne normande et qui, une fois enceinte, a dû fuir les revanchards qui l'ont tondue et la ligne de front qui avançait vers l'est.
Helga, la secrétaire allemande, l'assistante du docteur qui dirige cette pouponnière.
Marek, un prisonnier de Dachau qui travaille au domaine et qui est obsédé par la faim qui le tenaille depuis des mois.
Et l'inconsolable Frau Geertrui qui vient d'accoucher d'un petit Jürgen qui refuse de se nourrir.
Pour celles et ceux qui aiment les nourrissons.
Livre lu grâce aux éditions Gallimard.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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Imaginez un instant… vous vous trouvez témoin, en août 1944, de la vie quotidienne au sein du Heim (= Maison-Maternité) HOCHLAND, en ALLEMAGNE, première maternité dédiée au projet eugéniste fou des nazis et surtout de HIMMLER qui inaugure son ouverture en 1936. L'objectif de cette maternité est simple : faire naître le plus de bébés aryens pour « purifier » le peuple allemand et soutenir l'effort de guerre.

Caroline DE MULDER a choisi d'y raconter l'évolution de trois personnages : Renée, jeune française qui a vécu une aventure avec Arthur, soldat SS, ayant conduit à une grossesse et qui attend impatiemment son retour. A cause de cette amourette, elle n'a eu d'autre choix que de fuir la France après avoir subi l'épreuve humiliante de la tonte de ses cheveux roux.

Helga, ou plutôt Schwester Helga (soeur Helga) est une infirmière puéricultrice dont la mission consiste à assurer la bonne santé des futures mères et celles des nourrissons. C'est une jeune et belle femme qui a envie de bien faire. Elle est placée sous l'autorité d'un médecin qui l'intimide et dont elle recherche sans cesse l'approbation.

Marek est un prisonnier qui est passé par le camp de DACHAU et qui va servir de main d'oeuvre à la construction de l'agrandissement du Heim HOCHLAND. Il doit survivre malgré une faim coriace, les coups répétés, la peur de mourir, la peur de ne plus jamais revoir sa bien-aimée.

Dans un milieu où il faut correspondre au stéréotype de la femme discrète et docile, Renée l'étrangère va-t-elle réussir à s'intégrer ? Helga commettra-t-elle une faute en aidant une pensionnaire désespérée ? Bien qu'endoctrinée, va-t-elle prendre conscience de l'horreur à laquelle elle participe volontairement ? Marek va-t-il survivre au manque de nourriture et aux travaux éreintants ? L'espoir est-il permis ?

Si le choix d'alterner les trois personnages m'a un peu perturbée au début du livre parce que ça ne me laissait pas le temps de « faire connaissance », je me suis rapidement intéressée à leur devenir. On comprend très vite que les femmes ne sont perçues que comme des ventres dont le but est d'expulser le plus de petits aryens. Elles ne doivent commettre aucune « faute », n'exprimer aucune émotion « négative », se transformer en machines reproductrices, sans se soucier du devenir de leur progéniture qui appartient à l'ALLEMAGNE. C'est de l'inhumain dans une maternité car le projet eugéniste prime sur l'humain.

Durant toute la lecture, j'ai eu peur pour la vie des personnages. Peur pour Renée car malgré sa grossesse prometteuse, c'est une étrangère et son inadaptation au Heim pourrait bien lui causer de graves préjudices ; peur pour Helga, cette puéricultrice un peu « trop » empathique avec les pensionnaires ; peur pour Marek, simple prisonnier, ouvrier interchangeable.

Des Lebensborn, je ne connaissais que le nom sans trop savoir de quoi il s'agissait précisément. Je suis donc ravie de m'être immergée dans la vie de cette maternité, d'avoir pu essayer de comprendre ce qu'avaient pu vivre les futures mères, les bébés et même les infirmières au sein de cette mécanique intraitable et cruelle de ces jolies maisons où on aimerait passer des vacances.

Dans le même temps, j'ai lu Lebenborn d'Isabelle MAROGER, sur le même thème et qui a bien complété mon aperçu de cet horrible projet. J'en conseille la lecture également.
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Nous sommes en Bavière en 1944, la fin de la guerre approche peu à peu. La première maternité nazie, Heim Hochland, semble préservée de tout, un grand parc, un étang, il ne manque de rien pour les futures mères et les nourrissons. Un hâvre de paix en apparence. Détrompez-vous, nous sommes dans un "camp de vie" à l'opposé des "camps de la mort", dans un Lebensborn, un programme imaginé par Himmler pour produire de futures recrues SS, pour créer une race aryenne pure.

C'est un roman choral où trois personnes s'expriment tour à tour.

- Renée, une toute jeune française qui a dû fuir sa Normandie natale, cette jolie rousse en a bavé, elle arrive tondue après avoir été exhibée, malmenée dans son pays pour être tombée amoureuse d'Artur Fuerbag, un soldat allemand dont elle est enceinte. Amoureuse, jeune, naïve, elle attend son enfant et pense à lui constamment, lui écrivant et attendant des lettres qui n'arrivent pas.

- Schwester Helga, est une jeune infirmière modèle qui veille sur les futures mères et les nourrissons. Elle est l'assistante administrative du docteur Ebner qui dirige le centre. Elle est inconsciente de la finalité du projet, se donne corps et âme dans son travail. C'est la seule à avoir un peu d'humanité. Elle rédige son journal et se pose des questions suite au dossier de Jürgen, un bébé un peu différent et sa mère Frau Geertrui.

- Marek Nowak est un prisonnier politique polonais. Il était à Dachau, il s'occupe à présent de l'entretien du parc et de la construction d'annexes au Heim. Il repense à sa femme et à son enfant qui aurait dû naître, cela hante ses pensées mais alimente aussi l'espoir.

Un récit parfaitement maîtrisé qui nous donne un point de vue essentiellement féminin, une véritable immersion dans un Lebensborn. On comprend bien la notion d'endoctrinement, le manque d'humanité lorsqu'un enfant ne répondait pas aux critères fixés, le sens du devoir mais aussi peu à peu des doutes, des interrogations par rapport à la finalité et la réalité du projet.

Un roman très visuel à la plume précise, sobre. Un récit bien documenté. On comprend que si on supprime une population, l'objectif est d'en recréer une autre, une race aryenne pure pour produire des recrues SS. L'inimaginable pourtant issu de la pensée d'Himmler. Des enfants enlevés, germanisés de force car racialement valables, des enfants sans identité, rejetés après la guerre car personne n'en voulait.

Ce roman nous montre la cruauté de l'âme humaine mais nous parle aussi d'espoir. J'ai beaucoup aimé la résilience de Marek. Je ne vous en dis pas plus, c'est un livre à lire absolument.


Ma note : ♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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critiques presse (6)
LeSoir
12 avril 2024
Y a-t-il plus mignon, plus réconfortant qu’une pouponnière ? Sauf celle que décrit Caroline De Mulder dans son nouveau roman, La pouponnière de Himmler. Un lieu souvent appelé « Lebensborn », projet de triste mémoire destiné à préserver et améliorer la « race » aryenne.
Lire la critique sur le site : LeSoir
FocusLeVif
10 avril 2024
Caroline De Mulder offre un regard féminin inédit autour du projet nazi destiné à créer une race pure dans des foyers très particuliers.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
LeMonde
08 avril 2024
L'écrivaine livre le glaçant roman d'une usine à aryens en 1944.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
26 mars 2024
L’autrice belge précipite le lecteur dans la première maternité du Lebensborn, concept imaginé et mis en œuvre par Heinrich Himmler à partir de 1935 pour assurer la pureté de la race aryenne et produire de vaillantes recrues pour la SS.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
08 mars 2024
Le nouveau et bouleversant roman de l’auteure belge Caroline De Mulder, nous amène dans un projet des Nazis, terrifiant, invraisemblable et pourtant bien réel, inédit dans l’histoire de l’humanité, les “Lebensborns”. Des “pouponnières” pour sélectionner les bébés de pure race aryenne. Entretien.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
07 mars 2024
À Heim Hochland, en Bavière, l'horreur peut se dérouler dans le plus beau des décors.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Elle le laisse prendre Arne, mais se tient à l’écart. À l’écart de tout et de tout le monde. Et aussi de cet homme qui lui inspire de la répulsion. Quelque chose dans son odeur, ses yeux, le grain de sa peau. Quelque chose de maladif dans l’aspect de son épiderme. Sa maigreur, son haleine. Son visage asymétrique. Il ressemble à la mort. Il ressemble aussi au souvenir de sa propre humanité. Au temps où elle gardait du pain pour un étranger qui l’avait bousculée. Elle n’éprouve envers lui aucune colère, alors que c’est sans doute la seule émotion qui la fait tenir debout. C’est aussi celle qu’exprime son visage ardent, la brûlure semblait superficielle mais n’a pas guéri, ne guérira pas, elle le sait, jamais le sang qui lui bat maintenant dans la peau ne retournera dans ses veines. 
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Sent des mains lui saisir les bras, le soulever, le sortir de la caisse, entend des voix, beaucoup de voix ou alors c’est qu’elles résonnent comme dans une cathédrale. Distingue une odeur intéressante. Du chocolat, qu’on lui tient sous le nez. Il ouvre grand les yeux et le mange, mange presque ses propres doigts, le regard dans le ciel. Le ciel est un éblouissement, Marek est enveloppé de la tiédeur d’une fin de printemps magnifique. Lorsqu’il se relève, le prennent à la gorge les effluves du parc, un mélange de jasmin sauvage, d’aspérule et de violette, il vacille, devant ses yeux tout devient noir, puis le monde s’ouvre de nouveau et il fixe trois hommes, des soldats américains très jeunes, encore plus jeunes que lui, qui remontent dans leur blindé. 
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Il n’y a pas d’un côté le bien, de l’autre le mal, il y a de longues glissades dont on ne se relève pas, et des passages quelquefois imperceptibles de l’un à l’autre. Quand on s’en rend compte, il est déjà trop tard. Cette question m’obsède, revient sous des formes toujours nouvelles, comme si elle était infinie. Choisit-on le mal ou est-ce lui qui nous choisit ? J’étais bonne, mais pas du bon côté ?Ne pensons-nous pas tous être du côté de la lumière ? 
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Choisit-on le mal ou est-ce lui qui nous choisit ? J'étais bonne, mais pas du bon côté ? Ne pensons-nous pas tous être du côté de la lumière ?
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Le Reichsführer s’est suicidé ! Avec la lâcheté de ces hommes auxquels il reprochait une attitude qui n’était pas « chevaleresque ». Où est-il donc, ce courage qu’il exigeait du peuple et des femmes que nous soignions ? 
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Videos de Caroline de Mulder (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Caroline de Mulder
Dans son roman, Caroline de Mulder explore l'histoire glaçante des Lebensborn, ces maternités nazies destinées à faire naître une nouvelle génération d'enfants aryens. Avec son héroïne française, on est embarqué en 1944 dans "La pouponnière d'Himmler", titre de son livre. Située à Heim Hochland, en Bavière, c'est la première maternité nazie qui fait suite au projet d'Himmler de repeupler l'Allemagne qui perdait de nombreux hommes sur le front, mais aussi de ramener le pays à sa pureté originelle. Ces maternités ont accueilli des femmes allemandes ou étrangères, principalement enceintes de S.S. On estime à 20 000 le nombre de naissances pour une quarantaine de foyers dans toute l'Europe. Pour l'auteure, il était important de mettre en lumière ces "camps de vie" par opposition aux "camps de la mort", plus souvent évoqués. Dans son roman, Caroline de Mulder a souhaité documenter cette maternité sous le prisme des regards. D'abord celui d'Helga, une infirmière en cheffe mais aussi celui de Marek, un jeune polonais réchappé du camp de Dachau ou encore celui de Renée, une jeune normande française âgé de 20 ans venue accoucher d'un enfant, fruit d'une liaison avec un soldat.

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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