Sans m'intéresser forcément au côté "people" - ou, pour faire plus critique littéraire, à la "part de l'artiste dans l'oeuvre", je donne cette fois la parole à la défense, après avoir lu il y a quelques semaines
Elle et lui de
George Sand. Et en quelques mots sur l'aspect biographique, il ne semble pas que ce soit la même histoire, pas les mêmes noms, pas les mêmes lieux, pas les mêmes circonstances. La thématique de la création artistique, centrale dans
Elle et lui n'apparaît pas ici, alors que c'est ce que j'avais le plus apprécié : la rivalité créatrice entre les deux renforçant et provoquant les scènes de jalousie.
Non, ce n'est pas à proprement parler la même histoire. Mais c'est finalement une histoire universelle, l'histoire d'un couple de la rencontre à la rupture, de la passion au déchirement de la jalousie. Comme c'est Octave qui raconte, Brigitte semble assez mystérieuse mais presque effacée : on ne sait pas directement ce qu'elle pense et qui elle est, elle n'apparaît qu'à travers le regard fantasmé, à la fois idéalisée, sanctifiée et rabaissée, de son amant. Quant à lui, il apparaît comme un jaloux, inconstant, capricieux, un pervers narcissique... Il le sent lui-même, Brigitte agit comme une martyr en s'occupant de lui.
Ce n'est donc pas la partie consacrée à ce couple qui m'a le plus intéressée, à cause justement des deux personnages, l'un insupportable, l'autre trop parfaite. Mais les parties précédentes, l'évolution psychologique d'un jeune esprit, aimé, aimable, appréciant la nature et les livres, qui, suite à un premier chagrin d'amour, cherche la guérison dans les plaisirs sans l'atteindre. La chair est triste, l'esprit est faible, le diable tentateur ne peut transformer le coeur.
Mais surtout, ce qui est pour moi la partie la plus forte du texte, c'est le début, les deux premiers chapitres, où
Musset fait non son autoportrait, mais celui d'une génération, celle des garçons nés lorsque "ce siècle avait deux ans" pour reprendre un vers de
Victor Hugo. Oui, tous ces fils de pères partis combattre, élevés pour servir un demi-dieu répandant la liberté, qu'on leur présentera lorsqu'ils auront l'âge de porter les armes comme un ogre ayant sacrifié le sang humain des jeunes gens. Ils arrivent trop tard, dans un monde qui cherchent la paix, et semblent n'avoir rien à faire. Ce sont Hugo et Dumas, fils de généraux d'Empire, c'est
De Vigny - ces deux chapitres font écho à Servitude et grandeur militaire. Mais là où Octave s'occupe par la débauche, ces hommes se sont occupés par l'écriture.