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EAN : 9784732051158
Chapitre.com - Impression à la demande (01/01/2014)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Cet ouvrage est une réimpression à l'identique de l'édition originale numérisée par Gallica. Il est possible qu'il présente quelques défauts dus à l'état de l'ouvrage et au procédé de numérisation.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La vengeance de Paul de Musset ! Si George Sand pouvait dire d'Alfred de Musset « qu'il avait le coeur admirablement bon ! » la réciproque ne se retrouve pas avec son frère protecteur qui nous donne son point de vue, très partial forcément, sur cette liaison. Reprenons…

George Sand est la célébrité en vogue, reine en son salon, au regard hypnotisant, elle peut tout se permettre : toutes les tenues, les attitudes, pouvoir fumer sans surprendre, s'attache un poignard à la ceinture pour se protéger elle-même, signe d'indépendance… Ses extravagances sont appréciées sans jugement et tous sont charmés et curieux de ses mystères.

George Sand jouissait de toutes les grâces qu'on accorde à une artiste libre et profitait aussi de l'admiration qu'elle suscitait pour en tirer quelques adorateurs serviles mais qu'elle méprisait trop pour y concéder un peu d'amour.
Il lui fallait un talent à sa hauteur pour chatouiller la cuirasse d'orgueil enveloppant son coeur : c'est ainsi qu'à l'occasion d'un dîner mondain littéraire, les convives étaient tout excités à l'idée de placer l'un à côté de l'autre Alfred de Musset et George Sand et d'observer avec enthousiasme le résultat de leur expérience.
Ce breuvage romantique d'artistes pétille et semble prendre sous les yeux satisfaits du petit monde parisien.
Un engouement mutuel est né : lui et elle admirent leurs talents d'artistes respectifs mais unissent plutôt leurs vanités que leurs coeurs.
Aussi, la plus petite piqûre d'orgueil suffira à rompre ce mince fil d'amour vaniteux.
Ils auront beau voyager en Italie, changer de ville sans cesse, se gaver de distractions, ils ne retrouveront jamais leur enthousiasme sentimental après une première piqûre.
L'auteur sous-entend que George Sand, plus irritable, se sentirait plus facilement blessée d'orgueil qu'Alfred de Musset, le plus souvent vexée de sa propre infériorité en face de son talent. Jusqu'ici, les charges sont légères.

Le véritable coup de poignard vient lorsque, subitement convalescent et alité, Alfred de Musset constate, ébahi, les petits plaisirs charnels mal dissimulés entre George Sand et son médecin.
Le coeur asséché mais résolu, il s'apprête à retourner seul en France mais George Sand le retient, nie tout en bloc et refuse nettement qu'il parte seul, de crainte qu'il ne divulgue à tout le monde ses infamies.
C'est là une double abomination : elle trompe son amant malade et ne redoute que les répercussions du public sur leur mésaventure sans s'inquiéter nullement d'une quelconque peine de coeur.
Aux portes du désespoir, il lui reste l'utile secours des menaces, de la violence, elle l'empêche de retrouver le médecin en question pour le faire avouer puis, après une folle course, se déclare enfin vaincue, mais pour mieux baisser la vigilance du vainqueur.
Elle force son talent pour apaiser la susceptibilité bien légitime du poète à son retour en France en l'assommant de lettres remplies d'expressions de mauvais goûts, elle lui crie un amour faux plein de détresse. La grande utilité de ces lettres est qu'elle y reconnait ses torts, et c'est justement sur ces quelques lettres, conservées précieusement par le poète, que se fonde l'auteur.
Prise à son propre jeu, elle finit par développer de sincères regrets, elle pousse le harcèlement jusqu'à lui rendre une visite inopinée un soir dans son appartement avec toutes les attitudes classiques d'un drame : se mettre à ses pieds, pleurer…
Une seconde chance lui est offerte sans grand investissement du poète, qui la délaissera totalement en riant en toute indifférence à la prochaine chute.

20 ans plus tard, proche de la mort, alité, le poète en reparle en compagnie de son frère qui expose son point de vue. Selon lui, c'est son tempérament d'artiste qui lui fait éprouver le besoin de faire parler les passions les plus contrastées, qu'elles soient positives ou négatives -
"Elle a un appétit déréglé des complications, d'aventures, de changements, d'amour interrompus, reprises, abandonnées" -
"Le calme et le bonheur, si doux qu'ils soient ne lui enseignent plus rien après un certain temps"-
Elle se dirait même, intérieurement : "assez d'amour ; nous savons cela par coeur ; occupons-nous un peu de jalousie, de désespoir, de tromperie, d'infidélité".
Elle aurait enfin trop d'orgueil et se justifierait sur tous les points.

Bon… Sans prétendre connaître George Sand, on ne la reconnait pas et j'aurais tendance à ne voir dans cet ouvrage qu'une revanche, subtile au début mais perdant un peu de crédibilité à la fin par de lourdes charges assassines. On éclipse totalement la débauche notoire du poète par exemple mais cette défense est émouvante bien que partiale quand on sait qu'elle vient directement de son frère.

La part de vérité est que George Sand, sous ses airs détachés et désintéressés n'était pas insensible à la dégradation de son image publique. Cette union, que le petit monde parisien a fait naître artificiellement, ne pouvait se dénouer sans vives réactions, remarques, sans drame public et on a parfois l'impression que l'humiliation aux yeux du public prenait plus d'importance que la blessure du coeur, même chez George Sand.
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Quel portrait à charge ! Paul Musset défend son frère, Alfred, dans la bataille par romans interposés inspirés de son histoire d'amour passionnelle et violente avec George Sand.
Premier constat, quelle misogynie et quelle violence dans la description d'Olympe. Cela ne m'intéresse pas tant que cela de savoir si ce personnage de fiction est George Sand de façon exagérée ou réaliste, ce n'est pas un documentaire ou un témoignage, mais une oeuvre de fiction, où les personnages n'ont pas le même nom que les personnes qui les inspirent, ne sont pas écrivains mais musiciens... L'auteur ne supporte d'abord pas l'idée qu'une femme s'écarte du modèle de la femme du monde du XIX ème siècle, associant pudeur, réserve, modestie. Au contraire, Olympe parle haut et fort, dit ce qu'elle pense, s'allonge plutôt qu'elle ne s'assoit droite dans un fauteuil, fume, porte des habits d'homme, a un pseudonyme masculin, porte un poignard à la ceinture... Son apparence n'est donc pas celle attendue d'une femme. Et en plus, elle assume ses désirs physiques, elle cherche des relations basées sur la sexualité, là où Falconey semble ne chercher qu'un amour chaste et éthéré.
De même, elle proclame des idées politiques révolutionnaires, défend les plus pauvres. Ce que n'aime pas l'auteur, c'est qu'elle ait un avis et qu'elle le dise. de plus, il n'apprécie pas que ce personnage d'Olympe soit une artiste de talent. Il déprécie ainsi tout ce qu'elle fait, ce ne sont que de petites oeuvres modestes, charmantes mais sans génie, le qualificatif de génie étant réservé à son amant, Falconey. Paul de Musset livre donc le portrait d'une femme menteuse, nymphomane, qui collectionne les amants et les détruit, comme une prédatrice, une perverse narcissique.
Deuxième constat, Paul Musset est loin d'avoir le talent d'écrivain de son frère, ni ceui de Sand. Ses descriptions de paysages sont plates, il cherche à respecter les codes du romantisme en voulant unir les sentiments des personnages aux descriptions de la nature, mais sans réussir, il se contente d'une expression sur « les paysages grandioses ». Ses personnages agissent et écrivent comme s'ils étaient au théâtre, accumulant les excès et les phrases grandiloquentes. La scène où Falconey prend le prétexte d'observer les broderies de la babouche d'Olympe pour caresser son pied est peut-être sensuelle voire érotique pour le XIX ème siècle où les chevilles étaient totalement couvertes, mais elle semble surjouée, fausse. Je n'ai pas compris pourquoi au milieu d'une scène passionnel le héros se met à rire pour désamorcer la scène, ce qui semble improbable d'un point de vue psychologique. le style lui non plus ne m'a pas convaincu, sans originalité ni subtilité. Ainsi, la métaphore filée sur Olympe comme Judith décapitant Holopherne pour suggérer la passion destructrice est bien trop appuyée.
Choisissez plutôt Elle et lui qui permet d'avoir un point de vue féminin sur les étapes d'une histoire d'amour de son commencement à sa fin, ou les Confessions d'un enfant du siècle pour lire un écrivain de talent.
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