Les 700 aveugles de Bafia

Nous sommes au Cameroun dans la partie française en 1929. Danielle, jeune médecin des troupes coloniales est mandatée par le Dr Jamot pour exfiltrer une infirmière princesse de la tribu Ewondo, d'un village éloignée de Douala. Elle sera accompagnée dans sa mission par un homme pygmée connaissant parfaitement la forêt et les populations locales. Ceci lui sera demandé à la suite d'une bavure du médecin Monier, sous les ordres de Jamot, qui a administré et fait administrer un médicament soignant miraculeusement de la maladie du sommeil mais rendant aveugle à de trop fortes doses, d'où les 700 aveugles de Bafia.

L'écriture est très fluide, les chapitres courts et le rythme soutenu. Il est dommage que les personnages principaux n'aient pas été plus approfondis tant dans leur psychologie que dans leur caractère. On ne ressent pas assez leur humanité. Même si parfois des bribes du passé de Danielle remontent à la surface, quelques traits de personnalité sont esquissés cela n'est pas assez pour brosser son portrait de manière plus détaillée. En somme, l'attachement aux personnages a été absent.

Mention spéciale au thème de ce livre basé sur des faits réels et qui oblige à voir l'histoire coloniale sous un angle totalement occulté en France.

Ce roman permet au lecteur de découvrir la mission de prophylaxie du Docteur Jamot au Cameroun contre la trypanosomiase, plus couramment appelée la maladie du sommeil. Suite à une bavure d'un médecin qui va augmenter les doses d'un traitement, de nombreux membres de la population locale vont perdre la vue, ce sont les 700 aveugles de Bafia.

Autour de ce fait véridique, Mutt-Lon vient trousser une aventure qui va maintenir le lecteur en haleine. Les populations locales se révoltent contre les blancs accusés de les empoisonner avec leurs seringues et le docteur Jamot est contraint d'envoyer une infirmière accompagnée d'un pygmée et d'un interprète en zone dangereuse afin de récupérer une infirmière qui s'avère être la nièce d'un chef suprême. Si elle échoue dans sa mission, c'est bien une guerre tribale qui risque de mettre la région à feu et à sang.

J'ai pris plaisir à suivre le récit de cette infirmière à laquelle je me suis attaché au fur et à mesure du récit. Sa relation avec son compagnon pygmée qui évolue au fur et à mesure du récit est un élément intéressant, tout comme, de manière plus générale, les relations entre les populations locales et les blancs. C'est une vraie plongée au coeur du Cameroun sous le régime colonial.

Le récit est rythmé et l'écriture est fluide et simple. L'ensemble manque quand même un peu de profondeur et c'est dommage. Il aurait pu être intéressant, un peu comme cela a été le cas pour l'infirmière, de revenir sur le passé de certains personnages comme le pygmée, les chefs des populations locales... le contexte historique pouvait être un peu plus développé tout comme la riche histoire du Docteur Jamot. C'est un livre tout à fait abordable, facile à lire et plutôt intéressant mais qui aurait pu gagner en profondeur pour en faire un grand roman d'aventure.

L'ensemble est donc un peu "facile", mais cela reste un roman agréable à lire et qui permet une première approche de cette partie de l'histoire. le lecteur qui reste sur sa faim, et dont la curiosité aura été piqué par ce livre, aura ensuite tout le loisir de se plonger dans des ouvrages plus détaillés pour approfondir le sujet.

Dans les années 1920, le médecin colonial Eugène Jamot spécialiste de médecine tropicale, est en mission au Cameroun pour endiguer la propagation de la trypanosomiase, la maladie du sommeil. Toutes ses équipes travaillent d'arrache pied à la prophylaxie de cette maladie, elles sont sectorisées dans différents villages.
Dans une des subdivisions sanitaires, le Dr Monier a surdosé le traitement sur un patient, qui s'est retrouvé rapidement guéri. Devant ce résultat, il a pris l'initiative de le faire sur tous, mais bientôt de nombreux patients vont souffrir de cécité irréversible.
La période est tendue, les indigènes vont s'insurger...

Le roman raconte l'histoire de deux femmes qui n'auraient jamais du se rencontrer. En effet, Damienne Bourdin, jeune médecin marseillaise est missionnée pour retrouver Débora Edoa, seule infirmière indigène, princesse ewondo, que son oncle croit prisonnière et dont la présence dans le camp adverse risque de compliquer la guerre tribale qui s'annonce.
Damienne doit parcourir de nombreux kilomètres à pied à travers la forêt, de Yaoudé à Bafia, à l'aide de son guide pygmée.

Un roman plein de rebondissements, qui présente une page de l'époque coloniale et dont l'histoire est assez complexe.
Il s'agit du portrait satirique des colons de l'époque ainsi que du portrait plutôt romanesque d'une jeune femme déterminée à vivre ses rêves.
Un passionnant roman de mémoire où transparait tous les sentiments humains, lâcheté, amour, désir, candeur, violence, pouvoir...
Intéressant.

Ce roman est une fiction qui s'appuie sur un fait réel qui semble avoir été oublié à la fois par la France et par le Cameroun. En effet, il fait référence au docteur Jamot, médecin colonial, qui a essayé, au Cameroun, dans les années 1920, d'enrayer la terrible maladie du sommeil qui faisait des ravages en Afrique. Il a créé des dispensaires un peu partout au Cameroun avec des postes avancés de médecins et infirmiers afin d'administrer une médicament qui avait un très bon taux de réussite. Mais un des médecins, de la zone de Bafia, au nord de Yaoundé, a décidé de doubler les doses pour plus d'efficacité. Et les cas de cécité se sont multipliés. La population de Bafia, ivre de colère, a déclenché, en 1929, une insurrection contre les Blancs.
Sur cette trame, se déroule la fiction centrée sur deux femmes, toutes deux à la recherche de la liberté, en butte aux règles de leur société respective qui bridaient les femmes : Damienne Bourdin, 31 ans, médecin colonial, engagée pour s'éloigner de sa vie en France marquée par les échecs et le drame et Edoa, infirmière autochtone et nièce d'un grand chef clanique. La première a pour mission de libérer la seconde, retenue prisonnière par les insurgés afin d'éviter une guerre tribale.
C'est un roman d'aventure agréable et facile à lire qui est intéressant par la description qui est faite, de l'intérieur, des traditions et croyance du Cameroun en ce temps-là mais aussi de la médecine coloniale, des colons et de leur comportement.
Ce n'est ni un texte militant ni un manifeste politique; l'auteur a mis en lumière un épisode important de l'histoire du Cameroun et de la France sans enjoliver ou critiquer l'une ou l'autre partie, maniant ironie et humour.

Trente ans après avoir passé dans la forêt camerounaise trois semaines les plus éprouvantes de sa vie, en 1963, une Française revient visiter les protagonistes noirs de cette affaire, toujours vivants, à qui elle doit sa vie.
En 1929, cette médecin religieuse des troupes coloniales venant de Marseille, Damienne Bourdin, est envoyée par le médecin Eugène Jamot (dont une biographie existe aux éditions Karthala, par ailleurs) au coeur de la forêt de la zone de Bafia, au Cameroun, pour exfiltrer une infirmière de grande valeur, Edoua, princesse d'un clan africain rival retenue en otage suite à une émeute. Depuis quelques mois en effet, une épidémie de cécité ravage Bafia, où furent prodigués des soins intensifs contre la maladie du sommeil par le personnel soignant blanc aux remèdes certes efficaces mais douteux. La tension entre les Africains et les Français est palpable, ainsi que celle des alliances interdites entre Africains, et avant que tout ne s'embrase, il reste une expédition qui pourrait peut-être, entre deux femmes de tête qui se respectent et se comprennent, réussir à apaiser la situation. Ou non.
Tiré d'une affaire réelle, quoique tout à fait méconnue, Les 700 aveugles de Bafia permettent à l'auteur camerounais Mutt-Lon, dont c'est ici le second roman, de déployer un récit narratif prenant, sensible et sobre. Composé en flash-backs imbriqués, sans effet de manche ni cabotinage de style, le roman se dévore pour l'intrigue sans doute plus que pour sa psychologie, dont on sent qu'elle n'est pas le principal moteur de l'écrivain. Pas de thèses, pas d'interprétation, mais des faits et des femmes et hommes éprouvés, retranchés dans leurs limites physiques et mentales, des descriptions suffisantes pour évoquer mais qui n'épuisent rien, pour la restitution aussi fidèle qu'il l'a pu d'un épisode complexe, aux coupables difficiles à cerner, aux ressorts multiples.
Bref, une chouette lecture d'aventure et d'histoire, palpitante et réaliste, mais qui laissera sur sa faim les amateurs de grande plume et de psychologie fouillée.
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