Cette nostalgie est la marée que je suis;
cette tristesse est déjà mon océan qui déferle,
ce vent s’élevant dans ma voix,
ma contiguïté séparant
ses morceaux inertes sans surface,
son parcours semblable pour tous les navires,
son aire froide, mouvante et immobile
qui se chauffe aux règles de corail
et veut se briser sur les plages — mais que sont-elles
sinon mes froids renoncements
à l’inutile dessein de quelques pas?
L’allumette
L’allumette tira sa courte langue d’or
Dans l’obscur tout rongé des dents de mon silence;
Un seul vers impossible est le maigre décor
De cette ombre où la nuit épuise sa substance.
Du souffre la senteur comble le vide au vers
Qui coule comme une goutte au front de mes soucis;
Quand je ne serai qu’un peu d’horizon, un riche ver
En ma chair filera l’étoffe à cette nuit.
Le jour
Je m’attendais toujours au dernier vers
Qu’aurait fini ce bourdonnement aux portes de l’été,
Mais seules les roses moutonnent en moi comme une mer
Sanglante, et par les papillons croisée.
Le ciel est la paresse qui me plonge
Dans cette eau engourdie;
Ma muse longe
Les bords du jour dès l’aube
Sans que la barre soit franchie.