De la jalousie

Fan d'Harry Hole, le policier anti-héros et de ses intrigues à rebondissements, j'ai apprécié cette série de nouvelles autour du thème de la jalousie. La première "Londres" se déroule dans un avion avec cette destination et est assez tragique. La deuxième "Phtonos" se déroule sur l'île de Kalymnos avec une histoire de jumeaux. La sixième est sans doute un peu autobiographique car elle met en scène un écrivain en interview, qui avoue "tout ce que je peux faire, moi, c'est imaginer ". La dernière "la boucle d'oreille" tourne autour de la vengeance d'un mari trompé.

Je ne suis, à priori, pas grand fan des recueils de nouvelles. Je considère le format, peut-être à tort, comme trop restrictif… Pas le temps de réellement planter une ambiance, un décor, des personnages… Mais, attiré par le titre (et donc le sujet) ainsi que par l'auteur, décrit par son éditeur comme rien moins que le chef de file du polar scandinave (!), je me suis lancé. Et ne l'ai pas du tout regretté !
Si "Phtonos" sort du lot, de par sa taille (151 pages) mais aussi son intrigue bien ficelée à base de jumeaux monozygotes (et de références Led Zeppeliennes qui vont bien), c'est la petite nouvelle (29 pages) sobrement intitulée "Déchet" qui a retenu toute mon attention. Et déclenché un véritable coup de coeur…
Ivar, un bas du front attachant, préposé aux poubelles dans la ville d'Oslo, souffre d'un léger soucis comportemental qui l'entraîne à vouloir péter la gueule à quiconque commence à le contrarier : frère, patron, collègue, surveillant de stationnement… C'est gênant et assez handicapant pour avoir une vie sociale apaisée. Jusqu'à présent, s'il a cogné sur beaucoup de monde, il n'a cependant jamais frappé sa femme en trente ans de vie commune. Il s'enorgueillit d'ailleurs, à juste titre, de cet exploit remarquable. Son problème actuel, c'est que, suite à un excès de boissons à base de raisin fermenté, il n'a absolument aucun souvenir de la nuit passée. Mais il redoute quand même d'avoir réagi de manière un peu sanguine lorsque sa femme lui a avoué une liaison avec son propre patron. Surtout que cette dernière ne répond pas à ses messages. Il en vient même à se demander s'il ne l'aurait pas carrément tuée, ce qui serait très contrariant.
Pour le seconder dans son travail, et accessoirement le sortir des mauvais pas dans lesquels il se vautre avec propension, il peut compter sur Pijus, un immigré letton, psychologue de son état et au langage fortement ampoulé, capable de parler le Norvégien sans accent mais qui s'y refuse « pour faire plus vrai ».
Nous suivons la déambulation de ces deux personnages hauts en couleurs dans les rues d'Oslo, entre ramassage de poubelles et considérations oiseuses sur le sens de la vie. Ivar, bien aidé en cela par Pijus, en profitera pour éclaircir les évènements de ces dernières heures, jusqu'au dénouement final, énormissime.
Savoureux.

Loin, très loin de Harry Hole, d'Oslo, et son « abreuvoir » en Jim Beam, Jo Nesbo s'essaye à la nouvelle, et « convoque » des références littéraires à tout-va : le mythe d'Icare, André Malraux, Hannah Arendt, Rudyard Kipling, Charles Dickens, Heinrich Böll, René Girard et « ses » désirs mimétiques, Stefan Zweig, Tom Sawyer…
« « C'est pas parce que je m'en fous que je comprends pas », comme dit Homer. L'Homer des Simpson, s'entend, pas l'Homère de L'Odyssée. »

« de la Jalousie ». En Norvégien : « SJALUSIMANNEN OG ANDRE FORTELLINGER ».
Aucun « André ».
Selon google traduction (pas mieux sous la main) « L'HOMME DE LA JALOUSIE ET AUTRES CONTES »

Des contes bien construits, avec des personnages un brin caricaturaux, et une chute.

Une nette préférence pour la plus longue des nouvelles, « Phtonos » (personnification de la jalousie),
- sa magnifique île grecque montagneuse et ses « murs » d'escalade,
- son policier torturé, maître ès jalousie, appelé en renfort, sur une enquête qui voit un homme accusé d'avoir tué (par jalousie) son jumeau,
- son lot de rebondissements,
- ses refrains (Led Zeppelin vs Ed Sheeran),
- son humour. « de toute évidence, elle considérait que c'était mon intelligence lumineuse qui l'avait sauvée et j'ai passé sous silence que c'était plutôt mon imagination lacunaire qui avait failli le tuer ».

Le thème c'est la jalousie, mais pas sous l'angle du soupçon, celui qui pourrit l'existence. Jo Nesbo se place après. Dans l'esprit du jaloux trahi, enclin à une certaine violence.

Le jaloux trompé avait un seul horizon. « Wenche était ce qui m'était arrivé de meilleur et de pire, mais surtout, elle était tout ce qui m'était arrivé. » Il enjolive les jours passés et se venge. Comment ? Quel chemin prendre ? That is the question, comme dans « The road not taken », poème de Robert Frost.
Une invitation au voyage, forcément sanglant, avec Jo Nesbo, ça ne se refuse pas.

Première lecture terminée en septembre 2022, de la jalousie est un recueil de nouvelles écrit par le créateur du reconnu Harry Hole, l'auteur norvégien Jo Nesbo, que j'apprécie énormément, et dont j'ai lu la plupart des romans.
Je n'ai pas été déçu, même si j'ai trouvé ce recueil relativement inégal.
Dans ces nouvelles, l'auteur approfondit le thème de la jalousie, avec une grande précision quant à la description psychologique de ce sentiment qui peut mener à des actes extrèmes.
J'ai surtout adoré quatre nouvelles :
- La première "Londres" dont la conclusion est marquante et qui constitue une excellente introduction à ce recueil.
- La suivante "Phtonos", la plus longue, pour l'inspecteur Nikos qui de par son expérience a un don empathique pour détecter la jalousie chez les suspects, même si dans cette nouvelle qui imbrique quelques histoires entre elles, les ressorts utilisés ne sont pas nécessairement originaux (on peut aisément voir les points communs et les différences entre Harry et Nikos).
- "La queue", très courte, qui aborde, outre l'envie (une autre forme légèrement différente de jalousie) les thèmes de l'immigration et du manque de respect, où il ne faut pas sous-estimer une caissière de supermarché.
- Et enfin "Odd", sûrement la plus originale et ma préférée personnellement, où outre la jalousie, Jo Nesbo aborde le sujet de l'inspiration chez l'écrivain et emmène au cours de cette histoire, le lecteur dans le cerveau de "Odd", entre imagination et réalité.
Les autres récits m'ont moins marqué et du coup, peut-être par un petit manque d'originalité (ce qui ne veut pas dire qu'elles étaient mauvaises, bien au contraire).
Ce n'est pas son meilleur livre, mais un très bon livre.
Je crois qu'il s'agit là de mon premier avis sur un livre de Jo Nesbo... Ça ne sera sûrement pas le dernier.

Un recueil de 7 nouvelles traitant de la Jalousie. le talent de conteur de Nesbo, et son sens de la chute nous permet de passer un agréable moment de lecture. "Phtonos", la nouvelle la plus longue, environ 150 pages, constitue la clef de voûte de cette ouvrage. Mais les autres sont aussi bien prenantes, notamment la 1ère, "Londres" et "Déchet" la 4ème, que j'ai beaucoup aimées. Des portraits croqués en quelques lignes, qui prennent chair, et leurs sentiments confus, qui les submergent. Un auteur talentueux, toujours aussi bon, y compris dans cet exercice.

Certains préfèrent le Jo Nesbo de Harry Hole, son personnage récurrent, d'autres au contraire s'attachent de plus en plus aux récits de l'auteur norvégien sans le flic désabusé.

Ici, Nesbo s'attaque à la nouvelle autour d'un thème, au sens large, la jalousie. Point de Harry Hole donc mais des personnages variés, des situations diverses… un tueur à gages, un flic grec spécialiste de la jalousie, une caissière de supermarché… 6 histoires toutes intéressantes, la plupart plutôt courtes.

Exception faite de « Phtonos », la plus développée et ma préférée. Phtonos représente la jalousie, l'envie, l'avidité, la rivalité dans la mythologie grecque. On a le temps ici de s'attacher à ce drôle de flic, Nikos, chargé d'enquêter sur la disparition d'un jumeau… une enquête riche et prenante.

Les autres récits sont plus anecdotiques même si Jo Nesbo sait manipuler le lecteur et le surprendre avec des chutes plutôt réussies.

Une bonne lecture de fin d'été, qui se lit vite tant il est difficile de stopper sa lecture au milieu d'une nouvelle qui tient le lecteur en haleine… Nesbo confirme qu'il sait tout faire, lui qui a écrit pour la TV, la littérature jeunesse et qui s'est vu adapté au cinéma…

Jo Nesbo s'essaye à un genre qui lui est inhabituel: la nouvelle littéraire. Mais en fait, ce recueil de nouvelles ressemble plus à un essai sur la jalousie qu'à un polar pur et dur. Plusieurs types de jalousies, leurs causes et leurs conséquences sont passées en revue. Comment survient la jalousie? Tromperie, rivalité, injustice…. Quels tourments causent la jalousie? « L'incrédulité, la rage en passant par la fureur, le mépris de soi, et pour finir la dépression. » Et surtout, quelles en sont les répercussions? Suicide, vengeance, meurtre… Au fil des sept nouvelles, on va découvrir des situations très différentes dans lesquelles la jalousie est donc toujours présente.


Dans « Londres », c'est le fait que son mari la trompe avec sa meilleure amie qui déclenche la jalousie de Maria qui s'engage alors dans une démarche inattendue. Dans « Déchet », c'est l'inverse, c'est l'infidélité de sa femme qui rend furieux Ivar, le boueux. Dans « Phtonos », nous sommes en présence de deux frères jumeaux dont l'un joue un jeu dangereux: profiter de leur gémellité, pour avoir un rendez vous avec la petite amie de son frère. « La jalousie est un boa constricteur » dit Nikos, un policier d'Athènes en charge de l'enquête sur la disparition d'un des frères. La jalousie peut naître aussi de ce qu'on considère injuste comme dans « Une file d'attente » ou « La boucle d'oreille ». Et puis elle peut venir du fait de se faire larguer par sa compagne au profit d'un nouvel homme comme dans « Aveux » et « Odd ». Mais quelqu'un doit-il mourir dans tous les cas?


L'inconvénient du format de la nouvelle, c'est qu'on n'a pas le temps de rentrer dans l'intimité des personnages, ce qui rend plus difficile, pour l'auteur, de créer un suspense ou de l'émotion. Néanmoins, dans « Phtonos », la nouvelle la plus longue, rebondissements et émotion sont au rendez-vous. Par contre, dans toutes les nouvelles, Jo Nesbo semble aimer se jouer de nous et nous réserve toujours une pirouette finale, qu'on est souvent capable d'anticiper, mais uniquement si on est un lecteur attentif et imaginatif. La lecture devient alors un jeu divinatoire.


J'ai pris du plaisir à lire ces nouvelles sans prétention où l'humour est souvent présent. Et puis ça nous change des soûleries de Harry Hole! Ça ne restera pas comme un livre important de Jo Nesbo, mais il est parfait pour une distraction estivale.

Je découvre cet auteur avec ce recueil de nouvelles que j'ai adoré !

J'ai trouvé que ce format a bien mis en valeur l'auteur car il propose des nouvelles très variées autour de la jalousie (et de morts liées à ça…) : nouvelles de longueurs différentes qui se passent dans différents pays avec des jalousies de type différent. C'est d'une très grande richesse !

J'ai adoré l'écriture ! Très juste, un peu piquante avec parfois quelques pointes d'humour. L'auteur joue avec ses personnages et avec le lecteur.

J'ai bien hâte de lire d'autres livres de cet auteur !
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Qu'il soit question de tromperie, d'injustice face à certains privilégiés, il n'y a parfois qu'un seul remède pour assouvir sa soif de vengeance avec ou sans préméditation face à la jalousie, et c'est avec beaucoup d'élégance, et d'ingéniosité que nos protagonistes bafoués, rivalisant presque entre eux vont réaliser les crimes parfaits.

La jalousie conduit vers une douce folie meurtrière, laissant dans son sillage, une amoureuse effondrée, une caissière serial killeuse, un enquêteur novateur, un éboueur ingénieux, un chauffeur de taxi rusé, et même un photographe démoniaque.

Vous l'aurez compris, ces histoires ne sont pas à dormir debout, bien au contraire, il vous est même conseillé de ne pas les mettre entre les mains des personnes qui un temps soit peu vous jalousent, cela pourrait leur donner de mauvaises idées.

Si Jo Nesbø est devenu un incontournable de la Série Noire avec ses polars et ses romans noirs de haut vol, il fait une entrée remarquable avec ce premier recueil de nouvelles, l'exercice de la nouvelle n'est pourtant pas facile, d'autres avant lui se sont plantés, de quoi susciter de la jalousie face au talent de ce grand auteur scandinave.

La jalousie, un des sept péchés capitaux, à travers sept nouvelles parfaitement accomplies, un véritable bâtisseur littéraire, un grand architecte capable de construire en quelques pages des histoires édifiantes.

Je rêve déjà qu'il poursuive cette aventure, et nous offre dans un futur proche avec son regard d'écrivain avisé d'autres nouvelles sur les six autres péchés capitaux qui mettent tant à mal la nature humaine. Il en est capable, la preuve.

Bien que ce ne soit pas la première fois que Jo Nesbo se frotte à la nouvelle (un premier recueil, non traduit, est paru en 2001 en Norvège), c'est une grande première pour le public français de découvrir l'auteur dans ce difficile exercice de style.

Il sera donc question de jalousie (voire de jalousies, tant Jo Nesbo se plait à décortiquer la chose) au fil de sept nouvelles qui composent le présent recueil. L'auteur reste dans le domaine dans lequel il excelle, le polar teinté de noir, pour tisser ses toiles et surprendre le lecteur. Bien entendu, pour corser le tout, la jalousie va pousser au crime.

Londres ouvre le bal. Un vol New York Londres en classe affaires, une passagère confie à son voisin que son mari la trompe avec sa meilleure amie et qu'elle va mourir dans les jours à venir… On ne pouvait rêver mieux en matière de mise en bouche.

On enchaîne avec Phtonos, la nouvelle la plus longue du recueil (quasiment la moitié du bouquin à elle seule). Nikos Balli, un inspecteur d'Athènes, est dépêché sur l'île de Kalymnos afin d'interroger le frère jumeau d'un individu porté disparu. Une affaire en apparence banale qui va réserver bien des surprises aux policiers avant de trouver sa conclusion… cinq ans plus tard. Une enquête fort bien menée dans laquelle deux histoires de jalousie vont cohabiter.

Suivra La File D'Attente, dans laquelle un petit con va apprendre à ses dépens que la jalousie n'est pas toujours une question d'amour. Courte mais noire à souhait.

Dans Déchet c'est un éboueur (un ripeur, parait que c'est plus mieux bien) qui va devoir lutter contre sa gueule de bois pour se remémorer les événements de la nuit passée. Globalement bien ficelée mais elle m'a un peu laissé sur ma faim.

Dans Les Aveux un suspect très loquace est confronté à un policier plutôt taiseux, le suspect en question est le mari de la victime, retrouvée morte à la suite d'un empoisonnement au cyanure. Un quasi monologue qui s'achève sur un twist renversant.

Odd met en scène un écrivain désabusé qui plante à la dernière seconde son public et la journaliste venue l'interviewer dans le cadre d'un direct télévisé. Une décision qui va tout changer dans la vie d'Odd Rimmen. de loin la nouvelle la plus surprenante du recueil même si elle ne m'a pas totalement convaincue.

Dans La Boucle D'Oreille c'est ce bijou, trouvé dans un taxi, qui va faire naître le soupçon et attiser les braises de la jalousie. Une belle réussite pour clore ce recueil.

Comme souvent dans ce genre de recueil, les nouvelles sont inégales mais globalement Jo Nesbo démontre qu'il maîtrise les règles du genre, il sait faire court mais efficace même si, soyons franc du collier, ces nouvelles ne resteront sans doute pas dans les annales.

Le point commun entre ces nouvelles – outre le thème de la jalousie – est qu'elles sont (à l'exception de Odd) écrites à la première personne. Ainsi à chaque fois c'est un des acteurs des évènements qui nous les relate et accessoirement les adapte à sa vision des choses.

L'heure des comptes est venue, voici mes notes (sur 5) pour chacune de ces nouvelles :

Londres : 5
Phtonos : 4
La File D'Attente : 3
Déchet : 3
Les Aveux : 5
Odd : 3
La Boucle D'Oreille : 5
Soit une honorable moyenne de 4/5.
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