Autrefois superbe demeure bourgeoise fourmillant de domestiques,
Graveney Hall n'est plus que l'ombre d'elle-même. Dévorée par les flammes d'un incendie, il n'en reste plus qu'une ruine éventrée, envahie par le lierre et les ronces, à laquelle une équipe de bénévoles tente de redonner vie. C'est dans ce contexte que Greg et Faith, deux jeunes adolescents, vont se rencontrer et devenir amis, amitié renforcée par leur intérêt commun pour les vestiges de cette maison nimbée d'une aura de mystère.
En parallèle à leur histoire, l'auteur nous replonge en pleine Première Guerre, à la rencontre d'Edmund Pearson, héritier du domaine, qui se trouve sur le front français en compagnie d'Alex, jeune homme dont il est passionnément épris, en secret, l'époque et les circonstances n'étant guère favorables à ces amours-là.
Greg et Faith vont donc mener deux quêtes qui vont s'entremêler, une quête de vérité et une quête de soi. Une quête de vérité sur l'histoire de
Graveney Hall, le devenir de son héritier, et une quête de soi dans la mesure où cette aventure va leur en apprendre beaucoup sur la nature humaine mais avant tout sur eux-mêmes.
Issue d'une famille extrêmement croyante, Faith va voir ses convictions, au départ inébranlables, troublées par les doutes, les remises en question et les interrogations incessantes de Greg à ce sujet. Leurs discussions intéressantes, argumentées et incessantes à ce sujet, sont un des atouts de ce livre. le face à face, croyant, non croyant suscite habilement la réflexion.
Autre axe fort du récit, le trouble de Greg face à ses questionnements sur son identité sexuelle, partagé qu'il se sent, entre acceptation et refoulement. Son indéniable désir envers Jordan, son copain de lycée, sera-t-il plus fort que sa volonté de « normalité » ?
Linda Newbery ne donne pas des réponses définitives à toutes les questions, ce qui me semble aller de pair avec ce cap qu'est l'adolescence, période de construction, compliquée, trouble, durant laquelle on se pose plus de questions qu'on obtient de réponses. le côté roman anglais un peu désuet m'a plutôt séduit mais, petit bémol, des dialogues parfois trop précieux, trop affectés, pour être réalistes quand il s'agit d'adolescents qui parlent entre eux, détail qui n'entrave en rien la fluidité du récit.
Graveney Hall ? So british !
Un grand merci à Babelio et aux éditions Phébus pour cette découverte.
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