Je suis un lecteur drogué, un addict des mots, un junkie des nouvelles noires, et un intoxiqué des chutes. Et je ne prends que la meilleure came.
Jean Christophe Grange, Franck Thillez,
Maxime Chattam, Harlan Elisson, Katy Reich. Je mets la barre très très haut. La dose d'adrénaline, de danger, de noirceur doit être au-delà du raisonnable, la construction mathématique du suspense, et la résolution totalement implacable et jouissive pour que j'ai ma dose. Je suis très difficile et je laisse sur le carreau beaucoup d'ouvrage, quelquefois dés la fin du premier chapitre , car ils ne « m'emmènent pas ».
Jean Louis, je l'ai rencontré à Crandelles pour le « Salon du livre éphémère (ou pas ) ». Tout de suite j'ai senti l'affinité, le frère de plume, des auteurs et beaucoup de références communes. La connivence aussi bien musicale. ( Il écoute comme moi beaucoup de blues , et de rock 'n' Roll , et est assez incollable sur le sujet. Et sur ce que doit être l'écriture, la « foi » de l'écrivain. Beaucoup de traits communs donc. Il a connu la route et ça se sent.
Son livre, «
Café noir » , recueil de nouvelles plutôt polar, je l'ai donc depuis deux mois. Il était là sur ma table de nuit. C'est Évelyne qui l'a lu en premier. Moi, j'attendais. Ce livre m'intimidait. Je n'osais pas me lancer. Pas par peur que ces textes soient meilleurs quel les miens, je ne suis absolument pas du genre à me comparer, mi à chercher une quelconque compétition. Non, ce n'est pas ça.
Comprenez que je suis une éponge. J'absorbe les textes et les mots des auteurs que j'aime d'une telle façon que je suis capable de me lancer dans un plagiat de style sans le vouloir, pour peu qu'ils correspondent à mes attentes, mes couleurs, je les fais renaître sous mes propres textes. Je peux avoir ce talent de caméléon. Et lorsque je suis en phase d'écriture, comme en ce moment. Je ne peux rien lire, je m'imprègne trop. (Image de
Neil Young qui raconte être aussi une éponge et avoir très vite cessé d'écouter
Bob Dylan, parce qu' il commençait à écrire comme lui. )
Bref , ce livre, j'ai fini par le prendre un soir. Et je l'ai « torché » en quelques heures. J'ai même relu certaines nouvelles deux ou trois fois avec un vrai plaisir. Mes inquiétudes n'étaient pas fondées.
C'est assez étrange de lire un frère de plume. Un auteur aussi proche de moi, de mon propre style.
Mais d'en être assez éloigné pour savoir que c'est autre chose. C'est une autre façon d'écrire.
Jean Louis puise ses inspirations, ses sources dans d'autres univers.
Il a regardé beaucoup de films noirs , lu beaucoup d ‘auteurs « Hard Boiled » :
Dashiell Hammet, Mickey Spilane. Il y a chez lui de ces univers en noir et blanc des films des années quarante et cinquante. Les casinos, les femmes fatales, les arnaques, les pigeons, les arrières salles de bar ou l'on joue sa dernière chemise au poker et les paradis insulaires ou l'on se cache de la pègre, après avoir plumé la mafia.
Jean Louis Nézan construit ses intrigues comme des scénarios. Nous avons vraiment cette sensation de nous retrouver devant un film. Chacune de ses nouvelles pourrait faire l'objet d'un court métrage, d'ailleurs. Tout est déjà en place dans l'écriture.
Bien sur, tout n'est pas parfait, et je serais malhonnête de ne pas le dire, même si, et parce que
Jean Louis est devenu un ami.Une ou deux nouvelles sont plus faibles, aux fins, attendues ou trop évidentes, trop faciles pour êtres totalement plaisantes. Ça arrive aux meilleurs. Mais il y a dans ce recueil des véritables pépites que ne renieraient pas
Neil Gaiman ou
Didier Daenincks.
Spoil : Mon seul doute, finalement concernerait la nouvelle concernant Ricky la chance. J'ai adoré le premier tir. Je me suis délecté de savoir qu'il tirait en rafale. ( Ce qui en fait un mini roman disséminé dans ce recueil de nouvelles.) et au final, me suis demandé si, c'était bien nécessaire. En gros : le retour du fils de la vengeance ? Pas sur. Pas que la suite, soit moins bonne, moins bien écrite. Mais cette premiere cartouche est tellement puissante, que pour moi, il est inévitable que l' intrigue à postériori soit plus faible. Mais ce n'est que mon avis.
Pour conclure : Je n'avais pas la sensation d'être dans une une lecture d'un « auto édité » ou en petite maison d'éditions. J'ai entre les mains un ouvrage de la qualité de ce qu'on peux lire dans la collection Librio noir . (Vous savez, les petites couvertures jaunes , là où a pu découvrir les « poulpes », les nouvelles de
Sophie Loubière, ou de Maud Tabaschnik. ) Un vrai auteur qui mériterait de figurer au sein d'une grande maison. S'il le désirait, mais je sais, pour en avoir discuté avec toi,
Jean Louis , que ce n'est pas ton but. (sourire. ).
Encore un mot concernant les éditions Nombre7 : J'aime la texture de vos pages. Très agréable à la lecture et au toucher.
Je reprendrais bien un autre
café noir , moi ! Très serré ! Quand on se verra, je dévalise ton stock !
Janfi Cox