Oscar Niemeyer, architecte international aux six cents réalisations et aux virtuosités techniques inédites, reste avant tout l'architecte de l'utopie brésilienne de Kubitschek, président du Brésil de 1956 à 1961 et créateur de la nouvelle capitale Brasilia comme vitrine moderne du pays.
Si Niemeyer a été un disciple de le Corbusier, avec lequel il a conçu à New York le siège des Nations Unies, il s'affranchit très vite des dogmes du maître pour lui préférer Lucio Costa, pionner du modernisme brésilien, puis développer ensuite une créativité architecturale très personnelle.
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Les courbes du temps : mémoires" sont plus le livre d'un parcours architectural allié à un choix esthétique que d'un travail autobiographique mémoriel : cet ouvrage se révèle très utile pour comprendre ses partis-pris esthétiques.
Pour
Oscar Niemeyer, architecte atypique au sein des modernes, sa volonté esthétique singulière domine toute sa créativité et ses réalisations : rendre le monumental sensuel et le béton hédoniste, en unissant plaisir du regard et harmonie des formes grâce à la courbe. Et le béton est le support idéal de cette poésie de la courbe : " le vocabulaire plastique du béton est tellement fantastique que tout a changé depuis. Grâce à sa légèreté, un monde aux formes nouvelles a surgi. Ce qui me plaît le plus dans le béton, c'est sa générosité. Déjà
Baudelaire disait que dans une oeuvre d'art, le plus important était la surprise, et c'est ce qui est pour moi fondamental. C'est le béton qui suggère la courbe en architecture et qui souvent l'impose."
Venu à l'architecture par le dessin, son goût du trait et des lignes virtuoses détermine ses créations qu'il définit non pas comme savantes mais intuitives, tirant son inspiration des formes naturelles des paysages.
Oscar Niemeyer part d'un dessin élémentaire puis son projet se doit de se plier à ce dessin.
Frontalement opposée aux dogmes d'un
Le Corbusier obsédé de l'angle droit, l'architecture de Niemeyer privilégie la courbe, essence de toute poésie de la forme selon lui, permettant aux voiles de béton qu'il crée de se transformer en libres élans de volupté. Devenu célèbre et baptisé "bâtisseur de Brasilia", il entérine définitivement sa rupture avec le style
Le Corbusier dominant toute l'architecture moderne et impose avec brio sa théorie de la courbe : "nous faisons une architecture différente. Il a réussi à écrire un poème sur la ligne droite, et moi j'en fis un autre sur la courbe. C'est la courbe libre et sensuelle qui m'attire, la courbe que je rencontre dans les montagnes de mon pays ou dans le corps d'une femme".
Résolument tourné vers une architecture sensuelle,
Oscar Niemeyer ajoute comme une profession de foi : "pour
Le Corbusier, le plus important était l'architecture. À mon avis, la vie est bien plus importante que l'architecture".
Niemeyer a également créé du mobilier sous le signe de la courbe et des maisons individuelles. Si la maison des Canoas (la sienne) est d'une grande fluidité et d'une légèreté à la
Frank Lloyd Wright, la maison Carmen Baldo réalisée pour la soeur de sa femme reste d'une inventivité saisissante. Je voudrais la même (avec la même piscine).
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