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EAN : 9782072847653
272 pages
Gallimard (26/09/2019)
4.4/5   10 notes
Résumé :
Design, architecture, photographie... Il est impossible de restreindre le travail de Charlotte Perriand (1903-1999) à un seul domaine d'expression.
Créatrice d'avant-garde, elle rejoint dès 1927 Le Corbusier et devient responsable du mobilier et de l'équipement de l'habitation au sein de son atelier de la rue de Sèvres. Dans un esprit résolument opposé aux Arts décoratifs, ils y créeront, en collaboration avec Pierre Jeanneret, des meubles fondateurs du des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je suis enchantée par la lecture de cette biographie illustrée de nombreuses photos en noir et blanc.
C'est un très beau livre cadeau qui a été écrit par Laure Adler à l'occasion du 20ème anniversaire de la disparition de Charlotte Perriand, connue (mais pas assez) pour être l'une des personnalités phare du monde du design du 20e siècle, notamment parce qu'elle a travaillé avec Le Corbusier. Mais c'est d'abord une pionnière de la modernité et une femme libre, ce qui était difficilement acceptable dans un monde où la création était encore réservée aux hommes. Et le Corbusier à souvent signé à sa place !
Pourtant, elle dit qu'elle n'est pas architecte ni designeuse mais peut-être inventeuse ou femme de l'art. Ce qui est certain, c'est que Charlotte Perriand incarne l'invention d'un nouvel art de vivre dans toute sa puissance d'inventrice, de bricoleuse et de penseuse de l'avenir. C'était aussi une femme engagée, une grande sportive et une voyageuse qui a vécu plusieurs années au Japon et s'en aspira.

On lui doit, entre autres, le bar cuisine qu'elle créé en 1927, des systèmes de rangement qui permettent de gagner du temps en 1929 mais aussi la cité du refuge de l'armée du salut en 1933 et la station de ski des Arcs 1600 et 1800 dans les années 60. C'est une visionnaire notamment avec ses toits-terrasses végétalisés et ses meubles réduits à leurs fonctionnalités pour dégager des surfaces (cinquante ans avant tout le monde, elle a inventé le loft).
Son opinion est que l'art est dans tout, l'art est partout dans les formes, il suffit de savoir ouvrir les yeux quand on se promène dans une forêt ou sur une plage, des morceaux de bois ou des galets peuvent-être des oeuvres d'art.
Dans les années 1930, elle photographie beaucoup et utilise son appareil comme un carnet de notes. Sa complicité très forte avec Fernand Léger l'encouragea à rechercher ce qu'on nomme "l'art brut".

Je ne suis pas surprise que Laure Adler fasse le parallèle avec Agnès Varda. D'ailleurs toutes deux ont un sens comment du beau et on exalté l'art des graffitis. Elles ont passé leur temps à cadrer le monde avec leur appareil photos. Toutes deux modestes, travailleuses, ont oeuvré pour le bien-être commun, pour que la vie reste un bien commun, pour que le tissu social résiste aux déchirures, pour que notre regard s'agrandisse.


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Ce portait d'une femme indépendante et qui donne envie de lancer des projets est un vrai coup de fouet. Elle ne s'est rien interdit. En perpétuelle réinvention, elle ne s'est pas laissée enfermer dans une case.
« Je ne suis pas architecte, surtout pas designeuse, je suis une inventeuse. Pour tout vous dire j'ai du mal à me définir. Si on me demande ce que je suis, je ne sais pas répondre…une femme de l'art peut-être, mais je n'en sais rien ».
Engagée dans l'équipe de le Corbusier pour s'occuper de la partie intérieure et mobilier, dédaignée par ce dernier, elle ne restera pas à la place à laquelle on l'avait assignée. Son nom disparaitra de nombreuses créations issues de cet atelier auxquelles elle participe avec un rôle plus que proéminent, comme celui de Pierre Jeanneret, puisqu'elle en avait dessiné les plans comme pour la fameuse La chaise longue basculante. Leurs noms apparaitra d'abord par ordre d'importance, donc le sien, puis par ordre alphabétique jusqu'à être totalement effacé au profit de le Corbusier. Mais elle n'en gardera pas ombrage, c'est une femme qui va de l'avant, aime participer aux projet de groupes et ne retient que le meilleur de son expérience chez Le Corbusier. Elle n'était pas en recherche de reconnaissance. Elle souhaitait oeuvrer pour le bien commun jusqu'à s'oublier parfois.
Charlotte Perriand a de multiples talents, le livre contient des photos saisissantes en majorité prises par elle. Elle portait un regard aiguisé sur le monde qui l'entourait et passait de longues semaines d'observation sur les lieux avant de se lancer dans l'exécution de projets comme par exemple en montagne ou au Japon. Elle prenait le temps d'observer la nature environnante, les espaces, avant de créer. Pour elle il y a une nécessite d'harmonie entre l'intérieur et l'extérieur, tout est lié, on est proche du taoïsme.
Toujours en pleine communion avec la nature, pour un projet à Méribel, elle associera les artisans de la région pour qu'ils ne quittent pas les lieux et pour créer un espace en harmonie la nature. On était bien avant la folie des grandeurs des stations de ski…
Ce sont ces mêmes principes qui seront appliquées pour répondre à l'appel à d'offre qu'elle remportera pour les Arcs.

Ce fut aussi une humaniste. Engagée politiquement elle dénonça notamment dans des installations l'insalubrité de quartiers parisiens, dans ses propositions de projets elle prit en compte la situation des SDF qui se raccrochaient à leur baluchons et aménagea un espace pour qu'ils l'aient à portée de leur main dans leur lit, elle fera réaliser des fresques pédagogiques pour les femmes avec des enfants à la Cité de refuge de l'armée du salut...
Sa 1ère création fut un « bar sous le toit », elle décloisonna les espaces avec une cuisine ouverte…pour elle le beau n'était pas antinomique de l‘utile. Elle a poussé son indépendance jusque dans ses créations et a mené une existence libre en s'affranchissant des règles imposés.
Talentueuse pour saisir la vie à bout de bras, on la suit au Japon, en Russie dans les montagnes…Un parcours qui donne le tournis et donne l'impression de ne vivre sa propre vie qu'à moitié, un vrai modèle !
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critiques presse (1)
Actualitte
07 janvier 2020
Des entretiens fouillés, mais également un récit collaboratif, qui valent pour un ultime témoignage d’une femme et artiste déterminée et combative avec en soubassement la volonté d’imposer un style novateur hors les modes, mais collant à la réalité d’une époque dont il faut bien reconnaître qu’elle fut riche en projets et perspectives de toutes sortes.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ne pas abîmer la nature, ne pas céder aux lois du capitalisme, ne pas reproduire partout dans le monde le modèle occidental, demeuront des principes tout au long de sa vie. Charlotte Perriand est probablement l'une des premières à défendre l'idée de diversité culturelle qui enrichit le patrimoine mondial au lieu de le réduire.
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Cet engagement politique correspond dans l'art de Charlotte à une vision du monde qui ne passe pas seulement par la propagande idéologique. Elle veut exercer un métier pour le bien de tous et être l'une parmi d'autres qui se met au service du plus grand nombre. Elle est devenue architecte par et pour le peuple. Ce n'est pour elle-même ni un statut social ni un titre mais un devoir.
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Elle possède une approche concrète, voire matérialiste du devenir du monde, un monde où l'urbanisme rendrait moins lourdes les servitudes du travail, tout en respectant le corps sans asservir l'esprit.
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