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Anne Metzger (Traducteur)André Bay (Préfacier, etc.)
EAN : 9782234048638
172 pages
Stock (30/11/1997)
3.4/5   5 notes
Résumé :
Anaïs Nin ne pensait pas devoir jamais sa célébrité à son extraordinaire Journal : celui-ci devait simplement l'aider, selon elle, à prendre conscience de ce qu'elle voulait être, de ce qu'elle était et de ce qu'elle souhaitait devenir : un écrivain reconnu avec une oeuvre véritable, entre autres, une série de romans dont le titre serait Les Cités intérieures, celles qui se situent au-delà des apparences, de l'autre côté du miroir. C'est le premier de ces cinq roman... >Voir plus
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
[Sabina] était comme un rêve fiévreux, il n’y avait en elle ni préméditation, ni continuité, ni enchaînement dans les idées. Tout en elle exprimait le chaos : ses gestes désordonnés, ses phrases inachevées, ses silences boudeurs, ses marches soudaines à travers la pièce, ses excuses pour des causes futiles (je vous demande pardon, j’ai perdu mes gants), son désir apparent de toujours être ailleurs.
Elle se comportait comme une créature parfaitement libre qui courait avec ardeur vers un but exaltant. Elle n’avait pas le temps de réfléchir.
Elle déroulait rapidement devant ses auditeurs le film de son existence, les tableaux se succédaient avec brusquerie comme les coups d’accélérateur d’un moteur en mauvais état : elle venait d’échapper à une assemblée de morphinomanes, elle racontait ses démêlés avec la police, des réunions pleines d’incidents divers, de nébuleuses histoires de flagellation où il était impossible de savoir si elle avait été la victime ou le bourreau, ou si tout cela n’était que pure fantaisie.
Tout était chimère, rêve inachevé, plein de silences, de contradictions, de fantaisies, de rétractations imprévues. Elle racontait une scène de viol, ou la drogue qu’elle avait dû avaler pour sauver ses amis et puis, comme si elle avait écrit ces choses sur un immense tableau noir, elle effaçait tout simplement d’un coup d’éponge ce qu’elle venait de dire, en laissant entendre que cette histoire était peut-être bien arrivée à quelqu’un d’autre, ou qu’elle l’avait lue quelque part, ou entendu raconter dans un café. Et aussitôt après, elle commençait une autre histoire.
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Derrière les remparts de verre de sa cité intérieure, Djuna apercevait toutes les excroissances, les plaies, les déguisements des autres. En en parlant, elle s’exposait à leur colère.
« Voulez-vous que nous abandonnions nos défenses ?
— Je ne veux rien. Je demande simplement à participer à une soirée ; mais l’étrange acide de la conscience des choses a dissous la fête et ses invités et je ne vois plus que le commencement de toutes choses.
— Restez sur votre case, dit le Joueur d’Échecs, je vais vous amener quelqu’un qui vous fera danser !
— Ce n’est pas un danseur, c’est un sauveur qu’il me faut ! Est-ce que je rêve ou est-ce que je meurs ? Donnez-moi un homme qui sait qu’entre le rêve et la mort il n’y a qu’un as, qui sait qu’entre le meutre du présent par le rêve et la mort il n’y a qu’un souffle. Quelqu’un qui sait que le rêve sans issue, san libération, sans réveil donne droit sur la mort ! Je veux ma robe déchirée et souillée ! »
Un homme ivre lui apporta une chaise. Parmi toutes les chaises de la maison, il avait choisi une chaise dorée avec un dossier tendu de brocart rouge.
Pourquoi ne m’apporte-t-il pas une chaise toute simple ?
C’était la condamner que de la singulariser ainsi.
La soirée ne faisait que commencer et son ravissement l’entraînait loin de la fête sur une chaise dorée à dossier de brocart rouge. Il allait la ramener à la chambre obscure de son adolescence, à sa chemise de nuit blanche, aux longs cheveux qu’elle brossait chaque soir, et à son rêve d’une soirée à laquelle elle ne serait jamais invitée.
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Les yeux des hommes et des femmes du salon doré n’avaient pu supporter la nudité du jardin, sa pose secrète.
Les yeux de ces hommes et de ces femmes avaient eu besoin des miroirs, et ils se réjouissaient de la fragilité des choses reflétées. Toute la vérité du jardin, la moisissure et les vers, les insectes et les racines et la sève qui court sous l’écorce pourrie, tout devait d’abord se réfléchir dans le miroir pour être toléré.
Lillian jouait encadrée par de grands miroirs. La violence de Lillian était atténuée par son reflet dans le miroir.
Le jardin dans le miroir semblait poli par la perfection même. L’art et les artifices avaient soufflé sur le jardin, et le jardin avait soufflé sur le miroir, la nature et ses dangereuses vérités avaient été exorcisées.
Mais de sourdes infiltrations fissuraient le sous-sol de la maison et du jardin et, si personne ne prêtait l’oreille aux grondements, l’explosion aurait lieu et toute cette civilisation sauterait.
Gare aux humiliés, aux battus, aux opprimés, aux esclaves… À l’énergie mal employée et dévoyée des femmes…
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Jay était allongé sur le divan du salon et Djuna était allée dans sa chambre s’habiller pour sortir. Lorsqu’elle fut prête, elle ouvrit la porte de communication et se parfuma devant son miroir.
La fenêtre était ouverte sur le jardin et Jay dit :
« On dirait un décor pour Pelléas et Mélisande. Un décor de rêve. »
Le parfum qu’elle vaporisait sur les lobes de ses oreilles, sur son cou, faisait en jaillissant un bruit soyeux.
« Votre robe est d’un vert de conte de fées, dit Jay, je n’ai jamais vu pareil vert et je n’en verrai jamais de semblable. Je pourrais jurer que le jardin est en carton-pâte, que la lumière tremblante qui vous sert de fond est celle de la rampe, que les bruits du jardin sont la musique de l’orchestre. Vous êtes presque transparente comme la rosée du parfum dont vous vous enveloppez. Mettez davantage de parfum. C’est comme un fixatif sur une aquarelle. Donnez-moi le vaporisateur. Laissez-moi vous parfumer pour vous fixer toute entière. Je ne veux pas vous voir vous effacer comme un pastel. »
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Quand elle cuisinait, la cuisine entière semblait galvanisée par l’ardeur qu’elle apportait à le faire ; les plats, les casseroles, les couteaux portaient des traces de sa violence, tout était violemment mis en place, défié, forcé à mijoter, à cuire, à bouillir. Elle épluchait les légumes comme un chasseur dépouille un animal de sa fourrure, comme s’il lui fallait arracher une peau à une chair résistante. Elle poignardait, assassinait les fruits, elle massacrait la laitue comme avec une machette. L’assaisonnement de la salade devenait de la lave chaude et on s’attendait à voir les feuilles se faner et se ratatiner sur le coup. Les tranches de pain tombaient sous le couteau comme des têtes sous la guillotine. Les bouteilles et les verres s’entrechoquaient rudement comme dans un jeu de massacre. Tant et si bien que le vin, la bière ou l’eau étaient mis hors de combat avant même d’avoir gagné la table.
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Vidéo de Anaïs Nin
Dans Grand seigneur, Nina Bouraoui se tourne vers l'écriture pour conjurer la douleur de la mort de son père, entré en soins palliatifs en 2022. Entremêlant les souvenirs de sa vie et le récit de ses derniers jours, elle illumine par la mémoire et l'amour un être à l'existence hautement romanesque. Le désir d'un roman sans fin rassemble quant à lui de nombreux écrits de l'autrice, portraits, nouvelles, chroniques, parus dans la presse ou publiés entre 1992 et 2022. Une oeuvre à part entière, qui pourrait se lire comme un roman racontant la vie, ses arrêts, ses errances. Ces deux parutions récentes prolongent l'oeuvre prolifique et lumineuse d'une romancière majeure de la littérature contemporaine. Elle reviendra sur son parcours d'écriture à l'occasion de ce grand entretien mené par Lauren Malka, dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
Nina Bouraoui est l'autrice de nombreux romans et récits dont La Voyeuse interdite (Gallimard, prix du Livre Inter 1991), Mes mauvaises pensées (Stock, prix Renaudot 2005) ou Otages (JC Lattès, prix Anaïs Nin en 2020). Elle est commandeur des Arts et des Lettres et ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues.
Rencontre animée par Lauren Malka dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
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