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EAN : 9791025204566
256 pages
François Bourin (22/08/2019)
3.53/5   45 notes
Résumé :
C’est le début. L’absence de sensations. Les inquiétudes irrationnelles. La peur que, soudain, tout s’arrête. Alors, stupéfier les joies dans le sillon des lendemains incertains. Ne pas s’amouracher d’un tubercule en formation, c’est bien trop ridicule et puis, sait-on jamais, il pourrait. Mourir. Je me sens coupable. D’un bonheur qui ne vient pas. Je me sens coupable. Des larmes insensées alors que je devrais sourire. Et puis, ce matin-là, j’entends. Entre les quat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Hymne ou élégie à la féminité, à la maternité?

Ce récit, tant il est difficile d'y associer le mot roman, est une confession extrêmement intime de tout ce qui peut tourmenter l'esprit féminin, de la petite enfance, celle qui crée les les ancrages pour les souffrances futures jusqu'à l'âge adulte, lorsque la terrible étape de la maternité vient bouleverser encore ce qui semblait être établi sur des critères façonnés par l'entourage, la famille, la société.

Les questions sont ordinaires, et constituent le fond e commerce de toute une littérature censée comprendre et proposer des solutions, comme si elles existaient, ces solutions. Puis-je être mère? Qu'est ce que c'est être une bonne mère? Jusqu'à ce que l'urgence d'un petit être vagissant refoule ces interrogations pour laisser place à un instant maladroit et toujours culpabilisant.

La grossesse, avec son lot de modifications corporelles aussi étranges que l'évolution de l'enfance vers la puberté, la sensation d'être habitée, et surtout l'intrusion intempestive de mains étrangères à l'intérieur de son corps, pour d'autres raisons que le plaisir partagé, dans une volonté de bien-faire qui ne se pose plus les questions de l'accord de la patiente.


Point culminant de l'épreuve : l'accouchement. Décrit avec sensibilité et réalisme, cette douleur incomparable qui survient par vagues successives, annihilant tout raisonnement logique, avec la seule terreur de la vague suivante. Et puis les tissus meurtris, déchirés, qui sonnent le deuil du corps jouissant d'antan. Assortis d'une fatigue immense, hypnotisante, délétère. Et la naissance de l'angoisse permanente pour la survie de l'enfant.


A qui s'adresse un tel récit? Aux femmes, sans doute, pour faire ressurgir ce vécu plus ou moins lointain. Mais je serais curieuse de savoir ce qu'en pensent les hommes s'ils tentent l'aventure de se plonger dans cette lecture.
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«De chair et d'os et de viscères»

Virginie Noar a choisi pour son début en littérature de nous dire ce que ressent vraiment une femme qui accouche, combien le rôle de mère est difficile et combien l'expression «ce n'est que du bonheur» est galvaudée. Édifiant!

Le test de Rorschach est probablement le test de personnalité le plus célèbre au monde. Inventé en 1921 par le psychiatre suisse Hermann Rorschach, il permet à partir de tâches d'encre de définir le profil psychologique des patients. Si je vous en parle en introduction à cette chronique, c'est parce la graphiste Élodie Campo a choisi l'une de ces tâches pour illustrer la couverture de ce roman. Choix judicieux, car il invite d'emblée le lecteur à imaginer, à interpréter… et à confronter cette image au titre énigmatique «Le corps d'après».
Même si, dès les premières lignes, qui décrivent une épisiotomie, on comprend que cet après est la période qui suit un accouchement. Et que nous sommes bien plus proches d'une tragédie que d'un hymne à la joie. À en croire l'équipe médicale, tout s'est bien passé, le bébé est là et les premiers tests sont concluants. Reste à faire place nette. Tout à l'air si simple. le bonheur promis se heurte pourtant à une dure réalité: «tu claques des dents, tu voudrais dormir et qu'on t'arrache de ce corps étranger, là, tout de suite, ne jamais avoir vu cette étendue de sang qui macule la salle de bains étroite et virginale. Tu t'assieds sur la cuvette des toilettes parce que.
Ça virevolte. Tu ne peux plus. Tu as mal. Peur. Tu chuchotes "au secours". Ça tourne. Ça virevolte. Tu tombes, de ce corps nu qui saigne sans s'arrêter. Mais tu n'es pas morte. Tu n'es pas morte.»
Toujours en vie, il faut alors tenter de se réapproprier ce corps «de chair et d'os et de viscères», d'apprivoiser la peur omniprésente, de croire que tout va s'arranger. Pour cela Virginie Noar choisit de revenir sur les épisodes précédents, de nous raconter comment tout a commencé et le plaisir qu'il y avait alors de faire l'amour et de s'abandonner. Il n'était pas question de tomber enceinte: «Ce n'était pas du tout prévu comme ça. On devait baiser, c'est tout, s'exténuer, glisser l'un contre l'autre, mouillés tremblants, le souffle court, se pénétrer, jouir puis soupirer, tout ça pour ne pas oublier qu'on était vivants et qu'on ne deviendrait jamais des gens morts, usés, aigris.»
Après le test de grossesse positif, elle nous raconte le parcours classique de la femme enceinte, libre et célébrée. «J'effectue des prises de sang, plein de prises de sang, j'organise et planifie des rendez-vous, je me rends aux cabinets d'échographie, j'écarte les jambes et remonte ma culotte, essuie mes cuisses et rabats la manche de mon pull-over, je n'omets pas Ies «merci au revoir à bientôt pour le prochain examen, je suis tellement heureuse», je signe des formulaires, cachette des enveloppes, je préviens la terre entière, surtout la CAF et la Sécu, c'est important. Et la bonne nouvelle, c'est que tout va bien. Tout est sous contrôle.»
Jolie formule pour cacher toutes les peurs de la naissance à venir et celles, encore plus terrifiantes face au nouveau-né.
Sylvie le Bihan avait ouvert la voie au printemps. Dans son roman Amour propre elle s'interrogeait sur le statut de ces femmes qui refusent la maternité, qui revendiquent le droit de ne pas aimer les enfants. Virginie Noar lui emboîte en quelque sorte le pas en démystifiant la belle histoire que l'on nous vend sur la grossesse et la maternité. N'en reste pas moins un lien viscéral mis en exergue par une très belle formule: «Donner la vie, c'est rendre la mort possible en même temps. C'est terrifiant et merveilleux.»


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Quel bel hommage à la Femme !
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Lu dans le cadre des #68premièresfois
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Je ne sais même pas par où commencer tellement ce roman-manifeste est dense. Surprenant aussi dans l'écriture, sa forme est originale.
J'ai pensé à un assemblage de mots (d'idées) qui rappelle le Slam . Ce fameux mouvement poétique très rythmé qui se passe aussi sur scène.
Déroutant aussi avec des bouts de mots, posés sur la ligne comme pour marquer l'importance de chaque item.
*
L'auteure travaille auprès de femmes et cela se ressent dans sa façon de les décrire, les sublimer surtout.
Moi-même en tant que maman, je n'ai pu que me remémorer ces instants où la vie prend forme dans notre utérus, où l'angoisse nous tenaille, mais aussi la peur, la joie, le doute. La similitude s'arrête là.
La narratrice (qui n'est pas nommée) est morcelée. Un peu comme dans un syndrome schizophrénique. Elle se définit avec plusieurs corps/fonctions (sexué, médical, transgénérationnelle vis à vis de sa mère...).
Cette narratrice est aussi en colère. Tout au long de sa vie, elle se rebelle.
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Le ton est cru, sans filtres mais riche en émotions. Voire parfois trop, ça déborde. J'ai finalement eu peu d'empathie pour l'héroïne. Elle donne cette impression de parler au nom de toutes les femmes, cela donne donc une distance.
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C'est presque un pamphlet, le féminisme qui parle à tous, surtout pour sortir de ses idées reçues.
Attention, le ton et intime et brusque, il faut savoir apprivoiser ce texte.
Sacré coup de poing
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Ce premier roman faisait partie de la sélection « Rentrée littéraire 2019 » des 68 premières Fois… La session est terminée depuis février et, en cinq participations à cette belle aventure, c'est la deuxième fois que je ne lis pas tous les romans sélectionnés.
Le Corps d'après de Virginie Noar était dans ma PAL numérique et je remettais toujours à plus tard sa lecture…

Quand, enfin, j'ai décidé de me plonger dans ce livre, je n'ai pas réussi à m'intéresser à ce que je lisais ; je parvenais seulement à lire quelques pages de temps en temps et leur contenu me laissait une impression de malaise.
J'ai songé à abandonner, ce qui ne me ressemble pas, surtout que 256 pages ne sont pas vraiment une grosse épreuve à avaler. J'ai donc effectué quelques recherches : l'auteure traite ici un sujet qu'elle connaît bien puisqu'elle est travailleuse sociale et exerce dans un espace de rencontre parents-enfants.

J'ai donc poursuivi ma lecture en me focalisant sur les deux clés d'approche : le récit du corps souffrant de porter la vie d'une femme qui subit sa grossesse et, en miroir et en italique, l'histoire morcelée de sa vie passée, puis de la passion amoureuse qui a aboutit à cette promesse d'enfant.
Il s'agit bien ici de bousculer les idées reçues : la grossesse n'est pas toujours un épanouissement et ce n'est pas que du bonheur d'accoucher et de devenir mère ; l'allaitement maternel n'est pas une fin en soi.
Il y a beaucoup de violence dans ce livre, autour de la maltraitance infantile et conjugale, de la sexualité, de la maternité, des normes et des injonctions, des gestes invasifs du corps médical pour le suivi gynécologique des femmes…
L'histoire de la narratrice qui s'exprime à la première personne est complexe, lourde à porter et la grossesse vient cristalliser toutes ses anciennes blessures.

Je crois avoir compris le message que Virginie Noar voulait faire passer mais j'ai buté sur un style brut, instrumentaliste, victime peut-être de cette ambiance dont il est le reflet et le porte-parole.
Pourtant, certains passages sont poétiques, allégoriques… J'ai repéré de belles trouvailles stylistiques, comme quand, au moment crucial de l'accouchement la narration à la première personne se fait tout à coup impersonnelle et omnisciente, pour marquer une dépossession, un éloignement, un état de choc : brièvement, sur quelques pages, le « JE » devient « l'accouchée »…
Et puis, il y a cette boucle narrative mortifère malgré sa dénégation : « Mais tu n'es pas morte …» ; cette phrase ouvre le récit et le ponctue. C'est ce que l'on dit à quelqu'un pour relativiser, pour minimiser. Ici, il s'agit de marquer le passage de parturiente à mère.
L'auteure mêle passé enfoui, souvenirs traumatiques, temps présent et « avenir pas encore convoqué » dans son récit, anticipant brièvement le post-partum, révélant un éternel recommencement ; il n'est pas anodin que le bébé soit une fille, une « enfant femelle [devenant] cette femme sous contrôle, vouant peut-être sa vie à la reconquête de son précieux féminin ».
L'épilogue, véritable manifeste féministe, m'a surtout délivrée d'une lecture difficile… C'était enfin fini !

Un roman dérangeant qui n'était pas pour moi, à l'instant T.
Je n'ai jamais réussi à m'attacher à cette « mère funambule »… Dommage !


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Une magnifique couverture qui laisse votre imagination ouvrir les portes de ce roman sans filtres, pour public averti.

J'ai lu ce « récit » il y a de longs mois. Je l'ai fini essoufflée et l'esprit chancelant. Les mots jaillissaient sans ordre, définissant à peine toutes les émotions que j'ai ressenti tout au long de ma lecture et en refermant ce livre. Retour peu évident à faire, il sera à l'image du récit. Brut.

« le corps d'après » ce sont les mots d'une femme qui n'est pas prête à être mère. Enfin si, biologiquement. Mais qui veut l'être à sa façon, libre de ressentir son être-profond, et tous ces doutes et contradictions humaines. Et féminines. Envoyer un pied de nez à toutes ces formes de bienséances et ces principes de vie qu'on s'impose.

La narratrice parle d'elle et débute le roman par l'annonce de sa grossesse.. cette effervescence autour de sa personne : la joie, la surprise, le bonheur, les félicitations. Tout ce qu'elle est censée ressentir dans ce moment là, les clichés que l'on attend d'une femme heureuse, enceinte. Mais elle, elle est partagée entre ce qu'on attend d'elle et ses sentiments, ceux aux portes de son corps, qui la foudroient et la bousculent par ce qu'ils sont bien réels eux. Elle a l'air même de regretter être enceinte, de ne pas y prendre plaisir. Arrivent le questionnement du pourquoi être mère ? Poursuivre un héritage ? Réparer les erreurs de nos parents ? Ou vouloir enfanter par habitude ?

Puis le changement radical pour revenir dans les souvenirs du début de sa carrière : la pornographie. La rencontre avec son producteur et la brutalité de leurs échanges. Quelle idée de passer de l'accouchement à un entretien d'embauche chez le pornographe… pas de vulgarité, juste la réalité du métier.

Ensuite elle revient dans le présent et sur la violence de la libération, l'accouchement et ce nouveau sentiment de ne rien contrôler, qu'en plus elle en souffre. Puis de nouvelles émotions contradictoires, pourquoi se sent elle vidée maintenant ? Pourquoi ces contractions violentes et viscérales de mère, d'avoir peur que son enfant meurt ?

Les étapes de la vie de femme sont décrites ici sans pudeur et les mots sont tous choisis.. ils viennent des entrailles parfois. La narratrice est tantôt libérée, libertine, épanouie, puissante, vulnérable.. Elle ose dévoiler et assumer un érotisme débridé, caché au fond de chacune de nous. Parfois accompagné d'une violente douceur.

La plume de Virginie Noar est superbe, acerbe et incisive, poétique et intime explorant toute sa sexualité. Elle est aussi brute, belle et puissante, perverse et maternelle.

Mais est-ce peut être là l'éternel quotidien des femmes, leurs doutes et leurs questionnements, leur craintes, leurs entraves et dénis mais aussi leurs intimes besoins. Quand le corps réclame..

Ce récit, auto biographique ou pas, nous intime de nous affirmer, d'envoyer valser le conformisme et d'Osez être Femme avant d'être mère.
Lien : https://felicielitaussi.word..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
Mais tu n’es pas morte.
Les pieds immergés dans la mare de tes entrailles exfoliées, tu n’es pas morte, tu es bien vivante. De chair et d’os et de viscères.
Derrière la porte, elle est là, les paupières closes et l’insouciance au corps.
Elle t’attend, elle te manque; où est-elle? Elle flotte dans l’air et tes chevilles se noient.
Tu ne parviens pas à toucher, là. Ça ne cesse jamais de couler, tu ne sais que faire de cette serviette rêche et minuscule, blanche absurdité moquant l’ampleur de la tragédie. Ils ont cousu, là, entre tes jambes, à l’intérieur de toi béante, ils ont fait des points avec un fil et une aiguille, t’ont rapiécée, le geste las et l’âme ailleurs. Ils ont cousu ici et tu l’as senti, oh oui tu l’as bien senti, tu es déchirée dedans.
Ça tourne autour. Tes jambes vacillent, ton corps est faible et rompu, tu voudrais rentrer à la maison et dormir jusqu’à beaucoup. Tu as mal aux os, tu as mal au corps, tu as froid, tu frissonnes.
La sage-femme t’a laissée, là, sur le seuil de la porte. Elle t’a abandonnée et a dit «à tout à l’heure» d’une voix guillerette, comme si elle ne voyait pas dans tout ce corps éreinté que tu voulais la supplier de ne pas te laisser comme ça, vidée comme un poulet, dépecée, charcutée, mutilée.
En tremblant, tu fais couler un mince filet d’eau sur ce morceau de chair bleuie par les efforts, cette tranche de peau malade et gélatineuse qui se balance sous tes yeux et porte la mélancolie précoce du nourrisson qui n’y reviendra jamais.
Ton ventre. Tu n’as même pas pensé à le toucher une dernière fois et il n’en reste que sa peau flétrie. Tu es devenue un fruit passé, tu dois maintenant te laver, effacer les traces de l’Évènement, tout doit disparaître. Là-bas, derrière la porte, ils ont déjà dissimulé le sang la merde les larmes les cris, les draps ont été changés, la lumière a été tamisée, il ne reste que le bébé à la peau douce dans un pyjama de velours et un bonnet trop grand pour lui, un bracelet en plastique avec son prénom dessus, la layette et les publicités dedans. Tout est prêt pour que le monde accueille le nourrisson enfin extrait de la mère mais, tout de même, madame, lavez-vous la vulve, soyez présentable.
Où est-elle? Que fait-elle?
Lave-toi.
Tu as froid, tu pleures, tu suffoques dans ce réduit aseptisé mais tu sais aussi que c’est que du bonheur, c’est comme ça qu’ils disent tous: «quand ils déposent le bébé sur ton ventre vide, tu oublies tout». Pourquoi tu n’oublies pas tout, toi, hein?
Lave-toi.
Pourquoi tu pleurniches alors que ton bébé, là-bas, c’est que du bonheur?
Avec l’écume blanche du savon entre tes mains, tu effleures lentement ta poitrine et. Ton ventre. Flasque et las.
Prise de vertige, tu ne peux soudain réprimer le hoquet de dégoût qui jaillit de ta bouche. Tu regardes tes pieds, souillés de vomissures et de sang et tu entends «c’est que du bonheur» dans ta tête obstinée, cette petite tête capricieuse qui ne veut rien entendre de ce que disent les autres.
Et puis tu chancelles.
Tu voudrais pleurer, être vivante de larmes ou de cris peu importe, tu claques des dents, tu voudrais dormir et qu’on t’arrache de ce corps étranger, là, tout de suite, ne jamais avoir vu cette étendue de sang qui macule la salle de bains étroite et virginale. Tu t’assieds sur la cuvette des toilettes parce que.
Ça virevolte.
Tu ne peux plus. Tu as mal. Peur. Tu chuchotes «au secours».
Ça tourne. Ça virevolte.
Tu tombes, de ce corps nu qui saigne sans s’arrêter. Mais tu n’es pas morte.
Tu n’es pas morte.
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Corps si souvent éprouvé est tout à coup devenu solaire. Il n'y a pas si longtemps, il n'y avait que l'épreuve de ma silhouette anguleuse et ma peau transpercée, creusée, mélangée aux corps étrangers pour me faire vivante. Désormais, je suis femme pleine, vivant la turgescence des épidermes comme l'avènement de ma féminité, une sorte de quintessence du sexuel féminin. Je me sens corps érotique, alors que jamais je n'ai pu être vraiment comblée de mon état “femelle”. Alors que toujours, j'ai été: genoux écorchés; enfant sage; démarche maladroite; enfant obéissante; peau basanée; fantasmes assassins; désirs refoulés. Corps encombré encombrant. Alors que toujours, j'ai été à l'inverse d'exister.
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"Bon tu veux faire du porno, c'est ça ?"
Sans l'avoir prévu, je lui ai livré la médiocrité de ma carrière de vendeuse à peine entamée, les jours gris de ma banlieue indifférente, le train éternel de mon ennui, mon jour de repos choisi pour le rencontrer, mon désir de m'échapper d'une existence pliée d'avance. Travailler, acheter une maison, avoir des enfants, une clôture contre les voleurs, un tablier pour moi, une tondeuse pour mon mari, un labrador pour les mioches ou des mioches pour le labrador. L'ordre des choses et les circonstances de la servitude volontaire m'étaient étrangers, mais j'étais déjà certaine d'une chose : je voulais m'en échapper. p. 142
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L'instinct, c'est pourtant la force de vie qui préexiste en chaque corps vivant pour survivre et évoluer. Ce n'est pas une histoire de salaires inéquitables ou de coups sur la tronche, ce n'est pas une histoire de fillettes fragiles princesses mignonnes et de garçons intrépides courageux chevaliers, ce n'est pas une histoire de bonheur ou de nature. L'instinct, c'est simplement l'addition de nos prédispositions à être, intuitions de nos corps à être compétents autonomes forts puissants. Verge ou vagin, peu importe.
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Les femmes qui baisent plusieurs hommes, celles qui n’aiment que les femmes, celles qui décident de porter un job, celles qui tarifient leurs relations sexuelles, toutes ces femmes-là qui ne servent pas l’homme et son pénis entre les jambes, toutes ces femmes-là ne sont pas vraiment des femmes aux yeux de ceux qui s’octroient le droit de valider leur existence. Il y aura donc toujours, quelque part derrière moi, cette voix qui me dira quoi faire avec mon corps et mon vagin pour être une femme digne de ce nom
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Vidéo de Virginie Noar
Virginie Noar vous présente son ouvrage "Le corps d'après" aux éditions François Bourin. Rentrée littéraire Août 2019.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2340023/virginie-noar-le-corps-d-apres
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