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EAN : 9782867449185
112 pages
P.O.L. (17/07/2002)
4.5/5   2 notes
Résumé :
On se tait. On s'y oblige. On flotte enfin, sans savoir, sans visage. On est creux. Mais le vide appelle son contraire : un mot jaillit, un autre. Plus tard, c'est une concrétion par le travers du temps. Plus tard encore : Qui a parlé ? se demande-t-on. Une voix monte sous le masque de silence, un autre silence établit son creux derrière la voix, ainsi je n'est nulle part, sinon en blanc parmi ces mots troués.
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GRAND ARBRE BLANC

A André Pieyre de Mandiargues

à l’Orient vieilli
la ruche est morte
le ciel n’est plus que cire sèche

sous la paille noircie
l’or s’est couvert de mousse

les dieux mourants
ont mangé leur regard
puis la clef

il a fait froid

il a fait froid
et sur le temps droit comme un i
un œil rond a gelé

grand arbre
nous n’avons plus de branches
ni de Levant ni de Couchant
le sommeil s’est tué à l’Ouest
avec l’idée de jour

grand arbre
nous voici verticaux sous l’étoile
et la beauté nous a blanchis

mais si creuse est la nuit
que l’on voudrait grandir
grandir
jusqu’à remplir ce regard sans paupière

grand arbre
l’espace est rond
et nous sommes
Nord-Sud
l’éventail replié des saisons
le cri sans bouche
la pile de vertèbres

grand arbre
le temps n’a plus de feuilles
la mort a mis un baiser blanc
sur chaque souvenir
mais notre chair
est aussi pierre qui pousse
et sève de la roue

grand arbre
l’ombre a séché au pied du sel
l’écorce n’a plus d’âge
et notre cœur est nu
grand arbre
l’œil est sur notre front
nous avons mangé la mousse
et jeté l’or

pourtant
le chant des signes
ranime au fond de l’air
d’atroces armes blanches

qui tue
qui parle

le sang
le sang n’est que sens de l’absence
et il fait froid

grand arbre
il fait froid
et c’est la vanité du vent
morte l’abeille
sa pensée nous fait ruche
les mots
les mots déjà
butinent dans la gorge

grand arbre
blanc debout
nos feuilles sont dedans
et la mort qui nous lèche
est seule bouche du savoir

(éditions P.O.L. page 91 à 96)
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assiégé de quel rire…


assiégé de quel rire
et galopant vers le bord du vertige

                  avec des pourquoi
                  de fleuve à sec
                  et qui ne comprend pas

quelqu’un descend vers la mer

mais l’eau n’est pas l’horizon du désir
ni les piles de sel portant l’arche du seuil

trop soif de sens
le sens a été bu
l’avenir est étale

d’ailleurs le temps se couche
buée qui descendrait au creux des plates pierres blanches
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un jour/la bouche est devenue obscure…


Extrait 4

je ne tiens pas tellement à moi
mais qui peut faire l’autre
on dit que les jours s’en vont
alors qu’ils viennent
nous sommes l’avenir du temps
comment disperser le cercle
la moelle de l’homme s’enferme
devient centrale
le centre attire la mort
le silence n’a pas de centre
il est le plein et le vide
l’écoute du commencement sans fin
alors tous les siècles forment
un seul aujourd’hui
la vieille blessure écarte
ses lèvres pour rire
dis-moi
est-ce en nous l’inconnu qui cherche
un nom ou bien le nom qui cherche
l’inconnu
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un jour/la bouche est devenue obscure…


Extrait 3

aussi on dit
que ce qui est écrit cache
la chose qui voulait
l’être
c’est faire du mystère à peu de frais
il n’y a de mystérieux que le venir
et qu’il batte de l’aile
sous l’écrit et non pas
au-dessus
les dieux d’autrefois se sont trompés
s’ils avaient aimé l’en-dessous
ils vivraient
on peut tout imaginer
sauf un premier
jour pourtant l’eau fraîche
vient d’en bas regarde
les yeux de ta mère
le corps pense avec ses mains
il fabrique de la tête peu à peu
et la mort ouvre sa porte
dans la bouche même
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un jour/la bouche est devenue obscure…


Extrait 2

c’est du vent
le vent est la langue
qui remue la langue
elle a racine en l’air
pourquoi
pourquoi l’air qui n’est pas
visible ressemble-t-il au
visible pourquoi nos yeux s’y boivent-ils
eux-mêmes il y a
la nuit il y a la main
sur la bouche
tout ce qui couvre couvre
le même deuil
les lèvres lâchent nos paroles
une pierre tombe de moins
haut
on oublie et
quand on ne sait plus
ce que l’on sait
la vie est à l’aise
un peu d’est-ce moi
rend la tempe douce
les os ont tout
leur temps le nom
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Vidéo de Bernard Noël
Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023
"Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs.
Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."
+ Lire la suite
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