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EAN : 9782851811097
314 pages
L'Arche (13/06/1997)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Enchaînés. L'amour et le mariage sont le sujet de cette pièce réaliste (1923). Par réaliste, il faut entendre, selon la définition même du dramaturge, non pas ce qui traite de l'apparence des choses mais de "ce qu'on pourrait appeler l'âme des personnages, de ce qui fait que ces personnages sont ce qu'ils sont et pas autre chose". Tous les enfants du Bon Dieu ont des ailes. Le titre de cette pièce de 1924 est emprunté à un vieux negro spiritual.
Son sujet es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce volume comprend quatre pièces écrites entre 1923 et 1925 :
Enchaînés
Tous les enfants du Bon Dieu ont des ailes
Désir sous les ormes
Marco Millions


Appartenant à la période de maturité du dramaturge, elles illustrent la variété des thématiques et sources d'inspiration de O'Neill.

Enchaînés.
Un couple s'affronte. Elle est actrice, lui auteur de théâtre. Ils ont tous les deux connu le succès avec ses pièces. Il revient de la campagne où il a terminé sa dernière oeuvre. Il voudrait qu'ils repartent sur de meilleures bases. Un autre homme, le producteur survient. Une scène de jalousie fait rage après son départ. Les deux protagonistes s'en vont chacun de son côté, voulant faire payer l'autre par une infidélité. Ils ne peuvent y arriver, et reviennent ensemble, uni par un sentiment d'amour-haine, dans lequel l'autre n'a que peu d'existence.
J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans cette histoire de couple, qui n'arrive qu'à se déchirer, se torturer ; cela m'a semble au final très artificiel. Néanmoins, avec des comédiens habités par leurs rôles cela doit mieux passer sur scène.

Tous les enfants du Bon Dieu ont des ailes.
Un groupe d'enfant dans un quartier de la ville ; certains sont Blancs, d'autres Noirs. Un attachement fort existe entre une petite fille blanche, Ella, et un petit garçon noir, Jim. Les autres se moquent d'eux, et Ella finira par rejeter Jim, pour vivre une histoire avec un garçon blanc, brutal et séducteur, qui l'abandonne avec son enfant. Après la mort de ce dernier, elle se décide à épouser Jim, et ils partent tous les deux pour la France, pour échapper à l'hostilité que provoque ce mariage mixte. Mais ils n'échapperont pas à leurs démons, et reviendront aux USA. Ella se consume, déchirée entre son attachement à la personne de Jim et son mépris et haine des Noirs.
J'ai trouvé la pièce un tant soit peu démonstrative, même si elle pose une problématique essentielle, et qu'elle essaie d'introduire différents aspects de la question. Entre ce que les gens déclarent et ce qu'ils éprouvent vraiment, l'intériorisation du rejet de l'autre, une violence sociale étouffée, un racisme ordinaire allant de soi, O'Neill s'attaque de front à des vrais sujets.

Marco Millions.
Une pièce assez étonnante, qui a pour personnage principal Marco Polo en personne. Une pièce à grand spectacle, puisque l'essentiel de l'action se passe pendant le fameux voyage. Nous suivons Marco, qui fait ses adieux à la jeune fille qu'il aime, et qui lui promet de l'attendre, puis dans ses voyages jusqu'en Chine. Là, il provoque une sorte d'amusement indulgent de Koubilaï, le Grand Khan, qui lui confie la gestion d'une ville. Mais l'inattendu se produit, la petite fille du Grand Khan, Koukatchine, tombe amoureuse du Vénitien. Qui ne se doute de rien, uniquement préoccupé, comme son père et oncle, à gagner de l'argent. Même pendant le voyage de deux ans, qui doit mener la jeune fille à son futur mari, Marco Polo en charge de sa sécurité ne se rend compte de rien, pendant qu'elle dépérit. Elle va suivre son triste destin, plongeant son grand-père dans le désespoir, alors que Marco va revenir éclatant de santé à Venise, et épouser sa promise, plus vraiment jeune ni fraîche, mais tellement familière.
J'ai trouvé cette pièce assez amusante, avec ses voyages, changements de décors, la mélancolie et poésie chinoises, opposées au goût du gain des marchands italiens. Personne au final ne comprend personne, et le dialogue entre cultures est une sorte de jeu de façade, derrière lequel il n'y a pas de véritable échange, ni de véritable changement par l'autre. C'est peut-être un peu trop systématique, mais c'est sans conteste une bonne pièce qui joue avec nos représentations d'un personnage très célèbre.
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[Enchaînés]

On ne se souvient plus beaucoup d'Eugène O'Neill, prix Nobel de littérature de 1936. Fils d'un dramaturge, il prendra lui-même la plume après avoir remis en question le cours de son existence lors d'un séjour passé dans un sanatorium. Son théâtre se veut revendicatif. Ayant longtemps eu du mal à trouver sa place dans la société, Eugène O'Neill la vilipende et déplore des relations humaines spoliantes, humiliantes et totalitaires. le seul réconfort que nous apporte la réalité pourrait bien être celui du rêve. O'Neill n'est ni le premier, ni le dernier à en avoir émis l'hypothèse.


Avec ses Enchaînés, Eugène O'Neill émet une variation sur la vie de couple. Eleanor et Michael sont deux jeunes personnages qui appartiennent au monde des lettres. Michael est dramaturge et, après un séjour au cours duquel il s'est exilé pour mieux écrire, il revient chez lui, auprès d'Eleanor, sa compagne et comédienne attitrée, celle pour qui il écrit ses rôles féminins principaux. O'Neill semble vouloir revisiter le mythe de Pygmalion et Galathée, mais Galathée se rebelle en se soustrayant de cette domination que son compagnon impose à sa personnalité. Pour ne pas se laisser totalement dévorer, elle se venge de la plus basse des façons en rejetant les avances de Michael et en le rendant jaloux de John, un de leurs amis communs. La rupture est commise.


Dans les actes suivants, les deux compagnons se sont écartés l'un de l'autre pour mieux se précipiter dans une autre relation. On retrouve Michael en compagnie d'une prostituée dans une chambre sordide, puis Eleanor chez ledit ami John. Tous deux se jettent dans ces nouveaux pièges avec l'espoir de se défaire de leurs attaches conjugales. le titre de la pièce nous laisse déjà percevoir la difficulté de la tâche.


Peut-être faut-il replacer la pièce dans son contexte d'écriture pour mieux en apprécier le caractère subversif. Aujourd'hui, les plans rapprochés sur les déchirures conjugales étonnent peut-être moins qu'à l'époque d'O'Neill, d'autant plus que ces Enchaînés se livrent finalement bien peu. Ils apparaissent moins comme des individus complexes et différenciés qu'à la façon d'outils au service de leur maître Eugène. le déroulement de la pièce est mécanique. Chaque acte enclenche le processus d'une conclusion qui s'annonce dès les premières répliques. On peut toutefois trouver intérêt à parcourir cette courte pièce en s'interrogeant sur les ruses et artifices que déploieront les personnages pour rester enchaînés l'un à l'autre malgré leurs dissensions. Suivant une longue tradition de désenchantement, le mariage d'amour poursuit sa chute, entraînant avec lui toutes les illusions de l'intersubjectivité et toutes les utopies collectives. Seule compte la capacité à s'illusionner soi-même. La situation n'est donc pas totalement désespérée.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
CAPE, tentant passionnément de s’exprimer. – Ecoute. Souvent, la nuit, je me réveille…terrifié…dans un monde tout noir, seul dans le temps… dans cent millions d’années de ténèbres. Et je voudrais implorer à grands cris, la miséricorde de Dieu parce que la vie est ! Alors, instinctivement, je te cherche… ma main te touche ! Tu es là… à côté de moi… vivante… Avec toi, je deviens un tout, une vérité ! La vie me ramène vers toi à travers ces cent millions d’années. Et c’est la révélation d’un commencement d’unité, afin que je puisse avoir foi en l’unité finale !
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Cape a le front d’un penseur, les yeux d’un rêveur, le nez et la bouche d’un jouisseur. On sent en lui une imagination puissante teintée d’une sombre tristesse et une impétueuse force créatrice qui peut être à la fois compatissante et cruelle. […] On le devine perpétuellement tendu, passionné, lançant à la vie et à sa propre faiblesse un défi à la fois défensif et arrogant ; il a besoin profond d’amer et d’être aimé, un profond besoin d’une foi en laquelle se reposer.
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ELEANOR. – Parfois, je pense que nous avons aimé trop intensément…que nous avons trop exigé l’un de l’autre. A présent, il ne nous reste plus que ce quelque chose qui ne peut pas se donner. Et je t’en veux de cela… parce que je ne peux ni recevoir ni donner davantage… et tu m’en veux ! (Elle sourit avec tendresse.) Et alors nous nous disputons !
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ELEANOR. – Tout est si beau… et puis… soudain, je suis comme broyée. Je sens en toi une présence cruelle qui me paralyse, qui envahit mon corps, qui en prend possession, de sorte qu’il n’est plus mon corps… et puis qui essaie de s’emparer d’une dernière chose, la plus secrète, celle qui fait que je suis moi… moi… mon âme… Une présence cruelle qui exige d’avoir également cela ! Et je suis obligée de me révolter de toutes mes forces… de saisir n’importe quel prétexte !
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Ils se regardent dans les yeux, comme si, à une lumière éclatante, soudain jaillie d’eux-mêmes, ils se reconnaissaient, se voyant dépouillés de toutes les idées, de toutes les attitudes et de tous les gestes trompeurs qui constituent ce que la personnalité a de vain.
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Video de Eugene O'Neill (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eugene O'Neill
The Iceman Cometh, film réalisé par John Frankenheimer en 1973, d'après une pièce de théâtre écrite par Eugene O'Neill en 1939. Bande-annonce
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