Parler de sociologie des partis politiques a quelque chose
d’abusif. Il ne devrait pas y avoir, en toute rigueur, de sociologie
des partis politiques au singulier, à moins de restreindre
abusivement cette qualification aux recherches recensant les
propriétés socio-démographiques de leurs membres. En fonction
des questions posées et des angles théoriques adoptés, les partis
sont susceptibles de faire l’objet d’investigations diverses n’ayant
que peu de choses en commun. L’habitude s’est imposée, dans les
ouvrages généraux traitant des partis politiques aussi bien que dans
les ouvrages consacrés à la présentation de tel ou tel d’entre eux,
d'inventorier, selon un ordre variable et chapitre par chapitre, ce qui
a trait à leur “naissance”, à leur organisation, au “système” qu’ils
forment, à leur “idéologie” et à la composition socioprofessionnelle
de leur électorat et de leur population militante.
Cette énumération, qui fragmente et superpose données et
approches, ne donne qu’une vision éclatée des multiples processus
socio-politiques dans lesquels sont engagés les partis ; elle aboutit à
considérer les éléments bien plus que les relations entre ces
éléments. Idéalement, les travaux sur les partis gagneraient à être
reclassés en fonction des processus socio-politiques dont ils
éclairent la compréhension. Ainsi l’étude de leur recrutement
devrait se rattacher à la sociologie de la socialisation et de la
légitimation, celle de leur fonctionnement interne à la sociologie
des organisations et de la mobilisation, celle de leur genèse à la
sociologie du changement social, de l’institutionnalisation et de la
politisation, etc.
Parmi les multiples capteurs de l'opinion publique, à côté des sondages ou des manifestations, un millier de lettres sont écrites chaque jour au président de la République par l'intermédiaire de son service postal.
Les sociologues Michel Offerlé et Julien Fretel ont accédé au Service de la correspondance présidentielle pour mener l'enquête. Leur essai "Écrire au président : Enquête sur le guichet de l'Élysée" s'appuie sur la lecture de 10 000 de ces lettres adressées principalement à François Hollande, mais aussi à Nicolas Sarkozy ou Emmanuel Macron.
Ce mode épistolaire permet-il de se faire entendre des responsables politiques ? Que disent ces courriers de l'opinion publique ? Peuvent-ils nous en apprendre davantage que les sondages accusés de matraquer les esprits de chiffres encore très incertains à deux mois du premier tour ?
-Michel Offerlé est professeur émérite de sociologie du politique à l'ENS-Ulm
-Julien Fretel (La Découverte, 2021) est professeur de science politique à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Brice Teinturier est directeur général délégué d'Ipsos France.
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