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3,78

sur 2329 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Purge, c'est l'histoire de trois femmes estoniennes,deux soeurs et la petite fille de l'une d'elle, emmêlées malgré elles dans les remous de l'histoire, luttant contre le courant ou y cédant, l'utilisant pour leurs gains, leurs folies, leurs idées, ou se révoltant contre lui.
Brillamment mené, c'est un roman très dur,quelque soit la génération concernée: que ce soit les horreurs de la guerre, les dénonciations, les disparitions décidées par le parti quand l'Estonie vit sous la joug de la dictature communiste ou, plus moderne, tout aussi horrible et déprimant vis à vis de la nature humaine, les réseaux de prostitution exploitant dans les pays de l'Ouest des malheureuses arrachées à l'Est avec la promesse d'un monde meilleur...
Cela n'empêche pas le talent de l'auteur,et la découverte d'un pays peu connu en France, et de toute une facette de l'histoire moderne dont on parle peu: l'abandon aux communistes et à leurs dictatures de la moitié de l'Europe.
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Voilà un livre que je voulais lire depuis longtemps! C'est maintenant chose faite et je ne regrette pas ma lecture.

L'intrigue se passe principalement en Estonie, pays que je connais très peu et à une époque allant des années 40 au début des années 90, quelques années après ma naissance, période de l'histoire qui , bien que proche, reste obscure pour moi.
Autrement dit, question dépaysement on peut dire que j'étais servie. Ce livre m'est apparu comme une oeillère sur le passé, sur des petits morceaux de vie marqués par l'oppression.
Le moins que l'on puisse dire c'est que ce roman est très dur avec les femmes et que pour une femme, c'est parfois difficile à lire. Ça l'est d'autant plus qu'on peut aisément s'imaginer que des faits semblables se sont déroulés et se déroulent encore dans certaines parties du monde.
Ça n'est pas un livre agréable à lire au même titre qu'un Paasilinna (si on veut reste chez les auteurs finlandais), c'est un livre qui nous tient par les sentiments, par l'envie de savoir si tel ou tel personnage s'en sort. On s'attache aux uns, on hait les autres avant de changer d'avis.
Les points de vue sont multiples.
C'est là toute la beauté de ce livre à mon sens, la complexité dans la simplicité. C'est froid, sale mais c'est intense et riche.
Que de paradoxes.
J'en suis encore chamboulée.
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Comme dans "American Darling" de Russell banks, des portraits de femmes exceptionnelles. La vieille Aliide est terrifiante ou tout au moins ses actes, tous dictés jusqu'au dernier par la jalousie confinant à la folie. La violence, que beaucoup ont ressentie dans cet ouvrage, est celle des êtres humains et de leurs actes et le langage utilisé pour la décrire me semble approprié même s'il peut déclencher la nausée! Les descriptions "à la loupe" des actes du quotidien furent un réel plaisir de lecture tant ils m'évoquent, mieux que des photos, des souvenirs de paysans rencontrés dans différentes républiques ex socialistes soviétiques récemment.
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"Les vérités aux longues oreilles et les mensonges à queue courte"

Troisième roman de cette jeune Finlandaise d'origine en partie estonienne, paru en 2008 et couronné de nombreux prix dont le Fémina Étranger 2010, ce récit débute de manière presque anecdotique : une jeune fille apparemment en perdition débarque en 1992 (un an après la "nouvelle" indépendance de l'Estonie donc), dans la cour de ferme d'une sombre grand-mère estonienne.

Par un savant jeu de flashbacks nous renvoyant à la période 1940-1950, et donc aux affres de l'invasion soviétique de 1940, de l'invasion nazie de 1941 puis de la stalinisation de l'Estonie, le récit nous découvre progressivement, en cette jeune fille échevelée et cette grand-mère taciturne, deux personnages bien différents de l'éventuelle première impression... En dire plus ne serait guère sympathique pour ce patient travail de révélation.

"Le cerveau d'Aliide se gonfla. Les rideaux se soulevaient frénétiquement, les anneaux cliquetaient, le tissu claquait. le craquement du feu avait disparu, le tic-tac de l'horloge était couvert par le vent. Tout se répétait. Même si le rouble avait été remplacé par des couronnes, si les avions militaires lui volaient moins au-dessus de la tête et si les voix des femmes d'officiers avaient baissé d'un ton, même si les haut-parleurs sur la tour du Grand Hermann jouaient tous les jours le chant d'indépendance, il venait toujours de nouvelles bottes de cuir chromé, toujours de nouvelles bottes, semblables ou différentes, mais qui avaient la même façon de marcher sur la gorge. Dans la foret, les tranchées s'étaient refermées, les douilles ternies, les blockhaus écroulés, les morts à la guerre s'étaient décomposés, mais les événements déjà vus se répétaient.

Remarquablement écrit (et/ou traduit), le roman est toutefois peut-être (un tout petit peu) trop "prévisible" pour pleinement mériter l'engouement critique un rien complaisant de l'automne dernier... Reste en tout cas la saisissante impression que rarement un auteur a su faire partager avec autant de force un constat bien glaçant : la violence totalitaire, fasciste ou stalinienne, comme son alter ego néo-libéral, faussement souriant, s'engouffrent dans la moindre faille de chaque être humain, et lorsqu'elles ne tuent pas, rendent presque irrémédiablement fou... y compris à l'insu des victimes.
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La tragédie qu'a été le vingtième siècle pour les pays baltes enveloppe ce récit sous tension. Elle s'incarne dans le destin de femmes de générations différentes, confrontées à des entreprises criminelles d'essence étatique ou mafieuse, selon les époques. Face à l'ultra violence de mondes où la personne humaine n'a aucune valeur, les personnages construisent des mécanismes de défense brutaux et désespérés, à la recherche d'une vie meilleure - sur le plan matériel ou affectif. Purge suit leurs traces sinueuses, et les réunit dans un dénouement talentueux. Douze ans après sa juste reconnaissance par les prix littéraires de son pays d'origine, et par une multitude de récompenses à l'étranger, le roman de Sofi Oksanen n'a pas vieilli. L'actualité et les angoisses qu'elle suscite dans la région théâtre de Purge lui donnent hélas une acuité supplémentaire.
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En Estonie, en 1992, au moment où le pays accède à l'indépendance. Une vieille femme, Aliide Truu, vit seule dans une ferme isolée. Elle est persécutée par des jeunes gens du village qui viennent jeter des pierres contre ses fenêtres la nuit. Un matin elle trouve dans sa cour une jeune femme mal en point. C'est Zara. Zara est en fuite, elle a échoué chez Aliide qui la recueille. Zara n'est pas là par hasard, ce qu'elle cache à Aliide. Et Aliide aussi a beaucoup de choses à cacher. Derrière les non-dits la vieille se reconnait dans les réactions de la jeune et décide de la protéger contre ceux qu'elle fuit.

Cet excellent roman met l'accent sur deux moments de l'histoire de l'Estonie : la fin des années 40 quand le pays passe sous la domination soviétique et le début des années 90 quand il retrouve son indépendance. A travers l'histoire d'Aliide Truu Sofi Oksanen montre les ravages du stalinisme : les purges délirantes où on accuse le voisin de tout et n'importe quoi dans l'espoir de détourner l'attention de soi-même; les jalousies familiales qui se renforcent de la possibilité de nuire; les vies bâties sur des mensonges.

La sortie du totalitarisme n'est pas une époque facile non plus. Les cadres de la société s'effondrent laissant les mafias prospérer. Les haines étouffées par des années de terreur peuvent enfin s'exprimer. Dans ces périodes où la loi du plus fort l'emporte les femmes sont souvent victimes. Aliide reconnait en Zara les réaction de quelqu'un qui s'est trouvé comme elle confronté à la violence brute. Elle comprend aussi que l'occasion lui est enfin donnée de racheter ses fautes passées.

J'ai beaucoup aimé Purge pour son histoire poignante et parce qu'il m'a permis de découvrir l'histoire de l'Estonie (il y a une rapide chronologie à la fin) que je ne connaissais pas.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Je viens de terminer ce livre, et je suis presque déçue de la fin... Je pensais que l'on irait un peu plus loin dans l'histoire, mais non.
A par ça, je n'ai pas grand chose à redire, c'est un roman fort, tant au niveau du texte et de certaines descriptions qui ne laisse aucune place à l'imagination, que des émotions qui transparaissent du récit.
La syntaxe nous plonge aussi très vite dans les différentes ambiances, certaines passages où l'on a l'impression que tout va très vite, et d'autres plus lent, plus calme.
Je conseille ce livre, mais pour un lecteur averti, sinon je pense que la violence de certains passages pourraient être déstabilisant et mener dans certains cas à l'abandon du livre...
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C'est un bon roman qui permet au lecteur de découvrir, avec horreur, ce qu'ont pu subir les habitants des pays soviétiques durant de longues années de persécution.
C'est un roman facile à lire même si certains passages sont assez hards, alternant les chapîtres concernant les deux personnages principaux et faisant des allers-retours passé-présent, d'où un récit dynamique, sans temps mort.
Les personnages sont extrêmement attachants. J'ai une petite préférence pour Aliide, personnage prédominant, dont le passé plus que douloureux et difficile nous est relaté de manière plutôt crue.
Cependant, j'ai été un peu déçue par la fin, à mon sens, un peu abrupte et laissant en suspens certains éléments.
Mais globalement un bon roman à lire.
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( 25/08/2017 )

A l'heure où la communauté européenne se construit, à l'heure où l'Europe se cherche, on se rend compte à la lecture de certains romans, qu'en fait nous méconnaissons L Histoire des pays qui son membre avec nous d'une communauté, où tout simplement font partie de l'Histoire de l'Europe.

" Purge " fait partie des ces livres et je comprend qu'il ait eu le prix Femina Etranger 2010!

On est en 1992! L'Estonnie fête le départ des russes et Aliide, une vieille femme, loin de se joindre au restant de la population, se prépare aux jours à venir, à défendre ce qu'il lui reste contre les pillages et les besoins de vengeances qui ne manqueront pas de venir dans un futur proche. Aliide, n'a pas peur! Et pour cause, elle a passé toute sa vie à survivre et à défendre ce qui lui tenait à coeur, même si cela devait se faire au mépris des siens... Et pour tenir dans le temps, jamais elle n'a voulu revenir sur son passé... Toujours avancé, tel était son mot d'ordre!

Alors quand elle retrouve dans son jardin, Zara, une jeune fille qui a réussi à échapper à ses deux bourreaux de mafieux, c'est pour Aliide un véritable retour dans le passé qui s'opère! Et au nom de celui - ci, aidera - t - elle Zara à sortir de leurs griffes pour de bon? A tourner enfin la page sur sa vie de prostituée et à retrouver les siens à Vladivostok?

Zara arrivera - t - elle auprès d'Aliide, à comprendre ce qui a pu arriver à sa grand - mère quand celle - ci y vivait encore avant de devoir quitter son pays avec sa fille?

Comment ces deux femmes vont - elles s'apprivoiser alors que l'Histoire de l'Estonnie avec ses différents occupants, ont chamboulé en profondeur la destiné de chacun en plus de se mêler aux drames naturels de la vie?
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J'ai commencé à lire Purge de Sofi Oksanen en français il y a quelques mois. Au bout d'une cinquantaine de pages, je m'étais avouée vaincue : je ne rentrais pas dans cette histoire trop touffue.


Et puis, L'Ogre a eu la bonne idée de se l'offrir en anglais…

Révélation ou meilleure disponibilité ? Peu importe, j'ai pris un plaisir terrible à lire ce roman dur, historiquement passionnant et qui a fini par totalement m'obséder.

Car il est impossible de rester insensible au destin parallèle d'Aliide et de Zara, deux femmes brutalisées par le siècle et que tout semble séparer.

Le récit est fait de retours en arrière, de documents, de lettres, allant de 1939 à 1992 en Estonie, en Russie et en Allemagne.


J'ai appris beaucoup de choses avec ce roman (présenté comme un thriller au Royaume-Uni), la principale étant qu'il ne faut jamais se fier aux apparences…


Si vous ne l'avez pas encore lu, précipitez-vous sur Purge !
Lien : http://logresse.blogspot.com..
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