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3,78

sur 2318 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sofi Oksanen plonge aux sources d'une histoire de deux femmes où se mêlent souvenirs et présent, histoire et traumatismes communs.
Dans un récit sec et addictif ce roman est à l'image de son auteur, toujours convoquant ses combats et ses obsessions.
Le ton est précis, descriptif jusqu'à l'obsession, à la fois lyrique et râpeux.

La recherche de l'identité, la solitude, les stigmates des souffrances infligées par les envahisseurs russes, puis allemands, la lutte pour la survie, ce sont des mémoires qui pèsent lourd sur les épaules des estoniens.
L'on apprend beaucoup sur les déportations et dénonciations et l'on ressent la peur constante qui habitait ce peuple, devenu froid et dur à force de vivre dans la honte et dans la soumission.

L'auteure le dit, elle aime les destins bâillonnés, les personnages muets et les histoires tues. Mais surtout elle dénonce toujours la violence infligée aux femmes comme pour panser des plaies jamais guéries.


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Un récit bien construit avec du suspense jusqu'à l'ultime page.
Une violence extrême dans les corps comme dans les âmes. Mais ces peuples qui étaient "coincés" entre la croix gammé et la faucille et le marteau, ont-ils jamais connu la paix ?
Une histoire de jalousie, de trahison...et puis de rédemption. Sur la vie, la véritable, sans fioritures, sans morales...nue...crue.
Pour moi...un grand livre.
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Lorsque j'ai refermé ce livre, un seul mot m'est venu : "waouh..."
Sofi Oksanen relate cette histoire sans concession ni haine. Elle nous dépeint de simples êtres humains qui font ce qu'ils peuvent, comme ils peuvent, ne sont ni bons, ni mauvais et se débattent pour survivre avec les moyens qu'ils ont.
On ne porte de jugement sur aucune d'entre elles (et je précise bien "elles", parce que les "ils"...), on compatit, c'est tout. Qu'aurions nous fait à leur place ?
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Quel coup de poing ai-je reçu à cette lecture ! Tortures, esclavage sous forme de prostitution, dénonciations, haine envers sa propre soeur, hypocrisie... et avec cela: mauvaises odeurs, saleté, dégradations...
Ce roman nous livre de façon brute, dans toute leur horreur et malgré tout, très bien écrits ! , de terribles pans de notre Histoire, d'immondes morceaux de vie, dont certains sont encore en train de se perpétrer !
Je peux simplement dire, comme conclusion, que je suis heureuse d'être née ici, et maintenant.
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Un matin de 1992, Aliide, une vieille estonienne, aperçoit dans la cour de sa ferme un étrange ballot. Ce ballot de taille humaine et aux cheveux blonds est le corps sale et boueux d'une jeune fille. Les vêtements, pourtant de bonne facture, sont déchirés et souillés, les yeux sont hagards et les propos incohérents. Malgré les questions qui se bousculent dans la tête d'Aliide sur la présence chez elle de cette fille ( voleuse, espionne ou simple mendiante?), elle va l'accueillir dans sa cuisine et la réconforter.
Par d'incessants retours dans le passé des personnages, toujours en lien avec l'histoire tourmentée de l' Estonie, l'auteur va dévoiler peu à peu le lien qui unit ces deux personnes: Zara la jeune fille misérable et paumée et Aliide la vieille dame esseulée et méfiante.
En filigrane de ce roman: la peur ; elle s'infiltre et s'invite dans cette campagne reculée et archaïque . Elle est omniprésente et s'accroche à la peau des deux femmes tout comme les grosses mouches à viande que chasse en vain Aliide. L'imposture et la honte qui ont régit toute la vie d'adulte d'Aliide sont le pendant de cette peur installée aujourd'hui dans sa vie. de la même manière qu'elle a poussé de lourdes armoires pour masquer son secret, elle va édifier une façade de mensonges pour s'abriter, donner le change et sauver ceux qu'elle aime. La peur que ressent Zara est tout aussi légitime et liée à sa triste expérience en Allemagne.
"Mais la terreur de la fille était tellement vive qu'Aliide la ressentit soudain en elle-même. Bon sang , comment son corps se souvenait-il de cette sensation, et s'en souvenait si bien qu'il était prêt à la partager dès qu'il l'apercevait dans les yeux d'une inconnue.(…) mais maintenant qu'il y avait dans sa cuisine une fille qui dégoulinait de peur par tous les pores sur la toile cirée, elle était incapable de la chasser de la main comme elle aurait dû le faire, elle la laissait s'insinuer entre le papier peint et la vieille colle, dans les fentes laissées par des photos cachées puis retirées. La peur s'installait là en faisant comme chez soi"
Voilà un livre qui a une vraie carrure, il est bien charpenté et tient la route. Il nous oblige à faire un saut dans ce petit pays balte et à mieux comprendre le poids du passé lié aux différentes occupations. La carte du début de livre, la frise historique à la fin sont des éclairages pour la lecture . Et même s'il nous manque encore sans doute quelques clés pour appréhender complètement la réalité historique de ce pays nous sortons de cette lecture plus instruits, plus proches de cette population martyrisée.
La façon dont Sofi Oksanen a tissé son oeuvre entretient l'intrigue, à son plus haut niveau, d'un bout à l'autre du récit. La traduction talentueuse, la densité des personnages et la dimension historique contribuent à faire de Purge un très grand roman.

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Sofi OKSANEN. Purge.

C'est sur les conseils d'une amie babelionaute que j'ai pris ce roman sur l'étagère de la médiathèque, après avoir lu « Quand les colombes disparurent ». Je ne peux que remercier cette lectrice.

Aliide Truu est restée au pays, dans son village natal, dans la ferme familiale. La campagne est quasi désertique, suite à l'exode de la population locale et au retrait des forces russes, occupantes de cet état. Nous sommes en 1992, l'Union soviétique s'effondre et l'Estonie revit. Elle fête le départ des envahisseurs. Aliide veille sur ses biens et a peur. Elle craint les pillages. Un matin, elle découvre une jeune fille, Zara, en grande détresse, terrée dans son jardin. Malgré son appréhension, elle offre l'hospitalité à cette jeune femme. Elles vont vivre, s'apprivoiser. Zara fuit. Qui est donc à ses trousses ? Elle est originaire de Vladivostok. C'est bien loin de Tallin. Que fait-elle dans cette région, si éloignée de sa ville natale ? Comment est-elle parvenue à cette ferme isolée, coupée du monde ? Comment connaît-elle le nom de la propriétaire de cette demeure ? Quels secrets cache-t-elle à sa bienfaitrice ?

Ces deux êtres nous entraînent dans les arcanes du pouvoir russe, des guerres intestines de pouvoir, de domination, de résistance face à l'ennemi, une fois allemand, une fois russe et plus récent, la mafia. Les exactions commises par les russes, le stalinisme, la mafia, ne font pas dans la dentelle. Les exactions, Les sévices se soldent par des déportations, des morts, des disparitions, des exils, des règlements de comptes. La délation n'est pas exempte, elle est même encouragée par le parti. Chacun surveille son voisin et rapporte les faits et gestes des uns et des autres. Même notre héroïne, la vieille Aliide va trahir les siens par amour. La jalousie la conduit à dénoncer sa propre soeur au parti communiste…. Et Zara qui guette au quotidien la voiture noire et ses occupants, qu'a-t-elle donc fait ? Petit à petit nous découvrons le passé de l'une et de l'autre. Ils sont imbriqués l'un dans l'autre. Quelle est donc leur relation, leur origine, les liens communs qui les unissent ?

La souffrance de tout un peuple est exprimée dans ce noir récit. C'est le reflet de ce qu'ont vécu ces nations, envahies , pillées, assujetties à tour de rôle par les forces occupantes. Nous ne pouvons que compatir à ces diverses exactions, subies essentiellement par les femmes. Et aujourd'hui un état poursuit l'oeuvre de ces bourreaux. Cela ne cessera donc jamais ! Il faut marquer son territoire, quelque soit le prix à payer pour la population locale et les effets collatéraux. Ces dictateurs n'en ont rien à faire. Il leur faut exprimer leur force à tout prix. Et nul ne peut arrêter leur mégalomanie !. Dommage ? Nous ne faisons, tous, qu'un bref passage sur la terre. Il faudrait être plus humble et vivre en HARMONIE, en PAIX, tous ENSEMBLE. UN VOeU PIEUX.

Je recommande, à mon tour, la lecture de ce roman, fondé sur des faits réels, historiques. Je remercie Sofi pour sa narration. Je trouve très judicieux de joindre des cartes géopolitiques, situant les divers lieux. J'apprécie également la chronologie, en fin de volume qui retrace les diverses étapes de l'Estonie. ( 16/06/2022).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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J'ai beaucoup aimé ce livre dont je n'avais que trop entendu parler. L'écriture est assez déroutante de prime abord : sèche et assez peu travaillée. Mais bien vite on se laisse prendre par l'histoire et on oublie la rudesse du style. L'histoire échappe aux clichés, elle nous surprend page après page. La nature humaine y est décrite dans toute sa complexité, et c'est sans doute la plus grande force de ce livre. L'alternance entre passé et présent est également très appréciable. Un grand roman.
Lien : http://madimado.com/2012/07/..
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1992, Aliide vit seule dans sa ferme estonienne. Elle nous livre son passé sans état d'âme, sans fioriture. A la fin du livre, une chronologie pour une meilleure compréhension du roman : 1940 – 1941, c'est l'occupation soviétique, 1941 – 1944, c'est l'occupation allemande, 1944 – 1991, seconde occupation soviétique et enfin, l'Estonie est reconnue par l'URSS et entre à l'ONU.
L'histoire, les événements et la vie des protagonistes seront racontés en majeure partie par Aliide, tantôt en 1992, tantôt dans les années quarante. Purge est un roman fort, il peut-être dérangeant, son écriture est percutante, sa réalité violente ; il mérite amplement la médiatisation que sa parution a provoquée. Un livre à lire !
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A priori, je ne suis pas trop attirée par les livres chargés d'histoire du communisme, ses violences et imperfections, les délations et toute cette souffrance liée à la grande Histoire.
Mais là, L Histoire est comme un personnage en plus, elle permet de comprendre la mesquinerie des personnages, leur grandeur et tout à la fois leurs petitesses, leur fragilité et leur dureté.
C'est donc un livre dur, sur une histoire dure et pleine de violence, de honte et de méfaits.
Mais on cherche où va se nicher la solidarité et pourquoi, où va se nicher la trahison bien qu'on sache pourquoi.
Sofi Oksanen a bien construit son livre en deux temps, plein d'humanité et de paradoxes. Elle crée des personnages attachants malgré des actes difficilement pardonnables.
Elle rend extrêmement bien compte de l'ambiguïté de chacun et nous amène à l'empathie et à la compréhension.
Finalement, parvenir à un peu de grisaille dans toute cette noirceur, ce n'est pas si mal.
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De la passion, de l'égoïsme, la violence de l'histoire. Sofi nous plonge dans le monde de l'Estonie, satellite de la Russie Stalinienne, de la milice, des déportations et nous amène à aujourd'hui : mafia, récupération des terres. Ce roman oscille entre polar et roman historique où le passé ressurgit aujourd'hui. Lisez-le !
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