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3,78

sur 2325 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En Estonie se rejoignent deux femmes dont on ignore d'abord les liens. Au fil d'un récit où passé et présent s'imbriquent adroitement adroitement, on passe en revue une cinquantaine d'années de l'histoire de ce pays dont on parle peu en France. Un roman dur et vibrant où peu à peu se dessinent les affres de la guerre et du communisme et la difficulté pour un petit pays à penser ses plaies. Adroit même si âpre à lire/
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Purge ne laisse pas indifférent, et les critiques tous azimuts (beaucoup de bonnes et quelques moins bonnes) prolifèrent sur le site, je vais donc en ajouter une de plus, sans lire les précédentes pour ne pas être influencé.
On compare Sofi Oksanen aux écrivains de polars venus du froid, et il y a au moins quatre bonnes raisons à cela : on trouve bien quelques meurtres et quelques mafieux dans le roman, l'histoire oscille entre plusieurs époques, la tragédie prend racine pendant la seconde guerre mondiale et en effet la latitude de l'Estonie n'augure pas un climat des plus cléments (capitale : Tallinn : 59°26 N, soit largement plus au nord qu'Ystad, la ville du polar suédois par excellence située à 55°25 N).
Mais les ressemblances s'arrêtent là. J'avoue avoir eu du mal à entrer immédiatement dans cette histoire, et il m'a fallu franchir la première centaine de pages avant de m'intéresser réellement aux personnages, assez antipathiques. Une espèce de mamie Nova en jupon s'active dans sa cuisine avec sa tapette à mouches. Une jeune SDF mal en point et mal lunée échoue dans la cour de sa ferme. On ne sait rien sur elles, et pour cause, tout le roman va tourner autour de ces deux femmes pour progressivement révéler leurs lourds secrets et leur sordide passé. Pas d'énigme à résoudre, pas d'enquête ni d'enquêteur, pas d'aveux. Les ressorts de l'histoire sont ailleurs, nous découvrons par petites touches les liens qui unissent ces deux femmes, aux destins chahutés et broyés par l'histoire de leur pays tour à tour pro-allemand, pro-russe, pro-occidental... Ce qui dérange dans ce roman, ce sont la mise à nu des instincts les plus bas : jalousie, haine, folie, trahison, intégrisme politique, esclavage sexuel... et j'en passe, et la brutalité de certaines scènes, accrochez-vous, en trois mots, on assiste à des meurtres qu'on n'avait pas vu venir la phrase précédente. Il faut reconnaître l'efficacité du style de Sofi Oksanen pour décrire la violence pure, dérangeante car brutale et sans explication. Dérangeant également le fait que les personnages principaux, certes des victimes, ne sont pour autant pas si irréprochables, ce qui ne favorise ni l'identification ni l'empathie.
La fin curieuse du roman apporte des clés indispensables pour déchiffrer tout ce qui précède, sous la forme froide et distanciée de rapports administratifs confidentiels. Procédé étrange et surprenant mais encore une fois très efficace. Un bon roman alors ? efficace ? nécessaire ? oui mais difficile à avaler et amer... comme une purge.
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Un roman perturbant mais de très grande qualité.
L'histoire se déroule en 1992 en Estonie où la population a vécu longtemps sous le joug d'autres pays, l'Allemagne puis la Russie, avec son lot de bassesses, de trahisons et d'opportunisme. Dans ce contexte pesant, nous allons suivre deux femmes au destin brisé : Aliide et Zara. La première est vielle et aigrie quand la seconde est jeune mais pas innocente pour autant. Qui sont ses femmes ? Quel poids portent-t-elles ? Quelle part de responsabilité ? Qu'est-ce qui leur reste à espérer encore ?
Tout est sordide ici, même les mouches qui pondent dans la viande, et pourtant, c'est un roman que j'ai aimé parce qu'il parle sans bon sentiment de ce que la vie peut faire subir, de ce qu'elle peut amener à faire.
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Grâce à ce livre j'ai appris l'histoire de l'Estonie pendant la seconde guerre mondiale et les dominations successives de l'Allemagne et de l'URSS .Ici l'auteur raconte le destin de deux femmes ,deux générations, victimes de ce conflit .Le récit est violent, certes, mais toute domination, occupation ne l'est elle pas ?
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S'il y a un pays dont je ne connaissais rien de l'Histoire, si ce n'est son indépendance suite à l'effondrement de l'URSS, c'est bien l'Estonie.

Mais ne vous y trompez pas, ce livre n'est pas un livre d'Histoire, mais bien un réquisitoire contre le totalitarisme soviétique. Mais pas seulement, c'est aussi le portrait de deux femmes qui luttent, malgré les apparences, contre la violence qui leur est faite.

Quand la vieille Aliide trouve Zara recroquevillée dans son jardin, elle est loin de se douter de tout ce que cette rencontre va faire remonter en sa mémoire. Elle n'a jamais eu le beau rôle, elle a même accepté d'être l'instrument du destin de sa soeur, de son beau-frère et de bien d'autres, pour survivre sous une occupation sans pitié.


"Les mains d'Aliide furent attachées dans son dos et un sac fut mis sur sa tête. Les gars se retirèrent. A travers le jute, elle ne voyait rien. Quelque part, de l'eau gouttait par terre. L'odeur de la cave passait à travers. La porte s'ouvrit. Des bottes. le chemisier d'Aliide fut déchiré, les boutons projetés sur les dalles, sur les murs, les boutons de verre allemands, et puis... elle se transforma en souris dans un coin de la pièce, en mouche dans la lampe, elle s'envola en clou dans le carton mural, en punaise rouillée, elle était une punaise rouillée dans le mur. elle était une mouche et elle allait avec une poitrine de femme dénudée, la femme était au milieu de la pièce avec un sac sur la tête, et elle surmontait la récente contusion, le sang s'était accumulé sous la peau de sa poitrine, les bleus étaient traversés par une fissure qui laissait passer une mouche, les hématomes des mamelons gonflés comme des continents. Quand la peau nue de la femme toucha les dalles, la femme ne bougeait plus."

Cette "scène" d'interrogatoire hante encore, des années après la vieille Aliide. Et c'est pour ne pas revivre ce cauchemar, qu'elle décide de franchir le pas et de jouer le jeu du pouvoir. Mais la lecture des rapports de la police politique figurant en fin de roman nous montre à quel point ce répit fut illusoire.

Ce livre est passionnant, ce d'autant plus que le récit n'est pas linéaire, et que les chapitres nous font passer de la période actuelle, à des épisodes du passé, un peu comme des flashbacks, et que les rapports entre les différents personnages se dévoilent petit à petit.

Le style, le rythme des phrases, expriment à merveille la peur sourde qui hante ces deux femmes.

Pas étonnant que ce romans ait reçu plusieurs prix et que Sofi Oksanen soit considérée comme l'un des écrivains les plus importants de sa génération dans sa Finlande natale.

Lien : http://meslecturesintantanee..
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En Estonie, dans sa maison à l'écart du village, Aliide, une vieille paysanne découvre une jeune femme qui semble se cacher et venir de l'étranger. Elle la recueille et la soigne tout en se souvenant se son propre passé, pas toujours très propre. Entre le passé (l'occupation russe) et le présent incarné par cette jeune femme, Zara, se tisse un lien étrange et familier...

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans cette histoire décousue entre passé et présent mais finalement, il aurait été dommage d'abandonner car l'écriture très léchée de Sofi Oksanen et l'histoire que raconte ce livre sont vraiment très originales. J'avoue ne jamais m'être interrogée sur la condition des pays baltes annexés par les communistes russes et j'ai découvert dans ce livre tout un pan d'histoire, à travers un personnage atypique qui ne se livre pas facilement. La vieille Aliide a connu bien des épreuves qui ne remontent à la surface qu'avec l'arrivée de cette jeune Russe abimée par la vie, elle aussi. Leur relation se tisse tout doucement sans qu'on sache bien où elle va et d'ailleurs, la fin du roman me laisse un peu perplexe... Mais j'ai aimé le style, les deux figures féminines et la réflexion qu'entraîne cette lecture sur le passé, sur ce qu'on aurait fait (ou pas) et sur la condition féminine en général. Prometteur !
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J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, j'ai trouvé le début un peu longuet, l'auteure passant d'un personnage à l'autre.
C'est quand Aliide commence à raconter son histoire qu'on commence à en dénouer les fils.
Bien écrit, on ressent la peur et les angoisses, l'amour et les sacrifices...
Une belle lecture et une auteure à suivre!
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L'idéologie communiste aurait pu sonner le glas de l'asservissement de la femme. “Camarades”, travailleurs, au service d'un bien commun et d'un avenir lumineux, hommes et femmes pouvaient être membres des jeunesses communistes, faire des études, s'élever dans la hiérarchie du Parti et accéder aux honneurs… en théorie. Dans les faits, rien ne semble jamais pouvoir venir à bout d'une fatalité millénaire. Si Aliide ne trouve pas rapidement un mari, elle devra supporter les moqueries des villageois. Ses qualités ne seront jamais que celles qui brilleront au grand jour dans la tenue de sa maison, la qualité de sa cuisine, la réussite de ses conserves, la quantité de lait qu'elle fera jaillir du pie de la vache.

On comprend que Zara ait souhaité fuir un destin qui, 50 ans après, n'offrait rien d'autre à la jeunesse post-communiste. La jeune femme se trouve prisonnière d'un proxénète de la pire espèce, dans une capitale étrangère. Subissant les pires humiliations, privée des commodités primaires, violentée, battue, elle finit par s'échapper en s'étonnant de ne pas y avoir pensé plus tôt, et se réfugie chez Aliide.

Aucune brèche dans le récit, aucune faille dans la démonstration implacable de l'auteur: telle une araignée, Sofi Oksanen tisse une toile qui se referme inexorablement sur le lecteur. Toutes les femmes subissent la domination masculine; la différence, finalement, réside en la petite part de liberté qu'elles parviennent éventuellement à conserver sans en avoir l'air. Purge n'est pas une fiction, est-il besoin de le rappeler?
Lien : http://litteratureetchocolat..
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Un récit captivant avec des allers-retours temporels et une sombre histoire familiale en Estonie confrontée à une occupation soviétique tout aussi obscure.
On se plonge dans le passé récent de ce petit pays pour découvrir la résilience face à l'oppression mais aussi les dérives individuelles et collectives pour en tirer profit.
A emporter avec soi au goulag (l'histoire dira...) !
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L'histoire de l'Estonie est à l'image de ces trois personnages féminins : convoitise, délation et occupation.
A chaque nouvel occupant il a fallu à ces habitants composer, se défendre ou collaborer, voire les trois à la fois.
Mais quand toute cette histoire se déroule au coeur d'une famille, quand deux soeurs aiment le même homme et que celle qui est laissée sur le côté commet l'irréparable l'histoire doit-elle rester enfouie dans cette terre pour laquelle la vieille femme s'est battue ?
C'est sous la forme d'une autre jeune femme que la vieille Ariid va se racheter, mais chez toutes ces femmes le viol, l'emprise masculine, la manipulation et la violence ont été leur quotidien et au fil dans ans il semble le rester.
Une purge pour les femmes que l'Estonie ne cesse de vivre.
Ce roman est autant un acte féministe qu'un cri d'amour à la terre matrice de toutes les racines.
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