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3,78

sur 2325 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Purge" marque.
Il est original et bouleversant.
Sofi Oksanen nous livre une partition admirablement menée.
Le voyage historique dans l'Estonie sous le joug nazi puis communiste, jusqu'à la chute de l'URSS, est éclairant.
La narration de la relation entre Aliide et Zara est pleine de pudeur et d'éclats.
Une découverte très réussie.
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Un livre qui me hante depuis des années. On ne sort pas indemne de la lecture de ce livre coup de poing. On en prend plein la figure, on est assommé par la vague de violence qui n'épargne personne, pas même les enfants. Purge est avant tout un cris de révolte sur le sort de l'Estonie, abandonnée de tous lors de l'occupation soviétique et plongée dans le totalitarisme, alors que Tallinn est à 80 kilomètre d'Helsinki. C'est aussi une histoire de femmes, qui propose une relecture ultra féministe de l'histoire du XXe siècle avec un message radical : peu importe le régime ou l'époque, les femmes sont toujours confrontées à la violence des hommes, qu'il s'agisse des membres de la police politique, des collabos ou des mafieux.

Dans l'Estonie post-soviétique, une vieille campagnarde, Aliide, découvre dans son jardin une jeune femme en état de choc, Zara. Elle reconnait dans ses yeux un sentiment qu'elle a connu jadis lors de la période soviétique: la peur, la peur qui paralyse Zara, à peine sortie des griffes de la mafia russe. On découvre alors, au fil des flash back, une intrigue complexe et on comprend progressivement qu'un autre lien les unit. Aliide cache un terrible secret de famille. Disons le tout de suite, Aliide n'est pas un personnage sympathique. Confronté à la violence du totalitarisme, Aliide a réussi à survivre, mais pour cela elle a dû se résoudre à faire des choses inavouables… Elle a dû notamment trahir et elle sait aujourd'hui qu'on ne s'en remet jamais vraiment. Osera-t-elle avouer sa faute ? Parviendra-t-elle à empêcher Zara de suivre le même chemin ? Y avait-il une autre solution pour Aliide ? Existe-t-il ne serait-ce qu'une seule personne qui n'a rien à se reprocher parmi les personnages confrontés au totalitarisme et à la terreur stalinienne ?

La noirceur du propos, la crudité des scènes de sévices, l'apparente froideur du style, la complexité de l'intrigue (plusieurs époques, beaucoup de personnages) peuvent rebuter. La vision très pessimiste de l'auteur aussi. Aliide n'est pas simplement une victime, sa jalousie pour sa soeur Ingel est présente dès l'enfance et n'a rien à voir avec l'occupation soviétique. de plus, ici tous les hommes sont des tortionnaires : proxénètes, mafieux, collabos, tchékistes, agents du KGB, même les Résistants ne trouvent pas grâce aux yeux de l'auteur : ce sont des boulets pour leur famille qu'ils affament et mettent en danger.

Sofi Oksanen établit un parallèle entre la terreur stalinienne et l'emprise de la mafia sur les femmes. C'est très violent comme accusation et pour moi c'est excessif. On ne peut accuser les sociétés occidentales démocratiques d'organiser sciemment un asservissement des femmes. Les proxénètes russes vivants de la prostitution forcée, de l'exploitation du corps des femmes, sont des hors la loi, ce que n'étaient pas les tortionnaires de l'époque soviétique, et ça fait toute la différence.

J'ai été révoltée à la lecture de purge, révoltée par les violences faites au femmes, révoltée par le pessimisme de l'auteur, révoltée par les trahisons d'Aliide, révoltée par le sort des pays baltes, révoltée par le sort d'Ingel. Ce n'est pas un livre facile à lire. Il est encore plus difficile à oublier.
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On apercoit un petit bout de ciel bleu, mais c'est seulement pour rendre le reste plus noir plus desespérant. le destin de pays placés entre l'Allemagne et la Russie n'a jamais été enviable. L'Estonie en fait partie et les protagonistes du livre sont les acteurs d'un monde rural, noir violent. Est-ce une vie? On peut en douter quand on referme ce livre qui marque forcément et dont la construction est intelligente, qui ne révèle les tenants et les aboutissants que progressivement comme dans un bon thriller. Un excellent roman sur le Stalinisme dans un pays satellite pauvre.
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Aliide, vieille femme solitaire et méfiante, trouve un matin devant sa porte une jeune femme contusionnée. Zara lui raconte qu'elle fuit un mari violent? Mais est-ce bien la vérité? Et Zara est-elle arrivée dans cette ferme estonienne par hasard?
Les réponses vont apparaître au fil des flash-backs qui nous content toute l'histoire de l'Estonie, l'occupation nazie d'abord puis la domination soviétique.
On découvre une Aliide jeune et amoureuse qui, au nom de cet amour dévorant, va trahir et détruire sa famille.
Jusqu'à son indépendance en 1992, l'Estonie a été meurtrie et ses habitants n'ont guère été épargnés; guerres et occupations ont forgé une population qui a dû faire le difficile choix de résister ou plier.
Un très beau roman qui, en mêlant les petites et la grande histoire, nous éclaire sur un petit pays méconnu. A lire absolument.
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Incroyablement prenant. On apprend tant sur ces républiques baltiques dont on connait peu l'histoire, le tout en suivant les histoires familiales et amoureuses d'une femme et de sa nièce à travers le temps des occupations, des libérations et des mutations politiques. Entre le policier et la fresque historique.
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Bien que je l'ai lu il y a quelques années, j'en garde un souvenir ému. L'écriture est remarquable, sensuelle et presque "théâtrale" (style haché, direct, descriptif). J'ai aimé les passages sur les « recettes de survie » : potions médicinales, menthe, carvi, le parfum des confitures de groseilles.... C'est un petit bijou, une bouffée de fraicheur. Aliide et Zara sont deux écorchés vives qui s'apprivoisent. Zara débarque dans le jardin d'Aliide, dans la campagne estonienne. Vieille, acariâtre, impitoyable, brisée par la vie, Aliide s'inquiète de cette visite inattendue. Elle a peur que ses secrets soient découverts et veut virer l'importune. Zara a peur car elle est en fuite. Aliide est de sa famille et son seul refuge. L'Estonie est parfaitement décrite dans son histoire et dans sa particularité culturelle.
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Estonie, 1992. Les Soviétiques quittent le pays, mettant fin à leur règne de terreur. Leurs fantômes ne sont pourtant pas bien loin...
Aliide, vieille paysanne d'un petit village récueille Zara. Elle avait beaucoup hésité mais ne pouviat se résoudre à laisser la jeune fille dans sa cour.
Elles se dévoileront peu à peu l'une à l'autre, en même que se dévoile au lecteur l'histoire récente de ce pays méconnu qu'est l'Estonie. L'histoire de ces deux femmes se mêle à la grande Histoire, celle qui broie les hommes et leurs idéaux, à cause de l'amour et de la jalousie.
Un récit prenant, dont on ne resssort pas indemne. Une voix de la littérature finlandaise nous est parvenue et n'est pas prête de s'éteindre.
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[...]au fur et à mesure que je rentrais dedans, je me suis passionnée pour l'histoire de ces deux femmes qui ont la honte en commun. Ce huis-clos impressionnant, la haine qui se dégage d'Aliide et la fragilité de Zara qui paraissent s'échanger par moments, tout ça m'a amenée à considérer ce roman comme mon « choix de la rentrée ». Sur fond de reconstruction de l'Estonie, tout en flash-backs puissants, Purge amène une réflexion sur la culpabilité et sur la condition féminine qui me semblent indispensable dans une époque de doute et de travail de mémoire sur l'Occupation.[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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Un livre lu il y a de cela plusieurs années. J'avoue ne pas me souvenir de tous les détails. Néanmoins l'histoire est assez rude pour laisser une impression sur le long terme.

"Les vaches de Staline" était le premier roman de Oksanen que j'avais lu. Il m'avait donné envie de continuer à découvrir l'oeuvre de cette jeune Finno Estonienne.

Bien m'en a pris car Purge est encore plus puissant. Il y est question de la seconde guerre mondiale et l'histoire est un entrelacement entre l'histoire avec un grand H avec la seconde guerre mondiale et ses suites en Estonie et l'histoire de deux femmes qui ont un lien bien plus fort que ce que l'on peut imaginer au départ de ce livre.

C'est un livre qui vous fait découvrir tous les ravages de la trahison, de la jalousie mais aussi de la guerre. Tous les traitres ne sont pas forcement ceux que l'on croit.

C'est un livre rude, dur. C'est bien écrit. C'est percutant même si parfois difficile de s'y retrouver.

La 1ere phrase: "Mai 1949 Pour une Estonie libre! Il faut que j'essaye d'écrire quelques mots, pour ne pas perdre la raison, pour garder l'esprit d'aplomb."
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L'histoire mêle deux récits. Il s'agit de la rencontre de deux femmes dans l'URSS. Zara, en fuite de ses ravisseurs, demande la protection d'Aliide.
Mais il s'agit aussi du récit de deux soeurs, Ingel et Alide, de leurs rivalités et de leur tentative de survie dans une Estonie envahie par l'Union Soviétique.
Ce roman, bien que d'un grand pessimisme sur les relations humaines fondées sur la domination et l'exploitation, est néanmoins passionnant et instructif. Passionnant, car on est réellement plongé dans la vie de ces personnages, dans leur peur, leur misère, mais aussi leurs espoirs. Instructif, car on y découvre les conditions de vie terrifiantes dans l'URSS de Staline, peu connues en Occident. de plus, l'auteur évoque très bien la situation de l'Estonie, dominée par l'URSS, écartelée entre l'URSS de Staline et l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre Mondiale.
Enfin, des aspects peu connus de la vie des personnes issus de ces pays de l'Est et victimes de la Mafia sont évoqués très justement, avec beaucoup de réalisme.
Très bien écrit,ce roman historique demeure une référence sur cette période de l'URSS.
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