Purge

Voici un roman magnifique, mais dur à lire, car relatant une période de l'histoire troublée et particulièrement violente. Nous sommes transplantés en Estonie en 1992. La population fête le départ des Russes et la fin attendue d'un joug qui dura de nombreuses années, avec les exactions qui vont avec ce genre d'annexion...

La vieille Aliide vit terrée dans sa maison, dans un petit bourg de campagne, et ce jour où elle découvre une jeune femme en très piteux état dans sa cour, devant sa porte, elle hésite à ouvrir et à la secourir. C'est d'ailleurs plus par curiosité que par charité chrétienne qu'elle fera rentrer l'inconnue, la soignera et puis la fera parler.

Zara, totalement affolée au départ, va peu à peu se confier à la vieille femme. On comprend vite que chacune des deux cache un lourd secret qu'elles livreront avec réticence, tant les douleurs sont encore vives dans les coeurs comme dans les corps.

On comprend aussi que ces deux femmes sont liées. Liées par le passé, par la famille peut-être, en tout cas par des souvenirs communs, une histoire que l'on verra se dénouer au fil des pages, dont les secrets seront révélés, enfin mis au grand jour, enfin avoués.

Impossible donc de lâcher ce roman tant qu'on n'a pas eu le fin mot de l'histoire, tant que l'on n'a pas découvert, compris ce qui lie ces deux femmes, tant que l'on n'est pas retourné dans leur passé. Et même si ce livre pèse sur nos coeurs comme les souvenirs, nous tournons les pages avec autant d'envie que d'apréhension...

Un roman magistral, à lire absolument si ce n'est déjà fait !

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J'ai lu ce livre d'une traite, je respire un bon coup, ouf il est fini ! Un roman très noir mais un immense moment de lecture.
Mais je sais que ce roman va me poursuivre encore longtemps, que je vais garder en moi le destin de Zara et Aliide les deux héroïnes de cette histoire.
Sofi Oksanen est estonienne par sa mère. Elle va se servir de l'histoire de ce pays, de 1936 avec l'invasion de l'Armée rouge jusqu'en 1992 avec la fin du régime soviétique et la restauration de la République estonienne : pour disséquer les corps, ouvrir les coeurs et les cerveaux, se promener dans les zones d'ombres, révéler des plus beaux au plus sordides désirs et fantasmes des êtres humains. "TERRIFIANT"
1992, dans le village de "Koluvere" en Estonie vit Aliide. Cette vieille dame habite seule dans sa maison près de la forêt. Aliide est une femme encore très active qui passe ses journées à cuisiner et à mettre en conserve les produits de son jardin. Sa maison est une sorte d'antre de sorcière avec des caves, des greniers et des caches secrêtes, remplis de bocaux de toutes sortes, mais aussi d'herbes et de plantes qui sèchent dans l'attente de devenir des décoctions, des drogues et des baumes, car Aliide est aussi un peu herboriste et soignent les gens du village.

C'est en sortant de chez elle pour vaquer à ses multiples occupations, qu'un matin la vieille dame voit dans sa cour une jeune femme couchée dans un état lamentable.

La peur va revenir instantanément couler dans les veines d'Aliide en rencontrant les yeux de la jeune fille qui sont marqués eux aussi par les mêmes stigmates que sa peur à elle.

Aliide hésite à lui venir en aide. L'arrivée de cette fille dans sa cour fait remonter à la surface le souvenir des années passées où les faits et gestes de chacun étaient écoutés, espionnés. Où le pouvoir de certains hommes étaient sans limite.

Aliide ne sait pas encore que la jeune femme n'est pas arrivée là par hasard, et qu'elle porte en elle de terribles secrets, qui sont de la même épaisseur, de la même noirceur que ceux qu'Aliide a appris à cacher. Des secrets qui se terrent au fond de leurs corps meurtris. Des secrets qui empêchent de regarder les gens en face. Deux femmes au destin tragique qui vont se dévoilées peu à peu et nous démontrer une fois de plus comment le pouvoir absolu peut générer la violence, l'injustice, la peur et la lâcheté.
Je termine en citant la critique de Nancy Huston qui se trouve sur la 4ème de couverture du livre.
"Un vrai chef-d'oeuvre. Une merveille. J'espère que tous les lecteurs du monde, les vrais, liront Purge.

Aliide Truu, veuve de Martin, un apparatchik estonien, trouve en 1992, pratiquement devant sa porte, Zara, une jeune Russe en vêtements sexy et déguenillés à la fois, parlant un peu estonien, terrorisée. La conversation nous amène à penser que Zara avait déjà entendu parler d'Aliide et qu'elle n'est pas devant chez elle par hasard...

le récit oscille entre différentes dates, croissantes, de la 2ème guerre mondiale, puis de l'après-guerre, et les années 1991 (années de Zara à Berlin) et 1992 (Zara en Estonie). Différents documents émanant d'un certain Hans Pekk émaillent également les différentes plages temporelles : extrait de journal intime, puis documents secrets dont je ne spoilerai pas l'origine.

Ces différents moments bâtissent peu à peu, maintenant le suspense, leur connexion, créent et recréent a posteriori du sens, ce qui est très agréable à lire.
Suite de la note de lecture sur mon blog.
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Très bon roman.
A travers plusieurs personnages Aliid, Ingel,Hans, Martin et Zarah on apprends ce qui s'est déroulé en Estonie entre 1930 et 1992. La prise par les nazis durant la seconde guerre puis le pays est sous l'emprise des soviétiques jusqu'à l'indépendance du pays en 1992.
Histoire bien construite avec régulièrement des retours dans le passé. Les estoniens qui ont du quitter leurs pays pour aller dans les camps de Sibérie. Les jeunes filles envoyées vers l'ouest vers chez nous où l'eldorado leur était promis mais pour tomber dans la prostitution.Histoire tout à fait de notre temps.
Dès les premieres pages, on est en 1992 dans un village où une petite vieille habite seule c'est Aliid Truu , elle passe son temps à faire des confitures, mettre des légumes de son jardin dans des bocaux. Sofi Oksanen nous a mis dans l'ambiance d'un pays si peu connu.

Aliide âgée, seule dans sa ferme, toujours aux aguets par une attaque de cailloux de jeunes ou de voleurs, découvre Zara, petit animal apeuré dans sa cour de ferme. Piège de voleurs ? Aliide méfiante va toutefois la recueillir et en essayant d'en connaitre plus sur elle va découvrir qu'elle a plus de points communs avec elle que sa fille qui s'est installée en ville. Zara connait leur point commun mais ne peut pas se permettre de lui dire tant qu'elle ne saura pas si Aliide ne la dénoncera pas à ses poursuivants, prêts à tout pour récupérer leur "marchandise". Aliide fait partie de ces femmes qui ont subi la misère, les différentes montées au pouvoir de groupes de personnes. Ceux-ci sont prêts à tout pour atteindre leur idéologie y compris mentir pour nuire aux gêneurs, épier, amadouer pour mieux connaitre le fond des pensées de leur éventuel opposant.

J'ai beaucoup aimé ce livre .
le roman se situe en Estonie à deux époques clés de son histoire , l'époque soviétique autour et après la deuxième guerre mondiale et lors de l'indépendance du pays.
Il met en scène deux femmes, une vieille et une jeune avec pour chacune un passé fait d'horreur et des expériences éprouvantes qu'elles ont subiesde façon abjecte comme des objets de soumission l'une pour des raisons politiques l'autre dans un engrenage de prostitution.
C'est dur, sobre, jamais larmoyant et l'on a beau savoir que certaines époques et conditions de vie ont été horribles, cela dépasse l'entendement mais c'est écrit avec pudeur sans voyeurisme ou gout du sordide.

SYNOPSIS
Zara, jeune fille aux abois, est recueillie par une vieille femme seule. L'auteur se sert de cette rencontre pour plonger dans l'histoire épouvantable de l'Estonie : les meurtres du stalinisme et du communisme.
POURQUOI JE l'AI AIME
Ce livre est cru, violent, et néanmoins sans jugement. J'ai aimé cette plume qui peut être douce, incisive, mais sans concession. Une seconde chance est sans doute possible…. ?

Une grande révélation . Quand l'on débute ce livre rien ne peut laisser penser qu'il soit aussi addictif. L' on est ici en présence d'une étude de caractéres brillante , d'une rudesse qui ne fait de cadeau a personne. Oksanen n'écrit pas pour ètre gentille , mais pour dresser le portrait de deux générations qu'oppose les époquesmais que rapproche la difficulté de vie. A la violence du contexte de vie de l'ainée succéde l'enfer de la benjamine , et cela en dis beaucoup sur le manque de considération évident que les femmes on de tout temps rencontrées. Et cela est plus que marquant dans le contexte présent . A la folie totalitariste de l'ainée , qui lui coute trés cher , succéde l'hyper violence du monde actuel , qui au fond n'a pas beaucoup a envier à l'ancien. Les femmes on de tout temps étaient les premiéres vicimes du monde et de sa folie et Oksanen le démontre avec un ton sans concession , avec une précision pertinente sur le totalitarisme soviétique dans lespays annexes à la russie stalinienne. Un roman marqué par une urgence quasi vitale , une oeuvre forte qui fait apparaitre un ton différent qui est le bienvenu

Un chef d'oeuvre. A lire absolument.

une plongée cauchemardesque dans un satellite de l'URSS - l'Estonie - après la Seconde Guerre mondiale et ses sbires aux ordres du Parti pour l'édification de l'Etat socialiste...
Zara, violentée par des mafieux russes et jetée sur le trottoir retrouve sa grande tante qui avait envoyé dans les camps sa grand mère pour tenter de conquérir l'amour de son mari Hans, nationaliste résistant à l'occupant.
Des allers retours entre l'Estonie annexée et la République restaurée en 1991 et une plongée sidérante dans la noirceur de l'âme humaine : amour aliénée et insensée, trahison, collaboration. Et la brutalité de l'homme faite à la femme, objet sexuel.
Un roman très bien construit et vertigineux