AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
228 pages
Gallimard (31/01/1957)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Composé de huit conférences faites par l'auteur au cours des dix dernières années, ce livre traite essentiellement de deux sujets : les armes atomiques ; les relations entre les sciences et la culture. C'est l’œuvre d'un homme qui n'est pas seulement un grand physicien, mais aussi - comme le furent tous les grands savants - un vrai humaniste.
L'auteur étudie d'abord les expériences atomiques réalisées au mois de mai 1946, moins d'un an après l'emploi tragique... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après L'esprit libéral = The Open MindVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Eu égard à l'importance cruciale et tragique du rôle de J. Robert Oppenheimer dans l'histoire, la sortie du film de Christopher Nolan, Oppenheimer, semble avoir peu inspiré les éditeurs français. La biographie qui a inspiré le film (Kai Bird au Cherche Midi) fera bien l'objet de quelques réimpressions mais ne semble pas entrer dans le top 10 de Libre Hebdo. Les deux autres biographies connues sont épuisées depuis longtemps (celle de Michel Rival chez Flammarion puis en Points-Seuil) et "Oppenheimer la bombe, je connais !" parue dans une collection très formatée dont tous les titres sont de Paul Strathern).
Le beau film de Nolan sera probablement un échec commercial. L'époque est probablement trop sombre pour un tel sujet.
Quant aux écrits de Julius Robert Oppenheimer lui-même, le public français est encore plus mal servi. Deux titres seulement ; La Science et le bon sens traduit par Albert Colnat paru en 1955 (réédité en Idées Gallimard en 1963) et celui-ci, L'esprit libéral par un traducteur anonyme paru la même année 1955 (suivie d'une deuxième édition en 1957).
Ce sont deux recueils de conférences. L'Esprit libéral en contient huit : les quatre premières ont pour sujet l'industrie nucléaire (civile et militaire) et la politique mondiale :
- Explosifs atomiques (1946)
- L'énergie atomique, problème contemporain (1947)
- L'esprit libéral (Open Mind, 1948)
- Les armes atomiques et la politique américaine (1953).

Les quatre suivantes traitent des rapport entre science et civilisation, du rôle culturel de la science.

- La physique dans le monde contemporain (1947)
- L'encouragement à la science (1950)
- le scientiste dans la société (1953)
- Perspectives des arts et des sciences (1954)

La traduction de ce second livre mérite un révision : le terme américain scientist est traduit par scientiste, ce qui de nos jours ne va pas du tout. Il est surprenant que dans la maison Gallimard, même en 1954, on ait laissé un traducteur se laisser piéger par ce grossier faux-ami. En français depuis longtemps, le terme scientiste est un terme plutôt péjoratif pour désigner les idéologues qui voudraient voir le monde dirigé scientifiquement par des scientifiques.
Sur la traduction, on peut aussi regretter celle du titre. Bien sûr en 1955 l'épithète libéral était moins connoté. On comprend aussi que "L'esprit ouvert"cela fait, en France du moins, plutôt penser à l'enfoncement d'une porte ouverte. "Liberté d'esprit" aurait peut-être été plus fidèle à la pensée d'Oppenheimer sans faire trop gnangnan en France (en 1955 du moins).

Les premières conférences sur l'armement et l'industrie atomiques éclairent beaucoup sur l'esprit qui prévalait à l'époque (les années 1940) : on s'aperçoit que le monde d'aujourd'hui était vraiment prévisible dans ces grands traits. Oppenheimer savait que la technologie allait suivre une redoutable montée en puissance. Il faisait part à ses auditeurs d'un certain scepticisme sur la capacité à évoluer de la puissance politique et notre présent lui donne raison.

Les quatre dernières conférences paraîtront plus convenues. Elles expriment malgré tout, une certaine foi en la recherche scientifique et veulent témoigner de la noblesse du métier de chercheur ; mais sans emphase et avec une grande humilité.
Dans aucune de ces allocutions, n'est abordée la question de la responsabilité des scientifiques dans les massacres d'Hiroshima et de Nagasaki. Pourtant, est-ce un effet de la traduction? - je n'ai pu m'empêcher de penser que dans le caractère très mesuré du ton et des propos pesait une certaine culpabilité.
A se demander si ce traducteur anonyme n'a pas fait exprès de traduire par"scientiste" plutôt que par "scientifique".
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Si quelqu'un nous dit qu'il voit les choses autrement que nous, qu'il trouve beau ce que nous trouvons laid, nous pouvons être amenés à quitter la pièce par ennui ou par embarras ; mais c'est là faiblesse et défaut de notre part. S'il nous faut vivre constamment avec l'impression que les monde est trop grand, que les hommes qui l'habitent sont trop nombreux pour nous, sachons mesurer notre vertu au fait que nous le savons et que nous ne cherchons pas de consolation. Mais, par-dessus tout, ne proclamons pas que les limites de notre capacité correspondent à quelque sagesse spéciale qui se manifeste dans le choix de notre façon de vivre, dans ce qu'il nous a été donné d'apprendre, ou dans notre façon de concevoir la beauté.
Commenter  J’apprécie          11
Quand il me faut traiter un sujet au titre particulièrement prétentieux, et que je dois me limiter à des observations presque banales, je ne peux m'empêcher de penser à une histoire qui remonte à bien longtemps ; elle me revient à l'esprit toutes les fois où l'on soulève une question générale sur l'utilisation de l'énergie atomique. A l'université de Californie, j'avais un collègue qui s'appelait Arthur Ryder. Il se sentait seul et aimait bien promener des petits enfants pour les distraire, leur offrir un glace. Un jour, il emmena une petite fille mes amies ; comme l'enfant paraissait s'ennuyer, il essaya de la faire rire en remuant les oreilles. Elle le regarda, puis demanda : "Oncle Arthur, comment faites-vous ça?" Mon collègue réfléchit profondément et, au bout d'un moment, il dit : "C'est assez difficile à décrire. On éprouve une sorte de sensation de tension générale.
Cela ressemble tellement à l'esprit dans lequel se font toutes les entreprises atomiques, que je voudrais dire quelques mots sur la raison de cette sensation de tension ou, tout au moins, sur quelques-unes des raisons qui peuvent causer cette sensation.
Commenter  J’apprécie          01

autres livres classés : bombe atomiqueVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Autres livres de J.R. Oppenheimer (1) Voir plus

Lecteurs (2) Voir plus




{* *}