Quand on lit les poèmes et les lettres de
Wilfred Owen sur la guerre de 1914-1918, on est tout de suite abasourdi par la véracité cruelle qui s'en dégage. Les lettres au ton poignant, désabusé, adressées à sa famille sont comme des petites suppliques d'un héros fatigué, dégoûté par l'inanité de la réalité guerrière et de son incommensurable inutilité. Les poèmes, eux reflètent un autre aspect de la personnalité du jeune auteur, on perçoit immédiatement son immense talent de poète autodidacte, qui se révèle dans l'adversité à laquelle il fut confronté dans son existence et en particulier au travers de ses témoignages terrifiants sur les horreurs de la guerre. Les vers sont majestueux empreints d'un héroïsme pudique, celui des hommes simples qui font leur devoir envers et contre tout. Les mots et les phrases sonnent comme des élégies douloureuses et mélancoliques, portant au firmament des héros, ces soldats britanniques venus sauver la France et finissant misérablement loin de leur patrie, le visage dans la boue froide et glauque du nord de la France. Sort triste et injuste, qui sera hélas celui de ce poète brillant promis à un bel avenir littéraire, avec en plus la cruauté de mourir sept jours avant la fin de la guerre le 4 novembre 1918.