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EAN : 9782823612028
160 pages
Editions de l'Olivier (01/03/2018)
3.07/5   37 notes
Résumé :
" Je ne dis pas que Carl Denver avait l'intention de me tuer. Je dis que de mon côté il s'agissait plutôt d'une crainte diffuse, née de la connaissance que j'avais de Carl Denver et du passé de notre relation. "

Entre Paul et Carl Denver, il y a Maud. La femme que Paul a prise à Denver, et qu'il vient de quitter. Trahison et désamour, une double faute que Denver, un personnage apparemment incontrôlable, semble prêt à lui faire expier. Sous cette menac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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La Feuille Volante n° 1320

Massif centralChristian Oster – Éditions de l'Olivier.

Comme dans tous les romans de Christian Oster, le thème est assez simple au départ. Paul, ex-architecte, vient de quitter Maud, sa compagne, qui l'avait préféré à Carl Denver, un individu assez inquiétant et même violent mais extrêmement cultivé dans le domaine du cinéma où il exerce le métier critique et dont les jugements tranchés sont redoutés. Jusque là, rien de bien original. Paul avait connu Maud quand elle était encore avec Carl et la jeune femme avait été si impressionnée par la culture de ce dernier qu'elle avait fini, inconsciemment, par être dépositaire de l'agressivité de son compagnon. Ainsi, quand elle avait décidé de vivre avec Paul, était-elle toujours sous l'influence culturelle de ce son ex, ce qui indisposait son nouveau compagnon et provoquait de fréquentes disputes entre eux. Il vivait cela comme une sorte de possession et ce genre de situation avait érodé l'amour qu'il avait pour elle de sorte que, pour s'en libérer, il avait résolu de la quitter. Il était devenu pour elle une véritable étranger, ce qui lui était insupportable, et c'était en quelque sorte une victoire involontaire de Carl qui cependant ignorait tout de leurs relations difficiles et de leur séparation mais regrettait amèrement Maud au point, apprit Paul, de le rechercher dans Paris, sans doute pour lui faire payer physiquement sa trahison. Il décide donc de fuir au hasard. Après pas mal d'étapes, pas mal d'amis rencontrés, parfois par hasard, il souhaite aller dans le Massif central, où il ne va d'ailleurs pas (Limoges n'est pas à ma connaissance dans ce massif montagneux). Ici nous n'avons pas affaire à un banal adultère mais à une rupture d'un tout autre genre et, bien entendu, le thème « ostérien » de la fuite s'invite à nouveau. Les anciens l'on exprimé à leur manière puisque voyager n'est pas guérir son âme. Au fur et à mesure que le temps passe, Paul s'aperçoit qu'il aime toujours Maud, mais à propos de ses diverses rencontres avec ses amis, le souvenir de Carl ne le quitte pas non plus, à en devenir obsédant, ce qui témoigne d'une dangereuse tendance à la paranoïa. Ainsi s'instaure une sorte de ménage à trois différent du schéma classique mais intéressant dans sa configuration, quelque peu fugace et fantasmée. La solitude de Paul favorise son voyage dans le passé et il se souvient qu'au début de sa vie commune avec Maud, Carl avait continué de les fréquenter tous les deux en une relation bizarrement apaisée, puis avait disparu sans aucune explication. La crainte d'une confrontation physique avec lui n'était venue que par la suite et avait déterminé Paul à fuir après avoir rompu avec Maud. On se demande s'il ne devient pas fou, mais la présence supposée de Carl qui serait constamment à sa poursuite est tellement obsédante qu'il le voit partout et va même jusqu'à l'accuser du meurtre d'un de ses amis qui apparemment n'est qu'un suicide, imagine qu'il rencontre son double, l'accuse de folie, c'est à dire qu'il est maintenant carrément mythomane.

Dans sa course vers le néant, il semble se ressaisir en s'intéressant à Hermine, une cliente d'un des hôtels où il est descendu mais aussi un être plus désespéré que lui. Avec elle, il fait le projet de partir et apprend qu'elle partage avec lui une certaine recherche du vide. On ne sait rien des relations qu'il entretient d'ordinaire avec les femmes, ce qu'il pouvait bien dire à Maud, mais celles qu'il a avec Hermione paraissent aussi absurdement surréalistes que ses affabulations autour de Carl. Il part avec elle en direction des plages du Nord mais ce que nous aurions pu imaginer comme une passade entre eux se termine différemment, avec en toile de fond la silhouette de Carl, comme une obsession.

Je dois dire que la découverte de l'oeuvre d'Oster me procure des impressions contradictoires, à la fois un rejet à cause des phrases trop longues que je retrouve cependant chez Mathias Enard, avec en plus une appétence pour le détail parfois inutile et une architecture bizarre, mais aussi une sorte d'attirance due peut-être à l'analyse psychologique au scalpel des personnages, l'ambiance labyrinthique de ses romans où le lecteur est toujours un peu perdu, à la lisière de quelque chose qui se dérobe devant lui. Il n'est pas rare que, le livre refermé, je me demande si j'ai bien compris ce que je viens de lire et qu'il serait bien possible que je sois passé à côté d'un chef d'oeuvre sans même m'en rendre compte. Ici, le titre laissait à penser que l'action devait se dérouler dans le Massif central que Paul n'atteint jamais nonobstant ses nombreuses pérégrinations. Après tout, ce n'est pas grave puisque Boris Vian a bien écrit « L'automne à Pékin » qui ne se passe ni en automne ni à Pékin mais qui n'en est pas moins un roman magnifique.

J'ai donc appris à me méfier avec Oster, la simplicité du départ n'est qu'apparence. Paul me fait l'impression de quelqu'un qui se fuit lui-même, incapable de se lier à une femme, incapable de vivre normalement, définitivement seul.

©Hervé GAUTIER – Février 2019.http://hervegautier.e-monsite.com


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Christian Oster est un écrivain constant. Dans la brièveté de ses romans, dans le style avec de longues phrases, parfois tarabiscotées et tortueuses où l'emploi du subjonctif imparfait n'est pas une rareté, dans ses thèmes enfin, à la lisière du thriller, dont il contourne les codes pour en extraire une substance angoissante qui s'apparente à une course lente vers le néant. le narrateur de Massif central, Paul, vient de quitter sa compagne, Maud, qu'il avait précédemment détourné d'un certain Carl Denver, individu plutôt inquiétant et potentiellement violent. Alors Paul fuit, comme beaucoup de personnages d'Oster, et dérive vers le Centre de la France, notamment Limoges. A partir de là, notre héros rencontre des connaissances ou des inconnus et sent planer en toutes circonstances l'ombre de Denver. Paul est-il paranoïaque, voire sur le point de devenir fou ? Difficile à dire car notre héros est du genre flou et peu résolu dont les déplacements s'apparentent plus à une dérive qu'à un cheminement raisonné. L'auteur construit une intrigue faussement linéaire tenue par un suspense latent et l'idée que ce qui est le plus absurde est susceptible d'arriver. Ce n'est sans doute pas avec Massif central que Christian Oster va conquérir de nouveaux lecteurs mais il devrait garder les plus fidèles, sensibles à une prose et à un ton qui pourraient être ceux d'un Modiano qui ne serait plus obsédé par le passé et les souvenirs mais flottant dans une réalité inquiète.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Une étoile pour la qualité de l'écriture et ses longues phrases qui tiennent la route malgré leur structure souvent complexe, mieux en tout cas que l'histoire, d'une insignifiance totale, même si par moments on veut y croire, mais on perd vite toute foi en cette oeuvre.

Certains diront que c'est un roman de l'absurde. Peut-être... Effectivement, tout est fatalement voulu par l'auteur, mais quel ennui à suivre ce pauvre Paul, traumatisé d'avoir pris la maîtresse d'un autre, Carl, invisible jusqu'aux dernières pages, maîtresse qu'il a d'ailleurs quittée. C'est surtout un roman de l'indifférence, celle des prétendus amis de Paul qui l'hébergent et même celle de sa partenaire féminine que tout semble laisser de marbre, qui sait même peut-être sa mort.

Une lecture qui ne rend en aucun cas les personnages attachants, sauf peut-être le malheureux Antoine, et en aucun cas le héros principal, peureux, veule, indécis, incapable de s'assumer. Tout cela est aussi sûrement voulu par l'auteur, donc si tel est le cas, c'est réussi et alors cela mériterait davantage d'étoiles, accordées par d'autres lecteurs.
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« … je comprends, a-t-elle dit, et j'aurais sans doute préféré qu'elle ne comprenne pas ce que je voyais qu'elle comprenait mais j'étais tout de même soulagé qu'elle comprenne ... » (pages107/108)
Je ne sais pas trop si c'est une bonne idée de lire deux livres du même auteur quasiment l'un à la suite de l'autre, le premier déteint sur le second ou peut-être l'inverse, dans un processus neuronal dont on ne maîtrise pas les influx, le second éclairant les faiblesses du premier ou bien l'inverse, les marottes d'écriture apparaissant sans être désagréables, bien au contraire, elles sont marques de fabrique dont on n'est pas très sûr d'être capable de les reconnaître si le texte était anonymisé mais qui d'autre que Christian Oster peut ainsi développer des idées dans des phrases tournoyantes comme une toupie qui nous enverrait des éclats à intervalles irréguliers, éclats souvent obscures qui nous entraînent inexorablement vers un nulle part dont on ne soupçonnait même pas l'existence, se demandant ce que le narrateur bricole à ainsi divaguer géographiquement et mentalement dans ce qui ressemble à une errance ressemblant à une fuite tout en se rapprochant du problème initial « … j'ai à mon tour fermé les yeux et ça été pire, j'ai eu l'impression de tomber en arrière, vers le passé, et de me raccrocher en tombant à quelque chose qui m'avait sauvé il y a très longtemps, et qui cédait. » (page 155) tous ces mots, ces phrases, ces actes, « C'est embêtant pour la logique. » (page 143) mais cela réussit à nous tenir, certes à distance d'un indéfinissable qui nous attire tel un trou noir pour nous piéger. Étourdissant.
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Un faux thriller lancinant. Une description aiguisée de ce que peuvent être le vide, l'absence de désir, l'ennui, l'indifférence. L'auteur aurait pu situer l'action dans un de ces lieux connus, forts en personnalité, du Massif central: les volcans du Puy de Dôme, l'Aubrac, les Cévennes... Mais non, il a choisi pour toile de fond ces endroits un peu flous pour la plupart d'entre nous, sans caractère vraiment saillant: le Limousin, l'Allier.
le narrateur se sait traqué, mais n'est ce pas l'effet de sa parano? Il ne sait pas vraiment ce qu'il veut. Il se cache d'une bulle à l'autre: un petit village, un hôtel peu fréquenté, et même une cabane perchée dans un arbre.
Quelques épisodes cocasses, tragi-comiques, comme cet appel téléphonique d'une de ses connaissances, lui annonçant que par manque de compagnie, elle est proche de se jeter par la fenêtre, "dont elle est toute proche, par ailleurs". J'ai bien aimé aussi la référence au conformisme des architectes (le narrateur est, ou plutôt était, architecte): "je n'en pouvais plus des cubes, des chevauchements de cubes, des chalets transparents, des immeubles de bureaux en biais, des logements sociaux en pagode".
Le style passe sans coup férir de longues descriptions où se bousculent les pensées du personnage principal, à des dialogues courts, réduits au minimum. Au final, l'ensemble est parfaitement rythmé. Lancinant, disais-je.
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critiques presse (2)
LeMonde
11 avril 2018
Dans « Massif central », l’auteur met en scène un de ces héros ordinaires qu’il affectionne. Tentative de saisissement, en quatre motifs, d’une œuvre travaillée par la fuite.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
30 mars 2018
Le récit hallucinant d'un quinquagénaire dépressif, pris en chasse par un de ses anciens amis. Sombre et virtuose.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mais moi non plus je n'ai pas de passé, a protesté Hermione, qui d'ailleurs conduisait d'une main sûre, mais qui observait la route un peu comme je l'avais vue observer les gens, avec un léger temps de retard sur son apparition, je n'ai que le passé des autres, je ne me souviens pas de moi, je ne me vois même plus les voir, je les vois eux mais je ne suis plus jamais là où j'étais, je suis ici et je regarde, et quand je quitte la vie des yeux c'est pour lire, soit dit en passant c'est ce que j'aime dans la lecture, qu'elle m'attende, qu'elle me rattrape dans les moments où j'en ai assez d'être là et que je me sens glisser vers rien.
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Estelle, après avoir évoqué la couleur du troisième salon, me demandait pour la énième fois si je ne m'embêtais pas, à lire toute la journée, à quoi et à qui je répondais que la lecture, précisément, est une manière d'échapper à tout.
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On emporte tout avec soi quand on part, me disais-je, le dénuement n'y fait rien, la pensée contient toujours la somme de ce qu'on quitte.
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Je ne l'aimais plus, donc, et il était très étrange pour moi de ne plus aimer une femme qui m'avait immédiatement séduit et j'en rendais malgré moi Carl responsable, trouvant à Maud des excusesqu'elle avait de son côté pulvérisées comme autant de prétextes.
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On emporte tout avec soi quand on part, me disais-je, le dénuement n'y fait rien, la pensée contient toujours la somme de ce qu'on quitte.
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Vidéo de Christian Oster
Christian Oster - La vie automatique .Christian Oster vous présente son ouvrage "La vie automatique" aux éditions de l'Olivier. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/1934121/christian-oster-la-vie-automatique Notes de Musique : Free Music Archive: Gillicuddy - All Eventualities. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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