AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Une enquête de Mario Conde tome 6 sur 10

René Solis (Traducteur)
EAN : 9782757803547
192 pages
Points (22/03/2007)
3.62/5   139 notes
Résumé :
Dans le jardin de la maison-musée d'Ernest Hemingway, à La Havane, on déterre un cadavre portant l'insigne du FBI. Ce cher Ernest serait-il l'assassin ? Pas facile d'enquêter après tant d'années, surtout sur un écrivain de cette stature, qui vous inspire des sentiments ambigus d'admiration et de haine.
Mario Conde, l'ancien flic, prend son courage à deux mains et exhume le souvenir de ce monstre sacré, généreux, odieux, inoubliable.
Que lire après Une enquête de Mario Conde : Adios HemingwayVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 139 notes
5
0 avis
4
11 avis
3
10 avis
2
0 avis
1
2 avis
Hemingway dans le titre d'un roman, je ne sais pas vous, mais moi ça m'intrigue. du coup ça m'attire fortement. du coup je craque. Et bim j'achète. Ah naïveté quand tu nous tiens.

Leonard Padura s'explique dans une préface : ce roman fut écrit suite à la demande de son éditeur de participer à une série "littérature et la mort". Objectif : articuler un récit autour d'un écrivain célèbre et son rapport à la mort. Padura l'avoue, aucune hésitation : son choix se porte tout de go sur Ernest Hemingway, auteur emblématique s'il en est, et pour lequel il est partagé entre son amour pour l'écrivain et sa haine pour le bonhomme. Voilà ainsi une sérieuse aubaine pour effectuer quelques recherches et utiliser son personnage-phare, Mario Conde, pour tenter d'élucider l'ambiguité qui plane autour du mythique Ernesto.

Dans cette fiction mêlée à la réalité, nous suivons donc les derniers jours sur Cuba (1959) du vieil homme sans la mer pour qui sonne le glas. Loin des vertes collines d'Afrique et des neiges du Kilimandjaro ses angoisses se réveillent : Hemingway se sent persécuté, traqué par le FBI. Pourtant au-delà du fleuve et sous les arbres, la vie cubaine suit son cours. Et après Paris, La Havane est une fête pour Ernesto. Car là-bas, derrière les manguiers, le soleil se lève aussi, et La Finca Vigía, sa demeure de style colonial, se mue en jardin d'Eden. Entre amitiés cubaines, alcoolisation, parties de pêche et combats de coq, l'heure n'est pas encore à l'adieu aux armes.

Sa vie durant, Ernest Hemingway s'est construit un personnage arrogant, bougon, solitaire. Dénigrant son prix Nobel, en conflit avec Faulkner ou Dos Passos, l'image du vieux râleur en proie à ses démons paranoïaques perdure. Image d'un personnage public en décalage total avec celle de ses proches décrivant un homme altruiste, généreux et humble. Qui est Ernest Hemingway alors? Peut-être pas uniquement ce type que l'on dépeint comme délirant et attendant la mort dans l'après-midi ou n'importe quand. Mort qui ne viendra pas et qu'il devra par ailleurs provoquer s'il en a le courage. Et ce courage, en avoir ou pas, on connaît malheureusement la réponse...

Pour aborder la vie cubaine hemingwayenne, Padura a imaginé une intrigue avec un semblant d'enquête policière. Mais intrigue sans aucun intérêt à mes yeux. Juste un formidable alibi pour pouvoir côtoyer pendant quelques pages Papa. Car soyons clair : Adios Hemingway n'a rien d'un grand roman, n'est pas inoubliable, et est écrit avec des moufles (ou peut-être est-ce le traducteur qui a gardé les siennes). Roman ponctué qui plus est de moult familiarités inutiles sur l'intimité d'Hemingway dont je me serais passée.

Mais malgré tout, je ne boude pas ce moment privilégié en compagnie d'Ernest, moment qui donne surtout furieusement envie de se replonger dans son oeuvre!
Immortel Hemingway.
Commenter  J’apprécie          4011
Le prétexte du polar donne à Padura l'occasion d'écrire un roman biographique consacré à Ernest Hemingway. Moi qui connaissais mal l'auteur et n'avais pas pour l'homme qu'une attirance modérée, j'ai trouvé le livre bien documenté et posant habilement le problème des rapports complexes entre la vie et l'oeuvre d'un écrivain : peut-on être un créateur hors pair et un vrai « fils de pute ? » La réponse sans contestation possible est oui ! Aurai-je pour autant envie de lire Hemingway ? Rien n'est moins sûr ! Car le roman de Padura n'a fait que renforcer ma prévention contre cet homme dominateur, grossier, viriliste, alcoolique, ami ingrat, amoureux des armes, adepte de safaris, des corridas, et combats de coqs. Une caricature du mâle égocentrique et arrogant qui coche (à mes yeux) toutes les mauvaises cases, sans presqu'aucune exception. Ne connaissant que « le Vieil homme et la mer » et « Paris est une fête », (le dernier ne m'ayant pas fait grosse impression), je lirai quand même « le soleil se lève aussi ».
Commenter  J’apprécie          224
« […] à présent, il le savait, il était un foutu détective privé dans un pays sans détectives ni rien de privé, c'est-à-dire la mauvaise métaphore d'une étrange réalité : il était, il devait l'admettre, un pauvre type de plus, vivant sa petite vie dans une ville remplie de types ordinaires et d'existences anodines, sans aucun ingrédient poétique et tous les jours un peu plus dépourvus d'illusions. »
C'est peut-être cette conscience de la triste banalité de sa vie qui amène Mario Conde lieutenant de police cubain à la retraite plus ou moins reconverti comme bouquiniste et aspirant écrivain d'accepter de donner un coup de main à ses anciens collègues. Ceux-ci ont en effet été appelé sur le terrain de la finca Vigía, l'ancienne résidence d'Ernest Hemingway à La Havane, où, en cette fin des années 1990, on a découvert un cadavre enterré depuis bien longtemps auprès duquel se trouve une plaque du FBI. Hemingway, dont on sait qu'il s'estimait suivi, écouté, et persécuté par les hommes d'Edgard Hoover a-t-il pu commettre ce meurtre ? Porté par le souvenir de son ancienne admiration pour l'écrivain américain et un profond désir de, peut-être, lui rendre justice, Conde se lance dans la recherche de la résolution de l'énigme que constituent les événements de quelques jours d'octobre 1958.
Cinquième roman dans lequel apparaît Mario Conde, Adios Hemingway a une histoire particulière. Leonardo Padura pensait en avoir fini avec son personnage lorsque son éditeur lui a demandé de participer à une série de romans consacrés à des écrivains célèbres. de son propre aveu, Padura n'a pas vu d'autre choix que de parler d'Hemingway et de transmettre ses propres obsessions – une « relation tumultueuse d'amour-haine » avec l'auteur du Vieil homme et la mer – à son personnage récurent.
Mario Conde, double de l'auteur en ce qui concerne sa vision d'Hemingway, et Hemingway lui-même, à travers les aller-retours entre l'enquête contemporaine et les événements de 1958 vus par l'écrivain américain, se partagent donc la vedette de ce roman d'où sourd une douce mélancolie.
On l'a vu à travers la citation qui ouvre cette chronique, il y a d'abord un Mario Conde que cette enquête vient tirer de l'ennui de son quotidien tout en réveillant en lui les sentiments contradictoires qu'il a pu éprouver au long de sa vie vis-à-vis d'Hemingway… l'admiration pour l'homme imposant entraperçu dans son enfance, puis pour l'auteur et enfin un mépris teinté de ressentiment pour celui qu'il a fini par considérer comme un faiseur, un matamore ivrogne. Et, avec la découverte de ce cadavre, l'occasion de peut-être faire un peu la lumière sur le véritable Hemingway. Aurait-il eu les tripes de tuer un homme ?
Il y a donc ensuite un Hemingway vieillissant et qui se pose en fait les mêmes questions sur lui-même et qui regarde en arrière avec nostalgie : « Pour envelopper l'arme, il avait choisi une culotte noire oubliée dans la maison par Ava Gardner. La culotte et le revolver, ensemble, lui servaient à se rappeler qu'il y avait eu des temps meilleurs, où il était capable d'expulser un jet d'urine puissant et cristallin. » En avoir ou pas ? se demande l'américain. Et surtout, en a-t-il eu un jour ? Lui qui a écumé le monde, couru les conflits de son temps, constamment recherché l'aventure, tué quantité d'animaux, serait-il capable de tuer un homme ?
C'est à ces questions et à d'autres – peut-on vraiment vivre pleinement sa vie ? Peut-on ne jamais avoir de regrets ? – que Conde et Hemingway, parallèlement, à près d'un demi-siècle de distance, essaient de répondre sous la plume d'un Padura qui donne une chair impressionnante à un Hemingway qu'il fait vaciller sur le piédestal sur lequel il l'a placé et dont il n'ose pas vraiment l'expulser violemment. Cela donne un roman court mais dense, riche et séduisant, à la fois beau et désenchanté.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          90
J'ai lu il y a plus de 40 ans "Pour qui sonne le glas" dont j'ai gardé un souvenir ému. Depuis je me dis que je dois lire Hemingway et relire "Pour qui sonne le glas" et puis... et puis je ne le fait pas. Ce roman m'a forcément intrigué par son titre et à défaut de lire Hemingway j'ai lu sur Hemingway...

Hemingway, Cuba, ses derniers jours , son caractère, ses colères, ses inimitiés c'est vers tout cela, une sorte de biographie des derniers temps, que nous emmène l'auteur. Prétextant la découverte d'un cadavre, un ancien flic va chercher à remonter le fil du temps pour savoir ce que faisait Hemingway pendant ces derniers jours à Cuba.

Je ne connaissais rien de la vie d'Hemingway, j'en connais un peu plus mais je n'ai pas tout compris dans le rejet de la personnalité de cet écrivain, il me manque les bases, je verrai plus tard. Par contre j'ai très envie de remettre Hemingway au dessus de la pile de livre à lire c'est sans doute le plus intéressant dans ce roman avec la touche cubaine qui colore l'ensemble à bon escient
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          160
Mario Conde est un de ces grands flics machos, solitaires et nostalgiques du polar contemporain. Il vit à Cuba et mène toujours, au milieu de la picaresque misère contemporaine, des enquêtes où, aux charmes du passé, se mèlent toutes les corruptions de la période d'avant Castro. Ici, le pretexte à peine crédible d'un cadavre retrouvé dans le jardin cubain d'Hemingway permet une magistrale déconstruction et reconstruction de la légende d'Hemigway à Cuba, dans les derniers mois précédant son suicide. Superbe.

Commenter  J’apprécie          130

Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Car il devait en plus décider, avant l'arrivée de la mort, s'il brûlerait ou non Paris est une fête. C'était un beau livre sincère, mais il contenait trop de choses définitives, qui seraient sûrement retenues dans l'avenir. Mû par une sensation de gêne, il s'était senti obligé de garder le manuscrit dans l'attente d'une lueur susceptible d'éclairer son sort : l'imprimerie ou les flammes.
Commenter  J’apprécie          200
Pour envelopper l’arme, il avait choisi une culotte noire oubliée dans la maison par Ava Gardner. La culotte et le revolver, ensemble, lui servaient à se rappeler qu’il y avait eu des temps meilleurs, où il était capable d’expulser un jet d’urine puissant et cristallin.
Commenter  J’apprécie          50
Ce n'est pas lui qui jouait au guérillero et à l'ami des communistes ? Ce n'était pas très compliqué : guérillero avec des gourdes de whisky et de gin à la ceinture, communiste avec un yacht et assez d'argent pour vivre comme bon lui semblait. Ah, Conde, crois moi, j'en ai jusque là des salopards qui vivent comme des princes en dissertant sur la justice et l'égalité.
Commenter  J’apprécie          30
En son for intérieur il aimait à se dire qu’être connu dans le monde entier en raison de ses prouesses et de ses extravagances lui avait coûté suffisamment de peine et d’effort pour ne pas y renoncer au profit de cette amabilité hypocrite qu’il méprisait tant. Il avait près de trois cents cicatrices sur le corps, dont plus de deux cents résultaient de l’explosion de la grenade à Fossalta, tandis qu’il portait sur les épaules un soldat blessé, et il avait une bonne histoire à raconter à propos de chacune, dont il ne savait plus lui-même si elle était vraie ou fausse.
Commenter  J’apprécie          10
Et l’on finit par apprendre qu’il faut défendre cette solitude : parler de littérature, c’est perdre son temps, et il vaut beaucoup mieux être seul, parce que c’est ainsi que l’on doit travailler et parce que le temps pour écrire est de plus en plus court et que si on le gâche, on sent que l’on a commis un pêché pour lequel n’existe aucun pardon.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Leonardo Padura (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leonardo Padura
4 SEASONS IN HAVANA - Teaser Trailer
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (311) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..