Le premier tome de l'anthologie de la poésie française au XXème siècle est passionnant, avec pas mal d'auteurs inconnus, mais aussi un bon nombre de poètes ayant connu la consécration. Dans ce second tome, je n'ai trouvé pratiquement que des poètes, pour la plupart contemporains, dont je ne connaissais même pas le nom. Evidemment, tout ne m'a pas plu – loin de là - mais j'ai eu parfois d'heureuses surprises. Je me suis fait un plaisir de collecter quelques extraits pris au hasard et de les mettre en citation sur Babelio. J'espère qu'elles retiendront l'attention des lecteurs et surtout contribueront à faire sortir certains poètes de l'anonymat.
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LES CRIS VAINS
Personne à qui pouvoir dire
que nous n’avons rien à dire
et que le rien que nous nous disons
continuellement
nous nous le disons
comme si nous ne nous disions rien
comme si personne ne nous disait
même pas nous
que nous n’avons rien à dire
personne
à qui pouvoir le dire
même pas à nous
Personne à qui pouvoir dire
que nous n’avons rien à faire et
que nous ne faisons rien d’autre
continuellement
ce qui est une façon de dire
que nous ne faisons rien
une façon de ne rien faire
et de dire ce que nous faisons
Personne à qui pouvoir dire
que nous ne faisons rien
que nous ne faisons que ce
que nous disons
c’est-à-dire rien
(p. 111) COMPLAINTE DE LA PRINCESSE SANS PRINCE
Couleurs du monde sont en moi
Regards du ciel et des fontaines
Fraîches couleurs du mois de mai
Où je suis née en riche plaine.
Quel livre me dira le nom
Du prince amer qui me dit non ?
Voix du vent chantent en ma voix
Chansons des eaux et des feuillages
Plaintes aussi de qui s’en va
Vers l’horizon, un jour de neige.
Quel livre me dira le nom
Du prince amer qui me dit non ?
(…)
(Georges-Emmanuel Clancier)
(p. 130), TANT
Tant je l’ai regardée caressée merveillée
et tant j’ai dit son nom à voix haute et silence
le chuchotant au vent le confiant au sommeil
tant ma pensée sur elle s’est posée reposée
mouette sur la voile au grand large de la mer
que même si la route où nous marchons l’amble
ne fut et ne sera qu’un battement de cil du temps
qui oubliera bientôt qu’il nous a vus ensemble
je dis chaque jour merci d’être là.
(Claude Roy)
(p. 160) L’ENDORMIE
(…) Ô corps jaspé de lumière, l’ombre entoure un tunnel
Où le ruisseau s’en va sous les branches inclinées;
Et tout rayon qu’accroche l’herbe est fleur de jonc fleuri
Qui tremble sur toi quand ta nage l’écarte:
Et si des abeilles te font peur,
Ce ne sont qu’éclaboussures qui s’envolent de la fleur. (…)
(Max-Philippe Delavouët)
(p. 523)
La poésie c’est bon
pour les oisons les oiseux les oisifs
disait mon père et tu ferais
mieux d’apprendre ton code civil
moi j’apprenais le tango la biguine
à dire je t’aime en catalan
en croate en turc en polonais
aujourd’hui je ne dis plus jamais
je t’aime à personne en aucune
langue je suis là vieillissant
dans la bicoque au faubourg
frappée aussi d’alignement
Jean-Claude Pirotte
POÉSIE-PENSÉE – Traduire la poésie : danser devant le temple ? (France Culture, 1992)
Importante participation de Jean-Baptiste Para à l’émission « Tire ta langue », par Renée Elakaïm Bollinger, diffusée le 4 mars sur France Culture. Autres présences : Claude Vigée, Harry Quest, Nicolas Fokas, Jean-Baptiste Para, Alain Verjat, Jean-Pierre Lefebvre, Emmanuel Hocquart, Hélène Henry et Nata Minor.