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EAN : 9782370840462
336 pages
Editeur : Nous, 19 septembre 2017 (19/09/2017)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Ma durée Pontormo assemble et tresse la contemplation de l'oeuvre de Jacopo Carucci (dit Pontormo, 1494-1557), que l'histoire de l'art a classé dans le courant maniériste du XVI e siècle italien ; la lecture du journal - bref et insolite - du peintre, où se côtoient des observations disparates d'ordre biographique, hygiénique et diététique ; et enfin l'excursion en Toscane, pour mettre à l'épreuve in situ ce qu'exige et permet chaque fois la nécessaire présence du r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ma durée Pontormo rassemble la contemplation de l'oeuvre de Jacopo Carucci (dit Pontormo, 1494-1557), que l'histoire de l'art a classé dans le courant maniériste du XVIe siècle italien.
La lecture du journal ‒ bref ‒ du peintre, où se côtoient diverses observations, à la fois biographique, hygiénique et diététique.
Enfin excursion en Toscane, pour mettre à l'épreuve in situ ce qu'exige et permet chaque foi : la nécessaire présence du regardeur.

Livre inclassable, Ma durée Pontormo fait lui-même journal de cette épreuve du temps, du regard et du voyage.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
POUR QUE L’AFFAIRE S’ÉCLAIRCISSE…
 
 
Dès que je prenais mon stylo, attrapais un bout de papier, dès que je me détournais , ne fût-ce qu’un instant, de la phrase, du paragraphe ou de la page lue, d’un mot précis ou d’un petit dessin, quelque chose dont je ne savais rien menaçait de disparaître d’une manière irréversible, et me le signifiait. Revenir au texte, lâcher mon attirail de scribe, ralentir ma façon, caler mes yeux sur l’enchaînement des mots en prêtant mieux l’oreille, il le fallait aussitôt.

Carnet, stylo, crayons de couleur abandonnés alors sur la table de nuit — une cagette à claire-voie posée sur un sol inégal d’anciennes tomettes —, j’ajustais de nouveau ma façon au bloc grisâtre, mal justifié, désordonné du texte ; je plaçais mes mains sur mes oreilles, j’avalais ma salive : la chose redémarrait.

Lentement, sans concession, elle m’emportait, tractait mon être jusqu’au bas de la page, au milieu de la nuit.

Avant de la quitter, d’en aborder une autre, parfois une phrase semblait émettre un signal bref, venu comme d’un fond lointain : la relisant, je me laissais porter, faisais la planche, yeux au plafond, ruminais, ne bronchais plus,
et je reste ainsi sans savoir ce qui va m’arriver, je crois que je me suis fait grand tort de retourner au lit, pourtant maintenant il est 4 heures il me semble que je vais très bien

du moins pas avant d’être réellement persuadé de pouvoir cette fois suspendre sans dommage l’exercice pendant quelques secondes pour enfin recopier.
Ça marchait quelques fois, pas toujours.

Puis je recommençais l’exercice, requis par le passage suivant, tout aussi sidérant que les précédents.
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POUR QUE L’AFFAIRE S’ÉCLAIRCISSE… 
 

Lentement comme jamais. Seulement deux ou trois pages à la fois, au prix de pauses interrompues par des rêveries nombreuses, non exemptes de confusion ; avec des pauses profondes, d’inégale durée.

Lisant une page, une autre, une autre encore ; chacune avec passion, gratitude ou stupeur à la clé ; chacune m’immergeant dans la nuit sous l’ampoule.
Si bien que le Journal se mit à dérouler, ou plutôt à ouvrir sur un temps inédit.

Au fil d’un jaillissement, inconséquent souvent, correspondaient deux-trois alinéas. Les mots, silencieux et puissants, s’y accordaient. La vision de la phrase inventait le regard dès que la lettre s’écartait. Quelques espaces se découvraient, chemin faisant. Là se tenaient de petits croquis, posés alors comme pour se souvenir. La pensée cessait de calculer pour contempler la conjonction des lignes ramassées en un chiffre fulgurant. Fléché par l’attention, privé de volition, l’œil suspendait sa fixation, et les muscles leurs saccades.

Me croirez-vous, entre les signes écrits il y avait du bruit, un bruit léger mais obstiné ; il y avait foule et j’étais seul.
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POUR QUE L’AFFAIRE S’ÉCLAIRCISSE…
 
 
Pour que l’affaire s’éclaircisse — car je sens bien les risques encourus sous le rapport de ces premières pages possiblement déconcertantes —, il convient de se montrer coopératif en livrant quelques indications au titre de supplément.

Dimanche — ça aussi, l’ai-je précisé ? —, je m’étais donc couché dans une autre chambre que la mienne pour une raison qui, je l’avoue aujourd’hui, m’échappe à peu près totalement (appelons l’endroit pension et admettons pour simplifier et pouvoir continuer le récit, que je n’ai jamais disposé, comme chacun, que d’une chambre provisoire.)

Ce soir-là, en tout cas, manquait la lampe de chevet aux étoiles découpées que nous avions rapportée il y a quelques années de la montagne et que j’aime presque autant que la montagne elle-même. Seule au-dessus du lit, une applique sans charme conçue pour un hôtel de classe médiocre, anonyme, dispensait sa lumière standard, ni livide ni chaude.

J’ignore si le changement de lampe et la modification afférente influencent sérieusement la lecture — j’ai même tendance à en douter — mais j’ai pris une fois encore le livre, le Journal de ce peintre, je me suis mis à le lire, le relire, et j’ai lu très lentement.
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Aujourd’hui, non seulement persiste en moi le contenu précis de certains passages de ce bouquin mais me revient à discrétion l’effet qu’ils produisirent sur l’insomniaque que je devins. Il était notamment question d’une joue, ailleurs du froid du vent, d’une tête d’enfant qui se penche et, sauf erreur, fait mention quelque part d’un sonnet.

Qu’il s’agisse si souvent de nourriture m’étonna.

Naturellement, le peintre ne manquait pas d’évoquer son travail, ses conditions pratiques, et les péripéties qu’il impliquait.

Mais tout s’écrivait aussi sous le regard de maux divers, de soucis, de manies et d’aliments ingurgités. Accessoirement d’argent, de temps en temps de faits météorologiques. Pour l’essentiel, à la dévolution d’une vie que le peintre suivait à vive allure s’adossait la conduite d’un chantier qu’une inquiétude n’incitait pas, à l’évidence, à tempérer, mais qu’une forme secrète organisait dans son détail le plus scabreux.

La densité de ces moments de non-peinture m’impressionnait.

Moments sans œuvre auxquels l’œuvre doit tout.
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Je lisais : le peintre ne taisait rien, difficultés, douleurs, incertitudes, sans que jamais un nom bien défini ne leur correspondît.

Bien sûr, certaines des peines ou des douleurs physiques qu’il indiquait étaient imputables aux années — au moment de cette rédaction, l’homme n’était plus un jeune homme — mais aussi, c’est certain, à une sourde angoisse venue au monde le même jour que lui, au même endroit que lui.

Je lisais.

Des maux de ventre très souvent.

Plusieurs fois une phrase ou un mot m’ont saisi.
Au début, naïvement, je crus devoir les recopier.

Or il me fallut vite renoncer, du moins provisoirement.
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Vidéo de Pierre Parlant
Premier volet de la rencontre organisée le mercredi 24 juin 2015 par la librairie L'Alinéa à Martigues. Rencontre-lecture avec Jean-Marie Gleize et Pierre Parlant, organisée à l'occasion de la parution de leurs livres, : le livre des Cabanes, aux éditions Seuil (Collection Fiction & Cie); Ciel déposé, aux éditions Fidel Anthelme X et Les courtes habitudes(Nietzsche à Nice), aux éditions NOUS ; ainsi que de Poétique du territoire, dernier numéro d'Autres & Pareils, La Revue, auquel ils ont participé.
Ces deux auteurs majeurs, dont l'écriture et l'?uvre sont en train de marquer la littérature contemporaine de leur empreinte, liront des extraits de leurs derniers livres et donneront un éclairage sur leur façon d'écrire et d'envisager l'écriture.
Organisé en partenariat avec AUTRES ET PAREILS.
Volet à suivre : lecture de Pierre Parlant et débat avec les lecteurs de la librairie.
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