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Concetta D'Angeli (Éditeur scientifique)René de Ceccatty (Traducteur)
EAN : 9782070301089
320 pages
Gallimard (26/06/2003)
3.89/5   23 notes
Résumé :

«J'ai beaucoup risqué en écrivant Actes impurs et Amado mio. je ne sais pas si les sujets si scabreux de ces deux récits sont suffisamment nécessaires et objectivés; je suppose même que certains, si je disais le nom du péché... ne liraient peut-être même pas la première page du livre. Paolo et Desiderio luttent-ils assez contre leur amour? Il est vrai, tant que la passion les consume, leur p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'auteur est Pier Paolo Pasolini (1922-1975), le très célèbre réalisateur de cinéma, également écrivain et poète. le grand public le connait aussi pour son homosexualité, surtout depuis son assassinat dans des conditions scabreuses.

Ce récit très largement autobiographique, se rapporte à sa jeunesse, dans les années 1944-1945. Sa mère et lui vivaient alors dans un endroit champêtre au Nord de l'Italie. La région où ils croyaient avoir trouvé refuge était, en fait, encore sous le contrôle de l'armée allemande et des milices fascistes, aux abois et donc dangereux. Dans le même temps, l'aviation alliée effectuait des bombardements qui rendaient la vie encore plus difficile. On pouvait être tué tous les jours. C'est dans ce contexte d'apocalypse que Pier Paolo vit, en donnant des cours à de jeunes gens dans son village, tout se cachant (car il est réfractaire).

Le récit n'est pas toujours très facile à suivre, mais il est généralement captivant. Son sujet essentiel est la découverte de son homosexualité par Pier Paolo, et ses premières amours. D'ailleurs, le titre suggère bien le sujet, mais il a été choisi sottement car l'auteur écrit sans détours: «Je n'ai pas le sens véritable du remords, de la faute, de la rédemption; j'ai simplement un sens unique du destin, mais dans sa précarité et sa confusion ». Pasolini décrit, jour après jour, les affres de son attirance obsessionnelle pour les jeunes gens qui se trouvent être des fils de paysans naïfs ou frustes. Face à chacun, il fait tout son possible pour capter son attention amoureuse et il a le plaisir de constater que « il comprenait qu'il était uni à moi par quelque chose de particulier, une attention, une curiosité, presque une complicité que les autres ne remarquaient même pas ». Mais, quand il se retrouve au sommet de sa quête d'amour, il évoque son « état d'âme d'homme devenu presque fou ». En fait, il éprouve un violent désir qui l'emporte sur son attachement sentimental. Quand il rencontre une résistance durable de la part d'un jeune adolescent, son désir se trouve exacerbé: « Plus qu'une douleur, j'éprouvais une rébellion abasourdie contre la nature ou contre le destin ». A force de presser Bruno, ou Gianni, ou Nisiuti, ou encore d'autres garçons, Pier Paolo parvient (difficilement) à ses fins, jouissant sexuellement et nageant dans son bonheur de la soumission admirative de sa conquête. Que le lecteur éventuellement avide des passages pornographiques s'y résigne, la plume de l'auteur reste allusive: quand Nisiuti met un terme à ses refus réitérés, par exemple, l'auteur note sobrement: « il se rendit tout de suite ». Cependant, l'accomplissement ne lui apporte pas l'apaisement, et sa nature passionnée, tourmentée, reprend aussitôt le dessus; mais ce n'est jamais le remords qui le trouble.
Pour corser sa situation sentimentale, le narrateur se trouve aussi confronté à Dina, une jeune fille très amoureuse de lui, pour laquelle il n'éprouve évidemment aucun désir mais qu'il voudrait éviter de blesser.

Ce récit est un témoignage réaliste, particulièrement sincère, sans complaisance ni contrition. Je suppose qu'on trouve rarement ces qualités dans la littérature, sur un tel sujet - pour le moins délicat. Le lecteur pénètre dans la subjectivité de Pier Paolo, qui nous parait ni sympathique ni antipathique, mais simplement vrai; il doit admettre que tout questionnement moral est ici mis entre parenthèses. A cause de la guerre, les expériences de ce "héros" tourmenté s'insèrent dans une ambiance de fin du monde - un monde pourtant en plein devenir, car le narrateur est lui-même jeune et désireux de vivre, même si c'est dangereusement. Enfin, j'ajouterai que le décor somptueux de la campagne frioulane, indifférent à la violence des hommes, contribue à faire de ce récit un étonnant hymne à la vie.
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L'extase amoureuse selon Pasolini.....
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Confessions très intimes........
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Non pas que maintenant, au fond, les choses eussent beaucoup changé : nous nous connaissions, nous nous parlions et nous avions confiance, voilà tout. Il n'y avait pas eu en moi la moindre allusion qui fit comprendre à Nisiuti la naissance de mon amour, contre lequel moi-même, d'ailleurs, par paresse je me protégeais. Mais combien plus s'était exprimé Nisiuti, maintenant, dans ce regard.
Il semblait, bien plus que moi, prévoir notre avenir, ce qui devait se produire entre nous, deux années entières d'amitié, où il ne devait pas y avoir un seul jour où nous ne nous fussions vus et embrassés. Parce que, peut-être plus encore qu'un amour, ce fut une amitié, et plus qu'une amitié, une passion. Nisiuti était parfait, devant moi, avec son odeur de foin et de lait, sa carnation rose et intense, à présent un peu noircie par les premiers rayons du soleil printanier, ses pupilles brillantes et pures.
Tout était contenu en lui, tout ce qui est nécessaire à l'amour. Et rien de fermé, d'inexprimé, d'assombri : son mystère resplendissait avec clarté comme son regard.
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Il ne parvenait pas à détacher son regard de moi, qui bavardais avec sa famille : et bien qu'il ne prît pas part à la conversation, il comprenait qu'il était uni à moi par quelque chose de particulier, une attention, une curiosité, presque une complicité que les autres ne remarquaient même pas. Bien que la pensée n'osât même pas l'effleurer, il sentait qu'au milieu de ses frères, de ses cousins et des autres garçons de Viluta, j'avais pour lui un regard chargé de protection et de sympathie.
Et il y répondait, en s'offrant avec toute la tendresse de ses yeux. À présent, son expression était chargée du don qu'il faisait de lui-même. Même en novembre, en décembre, durant les premières semaines de notre rencontre, je l'avais vu là, sur cette banquette, parmi les siens, dans la tiédeur de l'étable, avec ses yeux ouverts qui se fixaient, resplendissants et légers, sur moi : mais alors, tout était flou, ce n'était que la sympathie incertaine d'un adolescent, et il n'y avait en moi que la crainte, inconsciente, de m'y abandonner.
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Il était assis sur un petit siège de bois, prés de sa mère, tout droit, tendu, dirigé vers moi, en me mangeant presque du regard. Ses yeux – que la sympathie rendait d'une limpidité délicieuse – se fixaient avec ardeur sur moi, comme le signe d'une offrande, d'un don – que le garçon considérait de toute façon comme indignes de moi : et c'était de cet extraordinaire sentiment de défiance envers soi-même que se reflétait tièdement dans ce regard une lumière si intérieure qui se répandait à l'insu du garçon, comme détachée de lui. La chaleur de l'étable lui enflammait la peau du visage et adoucissait sa touffe brune, qui relevée en l'air, sur son front, donnait à son expression une simplicité de garçon pur et honnête, sans caprices qui ne fussent ceux, très doux, de sa nature affectueuse.
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Ce que fut Nisiuti, ce soir-là, au milieu des siens, ce fut pour moi quelque chose d'indicible. Il se taisait, dans l'animation générale, dans cet échange sentimental que l'heure tardive rendait si agréable et émouvant, mais son regard, son corps, sa présence étaient d'une intensité qui dépassait toutes les voix.
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Il semblait, bien plus que moi, prévoir notre avenir, ce qui devait se produire entre nous, deux années entières d'amitié, où il ne devait pas y avoir un seul jour où nous ne nous fussions vus et embrassés. Parce que, peut-être plus encore qu'un amour, ce fut une amitié, et plus qu'une amitié, une passion. Nisiuti était parfait, devant moi, avec son odeur de foin et de lait, sa carnation rose et intense, à présent un peu noircie par les premiers rayons du soleil printanier, ses pupilles brillantes et pures.
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