Je remercie très chaleureusement Babelio, le musée d'Orsay et Flammarion pour ce magnifique catalogue d'exposition «
Modernités suisses, 1890-1914 » rédigé par
Sylvie Patry et
Paul Müller, reçu lors d'une opération Masse Critique.
L'exposition et cet ouvrage présentent les oeuvres picturales marquant le renouveau de l'art helvétique, à partir de la fin du XIXème siècle.
Si le titre de l'ouvrage s'intitule «
Modernités suisses » c'est pour signifier l'existence d'expressions plurielles. Il s'agit en effet d'une quête de nouveauté par des voies et expressions différentes, à la fois représentation nationale mais -par ces artistes voyageurs et multilingues- également ouverte sur l'international, s'intéressant et s'inspirant notamment des artistes français, allemands ou encore italiens en termes d'impressionnisme, néo-impressionnismes, Art Nouveau, symbolistes... Une quête qui s'est exprimée par une libération des couleurs (et quelles couleurs !), la représentation de la nature et des paysages (alpestres) mais aussi dans le symbolisme de ‘'l'objet'' peint.
L'exposition a (eu) pour but de présenter la peinture avant-gardiste suisse encore méconnue et pour cela « se concentrer sur la contribution décisive de la première génération des pionniers du modernisme » de 1890 à la première guerre mondiale.
Pour ma part, effectivement, hormis les artistes comme Böcklin, Giacometti,
Holder, Vallotton ou encore Soutter, l'art suisse était aussi nébuleux pour moi que les trous dans un fromage. Vraie béotienne donc mais néanmoins curieuse d'aller à la rencontre de beautés artistiques.
le dit ouvrage est bien plus qu'un catalogue d'exposition, il est un véritable
livre d'art. D'une part par la qualité de l'objet (grammage, qualité d'impression, format des reproductions) mais aussi par la richesse d'informations et de plaisir que cet ouvrage (de plus de 250 pages) nous offre :
- La couverture représentant le tableau de
Ferdinand Hodler « le lac Léman et le mont Blanc à l'aube (octobre) » (datant de 1917) qui se découvre sur quatre pans, merveilleuse vision panoramique, tout en nuance de jaune et de bleu.
- La préface de Laurence des Cars, conservatrice générale du patrimoine et surtout pour cet ouvrage, la présidente du musée d'Orsay et du musée de L'Orangerie.
- Textes de
Sylvie Patry (directrice de la conservation et des collections du musée d'Orsay) et
Paul Müller (historien de l'art) qui mettent en lumière l'histoire de l'art suisse et les mouvements artistiques de l'époque.
- Reproduction des oeuvres majeures. le grand format et la qualité des couleurs permettent de bien apprécier et détailler les peintures, que ce soit la nature helvétique, les scènes et les portraits, etc.
- Un chapitre très détaillé est consacré aux biographies de chacun des artistes ainsi qu'à la présentation de toutes leurs oeuvres présentées plus avant. L'analyse du tableau est très complète : interprétation, contexte historique et artistique, rappel du style et courants, techniques utilisées…
- La partie consacrée aux repères chronologiques et cartographiques, ainsi que la bibliographie et l'index finissent de parfaire les informations.
En parcourant cet ouvrage, j'ai eu plaisir à retrouver les peintures que je connaissais comme « le grand hiver » de Cuno Amiet (1904) ou encore « Autoportrait » de
Ferdinand Hodler (1912) (certains d'entre elles vues d'ailleurs au
Musée d'Orsay). Mais, j'ai particulièrement apprécié celles que j'ai découvertes et s'il ne faut citer que quelques-unes, je mentionnerais : « Autoportrait » de Max Buri (1913), « Derniers rayons » (ou dit aussi « Paysage avec arbres ») de
Félix Vallotton (1911), « Château-rocher III » de Hans Emmenegger (1901), « L'auteur » (1911) ou encore « le petit cheval rouge » d'Ernest Biéler (1909) et « Nuit étoilée (Voie lactée) » d'Augusto Giacometti (1917)…
C'est un guide précieux et de grande qualité pour élargir notre horizon, au-delà des montagnes, et découvrir une autre facette –et non des moindres- de la Suisse. Bref goûter à d'autres plaisirs que la spécialité gastronomique sucrée dont on connait les bienfaits sur le moral. J'ai pu découvrir des oeuvres remarquables, admirer les peintures de ces nombreux artistes qui méritent largement d'être (re)connus ou qu'on s'y attache davantage.
Un ouvrage qui permet d'appréhender l'exposition d'un oeil un peu plus aguerri et, devant les quelques 70 oeuvres de tous ces artistes suisses, l'enchantement semble ainsi encore plus intense.
Et si on n'a pas le temps de courir à cette exposition (qui se termine le 25 Juillet), ce livre ne manquera pas de nous donner plus généralement envie de retourner au
Musée d'Orsay (l'un des plus beaux de la capitale) ; et pourquoi pas de s'intéresser un peu plus aux courants et aux oeuvres méconnues, à toutes ces diversités européennes (et d'ailleurs), d'ouvrir notre champ d'émotions lors de prochaines expositions ; celles que justement le Musée a à coeur de nous proposer au fil des saisons.
Une nouvelle fois, un très grand merci à tous ceux qui ont travaillé à l'élaboration de cet ouvrage et de cette exposition qui m'ont véritablement conquise !