J'ai encore une fois la nette impression d'être devant une série jeunesse pour laquelle l'auteur "étire la sauce", prolonge inutilement l'intrigue dans le but d'en faire une série plus volumineuse (en nombre de tomes). C'est agaçant, car l'objet de tout le roman aurait pu être contenu dans un seul chapitre digne d'intérêt plutôt que dans un roman complet qui s'éternise, qui fait perdre l'intérêt pour l'histoire et la crédibilité de l'auteur. Je vais lire le 4e tome parce que je l'ai emprunté en même temps que le 3e, autrement j'arrêterais tout de suite ma lecture tellement la situation me fâche. En bref, dans ce récit, Nellie décide de revenir dans le monde parallèle qu'elle a réussi à quitter dans le tome 2 (décision qui se déroule dans d'interminables chapitres complètement vides et inutiles), veut retrouver Armand - alors qu'en fait elle veut retrouver Henri (et ceci est tout sauf un suspense puisque nous voyons la situation venir depuis des kilomètres d'ennui à la ronde) et c'est tout. Retour à la case départ, aucune évolution des personnages ni des positions, ni des dangers, ni des obstacles.
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Les veilleuses diffusaient un éclairage poussiéreux qui
était loin d’être suffisant pour voir ce qui nous entourait. Je devinais à peine les murs. Nous devions courir
sans savoir où nous mettions les pieds. Pourtant, je
devais faire très attention de ne pas trébucher.
nous entendions les pas des hommes qui nous
pourchassaient. Je n’osais pas dire un mot. Le tunnel
était sombre, interminable, et une odeur de caoutchouc brûlé me montait à la tête.
L’écho répercutait des cris menaçants et j’ignorais
d’où ils venaient. Nos ennemis étaient-ils devant et derrière nous ? Étaient-ils en train de nous prendre en souricière ? Nous étions tombés dans un piège bien préparé. Mon ami me tenait la main et m’encourageait à poursuivre. Il ralentissait pour que je puisse suivre son rythme.
— Courage, Nellie, on va y arriver, a lancé mon
compagnon d’infortune.
Des ombres glissaient le long de cordes descendant
du plafond. Devant nous se dressaient cinq nouveaux
agresseurs, alors que les autres nous talonnaient. Nous
nous sommes arrêtés. L’étau se refermait sur nous. Je
me voyais déjà prisonnière de ces brigands. Bientôt,
j’allais être contrainte de m’asseoir sur les genoux de
vieux hommes en état d’ébriété.
Les tunnels étaient terrifiants. Il ne manquait que
les squelettes pour devenir des catacombes, et je n’aurais même pas été surprise d’en découvrir dans un
coin. C’était pire que la cellule de la prison du palais à
Montréal. Ici, c’étaient les oubliettes, le désespoir, la
fin du monde.
J’avais peur d’être engloutie par le tunnel. Il n’y
avait aucune lumière au bout, rien qui ne pouvait
annoncer une sortie. J’étais perdue.
En réalité, j’avais déjà disparu.
Une question me hantait : qu’est-ce que la réalité,
justement ? J’avais l’étrange impression de nager entre
deux eaux, un peu confuse. toujours légèrement en
décalage par rapport aux autres, comme si je n’étais
pas revenue entière et que des particules étaient restées coincées dans l’air entre les deux mondes.
Comment distinguer le vrai du faux ? Qui pouvait
m’assurer que la réalité était conforme à ce que je vivais et qu’elle ne se trouvait pas dans un univers parallèle ?
Dans mon sommeil, le souvenir des derniers moments passés avec Henri défilait avec précision. Je revoyais chaque détail, sa respiration saccadée soulevant ses côtes endolories, sa blessure profonde et ma peur de ne pas effectuer les bons gestes. La coupure était sérieuse, mais le couteau avait dévié sur une côte et glissé entre les muscles sculptés par les travaux de la ferme. J’espérais qu’aucun organe vital n’avait été atteint. C’était la condition essentielle pour qu’il survive. D’abord, j’avais délicatement déboutonné sa chemise. Le coton était imbibé de sang, et je ne distinguais pas bien l’entaille. J’ai fini par déchirer le vêtement pour pouvoir mieux discerner la plaie, puis j’ai détaché les trois boutons de son pantalon pour dégager ses hanches.
L’urgence de la situation m’avait obligée à me concentrer sur les soins à donner et je n’avais pas pris le temps d’apprécier son corps. Il fallait agir vite, mais étrangement, dans mes rêves, ces images remontaient en moi au ralenti et elles devenaient de plus en plus précises.
l’urgence de la situation m’avait obligée à me
concentrer sur les soins à donner et je n’avais pas
pris le temps d’apprécier son corps. Il fallait agir vite,
mais étrangement, dans mes rêves, ces images remontaient en moi au ralenti et elles devenaient de plus en plus précises. J’imaginais passer doucement ma main
sur sa peau nue. Parfois, l’audace me conduisait plus
loin et j’osais poser mes lèvres sur le ventre d’Henri,
comme si ma bouche pouvait le guérir.
Il était magnifique, grand, mince, ses jambes longues étaient élégantes. Ses cheveux en bataille, son teint
hâlé et son excellente forme physique contrastaient
avec le danger de mort qui flottait autour de nous.
J’avais remarqué deux anciennes cicatrices sur sa
droite, une passant sous le bras et l’autre montant de
l’abdomen. Sur son épaule gauche, trois marques pro-
fondes, plus récentes, devaient dater de la dernière
attaque des pirates.
Dans mon sommeil, le souvenir des derniers moments
passés avec Henri défilait avec précision. Je revoyais
chaque détail, sa respiration saccadée soulevant ses
côtes endolories, sa blessure profonde et ma peur de
ne pas effectuer les bons gestes.