AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,3

sur 91 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
4 avis
2
7 avis
1
1 avis
Avec la sortie de Tokyo ville occupée, dont je ne saurais que vous recommander la lecture, les éditions Rivages sortent en poche le premier tome de la trilogie consacrée à la capitale japonaise d'après guerre. le vrai héros de ce roman, c'est cette ville en reconstruction avec ses immeubles détruits, ces grues qui tournent, ces marteaux piqueurs qui assomment la terre, ces habitants perdus dans leur défaite. C'est un livre tout en odeurs et en bruit avec un style fait de répétitions assourdissantes qu'il faut mériter pour apprécier.
Lien : http://black-novel.over-blog..
Commenter  J’apprécie          50
La langue reine de l'obsession intime et du malaise physique au service du très noir Tokyo en ruines de 1946.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/07/16/note-de-lecture-tokyo-annee-zero-david-peace/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          40
Ceci n'est pas un livre, mais une litanie qui se déroule à l'ombre d'une cité à l'agonie. Après avoir déversé sa plume malsaine dans la région de son Yorkshire natal, David Peace a quitté la Grande Bretagne pour trouver refuge au Japon où il a désormais entamé une trilogie décrivant les affres d'un pays alors à l'aube de sa renaissance. Tokyo Année Zéro débute au moment où l'Empereur annonce à la radio, la capitulation de son pays. Année Zéro où les bourreaux d'hier deviennent les victimes des Vainqueurs. Année zéro où un peuple déshonoré tente de survivre dans une cité dévastée. Les marchés sont en main des mafias locales. La police fonctionne au ralenti, victime des remaniements et des purges imposées par les Vainqueurs et les femmes vendent leurs charmes dans les parcs en friche. Deux d'entre elles sont découvertes dans les jardins désolés d'un temple de Tokyo. Même modus operandi, l'inspecteur Minami va donc enquêter sur un tueur en série qui sévit depuis plusieurs années. Basé sur un fait divers réel, David Peace ne s'attarde pas vraiment sur ces crimes en série mais s'attache à nous décrire une société en pleine décomposition où personne n'est ce qu'il prétend être. L'humiliation de la défaite, la folie d'une guerre sanglante, nous suivons les traces d'un policier possédé par les images d'un passé dont il ne peut se défaire. Nous suivons ses errances dans une ville faite de décombres et de charniers où la population tente de survivre comme elle le peut.

Dans ce roman nous découvrons plusieurs voix d'un seul et même personnage ce qui donne au récit un côté schizophrénique en lien avec le contexte chaotique des décors dans lequel il se déroule. Comme dans la quadrilogie du Yorkshire, les phrases sont courtes, répétitives comme s'il s'agissait d'une espèce de procès verbal dévoyé. Une lecture peu aisée, qui se mérite, voici comment l'on peut décrire le premier opus de cette trilogie japonaise. le style de David Peace à cette particularité du radicalisme le plus absolu pour les lecteurs : On aime ou on déteste avec le mérite de ne laisser personne indifférent. Comme pour ses romans précédents, l'histoire se base sur un tueur en série ayant réellement existé pour mettre en relief, l'horreur d'une société laminée par la défaite qui peine à se relever et va entamer un long chemin de résilience.

Avec ce premier opus, David Peace a su se dégager de son univers sordide du Yorkshire pour nous entrainer dans un voyage au coeur de la folie d'un pays meurtri par la défaite. Un texte rythmé fait d'onomatopées pour nous faire ressentir la crasse, les démangeaisons, la chaleur et la vermine qui ont envahi une cité à l'agonie. Serez-vous du voyage ?
Commenter  J’apprécie          40
Je ne suis pas objective avec David Peace, je vous le dis. C'est MON auteur « noir » préféré. Peace, c'est de l'espresso ristretto. Ni doux, ni sucré. C'est noir, fort, amer. Hypnotique aussi. Pour ceux qui connaissent ces monuments que sont 1974, 1977, 1980 et 1983, Tokyo Année Zéro s'inscrit dans cette même veine même si Peace quitte l'Angleterre pour le Japon de l'après-guerre. le titre fait écho à l'Allemagne Année Zéro de Rossellini. Et c'est la même désolation : destruction, famine, maladies, corruption. Les bombes sont tombées, les humains sont des loques. Les souvenirs atroces hantent les vivants. Mais un tueur en série rôde. Et l'inspecteur Minami, ange destructeur et détruit, enquête. C'est un long poème en prose que nous offre Peace ; nous, lecteurs, dans la tête et le corps de Minami, au coeur de la souffrance et du cauchemar. Tuant.
Lien : http://manoe.canalblog.com
Commenter  J’apprécie          40
Premier volume d'un cycle consacré à la ville de Tokyo après la seconde guerre mondiale, ce roman s'inspire d'un fait divers qui sert de point de départ à la construction d'un thriller hors du commun, un renouvellement du genre que poursuit Tokyo, ville occupée (2008) et Tokyo Redux (2020), pour ceux qui ont le coeur bien accroché.

Bien que dans le Tokyo de 1946, les malheureux personnages de Tokyo année zéro soient accablés par une chaleur humide et implacable au coeur du mois d'août 1946, je suis glacée d'effroi, de tristesse et de détresse tout au long de cette enquête sur des crimes sordides dont la noirceur fait presque pâle figure ainsi immergée dans un monde détruit, un monde de cendres, de gravats, de vermine et de famine.
Le récit est conduit à la 1ère personne. Ainsi le lecteur entre-t-il dans la conscience de l'inspecteur Minami, de la police de Tokyo, une conscience déchirée entre un métier qui n'a plus de sens, une maîtresse qui n'a plus de réalité et une famille qui n'a plus d'existence. Pour ces trois univers qui font la vie d'un homme, il n'y a plus de pensée possible. Alors les seuls mots qui subsistent dans la conscience de Minami ce sont ceux de la faim, ceux de la crasse et du dégoût, ceux de la défaite et de la mort, ceux de la sueur et des démangeaisons, gari-gari.

Et pourtant l'inspecteur Minami « compte au nombre des vivants ». Malgré tout, l'inspecteur Minami mène l'enquête.

Souvent les romanciers prennent un malin plaisir à effacer la frontière entre le rêve et le réel. David Peace, lui, sans plaisir, s'emploie à faire disparaître la frontière entre la mémoire et la conscience du réel, entre le souvenir omnipotent du passé et la perception inéluctable et insupportable du présent, de ce mois d'août infâme de l'année 1946. Ainsi, au fil des pages, surgissent les images insaisissables des temps glorieux de l'Empire du Levant, de l'ordre ancestral des êtres et des choses, et des fulgurances sanglantes de la guerre qui détruit encore les vivants après avoir anéanti les morts. Et le personnage de Minami est enfermé, emprisonné dans ce puissant conflit intérieur entre un passé qui veut s'imposer et un présent qu'il faut vivre, car Minami ne veut pas se souvenir mais Minami ne peut pas oublier : « je ne veux pas me souvenir...Mais ici dans la pénombre, je ne peux pas oublier... » C'est dans cette étroite et épineuse intersection que survit la conscience de Minami, cellule du malconfort si exiguë qu'aucune posture n'y est tenable ; cellule aux murs de laquelle se cogne, page après page, le lecteur assidu et qui ne s'inscrit dans une réalité objective que dans les dernières pages.

Et pourtant l'inspecteur Minami « compte au nombre de ceux qui ont eu de la chance. » Malgré tout, l'inspecteur Minami mène l'enquête.

Effectivement, le lecteur suit l'inspecteur Minami dans son enquête : quatorze jours d'enquête dans une chaleur torride, sous un soleil de plomb. Ce ne sont pas seulement les ruines des palais, des temples, des immeubles et des rues de Tokyo que j'arpente avec lui, ce sont aussi celles des âmes, des coeurs et des consciences de ceux qui survivent. Et l'on étouffe sous les gravats, on sue de honte et d'humiliation, on pleure de haine et on vomit de dégoût et de peur. Seules les sensations dominent : le chiku-taku de la montre, le ton-ton du marteau, le potsu-potsu des gouttes de pluie qui tombent enfin sans rien rafraîchir, en transformant la poussière en boue, le gari-gari du grattement des ongles sur la peau, la faim, la crasse, la peur, la haine. Tout cela se juxtapose et interfère pour devenir un magmas humain confus et inconnaissable. Et tout cela sans perdre le formalisme d'une courtoisie sans faille. On se salue, on s'incline, on s'excuse, on s'incline à nouveau, on ne discute pas les ordres, on obéit, on s'incline encore, on s'essuie le visage et on s'essuie la nuque, on remercie, on s'incline, même vaincu, même brisé, même en miettes, même la mort au coeur et l'arme à la main, on s'incline et on s'excuse, car, n'est-ce pas, « personne n'est qui il prétend être ».
Les victimes s'accumulent et s'entassent ainsi que les questions sans réponses, ainsi que les mensonges. Et chaque fois que l'on croit apercevoir une éclaircie, elle s'assombrit, retourne, dés qu'elle est saisie par l'oeil, dans le pays des ombres. Et lorsqu'on s'échappe de Tokyo, on croit bêtement qu'on va mieux respirer hors de la ville en ruine, à la campagne, dans le département de Tochigi. Mais c'est un leurre. Il y fait aussi chaud et les cadavres s'y accumulent plus encore. On jongle avec les squelettes, les débris de vêtements, on entasse tout dans le sac de l'armée de Minami et on porte le fardeau… Et la question demeure : qui est qui ? Parce que « personne n'est qui il prétend être. »

Alors, parvenue au bout du chemin, sagement repliée dans la cellule obtuse de mon pauvre esprit épuisé, je mets fin à l'épreuve et je referme le livre. Je m'essuie le visage et je m'essuie la nuque. Mais ça me démange encore, gari-gari...
Commenter  J’apprécie          32
En allant à la bibliothèque je pensais prendre Tokyo Ville Occupée du même auteur mais voyant qu'il y avait le premier volume de la trilogie consacrée à cette ville, je me suis lancé dans le premier.
Ce fut le livre que je n'ai pas aimé lire. En tous cas sa lecture ne m'a pas mis de bonne humeur. le style d'écriture m'a aussi déplu : les phrases courtes, répétitives. C'est un style qui ne facilite pas la lecture. Ce genre de style je l'avais déjà rencontre James Ellroy mais ça m'avait plutôt plu.
Le personnage du narrateur m'a dégouté. Il est lâche avec les gangsters et fait le dur avec ses subordonnés. Tout le long du roman je n'ai pas réussi à le cerner. Et la fin permet de comprendre l'impression que j'ai eu pendant la lecture du roman.
Je peux quand même dire que le roman permet la description d'un Japon ravagé par la guerre, avec son lot de pénuries, de maladies, de profiteurs, d'instabilité.
Commenter  J’apprécie          30
Livre un peu déroutant dans le contenu du récit, mais l'écriture très précise fait que l'on ne peut pas quitter ce livre, on veut en savoir plus, comprendre...
Commenter  J’apprécie          20
Tokyo, 15 août 1945. Tous les japonais ont ordre de se tenir devant leur radio pour entre, pour la première fois, l'empereur leur parler directement. Dans la chaleur et l'angoisse de ce dernier jour de guerre, quelques policiers se sont tout de même présentés à leur poste. L'un d'eux, l'inspecteur Minami est appelé car on a découvert le cadavre d'une femme étranglée... La police militaire, arrivée en même temps sur les lieux conclut immédiatement à la culpabilité d'un vieux coréen, exécuté sur le champ, au moment où l'empereur annonce la capitulation.
Tokyo, aout 1946. Dans une ambiance de fin du monde, marquée par les marteaux de la reconstruction, les deuils, les purges, l'occupation américaine, deux nouveaux cadavres de femmes étranglées sont retrouvés. L'inspecteur Minami participe à l'enquête...
Dans ce roman fiévreux et halluciné, fondé sur un véritable fait divers de l'époque, l'essentiel n'est cependant pas dans l'intrigue policière, finalement rapidement menée : le coupable est vite trouvé, dès la moitié du volume, il s'agit surtout de recenser ses victimes. le coeur du roman est plutôt le personnage de l'inspecteur Minami, ancien soldat hanté par les atrocités de la guerre, obsédé par une maitresse qu'il confond peu à peu avec toutes les jeunes femmes assassinées, prêt à tous les trafics avec la mafia locale pour obtenir la drogue qui lui permet de survivre. L'écriture, obsessionnelle, toute en répétition, en martellement et en boucles transcrit le malaise de cet homme et de son monde qui s'effondre. le tout est cependant extrêmement difficile à lire, haché et répétitif, sans aucune bouffée d'oxygène, ce livre n'est pas à conseiller aux amateurs de polars, mais plutôt à ceux qui recherchent des romans psychologiques très noirs et très littéraires.
Commenter  J’apprécie          20
Plongée obsédante dans une période qui n'aurait jamais dû exister pour un lieu, Tokyo, qui m'a donné l'impression, la première fois que j'y suis allé, d'aborder une autre planète civilisationnelle. Étonnant roman dans lequel cet auteur, pourtant anglais, nous immerge, que dis-je, nous balance dans la peau d'un inspecteur un peu largué, confronté à ses démons, présents et passés, et je vous assure que les japonais sont très forts pour ce qui concerne l'univers des tourments. Si c'était un film, son titre pourrait être : dans la peau (ô combien irritée - gari gari) de l'inspecteur Minami. Un plongeon qui ne se fait pas sans douleur, y compris pour nous, lecteurs, car l'auteur ne nous ménage pas, nous inondant des pensées et sensations de ce pauvre homme qui se débat dans un environnement pour le moins ingrat. Oui, l'intrigue avance pesamment et il est parfois difficile de s'y retrouver avec les noms des personnages auxquels nous ne sommes guères habitués. Mais quelle claque de nous faire vivre cette tranche de temps où le Japon, et surtout les japonais, peinaient à redresser tant bien que mal la tête. Un roman lourd et certes un peu trop long, mais que je n'oublierai pas de sitôt.
Commenter  J’apprécie          10
Dommage…

Un Japon apocalyptique, l'an zéro étant celui où l'archipel a été la cible de la bombe A.
Dans un Tokyo dévasté, l'inspecteur Minami essaie tant bien que mal de faire son boulot.
En proie à des crises de folie, il doit enquêter sur le corps de femme, retrouvé dans un dépôt de vêtements de l'armée.

Un an plus tard, le même type de meurtre est perpétré...

Totalement le genre de polar qui me convient, en tout cas niveau ambiance, décor.
Mais ces crises de Minami détruisent entièrement le rythme de lecture.

Un récit très saccadé, devenant de plus en plus éreintant au fil des pages. Pas agréable, donc.
(plus d'avis sur PP)
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (263) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2879 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}