AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782743658472
144 pages
Payot et Rivages (04/01/2023)
3.31/5   16 notes
Résumé :
Les risques écologiques et politiques actuels expliquent le climat d’anxiété dans lequel nous vivons.
Tout en soulignant la dynamique destructrice du désespoir, Corine Pelluchon montre que la confrontation à la possibilité d’un effondrement de notre civilisation est l’occasion d’un changement ouvrant un horizon d’espérance. Cela suppose de comprendre que l’espérance n’a rien à voir avec l’optimisme qui masque la gravité de la situation et qu’elle se distingu... >Voir plus
Que lire après L'espérance, ou la traversée de l'impossibleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je suis (verbe suivre), m'intéresse à Corine Pelluchon depuis plusieurs années maintenant. J'apprécie particulièrement sa pensée autour des animaux et de notre rapport aux autres. J'ai lu environ 85 / 90% de son oeuvre. Dans cet ouvrage, assez bref, aisé à lire et pédagogique, elle nous propose une réflexion sur l'espérance en lien avec toutes les sources de désespérance de notre monde contemporain et avec toutes les inquiétudes de notre temps. Une réflexion intelligente et constructive pour prendre du recul sur la période présente.
Commenter  J’apprécie          245
Je pense que Corine Pelluchon est une "fille bien" (attention, pas d'irrespect là-dedans, je dis ça comme je dirais "un mec bien" si c'était un homme) : écologiste, animaliste, féministe, progressiste, elle a une cohérence de pensée qui manque à nos gouvernants (à moins que ce ne soit le courage, qui leur manque...)
Je suis, de façon générale, d'accord avec les idées qu'elle développe, mais la question est : y avait-il de quoi en faire un livre ? Nous y reviendrons.
La présentation de cet ouvrage était tentante : on nous disait qu'il existait une voie entre l'optimisme béat (donc le déni) et le désespoir. Moi qui trouve toujours que le monde manque de nuances et de compromis, je ne pouvais qu'être attiré. En plus, on nous disait que c'était "un texte accessible, comme une transmission aux jeunes générations", message pour ceux que la philosophie effraie peut-être parce qu'on leur a infligé trop tôt, comme à moi, la logorrhée de Heidegger.
Là, je pense que son éditeur a présumé de ses forces, ou plutôt de celles des "jeunes générations" – et peut-être même des anciennes car il ne faut pas insulter les jeunes : si ce n'est certes pas du Heidegger, ce livre n'en contient pas moins des passages que j'ai renoncé à comprendre après 5 ou 6 relectures.
À lire lentement, donc. Et avec des pauses.
Là où je la rejoins le plus, c'est sur la nécessaire reconnexion à la Nature. Oui, c'est une évidence, on se sent mieux, plus positif (puisqu'il ne faut pas dire "optimiste") après avoir passé une journée en pleine brousse au milieu de la faune. La ville a d'ailleurs quelque chose de déshumanisant et l'ère industrielle, consumériste et destructrice que Pelluchon dénonce se superpose avec l'ère de l'urbanisation et l'exode rural, je m'étonne donc qu'elle n'y ait pas consacré un seul paragraphe. Ça aurait sans doute été plus convaincant que son long exposé sur le féminisme et sa métaphore douteuse entre la ménopause et le changement climatique.
Est-ce que je nie le patriarcat ? Non. Est-ce que je nie que le patriarcat n'est pas une bonne chose pour l'écologie ? Même pas. C'est juste une question de proportions, et la facture dévolue au patriarcat selon Pelluchon me semble salée.
J'ai relevé ceci, entre autres : "Quand elles atteignent la cinquantaine, les femmes [peuvent se sentir] diminuées aux yeux des autres, c'est-à-dire des hommes (ah bon ?), et minables en comparaison des plus jeunes qui font carrière et qui convoitent leurs anciens compagnons et leurs collègues"...
Outre que je ne vois plus très bien le rapport avec l'écoanxiété, j'ai bientôt 50 ans et personnellement, je ne me sens pas attiré par les femmes de 20 ans mes cadettes, et je n'ai pas envie de mettre la mienne au rebut. Je sais que la réponse de certain(e)s à cette remarque sera : "pourquoi tu te sens insulté, ça ne s'adresse pas à toi." Et la mienne, qui est aussi la leur sur d'autres sujets : "si je me sens insulté par ce ton généraliste, j'ai mes raisons pour ça et elles n'ont pas à être discutées." C'est la philosophie que j'emploie à chaque fois que quelqu'un se sent offensé par moi, quelle qu'en soit la raison. J'ajoute que les "jeunes femmes qui font carrière" – elles sont nombreuses et je m'en félicite – pourraient aussi légitimement se sentir insultées par ce genre de généralité.
Au total, sur l'ensemble des chapitres – pas seulement sur le dernier qui m'a un peu énervé –, est-ce que je me sens davantage empli d'espérance à l'issue de cette lecture, ou davantage armé pour espérer ? Non.
Pour moi, ce livre tient davantage de la méthode Coué ou de l'invocation magique (d'ailleurs, Pelluchon nous dit en gros que l'espérance vient toute seule, généralement après une grosse déprime) que de la démonstration d'idées, même s'il a au moins le mérite de ne pas sombrer dans le développement personnel et de ne pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Merci à Babelio et aux éditions Rivages pour cet ouvrage reçu dans le cadre de la Masse critique Non fiction.
Commenter  J’apprécie          80
Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions Bibliothèque Rivages pour cet ouvrage reçu dans le cadre d'un masse critique, et mes excuses pour le très long délai pour écrire cette critique.

Cet un très bel ouvrage, une réflexion philosophique très bien écrite et très facile à lire. le thème principal concerne l'ecoanxiété ou comment l'effondrement prévu de notre société en réponse aux changements climatiques et aux abus de l'humain sur l'environnement peut générer chez les individus des réactions anxieuses ou dépressives. L'ouvrage part donc de constats et de sentiments très personnels (dépression notamment) pour aller vers des considérations plus générales au sujet de la place de l'humain dans son environnement, leurs rapports dominant-dominé d'une façon générale et plus précisément en relation avec la cause animale. Pour finalement terminer par la place de la femme (dominée elle aussi) dans cette société, et la comparaison changement climatique-climatère, comme élément de transition sensé aller, après une prise de conscience et un profond remaniement (sociétal, mental) vers un nouvel espoir. Les thèmes abordés sont tous extrêmement pertinents et réels; toutefois il a été difficile de visualiser l'espérance dans ce livre (dont c'est le titre) si ce n'est comme un futur difficile à atteindre (la traversée de l'impossible, le sous-titre). C'est donc un livre plutôt sombre, de mon point de vue, nourrit par une expérience qui semble personnelle et que l'on perçoit comme difficile (relation à la dépression et à la ménopause, entre autre), et qui (mais ce n'est pas une critique) ressemble un peu à une séance de psychothérapie où les évènements individuels se mélangent au contexte socio-écologique mondial pour donner une vision singulière mais pas forcément partagée par tous.tes.
Commenter  J’apprécie          50
Il y a quelques semaines, j'ai commencé Professeurs de désespoir de Nancy Huston. Lire en parallèle le nouveau livre de Corine Pelluchon, sur l'espérance, me semblait intéressant. Allaient-elles se croiser ? Oui, car les idées développées dans le chapitre « Le féminin ou l'art des métamorphoses », où on s'intéresse au rapport entre les spécificités du corps de la femme et, par exemple, son rapport au temps, se font écho. Mais là où je lis plutôt facilement l'essai de Nancy Huston, j'ai eu plus de mal avec celui de Corine Pelluchon.
Il y a quelques années, j'avais beaucoup aimé La raison du sensible, et j'ai depuis apprécié plusieurs de ses interventions à la radio. Mais ici, j'ai eu l'impression de lire plusieurs fois les mêmes idées, développées d'une manière différente… Par exemple, que l'espérance n'est pas l'optimisme, ou que le progrès doit être autre chose qu'une course à la consommation. Ce qui est aussi mon avis, mais relire un même passage en se demandant quelle idée nouvelle on loupe n'est pas une expérience de lecture agréable. J'aurais aimé ce livre plus court.
Rendez-vous un peu manqué avec Corine Pelluchon donc, mais j'espère la relire bientôt avec plaisir.
Merci à son éditeur et à Babelio pour l'envoi de cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (2)
LeMonde
09 janvier 2023
On referme le nouvel essai de la philosophe Corine Pelluchon et on mesure le courage qui le porte : si ce livre est un tour de force, c’est moins par l’élaboration d’un propos théorique que par l’affirmation d’une féconde vulnérabilité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
06 janvier 2023
Dans un essai audacieux, la philosophe s'appuie sur sa propre faiblesse pour renverser le fantasme de toute-puissance qui mène l'humanité à la catastrophe écologique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'espoir est une projection. C'est pourquoi il est inséparable de la peur d'échouer ou de manquer ; il s'accompagne d'une crispation qui trahit un manque d'amour de soi et du monde.
Commenter  J’apprécie          40
Le fait que nos modes de vie menacent le patrimoine naturel et culturel nous fait honte : nous nous sentons plus petits que nos ancêtres et injustes à l'égard des générations à venir et des plus jeunes.
Commenter  J’apprécie          20
L'espérance est le désespoir surmonté ; elle est le retour à la vie, la certitude qu'en débit des déceptions et des rendez-vous manqués, des retards et quelques régressions, quelque chose se passe, qui va réorienter le cours des choses et générer un progrès.
Commenter  J’apprécie          10
Si l'espérance suppose de prendre la mesure des dangers actuels, elle enseigne aussi à habiter le présent et à croire en l'avenir, sans ressasser le passé et en abandonnant toute rancœur. Elle est, enfin, ce dont notre âme a faim et dont l'absence nous rend amers et violents.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Corine Pelluchon (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Corine Pelluchon
CONVERSATION Présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Vincent Delecroix, philosophe Camille Riquier, philosophe Corine Pelluchon, philosophe
Ce n'est jamais l'espoir qui fait vivre: ce sont les aléas de la vie qui donnent à l'espoir ses ailes ou, au contraire, les lui coupent. On le sait bien d'ailleurs: l'espoir, on le «nourrit», on le «caresse», on le «fait naître», on le «soulève», on le «suscite» - comme si, en lui-même, il n'était qu'immobile attente, tantôt confiante, tantôt naïve, de l'avènement d'un Bien, d'un événement favorable, gratifiant, bénéfique. D'ailleurs, une langue telle que l'espagnol, n'a qu'un seul verbe pour dire attendre et espérer. Aussi une vie qui ne se s'alimenterait que d'espoirs serait-elle aussi anémique qu'un amour qui ne vivrait que d'eau fraîche - car bien tenue est la limite qui les sépare des illusions, des douces tromperies (ameni inganni) dont parlait Leopardi. Certes, dans l'Ancien Testament, Dieu lui-même est nommé Espoir ou Confiance, les Pères de l'Eglise en ont fait une vertu théologale, et du «principe espérance» de Ernst Bloch la philosophie contemporaine s'est nourrie. Mais lorsqu'on dit que l'espoir fait vivre - ou que l'espoir est toujours le dernier à mourir - il faudrait entendre que pour faire vivre l'espoir, il faut d'abord commencer soi-même, autrement dit «faire le premier pas» de l'action, le mettre en mouvement en faisant «un pas en avant», en s'engageant, en allant si l'on veut vers Dieu, par la foi, en allant vers l'autre, par l'amour et l'amitié, en allant vers autrui, par la bienveillance, l'hospitalité, la solidarité.
+ Lire la suite
autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (63) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..