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EAN : 9782718605500
185 pages
Galilée (25/10/2000)
4.36/5   189 notes
Résumé :
L’espace de notre vie n’est ni continu, ni infini, ni homogène, ni isotrope. Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte et où il se rassemble ? On sent confusément des fissures, des hiatus, des points de friction, on a parfois la vague impression que ça se coince quelque part, ou que ça éclate, ou que ça se cogne. Nous cherchons rarement à en savoir davantage et le plus souvent nous passons d’un endroit à l’autre, d’un espace à l’a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Emprunté à la Bibliothèque Buffon- Paris- Mai 2023

Un véritable OLNI (Objet Littéraire Non Identifié...ou du moins très difficilement!).

Un texte inclassable tant il recoupe moult registres: du Grand ordinaire, du quotiduen le plus prosaïque aux questions existentielles...

Incroyable de se rappeler que la 1ère publication de cet ouvrage date de près de 50 années !!
(*1974 aux éditions Galilée... )

Texte jubilatoire, ", tentaculaire " qui semble partir dans tous les sens, tout en possédant une vraie cohérence et progression. Essai pluridisciplinaire , déambulations faussement "anarchiques", que l'on passe de la facétie, aux énumérations abracadabrantesques, à divers exercices pratiques, de la sociologie à l'" ethnologie du quotidien", à la philosophie...tout se tient !

Georges Perec analyse subtilement par cercles successifs les divers espaces que nous " habitons", occupons. : du plus intime , de l'espace privé à l'espace à partager avec nos congénères... en passant évidemment par l' Écriture...
Autre espace vital !

Voici donc la progression de " nos" espaces par ordre croissant, grandissant chaque cercle de notre
" situation spatiale" , chaque fois :

- La page
-Le lit
-La Chambre
-l'appartement
- Portes
- Escaliers
-Murs
- L'Immeuble
- La Rue
- Le Quartier
- La Ville
- La Campagne
- du mouvement
- le Pays
- Europe
- Ancien Continent
- Nouveau continent
- le Monde
- L'Espace

Pour chaque territoire description, observations des plus ordinaires pour s'élargir pareillement , au fur et à mesure vers l' Universel humain...comment les individus vivent, s'approprient les différents espaces : privés, collectifs, étrangers, etc.

J'avais noté cet ouvrage après avoir lu avec enthousiasme l'essai de Claire Marin ," Être à sa place", où l'auteure y faisait référence à plusieures reprises, à juste titre ; et qui a augmenté la curiosité envers cet écrit de Georges Pérec.

J'ai beaucoup souligné au fil de ma lecture; j' insère la citation suivante car elle résume assez bien la question centrale de cet essai: chaque individu tente de trouver " la bonne place" , celle qui lui convient le mieux ;que cela soit dans sa vie privée ou dans ses rapports aux autres, à la société, et bien avant, ses rapports à son habitat, son immeuble, son quartier, sa ville ou son village, son pays etc.

"La Campagne

Alternative nostalgique ( et fausse ) :

Ou bien s'enraciner, retrouver, ou façonner ses racines, arracher à l'espace le lieu qui sera vôtre, bâtir, planter, s'approprier, millimètre par millimètre, son " chez soi": être tout entier dans son village, se savoir cévenol, se faire poitevin.

Ou bien n'avoir que ses vêtements sur le dos, ne rien garder, vivre à l'hôtel et en changer de pays; parler, lire indifféremment quatre ou cinq langues; ne se sentir chez soi nulle part, mais bien presque partout."

L'ouvrage est clos par un répertoire singulier des mots utilisés...Surprenant !

Ce livre peut peut être lu de plusieurs manières, à mon sens: ou sagement , classiquement, chronologiquement ou de manière buissonnière au fil de l'envie , de la curiosité du jour; ce que j'ai choisi, pour ma part; reprenant certains chapitres, m'interrogeant plus directement....

Il est question de notre regard sur ce qui nous entoure, ainsi que nos manières d' " habiter " concrètement, physiquement, mentalement nos différents " espaces de vie"; en bref, notre " façon d'habiter le monde" !
Tout un programme...que Georges Pérec nous fait partager , avec brio....

Perec achève ce texte, de la façon la plus évidente pour un écrivain, par l'espace le plus cher à son coeur : " La Page":

"Espaces ( suite et fin )

Écrire: essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes.
Paris
1973-1974"

En fait l'air de rien, ce livre est unique et inclassable , car son auteur parvient à nous offrir une sorte d'inventaire géant de l'activité et de l'histoire humaine, dans les différents territoires que l'Homme a réussi à apprivoiser ou non... !



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Tiens, et si, comme Georges Perec, on faisait le compte des espaces traversés dans une journée ? Car « Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner. »
Ce qui rend Perec original c'est sa manière de questionner le quotidien, le banal. On sort de notre cécité quotidienne, on réalise qu'on ne voit rien en fait, qu'on ne prend conscience que de très peu de choses. le temps nous obsède au détriment des espaces qui se succèdent dans notre journée, lit, chambre, rue, quartier, supermarché, gare, ville, région, pays....
Perec se pose des questions que les autres ne se posent pas. Ensuite, il énumère sans se soucier d'épuiser le sujet. Espèces d'espaces fonctionne comme un catalogue de propositions qu'il se fait à lui-même. Ça n'a l'air de rien, mais derrière chaque phrase il y un livre possible.
C'est à une méditation sur l'espace que Perec nous convie. Ce n'est pas un travail sociologique, mais une réflexion libre, la pensée reste en liberté, capable de toutes les digressions.
Il commence par l'espace de la page « Il y a peu d'événements qui ne laissent au moins une trace écrite ». Il continue par le lit, ce qu'il pense de son lit, ce qu'il y fait (le vice de la lecture), ce qu'il aime dans son lit, les banalités autour du lit ( On passe un tiers de son temps dans son lit). Puis, c'est la chambre, il se souvient de toute celles où il a dormi. Comment les classer. Il nous propose une typologie (p.48). Quand il digresse, il appelle ça "petite pensée placide", exemple: « N'importe quel propriétaire de chat vous dira avec raison que les chats habitent les maisons beaucoup mieux que les hommes. »
L'appartement questionne le fonctionnel. Il repense à une vieille voisine qui ne sortait plus de chez elle, séquence émotion avec cette vision crépusculaire. Découpage scénaristiques des tranches horaires... Dans ce chapitre, Georges Perec parvient à placer le mot nycthéméral. Et il invente les mots "gustatoir" et "auditorium". Et si nous avions une pièce pour le lundi, une pour le mardi...Son humour reste constant.
En principe, les rues n'appartiennent à personne. L'auteur décrit tout ce qu'il y a dans les rues comme si nous ne savions pas ce qu'est une rue. Il imagine la transformation de la rue, il essaye de voir ce qui est invisible, les infrastructures sous le bitume, le passé géologique.
Sa ville, c'est Paris. Et quand on est un piéton de Paris, on se reconnaît évidemment dans ce qu'il écrit. Se souvenir que la capitale s'est bâtie autour de sept collines. Il déclare sa flamme à sa ville.
Ce livre bâti sur un concept original donne plein d'idées.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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« L'espace de notre vie n'est ni construit, ni infini, ni homogène, ni isotrope. Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte et il se rassemble ? On sent confusément des fissures, des hiatus, des points de friction, on a parfois la vague impression que ça se coince quelque part, ou que ça éclate, ou que ça se cogne. » (Extrait du feuillet mobile intitulé « Prière d'insérer »)
Georges Perec se lance dans une réflexion sur l'espace, sur sa nature et sur son sens. Qu'est-ce que l'espace par rapport à soi, par rapport aux autres et par rapport au monde ? « L'objet de ce livre n'est pas exactement le vide, ce serait plutôt ce qu'il y a autour, ou dedans. Mais enfin, au départ, il n'y a pas grand-chose : du rien, de l'impalpable, du pratiquement immatériel : de l'étendue, de l'extérieur, ce qui est à l'extérieur de nous, ce au milieu de quoi nous nous déplaçons, le milieu ambiant, l'espace alentour. » (p. 13)
Partant des principes qu'« il y a plein de petits bouts d'espace » (p. 14) et que « vivre, c'est passer d'un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner. » (p. 16), l'auteur passe en revue tous les lieux qu'il connaît, du plus intime au plus impersonnel. Son inventaire topologique commence par le lit et se finit par l'espace, tout en parcourant la chambre, en traversant l'appartement, en célébrant la ville et arpentant le pays.
Il fait de l'écriture un jalon dans l'espace de la page : « J'écris : j'habite ma feuille de papier, je l'investis, je la parcours. Je suscite des blancs, des espaces (sauts dans le sens : discontinuités, passages, transitions). » (p. 23) L'écriture est action et actrice : elle prend la forme de sauts de ligne, de marges griffonnées, de notes de bas de page désopilantes, d'alinéas étudiés, etc. George Perec applique à l'extrême son étude de l'espace. Il aurait été vain de prétendre parler d'espace sans aborder celui qu'il connaît le mieux.
George Perec s'impose des travaux pratiques et se livre à des exercices d'écriture que le lecteur peut reprendre. Écrire l'espace sur l'espace de la page, c'est une mise en abime sublime et infinie. Les descriptions auxquelles Perec se livre sont systématiques et peuvent sembler artificielles, mais elles découlent du besoin de fixer l'espace, de le délimiter. L'auteur est obsédé par la surface et la frontière. Où commence tel espace ? Pourquoi telle mesure plutôt que telle autre ?
Suivre Perec dans sa quête d'espace m'a tout d'abord semblé facile et très plaisant, comme une promenade en compagnie d'un doux dingue qui connaît une ville ou un quartier comme sa poche. Mais à mesure que les pages se tournaient, le malaise empirait : l'inventaire de Perec n'est pas anodin, ce n'est pas un guide de voyage. J'y vois une carte affolée, un besoin de poser des repères pour repousser l'indéfini. Si l'auteur utilise un langage factuel et un peu mécanique, la poésie et la peur sourdent des pages et se mêlent en fin de ligne.
Les Espèces d'espaces de George Perec sont un peu les nôtres, mais les avait-on déjà regardés comme l'auteur les a vus ? Ouvrez le texte de Perec et redécouvrez le monde quotidien, c'est à prendre le vertige !
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Georges Perec.. Peut être est son chat.. Et si j'enlève une voyelle est ce qu'une consonne prendra l'o ? Je vois rond et je passe le mur du son. Et si de deux choses Lune, alors peut être je n'y serai pas. Espèces d'espaces !… Tirer des lignes dans la mer est ce que c'est faire des ronds dans l'eau ? Un dé entre les doigts, un espace entre soi et ce reflet que l'on inspecte du haut des toits.
« Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner ». Alors il faut écrire pour se parcourir disait Henri Michaux. Jamais inutilement remplir. Rendre l'habitable, et se méfier de l'habité . Aimer la géométrie spatiale pour tenter d'oublier, un peu l'espace d'un instant. Intelligence de l'espace qui entrechoque l'inactivité d'un lieu. Du partir, à l'’advenir, toutes nos histoires sont bien plus questions d'espaces que de temps.
Espèces d'espaces, maigre échelle du temps, topographie de l'instant.
Lire Perec c'est exercer les mots dans l'espace de l'oeil. C'est mathématiquement beau et lucide, et poétiquement sublime.
Lisez Perec et vous ne vous cognerez jamais plus contre les vitres !
Désolée de contrarier Brancusi , mais l'oiseau n'est pas dans l'espace, il est l'espace.

Astrid Shriqui Garain
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Un mince (123 pages) petit volume qui se dévore, étonne, donne à réfléchir ou reconsidérer l'évidence, appelle à développer son sens de l'observation ou sa curiosité par des sortes d'exercices sur le terrain, ôte les oeillères, ouvre des horizons, amuse parfois, interpelle, et au moment d'écrire un billet ça se gâte, c'est Pérec, quoi, indubitablement.

Oh bien sûr à la fin l'on sait tout sur les espèces d'espaces, citons la page, le lit, la chambre, l'appartement, l'immeuble, la rue, le quartier, la ville, la campagne, le pays, Europe, Monde, Espace, voilà un catalogue à la Pérec, piqué dans la Table des matières.

Mais encore?
"Vivre, c'est passer d'un espace à l'autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner."

Des idées de balade originale
"J'aime marcher dans Paris. Parfois pendant tout un après-midi, sans but précis, pas vraiment au hasard, ni à l'aventure, mais en essayant de me laisser porter. Parfois en prenant le premier autobus qui s'arrête (on ne peut plus prendre les autobus au vol). Ou bien en préparant soigneusement, systématiquement, un itinéraire. Si j'en avais le temps, j'aimerais concevoir et résoudre des problèmes analogues à celui des ponts de Königsberg, ou, par exemple, trouver un trajet qui, traversant Paris de part en part, n'emprunterait que des rues commençant par la lettre C."

L'espace
"Lorsque rien n'arrête notre regard, notre regard porte très loin. Mais s'il ne rencontre rien, il ne voit rien; il ne voit que ce qu'il rencontre: l'espace, c'est ce qui arrête le regard, ce sur quoi la vue butte: l'obstacle : des briques, un angle, un point de l'espace: c'est quand ça fait un angle, quand ça s'arrête, quand il faut tourner pour que ça reparte. Ça n'a rien d'ectoplasmique, l'espace; ça a des bords, ça ne part pas dans tous les sens, ça fait tout ce qu'il faut faire pour que les rails de chemin de fer se rencontrent bien avant l'infini."

"L'espace semble être, ou plus apprivoisé, ou plus inoffensif, que le temps : on rencontre partout des gens qui ont des montres, et très rarement des gens qui ont des boussoles. On a toujours besoin de savoir l'heure (et qui sait encore la déduire de la position du soleil?) mais on ne se demande jamais où l'on est. On croit le savoir : on est chez soi, on est à son bureau, on est dans le métro, on est dans la rue."

Le mur (ne pas hésiter à relire)
"Je mets un tableau sur un mur. Ensuite j'oublie qu'il y a un mur. Je ne sais plus ce qu'il y a derrière ce mur, je ne sais plus qu'il y a un mur, je ne sais plus que ce mur est un mur, je ne sais plus ce que c'est qu'un mur. Je ne sais plus que dans mon appartement, il y a des murs, et que s'il n'y avait pas de murs, il n'y aurait pas d'appartement. le mur n'est plus ce qui délimite et définit le lieu où je vis, ce qui le sépare des autres lieux où les autres vivent, il n'est plus qu'un support pour le tableau. Mais j'oublie aussi le tableau, je ne le regarde plus, je ne sais plus le regarder. J'ai mis le tableau sur le mur pour oublier qu'il y avait un mur, mais en oubliant le mur, j'oublie aussi le tableau. Il y a des tableaux parce qu'il y a des murs. Il faut pouvoir oublier qu'il y a des murs et l'on n'a rien trouvé de mieux pour ça que les tableaux. Les tableaux effacent les murs. Mais les murs tuent les tableaux. Ou alors il faudrait changer continuellement, soit de mur, soit de tableau, mettre sans cesse d'autres tableaux sur les murs, ou tout le temps changer le tableau de mur."

Inventaire de tous les lieux où j'ai dormi? Fermer les yeux, les souvenirs précis reviennent. C'est bourré de ce genre d'idées, repenser la fonction des pièces d'un appartement (une pièce pour un usage, par exemple 'réservée à l'audition de la symphonie n)48 en do, dite Maria-Theresa, de Joseph Haydn'). Travaux pratiques, aussi, 'observer la rue, essayer de décrire la rue, magasins, cafés, prendre des notes...

Arrêtons-là, c'est riche, c'est à découvrir.

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Plus généralement : la portion de la ville dans laquelle on se déplace facilement à pied ou, pour dire la même chose sous la forme d’une lapalissade, la partie de la ville dans laquelle on n’a pas besoin de se rendre, puisque précisément on y est.

Le quartier
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Longtemps je me suis couché par écrit
Parcel Mroust

On utilise généralement la page dans le sens de sa plus grande dimension. Il en va de même pour le lit. Le lit (ou, si l’on préfère, la page) est un espace rectangulaire, plus long que large, dans lequel, ou sur lequel, on se couche communément dans le sens de la longueur.
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Déménager

Quitter un appartement. Vider les lieux. Décamper. Faire place nette.
Débarrasser le plancher.
Inventorier ranger classer trier
Éliminer jeter fourguer
Casser
Brûler
Descendre desceller déclouer décoller dévisser décrocher
Débrancher détacher couper tirer démonter plier couper
Rouler
Empaqueter emballer sangler nouer empiler rassembler entasser ficeler envelopper protéger recouvrir entourer serrer
Enlever porter soulever
Balayer
Fermer
Partir
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Vivre, c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner.
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J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources ;

Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l’arbre que j’aurais vu grandir (que mon père aurait planté le jour de ma naissance), le grenier de mon enfance empli de souvenirs intacts…

De tels lieux n’existent pas, et c’est parce qu’ils n’existent pas que l’espace devient question, cesse d’être évidence, cesse d’être incorporé, cesse d’être approprié. L’espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête.

Mes espaces sont fragiles : le temps va les user, va les détruire : rien ne ressemblera plus à ce qui était, mes souvenirs me trahiront, l’oubli s’infiltrera dans ma mémoire, je regarderai sans les reconnaître quelques photos jaunies aux bords tout cassés. Il n’y aura plus écrit en lettres de porcelaine blanche collées en arc de cercle sur la glace du petit café de la rue Coquillière : « Ici, on consulte le bottin » et « Casse-croûte à toute heure« .

L’espace fond comme le sable coule entre les doigts. Le temps l’emporte et ne m’en laisse que des lambeaux informes :

Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes.
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