On peut se demander à quoi bon lire une biographie; certains y voient du voyeurisme, d'autres n'aimeraient absolument pas voir leur propre vie étalée dans un livre.
Pour ma part, outre effectivement cet intérerêt un peu voyeuriste envers les artistes que j'aime, je lis une bonne biographie comme un roman, pleins de rebonds, de drames, d'expériences inititatiques et de psychologie. Dans une bonne biographie, on retrouve tous ces événements déclencheurs d'une écriture ou d'une oeuvre, d'une réflexion artistique. Transcender la douleur par l'art, ou l'inoculer, la revêtir d'artifice. Je trouve cette transformation et cette relation entre la vie et l'oeuvre fascinantes.
Georges Perec, une vie dans les mots:
Comme tout biographe,
David Bellos a régulièrement fréquenté
Georges Perec et le connaissait intimement. On sent d'ailleurs son empathie pour lui tout au long du livre. Dans cette biographie, il nous en dit plus sur la naissance et l'enfance de Perec ainsi que sur ses origines, bien que ses informations ne soient surtout que des bribes, les parents n'étant plus là pour témoigner.
On y comprend d'autant plus ce que Perec évoquait déjà dans
W ou le Souvenir d'Enfance, c'est-à-dire le peu de souvenirs qu'il garde de ses parents, des relations qu'il avait avec eux et surtout de ce qu'il a pu éprouver pendant et après sa séparation d'avec sa mère.
La famille maternelle de Perec intervient également régulièrement, parfois pour contredire ce dont Perec se souvient. Toute se vie se construit en fait sur du sable qui file entre ses doigts.
Jeune adulte, Perec fait une dépression, on le retrouve dans L'Homme qui Dort. Il a alors recours au psychanalyste Michel M'Uzan, après avoir eu la chance d'être en analyse avec
Françoise Dolto.
On le suit dans ses premiers succès littéraires avec
Les Choses, sa vie qui change, son premier amour d'avant le succès, puis sa
solitude et ses amitiés.
Puis, le moulin d'Andé où il se réfugie et se ressource comme
Maurice Pons qu'il y rencontre.
On découvre également son besoin obsessionnel de tout noter, tout classer dans des petits carnets de peur encore une fois d'oublier, le maître-mot de Perec.
Pontalis, qui a été son psychanalyste de 1971 à 1975 (année où Perec à écrit
W ou le Souvenir d'Enfance) écrira de lui plus tard: "En fait sa mémoirre était immense prête à accueillir - non: à renregister - toutes sortes d'informations: des numéros de téléphone, le nom d'un second rôle dans un film de série B [,,, ] Une inépuisable banque de données en désordre, un ordinateur facétieux sans mode d'emploi."
Bellos nous en dit plus sur le travail de Perec pour écrire
la Vie Mode d'Emploi, ses réflexions, sa participation active à l'
Oulipo.
Voici une très bonne biographie pour découvrir, comprendre ou en savoir plus sur Perec et son oeuvre.