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Georges de Peyrebrune (Autre)Julie Floury (Autre)
EAN : 9782362663581
236 pages
Talents Hauts Editions (20/02/2020)
4.16/5   37 notes
Résumé :
Réédition intégrale du texte de 1883
"…Cependant, vers la fin du bal, elle n’y tenait plus […] Et sa jupe sautait par bonds jusqu’à ses jarretières ; ses hanches sautaient, et aussi sa poitrine et son chignon, qui lui dévala tout à coup sur ses épaules. Sa crinière rouge, lâchée par le fichu, enfla autour de sa tête. Elle suait, elle soufflait ; mais il semblait qu’elle fût possédée […] elle ne lâcha pas que les musiciens, qui se tordaient, n’eussent raclé, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Eugénie-Victoire est une "enfant naturelle", enfant de l'assistance publique, ou plus souvent connue sous la dénomination de "bâtarde", un statut qui pour une femme au XIXème siècle équivaut au sceau de l'infamie.

Chez les soeurs, elle apprend à vénérer Dieu, Jésus et Marie et lorsqu'elle est embauchée par une première famille pour aider au travaux de la ferme, des hommes profitent de sa naïveté et de sa crédulité. Et bien que ce soit une fille coriace, besogneuse et qui a la force d'un homme, c'est bien la rouquine surnommée "Victoire la rouge" dans son village de Dordogne qui est blâmée pour ses moeurs légères.
Son manque d'affection humaine et son besoin d'être réconfortée et tout simplement aimée l'amène à répéter cette même erreur dans plusieurs maisons où elle travaille. Et chaque fois, c'est elle qu'on blâme. Jusqu'au jour où...cela la mène en prison.

Roman découvert totalement par hasard, j'ai rapidement plongée dans ce roman dans la pure tradition naturaliste qui n'a rien à envier un roman de Zola. Certes, on n'est pas sur un chef-d'oeuvre non plus. Mais c'est tellement bien écrit !! D'une "simple et commune" injustice de son temps, la romancière dreyfusarde, Georges de Peyrebrune, qui a influencé de nombreux romanciers (dont Mirabeau) parvient à créer une fable sur la condition de la femme et le joug patriarcal avec une figure féminine qui pourrait être l'égale d'une Fantine, Gervaise ou Nana. Avec de simples mots qui se lisent très rapidement car la narration est moins dense que chez ses confrères masculin, la romancière décrit toute la tragédie et le statut infantilisant des femmes de l'époque qui sont soumise et dépendantes à la fortune, au nom et à l'autorité des pères ou des maris du fait qu'elles ne peuvent prétendre posséder de quelconques ressources.

Petit "bémol", même s'il est d'époque, j'avoue que les trois "malgré que" trouvés dans le récit ont piqué mes yeux !! Mais c'est très secondaire dans un récit si vivant et même "dynamique" qui dresse un portrait vivace et dure de la vie à la campagne au XIXème siècle.

La collection des "Plumées" de chez Talents Hauts ré-édite des récits de femmes du XIXème influentes et injustement oubliées. C'est un choix militant, d'autant plus que la presse en parle peu ou pas du tout, et je pense que l'initiative mérite d'être saluée. Pour ma part je pense explorer d'autres titres du catalogue (pour 7,90 euros, ça ne vaut pas le coup de s'en priver!).
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Chère Victoire,
Misérable fut ta vie et cruelle fut ton destin. C'est la conclusion à laquelle j'aboutie en terminant Victoire La rouge de George de Peyrebrune.
Et nous pouvons presque faire un lien de sororité entre l'autrice et son personnage tant l'oubli dans lequel est plongé cette autrice semble également bien cruel et injuste. Un énorme merci à @antastesialit pour avoir braquée les projecteurs sur cette femme de lettres de la fin du 19ème siècle.
Victoire est marquée par la malchance dès l'enfance – abandonnée dès sa naissance, elle sera le jouet innocente et inoffensive de la malveillance des hommes et de la brutalité de la pauvreté.
Victoire est pauvre et limitée, mais elle souhaite bien faire. Elle est loyale, bêtement fidèle, et acharnée au travail. Elle ne connait rien d'autre, ne sait rien faire d'autre, son imagination est limitée, sa capacité de penser est quasi-inexistante. Malgré tout, sa soif de vivre et son désir d'être heureuse sont plus forts que tout. Jusqu'à la dernière et horrible trahison.
Quel personnage et quelle histoire ! C'est simple, c'est direct et pourtant c'est fort. Nul besoin de misérabilisme, nul besoin de dépeindre un personnage féminin pieux et bon, non ! L'autrice ne tombera pas dans les travers d'une vision déformée de l'héroïne féminine, Victoire est presque sauvage et animale – elle est primaire. Elle ne cherche pas à attirer notre sympathie ni à susciter la pitié. L'autrice ne fait que décrire la réalité crue : une pauvre jeune femme qui subira mille méchancetés, qui ne comprend pas ce qui lui arrive, ne rêve que d'un bonheur simple.
Avec un doigté précis, l'autrice a construit son roman avec maîtrise – c'est presque haletant et on ne peut s'empêcher d'espérer tout le long du roman que Victoire trouve enfin l'apaisement.
Une écriture sans fioriture et pourtant tellement belle. La fin est une épiphanie et m'a bouleversée ! Ce livre doit donc trouver sa juste place : dans les étals de nos grands classiques français.
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Victoire est née bâtarde, placée dans un hospice pour les orphelins.

Il y a des vies qui commencent mal. Elle est lourde et bête, mais dure à la tâche.

Elle finit par être employée dans sa jeunesse chez un couple de paysans. Elle abat le labeur et ne s'en sort pas si mal, même si elle aimerait avoir un galant comme les autres filles du coin.

Hélas, dans sa vie de femme pauvre du dix-neuvième siècle, les perspectives sont plus que limitées et le bonheur une chose bien trop rare.

Ce roman est celui d'une autrice, Georges de Peyrebrune, qui malgré de nombreux succès littéraires, mourut pauvre et oubliée.

Les éditions Talents hauts ont décidé, à travers leur collection les Plumées, de permettre la découverte de ces noms féminins de la littérature qui n'ont pas eu la reconnaissance méritée.

Et je trouve que Victoire la Rouge est un excellent choix de publication. J'ai beaucoup aimé ce récit qui nous entraîne dans la vie d'une femme pauvre, sans soutien, dans la société rurale. Elle n'est pas mieux considérée qu'une bête par ceux qui l'emploient, comme un corps dont on peut disposer pour les hommes.

Surtout, l'autrice nous montre l'hypocrisie de cette période où la chute semble inévitable pour des femmes comme Victoire, mais pour qui la redemption sera impossible malgré ses efforts et son courage au travail.

Le malheur est lié à sa naissance et à sa condition de femme et rien ne pourra l'en défaire.

L'autrice nous tisse un destin de femme poignant, servi par une belle plume aux descriptions soignées.

En résumé, une très belle découverte qui m'incite à fouiller dans le catalogue de cette maison d'édition à la recherche d'autres pépites à découvrir.
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A lire absolument

C'est un livre court, un peu plus de 200 pages, mais qui renferme toute une vie; celle de Victoire, jeune paysanne, qui va devoir apprendre à se construire malgré les viols, les grossesses, la honte, la prison et le rejet.

L'écriture est immersive, la langue parfaitement maîtrisée, autant dans la retranscription d'un « parler » paysan que dans les descriptions des paysages et de la vie aux champs. Certains passages sont réellement sublimes.

George de Peyrebrune est née en 1841 et est décédée en pleine première guerre mondiale en 1917. Elle connut un certain succès et publia une trentaine de romans dont deux furent couronnés par l'académie française. Elle fait également partie du premier jury du prix Femina au côté de Judith Gautier entre autres.

Malgré ce succès, il ne faudra pas longtemps avant qu'elle ne tombe dans l'oubli, malédiction de bon nombre de femmes de lettres. Elle meurt dans l'indifférence la plus totale, et ne sera quasiment plus publiée. Aujourd'hui, seul Victoire la Rouge est édité.
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Le moins qu'on puisse dire c'est que l'autrice Georges de Peyrebrune a été complètement effacée de l'histoire littéraire, elle qui fit partie du premier jury du Femina en 1904 ! Il fallait bien les éditions Talents Hauts pour lui rendre justice dans la formidable collection « les Plumées ». Peu de trace d'elle sur internet, le Dictionnaire Universel des Créatrices aux Editions des Femmes ne lui fait pas de place non plus. Et pourtant quel texte que ce roman naturaliste (1884) entièrement consacrée à une héroïne tirée du bas peuple de la paysannerie : Victoire La Rouge! On suit Victoire de son enfance d'orpheline à sa mort (tragique). Une Vie, pour emprunter un titre. Une vie de misère, de torture, de répression, d'oppression, dans ce Périgord qui n'avait rien encore de touristique. Victoire victime sociale, victime des hommes. J'ai souvent pensé aux analyses de l'historien Jérôme Ségal sur les liens entre féminisme et antispécisme dans son essai Animal Radical, en lisant ce roman. En effet, le motif de la tuerie animale y revient comme un refrain jusqu'à la scène terrible de l'infanticide. Je ne sais pas si Georges de Peyrebrune était végétarienne, vegan, antispéciste ou rien de tout cela mais le lien entre violence donnée et violence subie y est travaillé autour de l'animalité. Victoire elle-même est si fortement animalisée que la frontière s'efface constamment. Enfin, Victoire a tout des grandes héroïnes dans sa complexité : forte comme un homme, animalisé dans son travail, contrainte à l'itinérance, vierge enceinte, décrite comme laide, elle attire néanmoins les hommes par sa vitalité et sa chevelure flamboyante séductrices. Naturaliste, le roman l'est à coup sûr et passe outre tous les tabous de l'époque à commencer par le viol (deux viols y sont évoqués), l'infanticide, l'abandon, et la violence faite à tous les personnages féminins. Un roman puissant.
Lien : https://twitter.com/claire_t..
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critiques presse (1)
Liberation
05 octobre 2020
C’est un roman très marquant, et sa réédition récente par Julie Floury (éditions Talents hauts, 2020) démontre qu’Octave Mirbeau était un lecteur particulièrement subtil – sans attendre Vincent Brion et ses romans sur le monde des domestiques, il s’était attaché au destin tragique de l’orpheline de Peyrebrune.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
De la pitié ! Qui donc en avait jamais eu pour elle ? Et savait-elle même ce que c'était ?
Elle devenait farouche comme un animal sauvage et traqué. Ses regards en dessous luisaient de douleur et de haine. Une révolte la tenait sans qu'elle sût contre qui l'avait faite si misérable et abandonnée, avec des appétits de brute, qu'elle se gardait cependant d'assouvir, et qui, pour une fois qu'elle s'y abandonnait, sans savoir encore, la jetait à la honte, la livrait aux injures, la chassait hors des foyers honnêtes où son ventre maudit portait le déshonneur.
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Les plaisanteries crues ne faisaient pas rougir les filles, sinon de plaisir. Et, dans l'équivoque d'un mot, c'étaient elles qui trouvaient le sens graveleux. Beaucoup d'entre elles, cependant, et même le plus grand nombre, étaient des filles chastes, au moins de corps. Mais la vie des champs, plus que tout autre au monde, déflore vite l'âme des vierges.
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Elle se faisait ce raisonnement que les chevaux ne se plaignaient pas des coups de fouet, ni les boeufs des coups d’aiguillon, ni les chiens des coups de pied, parce que leur sort était de recevoir tout cela, comme elle, qui était quasiment comme les bêtes, lesquelles n’ont point de famille et sont trop heureuses de servir les gens qui les font manger, sans quoi elles mourraient de faim. 
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Mais sa sensualité de bête échauffée la faisait se livrer, malgré sa volonté, peut-être avec le grognement heureux d’un appétit robuste enfin satisfait
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