La thèse de cet ouvrage est que la prescription d'antidépresseurs augmente sans que la maladie de la dépression soit cernée précisément et sans que des méthodes alternatives visant la compréhension de l'origine des troubles du patient soient promues.
Même si ce point de vue est louable, il m'est apparu défendu de manière trop rigide. le livre ne détaille pas non plus les alternatives.
Par ailleurs, l'influence des firmes pharmaceutiques sur l'augmentation des prescriptions est à peine esquissée.
En conclusion, ce livre ne m'a pas paru assez fouillé et ne m'a pas appris grand chose.
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En 1952 on trouve par hasard une molécule qui améliore certains schizophrènes. Quelque chose marche, mais comment ? La question reste en suspens. Il s'ensuit ce grand bricolage que Philippe Pignarre nomme "petite biologie" par lequel cette psychiatrie naissante voudrait bien se hisser à la dignité de véritable science médicale.
Lire la critique sur le site : Lexpress
p. 114 :
Le rapport de la psychiatrie à la biologie est généralement conçu sous trois formes possibles. Le premier modèle est celui du déterminisme absolu : nous connaîtrons bientôt la cause biologique nécessaire et suffisante qui explique la survenue d'un quelconque trouble mental ; c'est un droit de la raison. Le deuxième modèle est celui de la "prédisposition". Ce modèle privilégie la recherche génétique dans le but de mettre au point des tests de dépistage prédictifs. Dans cette conception, la biologie constitue une sorte d'infrastructure sur laquelle peuvent s'élever les superstructures psychologiques. Il s'agit fondamentalement du même modèle que le précédent, mais teinté de prudence :le mot "prédisposition" a l'avantage de rarement pouvoir être démenti. Le troisième modèle est le refus de la prise en compte de tous les travaux des biologistes, comme cela peut être le cas de certains psychanalystes, au nom de l'indépendance structurelle de la notion de psychisme par rapport à toute notion physiologique et biologique. Les travaux biologiques seraient, par nature, étrangers au débat sur le psychisme et ses troubles dont la science existe déjà avec la psychanalyse. Il faudrait donc mettre en garde les patients contre tout usage de psychotropes, car ils ne feraient que masquer le véritable trouble et rendraient impossible la véritable prise en compte de ce qui relève du psychisme.