Les eaux troubles du tigre

Le Tigre est une petite ville d'Argentine, à l'extrémité du delta du fleuve Parana, au nord de Buenos Aires. Au Tigre, on ne circule pas en voiture dans les rues, mais en bateau dans un dédale de canaux, les maisons sont construites sur de petits îlots, ou carrément sur pilotis. Un coin de paradis pour les habitants de la capitale, qui, pour certains, y établissent même leur résidence secondaire. On s'y croirait à l'abri de tout, y compris des remugles nauséabonds des années de plomb de la dictature, et pourtant...
Et pourtant survient la mort violente d'un couple, que la police, n'ayant guère envie de (se) poser trop de questions, s'empresse de classer en suicide. Intriguée par trop d'évidence et de contradictions, Julia, la cinquantaine, résidente occasionnelle du Tigre, cherche à tirer au clair cette affaire moins limpide qu'il n'y paraît. Cette professeur d'université, militante des droits de l'homme, aidée de son compagnon et de leur ami Leo Resnik, juge intègre pour qui vérité prime sur carriérisme, va ainsi mettre au jour, grâce à quelques indices négligés par la police, des crimes enracinés dans une boue noire et fétide : le meurtre maquillé en suicide camoufle lui-même un cas de « bébé volé » par la dictature, trente ans plus tôt.
Ce polar, qui nage dans les eaux troublées de l'histoire récente de l'Argentine, analyse très finement la psychologie des protagonistes de cette affaire, et nous fait ressentir intensément la peur qui les assaille. Celle du maître-chanteur quand soudain sa victime ne paie plus, celle de la victime tenaillée par l'idée que son secret soit révélé, celle d'un enfant devant son père violent, d'un survivant des prisons de la junte quand le passé ressurgit, celles des innocents devant l'arbitraire du terrorisme d'Etat, ici incarné par le glaçant Cecchi, prototype du sociopathe dévoué à la cause du régime.
Structurant son roman en alternant les points de vue et les époques, l'auteur éparpille devant nous les pièces du puzzle, nous laissant les emboîter peu à peu. La vue d'ensemble révèle alors une réalité terrible et honteuse, que les anciens disciples de la junte, toujours convaincus du bien-fondé de leurs convictions, ont de plus en plus de mal à étouffer, malgré un sentiment (une situation?) d'impunité qui n'est pas près de disparaître.
Un très bon roman, habilement construit, sombre et inquiétant, qui nous rappelle que l'Argentine n'a pas encore terminé de chasser ses fantômes, ni de se réconcilier avec elle-même.
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Avec un roman, ça passe ou ça casse ! Chez moi, quand ça ne passe pas, ça casse... Et c'est ce qui a eu lieu avec ce roman noir qui, d'après son 4ème de couverture, avait tous les ingrédients pour faire un récit intéressant : les années de plomb de la dictature argentine, les vols de bébés par cette même dictature, les arrestations arbitraires.

Bref, ça sentait la glauquitude et les squelettes dans le placard qu'on allait déterrer.

Bardaf ce fut l'embardée ! Je me suis perdue dans les incessants aller-retour du récit, dans les circonlocutions des différents personnages, dans leurs pensées,...

Enlisement total et pas moyen de m'en sortir, même en survolant des pages, des paragraphes entiers ! Quant aux personnages du roman, zéro empathie avec eux... Je ramais et pas moyen d'avancer. Oui, j'ai fait la totale avec ce récit.

Et puis, le passé dictatorial m'a semblé survolé en ce qui concernait les enfants volés.

J'attendais autre chose de ce roman, le rendez-vous n'a pas donné ce que j'escomptais.

Dommage...

Le fils de Garcia Mejuto ne ressemble pas à ses parents d'origine espagnole. Sa mère lui ayant confié qu'elle avait vu vingt sept ans plus tôt le père rentrer clandestinement avec un bébé dans les bras, Raul qui manque d'argent fait chanter Mejuto.
Lorsque Raul et sa compagne sont retrouvés morts dans une vieille maison qu'il venait d'acheter dans le delta du Tigre, Julia, une voisine, qui ne croit pas aux conclusions de la police décide de mener l'enquête.
Elle et ses amis découvrent que Raul enquêtait sur les enlèvements d'enfants par les militaires lorsque la junte était au pouvoir.

La mise en place se veut assez longue, un sentiment renforcé par l'absence de dialogues. En plus on a de descriptions qui sont interminables mais malgré cela l'enquête est plutôt bien maîtrisée et s'avère intéressante.

L'intrigue passe presque au second plan l'auteur ayant privilégié l'ambiance et la psychologie des personnages qui s'avère très fouillée.

Un bon roman plus proche du roman noir que du policier classique malgré la présence d'un juge parmi le trio d'enquêteurs.
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Un couple retrouvé mort dans une maison isolée au bord de l'eau, une histoire de chantage, de bébés volés pendant une période trouble de l'histoire de l'Argentine et des militaires à la retraite au passé trouble.
Voila la promesse de ce policier qui paraît bien alléchant et c'est pour cela que mon choix s'est arrêté sur lui lors de la Masse critique.
Mais j'ai vite déchanté à la lecture, non pas que l'histoire ne correspondait pas à ce qui était annoncé, mais aux incessants retours et détours dans le passé des personnages principaux de l'histoire qui finissent par enliser la lecture. Et parfois même on passe du présent au passé plusieurs fois en une page ce qui fini que l'on perd le fil du récit. Certes ces retours dans le passé permettent de comprendre les enjeux et la psychologie des personnages mais il y en a beaucoup trop.
Cette construction de l'histoire a fait que j'ai eu du mal à lire ce livre car il coupe le rythme de l'enquête.
Seules les soixante dernières pages m'ont vraiment plongé dans le récit avec l'enquête qui prend le dessus, l'action qui s'emballe et la machine judiciaire que se met en route.

Un policier avec un fort potentiel de départ mais qui se révèle inégal et long malgré ces 233 pages.

J'ai aimé ce roman et je remercie vivement Babelio qui, par son opération Masse critique, m'a permis de le découvrir ainsi que les éditions Métailié qui ont eu la gentillesse de me l'adresser (belle qualité d'ouvrage avec une couverture qui me plaît bien, soit dit en passant).
Le jour où deux cadavres sont retrouvés dans une maison du Tigre, Julia, qui ne croit pas au suicide, va mener l'enquête avec deux de ses amis ; ce qu'ils vont découvrir, en parallèle avec les agissements d'autres personnages, fera alors ressurgir le côté sombre d'une partie de l'histoire de l'Argentine.
Plus que l'intrigue, c'est l'ambiance du roman qui m'a plu. Les traits de caractère des personnages, leur état psychologique sont décrits avec justesse et on plonge dans les méandres des canaux du delta du Parana, dans l'univers dépeint par l'auteur, pour, au fur et à mesure que les pages se tournent, déméler les fils de cette histoire.
Car si les eaux du Tigre sont parfois peu claires, que dire des actions des hommes au pouvoir durant les années de dictature ?
Des actes criminels ont été perpétrés, dissimulés ; des militaires au nom de leurs convictions, obéissant au régime alors en place, se sont octroyé un droit de vie ou de mort sur ceux qu'ils estimaient devoir combattre, ont volé leurs enfants.
Si les choses ont changé aujourd'hui, remuer le passé reste risqué. Certains l'apprendront à leurs dépens.
Je m'attendais à une enquête rythmée avec davantage de suspense ; sur ce point, j'ai été un peu déçue. Seule la fin de l'ouvrage m'a paru plus prenante. C'est un roman qu'il faut lire en se laissant imprégner par l'atmosphère qui y règne.