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Alain Pozzuoli (Éditeur scientifique)
EAN : 9782251491653
287 pages
Les Belles Lettres (19/10/2005)
3.83/5   6 notes
Résumé :

Quelle peut être la signification de ces " fleurs de peau ", écloses ici et là, sur un dos comme sur une épaule ? Le tatouage, plus qu'un discours du corps, représente un art de vivre, une philosophie. Dans nombre de civilisations, il traduit la volontéd'apparaître différent, rebelle, ou au contraire exprime la revendication d'un sentiment identitaire. Aujourd'hui, plus que jamais, le tatouage est une façon d'a... >Voir plus
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Les ateliers de tatouage jouxtaient l’ancien quartier réservé de Yoshiwara, à Edo, et les pensionnaires des maisons de rendez-vous étaient souvent tatouées. Pour les courtisanes, le tatouage permettait d’exprimer la sincérité de leur amour, ou d’acquérir un charme supplémentaire. En outre, il existait une forme raffinée de tatouage réservé surtout aux femmes, l’irozumi, mot construit par référence à irezumi, tatouage, avec la racine iro, qui veut dire aussi bien « couleur » que tout ce qui à trait à l’érotisme. Ce genre de tatouage reste invérifiable, et peut-être est-il tout simplement légendaire. On l’appelle aussi « tatouage caché », et il passait pour être le plus douloureux : une poudre blanche était incrustée sous la peau, et restait invisible, sauf sous l’effet d’une boisson alcoolisée, du bain, ou du plaisir sexuel, auquel cas elle devenait légèrement rose. La substance utilisée, à base de blanc de plomb, était particulièrement nocive. Ainsi, les initiales de l’amant devenaient visibles sur la face de la cuisse de celle qu’il faisait jouir. Ce tatouage d’amour se retrouvait parfois à l’intérieur du poignet. En revanche, si l’amant changeait, il fallait brûler toutes les traces de l’ancien amant. Une prostituée d’Oshima portait un crabe tatoué au ventre, comme pour ne pas lâcher sa proie. De nombreux tatouages secrets avaient une vocation plus ou moins érotique. La peau froide d’une femme entièrement tatouée devait provoquer des sensations reptiliennes… En retour, la fréquentation de prostituées tatouées pouvait être le déclencheur d’une vocation artistique.
[Marc Kober – Fleurs de peau – Irezumi et horimono (le tatouage japonais)]
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Le mot tatouage viendrait effectivement d’un mot tahitien, « dessin », ou encore d’un verbe signifiant « blesser » [« tata(t)u » (frapper, ou blesser) : « ta » renvoie au dessin, et « tou » à l’esprit]. C’est dire si cet art insulaire a su influencer toute l’histoire moderne du tatouage, et exporter durablement ses caractéristiques. La transcription anglaise est dû au capitaine Cook et à son chroniqueur Banks. Le processus du tatouage, les instruments et les matières utilisés furent décrits avec précision grâce au journal de l’explorateur. Le tatouage occupait une place si importante dans la vie tribale des Polynésiens que la tradition orale véhiculait certains mythes expliquant son origine. C’est le cas d’un mythe maori et d’un mythe marquisien. Ce dernier en particulier monte la relation entre la force virile, la séduction des femmes, et le mariage. L’épreuve du tatouage suppose un voyage initiatique, et apporte en échange des pouvoirs magiques. L’importance du caractère de séduction du tatouage est marqué aussi chez les femmes, soucieuses de corriger le vieillissement de la peau et les rides, mais c’est un héros mythologique masculin, Olifat, qui traduit pour la Micronésie l’importance de ce pouvoir de séduction. Les femmes tombaient amoureuses de lui à la seule vue de ses tatouages. Selon le mythe, c’est lui qui enseigna à la population l’art de l’aiguille. 
[Marc Kober – Fleurs de peau – Le tatouage polynésien] 
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En Amérique du Sud, l’usage de la sève d’une plante, le génipa, qui produit un effet comparable au henné, donne lieu à une peinture corporelle, dont les plus brillants auteurs sont les Indiens d’Amazonie. Or, on ne trouve que très rarement trace d’une pratique du tatouage dans le continent sud-américain. Il semblerait que, pour marquer des évènements ponctuels, la peinture corporelle et faciale ait pris toute sa valeur cultuelle, au détriment du tatouage. Les motifs représentés présentent une grande similitude avec ceux des tatouages, et peuvent durer plusieurs semaines. L’aspect de dessins bleu-noir au génipa a pu être confondu avec de véritables tatouages. Les encres végétales des Kuna ou des Caduvéo, si remarquables, sont peut-être le vestige d’une pratique plus ancienne du tatouage qui aurait disparu pour des raisons inexpliquées. 

En Amérique du Nord, le tatouage est une pratique attestée et unanime, mais il n’en reste pas de traces en raison de la disparition des peuples qui le pratiquaient. […] La pratique du tatouage est décrite par les missionnaires, mais elle ne sera pas étudiée avant le XIXe siècle, époque trop tardive pour avoir une connaissance réelle de l’art indien du tatouage. La réaction des Occidentaux alterne entre l’horreur et l’étonnement à l’idée des souffrances endurées. Pour les Indiens, il s’agirait d’un rite de passage à l’âge adulte, avec choix d’un nouveau nom, d’un moyen de s’identifier à un groupe, sans parler d’une mise à l’épreuve du courage. Le tatouage est fait en principe par piqûre, et la couleur peut aller du charbon à deux couleurs. 
[Marc Kober – Fleurs de peau – Le tatouage dans le continent américain] 
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La Nouvelle-Zélande est explorée pour la première fois en 1769 par James Cook. La différence avec les autres peuples du Pacifique serait le visage couvert de dessins obtenus non par piqûre mais par incision à l’aide de couteaux de différentes tailles. Le tatouage facial (ou moko) favoriserait richesse, et séduction des femmes ; il est une marque de bravoure. Ces thèmes sont communs aux Marquisiens, aux Pascuans et aux Maoris. Les tatouages maoris concernent les hommes comme les femmes. Ils protègent la femme du vieillissement, et se concentrent sur la tête, qui contient le mana, la force sacrée. Le tatouage facial permet de distinguer l’individu mieux que ne le ferait la simple physionomie. Les traits renseignent sur la qualité morale de celui-ci avec précision. La qualité des têtes ornées maories était telle qu’à partir d’une première acquisition du capitaine Cook, un commerce florissant se développa avec les Occidentaux. 
Au XIXe siècle, le tatouage tombe en désuétude dans l’ensemble de la Polynésie. Il faut surtout y voir le résultat de la lutte contre la nudité orchestrée par les missionnaires. En outre, le tatouage avait alors perdu son rôle social et identitaire. Toutefois, à partie des années quatre-vingt, on assiste à une renaissance de la culture identitaire polynésienne. Le tatouage ne s’était maintenu et développé qu’aux îles Samoa. Ce réveil culturel a beaucoup à voir avec l’engouement occidental pour un art « tribal » : les Polynésiens iront paradoxalement chercher en Occident de nouveaux motifs pour renouveler leur pratique du tatouage. 
[Marc Kober – Fleurs de peau – Le tatouage polynésien] 
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Au Maghreb, les tatouages renvoient aux périodes capitales de la vie d’une jeune fille : puberté et mariage. Dans ce cas, le tatouage correspond à un « atour », un cadeau au fiancé. 
Un chevron se pose sur le front, siège des sentiments ; de la lèvre inférieure au menton, un tatouage vertical, dit ayyala ou siyyala, renvoie à la féminité et à la puberté. La bouche est protégée. La première fonction n’est donc pas le repérage de la tribu d’appartenance. 
Le sens du tatouage est souvent devenu purement ornemental depuis son origine berbère. Les signes bleutés deviennent un élément essentiel de séduction. Plusieurs chercheurs, […], ont étudié la variété et la beauté des tatouages marocains. En particulier, une autre approche, selon l’inconscient, et suivant l’ordre du discours amoureux, peut être aussi féconde. 
Ainsi, la jeune Marocaine peut se faire tatouer à deux occasions, qui sont la puberté et le mariage, si elle suit la tradition populaire. L’association entre le cycle du sang et l’effacement de l’hymen se redoublerait par la souffrance sous la pointe de l’aiguille.  
[Marc Kober – Fleurs de peau – Wachma (le tatouage au Maghreb et dans le monde arabe)] 
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Vidéo de Alain Pozzuoli
Rencontre avec les auteurs Jean-Marie Potiez et Alain Pozzuoli
Jean-Marie Potiez est auteur, journaliste musical et biographe officiel du groupe suédois ABBA pour les pays francophones ("Abba, la légende" en 2001, "Abba, une légende nordique", 2010 - éd. Didier Carpentier) qu'il a rencontré et interviewé, en groupe et séparément, à de nombreuses reprises. Devenu spécialiste des années 1970 et de la musique disco, il possède également une grande connaissance de la variété française et internationale. Il est régulièrement invité en tant qu'expert du disco et du groupe ABBA à la télévision et à la radio, en France et en Belgique. Jean-Marie Potiez a vécu plusieurs années en Suède, ce qui lui a permis d'étoffer ses recherches et de rencontrer les principaux acteurs de la Carrière d'ABBA. L'accès à de nombreuses archives (dont celles du groupe) et les interviews de chacun des membres et de leurs principaux collaborateurs, lui ont permis d'ajouter une foule de détails et d'anecdotes inédites.
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