AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070138579
180 pages
Gallimard (09/11/2012)
4.92/5   12 notes
Résumé :
Les enfants du paradis, Synopsis

Film de Marcel Carné et Jacques Prévert.

Etude critique de Geneviève Sellier

1840, boulevard du crime. Les amours contrariées de Garance et du célèbre mime Debureau, tous deux séparés par d'autres amours : Lacenaire, Frédérick Lemaître et un richissime comte pour Garance ; la fidèle, aimante et malheureuse Nathalie pour Baptiste. Chef-d’oeuvre absolu avec Jacques Prévert au scénario et Mar... >Voir plus
Que lire après Les enfants du paradisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le peuple au paradis ///////// Un paradis populaire

Tout commence avec Jean-Louis Barrault qui propose à Marcel Carné de faire un film sur Jean-Gaspard Deburau, célèbre mime des années 1830. le réalisateur et son scénariste Jacques Prévert, vont y associer Frédérick Lemaître, immense acteur de l'époque et Pierre François Lacenaire, personnage atypique, escroc, assassin mais aussi écrivain.
A coté de ces trois personnages réels, ils vont imaginer un comte, symbolisant la bourgeoisie de l'époque et surtout le personnage central, Garance joué par Arletty dont le quatuor sera tour à tour épris.


Le décor est planté de ce qui deviendra un des plus grands et célèbres chefs d'oeuvre du cinéma français et marquera les mémoires au point d'être toujours considéré et désigné, pas seulement par les cinéphiles, comme le plus beau film français de tous les temps.

Comme toujours avec cette collection "Synopsis", vous apprendrez en peu de pages, (malheureusement !), l'essentiel de la génèse de ce film, tout ce qu'il faut savoir sur les personnages mais aussi les aléas du tournage réalisé dans la période de l'occupation. Vous découvrirez, à cette occasion, les dialogues et les scènes qui dénoncent, à travers des métaphores, le régime de Vichy. Vient ensuite, pour conclure, l'analyse cinématographique avec explications tout à fait abordables de quelques scènes majeures du film.


La lecture de cette étude, donne envie évidement de revoir ce film mais permettra surement de le redécouvrir avec un regard plus affuté grâce à une meilleure connaissance de cette oeuvre.



Commenter  J’apprécie          3617
"Je suis libre? Tant mieux j'aime la liberté".

Ces paroles de Garance égrenées sur le boulevard du crime s'adaptent merveilleusement à l'esprit de ces enfants du paradis vociférant sur les hauteurs d'un théâtre, laissant naviguer leurs sensibilités dans des rencontres éphémères ou chacun exécute sa prestation sans investissement durable.

Quelques écorchés vifs marginaux talentueux, combattants démesurés pour certains, contemplatifs pour d'autres, s'adonnent à la violence ou à la prose, en dévoilant par le crime, la désillusion et la pantomime les clichées de leurs époques.

Inadaptés à la normalité ils s'extériorisent par l'extravagance et la mélancolie n'étant que le refuge continuel de leurs indifférences et de leurs paresses.

La nuit rapproche par le verbe quelques personnages hors normes qui le temps d'une chope se neutralisent par un regard respectueux envers leurs différences.

Chacun défend son architecture interne complètement décalée par une rhétorique adaptée à sa survie en baissant peu à peu sa garde le temps de quelques théories.

Garance soumise de son plein gré à la contingence est inaccessible à long terme, ce qui sera et peu importe ce que ce sera est attendu sans crainte et avec impatience. Tout en accostant quelque part on regarde toujours devant soi.

Frédéric Lemaitre visite ses contemporains dans un état second.

"Mon état normal ? Connais pas".

Baptiste se débat entre ses devoirs sentimentaux et une folle envie de sombrer dans l'ivresse de l'inconvenance, de la fragilité et de l'inconnu que représente la conquête irréalisable de ce petit gabarit symbole de la dualité du principe de l'univers, un sourire dévoré par une plainte interne répétitive et intense définition de nos antinomies cohabitant sur les contours d'un même visage.

Nathalie représente un recadrage sentimental ennuyeux supprimant toutes les escapades imaginatives d'un promis écartelé entre ses devoirs de mari et son attirance vers l'instabilité et le vagabondage des sentiments.

Lacenaire culmine dans l'arrogance de ses exposés acides et virulents sur la vitalité et la durabilité de ses principaux carburants, le larcin, l'autonomie et l'orgueil.

Tout cette communauté désabusée ayant condamnée la société depuis longtemps souffre du même mal, un manque d'encadrement affectif ou respectueux originel ayant occasionné leur retrait du monde.

Pas d'attaches, sans états d'âmes on se noie perpétuellement et volontairement dans ses travers en se servant sans retenue de chaque opportunité. On ne croit qu'en soi même en vénérant tous ses débordements.

Sur le boulevard du crime, le bonheur n'est pas personnel, il est massif et n'est visible que par les comportements jouissifs de ces grappes humaines articulées par un concept festif à court terme, on s'éclate au maximum avant le retour du quotidien.

La masse s'incrémente dans la joie pendant que quelques marginaux boudent ou profitent de cette force compacte soudée par le plaisir de la rue.

Les enfants du paradis est le symbole du clair obscur, blason antinomique de notre quotidien.

La pluralité se rassemble dans la joie pendant que l'exclu vocifère sur un monde auquel il ne peut ou ne veut pas appartenir.

L'individualisme se protège en refusant de se soumettre à la loi d'une collectivité récupérée momentanément par la fête.
Commenter  J’apprécie          50
Les dialogues sont de Prévert, le film est de Carné, le tout confine au chef d'oeuvre. L'édition en livre du scénario permet de saisir toute la subtilité des dialogues, les photos aident à se remémorer l'extraordinaire jeu d'acteur d'Arletty, de Pierre Brasseur ou du grand Jean-Louis Barrault dans ce qui fut nommé "meilleur film de tous les temps" par les critiques français à l'occasion des cents ans du cinéma. Nathalie aime Baptiste qui aime Garance qui l'aime elle aussi en secret mais elle doit vivre avec le Comte de Montray pour se protéger d'un crime qu'elle n'a pas commis. Garance et Baptiste vivront quand même une nuit d'amour passionnée avant que la vie ne sépare les corps mais pas les âmes. Les personnages et leurs passions se croisent s'entremêlent chacun avec la même intensité, certains comme le mime Debureau (qui a existé) se taisent, d'autres usent du monologue et enfin les personnages se confrontent avec des dialogues ciselés par le talent de Prévert . Un mélodrame ou la poésie reste la maitresse du jeu.
Commenter  J’apprécie          120
La sortie des "Enfants du paradis" est volontairement retardée jusqu'à la Libération afin d'être proposée au public dans une France délivrée qui le recevra avec ferveur. Ce long métrage en deux épisodes (" le boulevard du crime "et" L'homme blanc ") donne à voir les coulisses du théâtre et est dédié au peuple modeste qui va se percher tout en haut, aux places les moins chères, dans le poulailler... le paradis ! le sujet principal est l'amour contrarié : celui de Garance (Arletty), une foraine qui aime tout le monde, éprise de liberté, qui clame "je suis comme je suis" et qui affirme "c'est si simple l'amour". Elle catalyse l'amour protéiforme de quatre protagonistes. Celui de Baptiste Debureau (Jean-Louis Barrault) - célèbre mime qui jouait au théâtre des Funambules - est ardent, passionné, silencieux et rêveur. L'amour de Frédéric Lemaître (Pierre Brasseur) - figure parlante opposée au mime et grand acteur de l'époque - est sensuel, pragmatique et fait de paroles. Celui de Lacenaire (Marcel Herrand) - le poète-assassin - est plus cérébral. Quant à l'amour du Comte Edouard de Montray (Louis Salou), il est corrompu et vénal. Un seul est vrai et réciproque : celui de Garance et de Baptiste...
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Édouard. :- Garance comprenez-moi, je voudrais tellement que vous m'aimiez.
Garance. : - Pour vous même ?
E : - Je vous en prie Garance ne me tourmentez pas vous savez ce que je suis capable de faire pour vous, à cause de vous.
G : - A cause de moi ?
E : - Je vous aime Garance comme aucun homme...
G: - ... ne pourra jamais m'aimer ! Alors, de quoi vous plaigniez vous ?
E: - Je voudrais que vous m'aimiez.
G :- Mais je vous aime, mon Ami ! vous êtes séduisant, vous êtes riche, vous avez beaucoup d'esprit, vos amis vous admirent, les autres vous craignent, vous plaisez beaucoup aux femmes. Enfin, tout le monde vous aime Édouard, vraiment il faudrait que je sois bien difficile pour ne pas faire comme tout le monde.
E : - Taisez-vous Garance, vous savez ce que je désire, je veux...
G : - Vous êtes extraordinaire Édouard, non seulement vous êtes riche mais encore vous voulez qu'on vous aime comme si vous étiez pauvre. Et les pauvres alors ? soyez un peu raisonnable mon ami. On ne peut tout de même pas tout leur prendre.
Commenter  J’apprécie          110
Le personnage de Lacenaire se distingue tout de suite par son goût pour le verbe et son mépris pour l'humanité. Il possède une dimension de subversion sociale qui force la sympathie. C'est un modèle de révolte individuelle.

L'idéalisation du personnage qui tue par vengeance sociale contre la morgue des puissants, correspond bien à l'esprit des "Mémoires" de celui qui mourut sur l'échafaud en 1836, après avoir revendiqué et justifié tous ses crimes.
Commenter  J’apprécie          250
" Ici Jupiter, dit Jéricho, à cause de la trompette, dit la Méduse à cause du radeau..."

L'inquiétante étrangeté "du marchand d'habits" se marque d'abord par ses auto-présentations pleines de métaphores à tiroir : Le jeu phonique sur Jéricho-Géricault, permettant un coq à l'âne entre les trompettes et le célèbre tableau, nous rappelle l'appartenance de Prévert au groupe surréalisme, et leurs rapports jubilatoires aux mots.
Commenter  J’apprécie          173
A quoi s'ajoute la légende du Boulevard du Crime, surnom du boulevard du Temple, haut lieu du spectacle populaire détruit par Haussmann en 1862.
Ce qui au départ évoquait les crimes nombreux qui se perpétraient chaque soir sur les scènes de théâtre, est devenu après la disparition du mélodrame sanglant une allusion aux individus peu recommandables que les bourgeois risquaient de rencontrer en allant s'encanailler dans cet endroit populaire.
Commenter  J’apprécie          140
« Les rêves, la vie, c'est pareil ! ou alors ça vaut pas la peine de vivre. Et puis qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse la vie, c'est pas la vie que j'aime, c'est vous ! »
Commenter  J’apprécie          350

Videos de Marcel Carné (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Carné
Vidéo de Marcel Carné
autres livres classés : cinemaVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (23) Voir plus



Quiz Voir plus

Livres et Films

Quel livre a inspiré le film "La piel que habito" de Pedro Almodovar ?

'Double peau'
'La mygale'
'La mue du serpent'
'Peau à peau'

10 questions
7094 lecteurs ont répondu
Thèmes : Cinéma et littérature , films , adaptation , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..