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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Où Marcel, à l'affut derrière sa fenêtre, guettant la fécondation d'une orchidée par un insecte pollinisateur, surprend une scène qui lui révèle la véritable personnalité du baron de Charlus. S'en suit un long développement sur ce qu'implique socialement et personnellement le fait d'être inverti, dans une société qui condamne de tels penchants, et dresse un catalogue qui pourrait être une élégante façon de suggérer comment identifier ce que l'on cherche à cacher.

Suit une soirée chez la princesse de Guermantes, source d'angoisse préalable puisque Marcel ignore jusqu'au dernier moment s'il est invité ou non. Une fois introduit dans la place, outre l'observation de Charlus, chez qui il tente de confirmer ce qu'il a vu quelques jours plus tôt, Marcel scrute, analyse et se fait une idée de la mondanité dont il tente tant de se rapprocher.

Ses certitudes quant aux moeurs de Charlus font le pendant de ses doutes vis à vis d'Albertine. Si elle clame sa détestation de Gomorrhe, le docteur Cottard est loin d'y croire et en fait la démonstration au malheureux jeune homme.

Marcel poursuit son éducation mondaine, et se fait une place encore ambiguë au sein de ces élites dont il tente de se rapprocher, tout en réalisant les illusions de supériorité qu'il leur attribuait.

Un opus au cours duquel Marcel allège le ton général , en s'adressant au lecteur, puis en rapportant avec humour les défaillances langagières du maitre d'hôtel de Cabourg.

Et toujours magie de cette prose unique, cette petite musique si reconnaissable et envoutante.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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* Un été avec Marcel #4 *

Oui, je sais, on n'est plus en été ! Chez moi aussi, dans ma petite Belgique, souffle un vent à défriser les mamies bleu ciel. le chat semble une pomme de terre poilue tant son pelage est gonflé. Ca ne trompe pas, l'automne est bien là. Conclusion, je me suis encore faite avoir par la rentrée littéraire et j'ai délaissé Marcel trop longtemps ! Qu'à cela ne tienne, je me suis plongée avec délectation - passion - plaisir dans ce 4ème opus de la Recherche (Tiens, je me trouve des accents de Mme de Cambremer...).

Et il nous raconte quoi Marcel 4 ?
Marcel (même que ce n'est pas Marcel, mais tout le monde sait que le narrateur c'est quand même Marcel) est passé dans l'âge adulte maintenant. Il vit toujours ses heures mondaines entourés de ces fats hypocrites désoeuvrés, Albertine à son bras.
Comme toujours, ce n'est pas l'action qui prime chez Proust, mais bien l'atmosphère et les saillies langagières. D'ailleurs en parlant de saillies, elles ne furent pas que langagières dans ce tome !

Sodome s'ouvre en force avec la découverte de la relation charnelle entre M. de Charlus et Jupien qui tel le bourdon va féconder l'orchidée. S'ensuit durant tout le roman une évocation de l'homosexualité masculine, cachée et hypocrite même derrière les portes des bordels. Les amours invertes ne sont pas simples.
Gomorre n'est pas en reste ! Marcel prête à Albertine des relations avec ses amies, comme il l'a vu précédemment avec Mlle Vinteuil. Je ne suis pas persuadée qu'Albertine ait quoi que ce soit à se reprocher, mais Marcel est jaloux comme un pou. Femmes ou hommes, la pauvre est surveillée de près.
A part ceci reste le merveilleux passage de la mort de sa grand-mère, où les souvenirs font prendre conscience de la perte de l'être aimé, bien plus que la froideur du cadavre.
Proust nous régale aussi de la truculature du parlement du liftier. C'est à lectorer !

J'ai passé un moment délicieux - agréable - bon avec la 4ème mouture de cette fresque grandiose.

Maintenant je dois m'atteler à lire une masse critique cotée à 2,4 sur Babelio. Gageons que ma prochaine critique sera rigolote ! :-) (Voyez comme je vous tiens en haleine !!)



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De tous les épisodes de la Recherche du temps perdu que je découvre depuis cet été, « Sodome et Gomorrhe » m'a paru le plus tonique, le plus alerte, le plus mouvementé. N'allez pas croire toutefois que les péripéties vous sautent à la figure toutes les trois lignes ! On reste chez Proust et ce tome, qui pourrait s'appeler « Marcel à la plage, saison 2 » reste dans la tonalité des précédents. J'ai d'ailleurs trouvé un plaisir nouveau à me couler dans La Recherche, à connaitre de ces après-midis interminables où on n'avance que si peu, solidement entourée que j'étais par les centaines de pages que je venais de parcourir et les tout autant qui m'attendaient encore, comme emmaillotée dans un amas de lignes qui opposaient à la réalité l'épaisseur massive de leur existence.

Néanmoins, là où on ne quittait guère la digue, le grand-hôtel, Doncières au plus loin, dans A l'ombre des jeunes filles en fleur, là où on ne faisait que quelques pas dans les rues parisiennes pour aller des quartiers de Mme de Villeparisis aux appartements d'Oriane de Guermantes, les nombreux déplacements de Sodome et Gomorrhe, en automobile ou en train nous donneraient presque le tournis. C'est que, à la fois pour occuper Albertine avec laquelle le narrateur a renoué, que pour poursuivre une vie mondaine dans un délicieux décalage avec ce qu'aurait interdit Paris mais qu'autorise une villégiature balnéaire, nous voilà entrainés aux mercredis des Verdurin qui, nouvellement enrichis, ont loué à un prix mirifique la propriété principale des Cambremer, aristocrates dont la fortune n'honore plus le nom. Verdurin qui tiennent donc salon, à leur manière informelle habituelle, se piquant de n'y avoir que le fin du fin et arguant que si certains n'en sont pas, c'est que l'on n'en a pas voulu. On découvre, sur le chemin emprunté par le petit train touristique où nous avons embarqué, paysages et petites églises dans le bocage environnant, bercés par le chef de gare égrenant la litanie des noms de lieux, ramassant son chapelet d'habitués, d'amis et de connaissances. Tchou tchou le p'tit train… Ambiance, ambiance.

Albertine a reçu une jolie toque pour monter dans l'automobile que loue le narrateur presque chaque jour, un charmant nécessaire en or pour se refaire une beauté avant de descendre en gare, tout cela sent le plaisir et le charme innocent des amours de vacances. Il se dégage d'ailleurs de certaines pages le bonheur serein que j'avais en vain cherché dans A l'ombre des jeunes filles en fleur, le contentement d'un narrateur enfin présent à ce qu'il vit, juste heureux de profiter d'instants où il n'est ni jaloux, ni inquiet, ni perdu dans un désir évanescent pour un objet inexistant.
Cette énergie qui émane du texte tient peut-être aussi à ce que ce soit les Verdurin et leur cercle qui sont cette fois l'objet principal des observations du narrateur. N'ayant aucune connaissance des codes aristocratiques d'un monde qui ne les reçoit pas, ces hôtes nous épargnent les longues généalogies, le récit de tel blason déchu, de telles armes irrémédiablement corrompues par le déshonneur que leur aura infligé au su de tous, tel ou tel indigne descendant. A la place, nous aurons les clownesques Cottard et Sarriette, leurs ridicules de savants parvenus, les étymologies interminables de Bichot qui fascineront le narrateur, mais lui seul, les assoupissements de Mme Cottard juste après le déjeuner et le ridicule de M de Cambremer, le jeune, celui qui aura épousé une Legrandin pour sa fortune et ressassera à l'envie les deux seules fables De La Fontaine dont il soit capable de se souvenir. On le voit, le bouffon se fait davantage roturier et on y gagne une verdeur rapprochant certains portraits de ceux d'un Flaubert, proximité alors majorée par les paysages normands que ces deux auteurs ont en partage.

A cette déportation du décor du côté des horizons bleus et verts de la côte fleurie s'adjoint un déplacement du registre métaphorique. Là où je riais de trouver un protozoaire, un poulpe ou un mammouth, j'ai admiré cette fois de lestes comparaisons de tel ou tel avec une fleur butinée, une tomate, une pomme ou encore une poire. du Museum d'histoire naturelle au verger, en somme. Et quoi que mon regard ait de taquin quant au projet proustien, je ne peux qu'admirer la manière dont, jusque dans les détails les plus anodins du texte, se retrouve un soin de cohérence apte à installer le lecteur dans une oeuvre totale.
Quant à l'homosexualité enfin révélée de M de Charlus, au nombre sans cesse croissant des personnages dont les moeurs sont bien plus libertaires que ce que la bonne société autoriserait, y compris - surtout ? - parmi les plus huppés, on en vient rapidement accepter la démonstration qu'aucune situation sociale n'empêche l'explosion de désirs quels qu'ils soient et qu'aucune condition ne soustrait personne à la recherche de leur assouvissement. Qu'à ce compte, à l'hypocrisie d'un snobisme creux, à la bêtise d'un rang tenu sans culture ni profondeur s'ajoute le mensonge d'une vie sexuelle dont les apparences conformistes cachent le secret d'inclinaisons assumées mais publiquement réprouvées, moquées.

Anna, qui lit la Recherche comme elle respire, me faisait remarquer qu'il serait intéressant de voir ce que cette oeuvre devait aux origines juives de Proust. J'ai compris sa remarque comme une invitation à chercher peut-être un mode d'écriture qui ait à voir avec l'exégèse et j'ai été alors plus attentive aux références qui auraient pu me conduire à de pareilles réflexions. La religion ne concerne, dans ce tome, quasiment que Charlus et exclusivement le dogme catholique. le baron voue un culte particulier aux archanges Michel, Gabriel et Raphaël « avec lesquels il [a] de fréquents entretiens pour qu'ils communiqu[ent] ses prière au Père éternel, devant le trône de qui ils se tiennent. » Dans cette foi faite de légende dorée, de héraldique et scènes représentées sur un vitrail ou le frontispice d'une église, je lis moins l'appel à une glose que le réconfort d'un conte berçant un grand enfant orgueilleux et fragile. Il ne me semble d'ailleurs pas avoir croisé de personnage dévot se rendant aux vêpres ou aux offices dans ces premiers tomes de la Recherche. Pas de révélation durant une messe de Noël comme ce sera le cas pour Claudel. La grand-mère du narrateur doit être chrétienne, mais ce sont les lettres de Mme de Sévigné à sa fille qu'elle ne quitte pas. Quand Balzac fait de la religion un prisme par lequel analyser et dépeindre la société, quand Hugo lui donne des accents confinant au sublime, Proust semble la contenir aux détails architecturaux de ses monuments et aux enjeux stratégiques d'un positionnement ad hoc concernant l'affaire Dreyfus. Laquelle affaire concerne d'ailleurs davantage l'armée que les Juifs dans son traitement ici. On n'a même pas à s'interroger sur la vacuité du ciel tant son accès semble empêché par tout le bruit occasionné par les discours de fidèles.
On pourra me dire, et ça l'a été souvent affirmé, que Proust est le prêtre de sa propre religion, celle qui fonde l'écriture en dogme et la recherche d'un temps perdu en Dieu. Mais je ne suis pas sûre de cela non plus. J'ai l'impression au contraire que l'habile et interminable travail de l'écrivain n'est pas transcendé chez Proust. Il vaut pour ce qu'il est et ne gagne aucune autre hauteur symbolique. Les métaphores, les correspondances, les réminiscences posent un tissage horizontal, interrogent pour la nier systématiquement l'élévation d'une possible verticalité, pas plus qu'elles n'invitent à la révélation d'une immanence consolatrice. Proust parle de son oeuvre comme une robe qu'il assemble. A la fin, elle tient debout, mais elle reste robe. Ne dévoile rien d'autre que son harmonie, son goût exquis et son redoutable sens de l'observation. Sublime pour elle-même, elle se suffit et ne contient rien d'autre qu'elle.

C'est peut-être pour cette raison aussi que, malgré le plaisir toujours plus important que je prends à ces lectures, je ne ferai pas de Proust mon auteur favori et qu'il restera pour moi une connaissance à la fréquentation de laquelle j'attache plaisir et intérêt mais pas de cette tendre et intime complicité que j'aurais pourtant - par snobisme ? - espérée.
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Et voilà j'ai fini le quatrième tome de la Recherche. le plus sulfureux probablement. le titre est clair. Les premières pages encore plus éclairantes. Mais ces premières pages qui racontent une rencontre entre le comte, si imbu de sa personne, et Jupien, le tailleur de l'hôtel de Guermantes, ces pages sont, à elles seules, un monument de littérature érotique dans tous le sens noble du terme.

Et pas dans le sens que J. Teulé utilise dans Héloïse, ouille. Car tout est suggéré, délicat, ... Cette métaphore du bourdon et de l'orchidée est tout simplement extraordinaire. Car Proust doit être prudent en abordant cette question.

Sachant que Proust est homosexuel, sa position est délicate. Ses personnages n'assument pas leur homosexualité. Ainsi Charlus, qui est tellement fier de ses origines, se cache pour être l'amant de Jupien, de Morel et d'autres encore. La question de la religion juive est régulièrement citée avec l'affaire Dreyfus et pour montrer l'hypocrisie des différents mondes que côtoie le narrateur. Et c'est sans doute cette hypocrisie que dénonce M Proust avec son personnage de Charlus. de même comme le narrateur s'affiche clairement comme hétérosexuel, il revendique une position de « non snob », qui est clairement aux antipodes de M. Proust. Un narrateur, sorte d'antithèse, de l'auteur sur certains aspects ?

Un article : https://books.openedition.org/cdf/11825?lang=fr est particulièrement intéressant pour l'identité de M Proust sur les questions de l'homosexualité et de l'antisémitisme. Je vous le conseille.

Mais s'il est question de Sodome, il est également question de Gomorrhe et dans ce texte, l'homosexualité féminine est beaucoup plus rare et n'est que le fait de quelques allusions. C'est plus sur le mode d'accusation, une façon pour les femmes concernées d'échapper à la main mise masculine.

Enfin Sodome et Gomorrhe, ce n'est pas que la partie homosexuelle, juive mais également des réminiscences de sa grand-mère, le retour dans le salon de Mme Verdurin où le narrateur fait se rencontre la noblesse et la bourgeoisie car en Province, est acceptable ce qui ne le serait pas à Paris. Et on découvre à cette occasion la topologie des lieux normands. Comme un rappel des liens familiaux des nobles qui m'a lassé dans le tome précédent. Ici ces information linguistiques et géographiques étaient comme une litanie de pierres semée lors de ces incessants voyages en train sur la côte Normande.

J'ai ainsi appris que "holm" voulait dire ile / ilot...

Enfin je vous partage une question, somme toute dérisoire. Je m'interroge sur une image utilisée dans ce volume. " A cause de cette idée très Guermantes qu'il faut qu'un homme fasse quelque chose, qu'on ne vaut que par son talent, et que la noblesse ou l'argent sont simplement le zéro qui multiplie une valeur..." cette phrase me paraît étrange. Dans le sens où pour les Guermantes la noblesse est une notion essentielle (même s'ils clament le contraire) or si l'on multiplie par 0... on obtient 0. Cette image n'est-elle pas le contraire de ce que souhaitait dire l'auteur. Qu'en ont pensé les amateurs de Proust ?

Bref un volume où il se passe beaucoup de choses et où le style de Proust est merveilleux, flamboyant, bien.










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Je progresse doucement dans "La recherche du temps perdu" et viens donc de finir le 4eme tome de cet incroyable ouvrage.

Nous retrouvons les personnages déjà rencontrés dans les précédents tomes, avec dans celui-ci un focus très long sur Charlus, dont l'homosexualité étonne, dérange, préoccupe, et questionne beaucoup le personnage central de l'ouvrage.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement l'homosexualité masculine qui intrigue longuement, mais également l'homosexualité féminine.

Vaste sujet.... qui traité par Proust devient même un peu longuet ....On en arrive même à penser que Proust ne voit plus que cela partout... comme une obsession.

On retrouve néanmoins cette merveilleuse écriture, cette description unique et délicieuse des milieux aristocratiques, et cet humour bien particulier qui me ravi et dont dont je vous livre un exemple :

- " comment, vous ne m'avez pas vu découper moi même les dindonneaux ?"
Je lui répondis que n'ayant pu voir jusqu'ici Rome, Venise, Sienne, le Prado, le musée de Dresde, les Indes, Sarah dans Phèdre, je connaissais la résignation et que j'ajouterais son découpage de dindonneaux à ma liste."

C'est drôle, même si on ne se tord de rire. Un humour pince sans rire très agréable à lire.

C'est jusqu'à maintenant le tome que j'apprécie le moins, un peu trop long sur le sujet de "l'inversion" avec néanmoins une fin qui s'accélère ( chez Proust cela reste relatif...) où l'on sent qu' Albertine va bientôt devenir un personnage central ....
A suivre donc...

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Première critique écrite avec plaisir, envie, car envie vraiment de faire lire cet auteur, c'est plus un avis, critique ça fait un peu trop littéraire pour un chômeur, vous ne trouvez pas?
C'est à la suite de la lecture d'une citation de Louis-Ferdinand à l'encontre de Marcel ; 300 pages pour expliquer que Tutur encule Tatave c'est trop long à mon goût, qui m'a donné la curiosité de lire l'ancêtre du premier.
Quoi de mieux qu'une lecture alternée, un derby, une comparaison, entre Céline (Guignol's band I et II) et Proust (Sodome et gomorrhe) pour se faire une idée de la justesse de cette citation, ou bien ?
Je me suis donné, étant ignare, inculque, en jachère les moyens d'avoir un regard des plus objectifs car ma critique a pour but d'orienter le futur lecteur (féminin itou) sur l'interêt de les lires(syllepse si jamais le s...!).
L'envoutement de ma personne se fit au Tome quatre d'à la recherche du temps perdu, c'est pas un hasard, voir le titre...!
Etonné positif, subjugué, biché par ce tome 4, il m'a piqué de sa plume l'ami Marcel, je l'ai trouvé charmant, humain, éloquent, bref un vrai gendre idéal.
D'abord j'ai lu le voyage, ensuite Mort à crédit, 1500 pages de Céline faut faire le ménage ensuite sinon vous culbutez la première qui passe, troussée positive, sans sommation, l'épée pas encore sorti du fourreau, sans penser à mal, juste enivré par l'écriture de l'auteur.
Mais qui peut contrebalancer un Céline? quel antidote?
Il l'a donné lui-même, Proust.
En effet ses deux auteurs se compètent, l'un ayant vécu avant l'autre c'est sur que Marcel influence Céline mais que la réciproque malheureusement n'a pas eu lieu, pour cause d'espace temps, on irait rit beaucoup.
Moi ce qui me plait chez les auteurs, ce sont ceux, comme le disait récemment Onfray dans une interview à Bordeaux pour son livre les simulacres, de nos jours tout est plat, aseptisé, prémaché, presque uniformisé, et sans caractère, à l'inverse ce sont les grandes gueules qui donnent du piment aux choses.
Preuve en est ce roman apologue exceptionnel d'humanité.
Les relations humaines mondaines expliqué par un de leur "Fou", "Agitateur", "Amuseur" je dirais sans aucune retenue, c'est assez osé, si j'ose dire.
Attention : c'est une avalanche de connaissance qui défile sous vos yeux et si vous pensiez tout savoir ou réviser pour un jeu télévisé, c'est le livre idéal, j'ai eu l'impression de ne jamais être allé à l'école...!
Quel boulot ça a du être d'écrire tout cela !
Les notes et explications sont essentiel pour savourer l'essence de l'oeuvre, même s'il ne m'en reste que peu au regard du volume, au moins chez Céline je retiens un peu c'est de l'argot, qu'utilise aussi Marcel mais avec sa classe évidemment parcimonieusement, encore un point commun.
Lisez, lisez, l'auteur de "La madeleine" exemple insignifiant de son oeuvre, proféré par des cuistres qui sans ça en choisirait un autre bien plus formateur pour notre civilisation de consommation, voilà, c'est dit, mais je ne reviendrais pas en arrière comme le héros de Sodome, ma rancune envers eux étant tassé.
Quatrième volume sur sept la vertu est franchie (In medio stat Virtus) extrait du volume bien évidemment! Je compte bien finir la recherche, piqué que je suis de cet auteur formateur et partageur d'interprétations de compréhensions, d'explications sur le genre humain, exceptionnel de véracité, de logique et de philosophie, bâti sur la connaissance et le savoir.
J'adore son genre fils à papa, dragueur souffreteux, et intello, tout à fait l'inverse de Céline, deux antagonismes, deux auteurs à lire ensemble, enfin, c'est ma recommandation, pour les réunir dans l'art littéraire, leur art.
Ce sur quoi je n'aurais jamais parié, pas même pour faire plaisir à ma grand-mère, et oui on a un point commun Macel et moi nous étions très proche de notre grand mère, à ce propos, veuillez excuser ma digression, Proust apporte par le truchement de sa maman et de sa grand-mère des principes éducatifs retrouvés chez Sartre, dans les Mots, et donc efficacent, merci à eux !
Important: Proust pas avant 40 ans et Céline surtout avant 15 ans.
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Sodome et Gomorrhe (1921) est le quatrième tome de la recherche du temps perdu, l'oeuvre majeure de Marcel Proust. de la relation du baron de Charlus avec le violoniste Charles Morel et du narrateur avec Albertine. Inutile de s'appesantir sur un classique, a fortiori sur un chef-d'oeuvre, mêlant, non sans une pointe d'humour, mélancolie et ironie.
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C'est l'oeuvre la plus longue de la Recherche du temps perdu, située en plein milieu ; une fois que vous l'avez refermée, vous pouvez prendre un moment pour vous féliciter avant de passer à la suite : vous avez passé le sommet de la montagne. le reste, c'est de la descente.

Ouvrage principalement axé sur le thème de l'homosexualité, ou plutôt de « l'inversion », pour reprendre l'euphémisme consacré, ce tome IV accorde une place privilégiée au personnage de M. de Charlus, déjà savoureux dans le Côté de Guermantes. Si le narrateur pouvait jusque-là vaguement abuser son lecteur sous couvert de fausse naïveté sur les penchants véritables du digne aristocrate, force lui est de constater de la façon la plus frontale la personnalité cachée d'une partie inquantifiable de la population, que la littérature rattache comme par une continuité héréditaire aux fameuses cités détruites par Dieu évoquées dans la Bible qui donnent son titre à l'oeuvre. Et pour cause, le narrateur semble se découvrir comme cerné par les invertis, hommes ou femmes, qui se signalent d'ailleurs en général par leur férocité mondaine vis-à-vis de leurs semblables. Si l'homosexualité masculine est traitée sous un jour volontairement grotesque, comme un milieu de faveurs et de chantages, l'homosexualité féminine bénéficie d'un regard beaucoup plus subtil, beaucoup plus intrigué, beaucoup plus inquiet face à la facilité de leurs pratiquantes à se fondre dans la masse, à commencer par Albertine, avec laquelle le narrateur commence à développer un lien vraiment particulier.

Si la première partie du livre porte plutôt à sourire des frasques exagérément viriles de M. de Charlus, dont plus grand-monde ne semble dupe, qui s'ingénie à trouver les procédés les plus tarabiscotés pour ramener à lui son jeune éphèbe sans avoir l'air d'y tenir, la seconde partie est plus portée sur les nouveaux riches, avant de s'assombrir avec les suspicions qui commencent à hanter la psychologie du narrateur. C'est l'entrée dans le fameux salon des Verdurin où l'ombre de Swann et Odette plane en permanence sur les rituels des habitués cocasses. Ce sont les grands voyages en automobile entre les bras d'Albertine, figure adorée pour ce qu'elle incarne et méprisée pour ce qu'elle est, avec laquelle le narrateur fait l'expérience du soupçon, obsédé par l'idée qu'il ne parvient pas à la saisir et donc à la posséder pleinement. le narrateur occupe une position intenable entre la rupture et le mariage qu'il va bien falloir quitter, choix au sein duquel le bonheur ou le salut de la jeune fille n'ont paradoxalement aucun poids, ni même la perspective de la vie commune, mais qui est entièrement guidé par les exigences de l'équilibre émotionnel immédiat du narrateur.

Je retiens, en plus de la plus longue phrase de la Recherche (de la littérature française ?) qui décrit avec beaucoup de sensibilité et de mélancolie l'existence de l'inverti, la prise de conscience véritable de la mort de la grand-mère au début du second séjour à Balbec, qui constitue un rare moment de douleur authentique dénuée de considération égoïste, tout en caractérisant puissamment le lien qui unit le geste anodin et le souvenir enfoui.
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J'avance dans ma lecture d'À la recherche du temps perdu. Je viens de finir de lire le quatrième tome. J'apprécie toujours autant d'être plongée dans cette atmosphère si particulière.
Dans ce tome, plein de rebondissements.
L'histoire d'amour du narrateur avec Albertine connaît encore plein de rebondissements. Entre désir profond et ennui certain, entre jalousie et vengeance, entre tendresse et amour, il ne sait plus que faire, les revirements de situations sont fréquents.
Le narrateur est toujours aussi torturé qu'angoissé. Son imagination fait des merveilles, augmentant encore ses suspicions.
Le personnage central de ce roman est M. de Charlus, sa vie, ses moeurs et son homosexualité. Un personnage à la fin sympathique et antipathique, haut en couleur et ayant une certaine personnalité bien marquée.
Voyage à Balbec, Deauville, Doncières et sur toute la côte et les terres normandes. Un bol d'air et de mer, du sable, les dunes et des repas mondains un peu ennuyeux parfois. Ils sont trop riches et guindés pour moi, mais ils sont le lieux et la principale activité de cette société bourgeoise qui s'épie, se copie, entre surenchère et richesse, qui se dénigre et se moque.
Entre quiproquo, non-dit et fausses vérités, chaque personnage à ses secrets. Certains sont dévoilés, d'autres non, mais nous lecteurs, on sait...
Atmosphère toujours aussi poétique que humoristique. Comme une critique de la société dans laquelle vit le narrateur. Les caricatures ne manquent pas.
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Je continue mon voyage à la recherche du temps perdu et si j'apprécie chaque étape, Sodome et Gomorrhe m'a fait sentir à quel point chaque tome s'intègre dans un tout d'une plus grande ampleur.

[Attention spoiler dans les lignes qui suivent]

Le narrateur est de retour à Balbec, endroit qui lui rappelle sa grand-mère et leurs moments passés ensemble. Son deuil est si réaliste, sa douleur si poignante, que j'en ai eu le coeur serré.
Une fois passées ces premières et funèbres émotions, le ballet des invitations, des dîners, des visites, reprend de plus belle.

Les relations amoureuses sont au coeur de Sodome et Gomorrhe et le narrateur les observe, les dissèque, que ce soit les siennes ou celles des autres, qu'elles soient homosexuelles ou hétérosexuelles.

Exit Saint-Loup et les Guermantes, place au Baron de Charlus et aux Verdurin. Je préférais les précédents mais l'analyse est toujours aussi fine, l'écriture toujours aussi belle.
Et la petite musique de Proust continue de m'enchanter.
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