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EAN : 9782743658403
528 pages
Payot et Rivages (04/01/2023)
3.56/5   16 notes
Résumé :
À travers huit actes reproducteurs, huit générations d'une même famille sont ici mises en scène, illustrant les rapports entre les femmes et les hommes à travers les siècles.
Qu'il s'agisse du désir partagé ou non, du droit de cuissage, de l'adultère, du sexe cool, du matching génétique, le lecteur est témoin de l'évolution des moeurs et des renversements sociétaux qui ont conduit de la domination masculine à l'après Me Too. Si les relations entre les protag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
UUU UCU UAU UGU AUU ACU AAU AGU…
Non, l'auteur de ces lignes n'a pas succombé à une démence précoce. Ces quelques regroupements de lettres sont des exemples de combinaisons donnant naissance aux soixante-quatre codons du code génétique. Ils sont donc à la base de tous les êtres humains. de toutes leurs différences, leurs ressemblances, leurs particularités. Et c'est avec eux que Laurent Quintreau a joué dans Ève et Adam, un roman qui nous entraîne du XIXe au XXIe siècle à la suite de membres de la famille Marcheville-Froissart.

Comme avait pu le faire Lionel Shriver dans Les Mandible : Une famille, 2029-2047, mais avec une plus grande amplitude, Laurent Quintreau nous convie donc à l'évolution d'une famille à travers les époques, à travers les âges. Et à travers le destin de certaines de ses représentantes. J'ai mis ce dernier nom au féminin car, même si les hommes ne sont pas absents de ce roman, ce sont les femmes qui tiennent le rôle principal, comme le montre le titre. Adam y est détrôné de son habituelle première place au détriment de celle que l'histoire a longtemps cantonné à la place de subalterne. Ne viendrait-elle pas d'une côte de son compagnon ? Eh bien Laurent Quintreau redore son blason et lui assigne le rôle central. N'est-ce pas elle qui porte le représentant de la génération suivante ?

Il n'hésite pas non plus à montrer toute la violence que les femmes ont pu subir. Louison Blanchard, la source du récit, se fait proprement violer par son patron. Comportement hélas bien fréquent en cette fin de XIXe siècle. Mais elle ne se laisse pas faire par la suite et, malgré sa condition sociale bien inférieure (elle n'est qu'une jeune ouvrière sans qualification, sans fortune, dans une société hyper hiérarchisée), elle parvient à tirer une petite épingle du jeu. le ton est donné : Laurent Quintreau ne reculera devant aucune difficulté. Il se permettra, tout au long d'Ève et Adam, de parler de situations scabreuses voire dramatiques avec un ton léger. Mais sans moquerie. Sans mettre de côté la violence de certains actes. Juste avec cette petite dose d'humour qui permet de supporter l'insupportable. Et d'aborder malgré tout des thèmes sensibles.

D'ailleurs, on voit bien ce parti pris lors des descriptions de l'acte sexuel qui amène à la naissance du futur ou de la future héritière. On assiste de manière très scientifique, de conception en conception, à l'entièreté du phénomène : de la bataille des spermatozoïdes à la fusion des deux gamètes. Et cela, avec moult précisions scientifiques. Je dois avouer que je ne connaissais pas tout : la méiose, les gamètes haploïdes étaient des mots que j'avais entendus sans savoir quoi en faire. L'auteur les utilise naturellement, sans ostentation, par petites touches, pour expliquer la répartition des traits physiques, des traits de caractère. L'origine de ces ressemblances ou différences qu'on adore trouver entre les membres d'une même famille. Qui n'a pas entendu à la naissance d'un enfant qu'il ressemblait à son père, à sa mère, à ses grands-parents, à ses oncles ou tantes. Bon, un peu à tout le monde selon la lumière et l'inspiration. Les envies aussi. Il explique ainsi en partie l'évolution des personnages. Émile Zola, quand il a écrit sa gigantesque fresque des Rougon-Macquart, voulait faire oeuvre scientifique. Chaque famille possédait des traits de caractères héréditaires. En mélangeant des représentants de chacune des deux, il s'offrait des possibilités de narration (et de moralisation) dont on voit le résultat.

Laurent Quintreau est moins ambitieux, mais plus avancé sur le plan de la science. Même si l'on ne sait pas encore tout, on a grandement progressé sur la connaissance des mécanismes en jeu et sur les transmissions de caractéristiques. Laurent Quintreau pense sans doute que la science permettra de tout comprendre, un jour ou l'autre : « à quelle loi du désir obéit l'attirance des couples : si la littérature et toutes les méthodes d'observation n'ont jamais réussi à nous l'expliquer, la science de l'infiniment petit finira bien par en percer le mystère. ». Il renouvelle donc ce motif, dans un registre plus léger, comme je le disais plus haut, mais pas moins profond par certaines réflexions et constatations. Diane Doucet, la dernière à venir dans l'ouvrage, choisit de ne pas continuer l'aventure de cette famille : « Elle n'aura aucune descendance, et ce sera mieux ainsi. » Constat un peu amer sur l'évolution des couples. Mais sans plongée dans la nostalgie d'un passé idéalisé (rappelons-nous ce qui arrive à Louison Blanchard).

Je ne connaissais par Laurent Quintreau et je suis allé vers ce roman pour sa petite part d'anticipation. Je ne le regrette en aucune façon tant j'ai apprécié la plume de l'auteur, son ton à la fois désinvolte et impliqué. J'ai adoré suivre les pensées et les aventures des membres de cette famille disparate, certains attachants, d'autres détestables. J'ai aimé ce miroir qui offre une image, subjective mais recevable, des liens qui nous ont unis, nous unissent et nous uniront encore par-delà les années.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Dans la famille Froissard, je demande la grand-mère ; bonne pioche ! (Pour ceux qui ne connaissent pas le jeu des sept familles.)
Ce livre ne parle pas de sept familles, mais filme huit générations de la dite famille « Froissard ».
Réaliser son arbre généalogique peut donner l'envie de s'inspirer de ses aïeux pour en concevoir une épopée livresque romanesque, en référence à son héritage culturel et génétique. Je ne sais pas si Laurent Quintreau fut animé par ce dessein pour écrire un livre qui suggère quelque peu l'oeuvre de Zola et la saga des Rougon-Macquart, car 500 pages, ce n'est pas 20 volumes !
Chaque chapitre ou « livre » est consacré à un membre de la famille, fille ou garçon, qui sera le transmetteur de ses gamètes pour l'héritier(e) suivant(e), et s'achève lorsque la méiose (processus de division cellulaire qui concerne seules les cellules germinales : ovule et spermatozoïde), est en cours ou accomplie en zygote (oeuf), qui contient tout le matériel génétique des deux donneurs, prêt à devenir embryon. Il accompagne aussi la description indispensable du contexte politique, social et économique de chaque génération, ce qui illustre l'environnement culturel dans lequel évolue l'aïeul à ce moment T.
On voit ainsi évoluer l'émancipation des femmes dans leur instruction, leur accession à un niveau de culture et à une profession, égale ou supérieure à celui de leur compagnon (ou compagne) ; à leur rôle toujours dominant dans l'éducation des enfants ; à leur engagement militant et leur tempérament de battantes. Balayés les stéréotypes de la femme soumise et dépendante parce que non éduquée et sans culture.
A l'opposé, le statut de l'homme évolue peu. Il les catégorise en individus souvent superficiels, parfois alcooliques et violents, régulièrement machos transpirant la testostérone, en adolescents irresponsables et faibles, en frimeurs jouisseurs, quelquefois psychorigides. Là aussi, les poncifs sont bien exploités jusqu'à (j'oserai le dire), l'excès. Mais heureusement, dans la lignée héréditaire, ils ne sont pas tous aussi pitoyables, Augustin, Barnabé et William seront les dignes représentants d'une masculinité équilibrée, loyale et responsable, ouf !
C'est un livre plutôt féministe, d'où le titre peut-être, qui place Eve avant son géniteur qui lui a livré sa côte, dénonçant le sort fait aux femmes depuis la genèse, leur accordant leur juste espace dans la société humaine.
De Louison (1852) à Diane (2046), près de deux siècles se sont écoulés entre les huit générations. le jeu de séduction et les rapports amoureux ce sont bien modifiés du second Empire de Napoléon III quand les bourgeois industriels violentaient librement leur employée pucelle sans la menace de me too, à 2046 où la recherche de compatibilité génétique est vérifiée pour s'unir ou procréer.
En plus de Khâgne, l'auteur a dû longuement potasser le domaine de la génétique (ardu), car ses descriptions des réactions chimiques, biologiques et hormonales lors du coït (pré et post), sont très précises. Sans être passionnant, l'ensemble est distrayant, humoristique, caricatural parfois, mais jamais ennuyeux ni impertinent.
Il nous soumet une fin peu glorieuse, quand le dernier livre dresse le bilan prémonitoire de ce XXIème siècle avec la déconstruction de l'humain dont je tairai les causes. Troublant, mais peut-être plausible ?
livre offert par Babelio, masse critique.
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Et bien voilà un livre qui sort de mes lectures habituelles.

L'auteur nous conte une lignée familiale sur huits générations avec pour direction le mystère et le hasard de la génétique, irrigué par une myriade de neurotransmetteur.

Nous sommes plongés dans chaque époque, avec ses spécificités, ses moeurs, revendications et misères, éclairée sous un fond de politique.

J'ai bien aimé la façon dont l'auteur réussi à enchaîner les histoires de chaque protagoniste et à garder ce file de génération en génération. Et ce retour sur les ancêtres par Diane à la première personne.

N'étant pas un fervent partisan du féminisme, du moins du néo féminisme actuel - ce qui a, pour être honnête plutôt un effet inverse sur moi - J'ai un peu moins apprécié ce prisme du livre qui est un des sujets dominant finalement.
Rien n'a été oublié : le patriarcat, la violence physique et sexuelle en passant par la charge mentale des ces dames, l'homme volage etc, etc.
Le méchant homme en somme.
Heureusement que l'auteur compense avec quelques petites "vérités" sur la Femme, par ci par là, trop peu à mon goût.

Cela étant dit, rien de lourd ou d'excessif dans l'ouvrage, du moins les premiers chapitres. Ceci nous permet de prendre ou reprendre conscience de la condition de la femme au fil du temps; qui est loin et a été loin d'être facile et surtout acceptable. Heureusement que les choses ont bougés quoi que l'on en dise.

Je dois bien avouer que je me suis posé la question par moment du "trollage" de la part de l'auteur notamment en poursuivant ma lecture vers la fin car vraiment tout y passe, à se demander si cela n'est pas une caricature pour dénoncer le progressisme et la bien pensance néo féministe présentement, qui nous envoie vers l'entropie de nos structures sociétales ?
Livre vraiment dans l'ère du temps finalement, entre ça, la culture du contrôle et du zéro risque, les avancées technologiques, scientifiques ...

En soi une bonne lecture assez fluide et qui reste assez agréable à lire.
J'ai bien aime ce fil conducteur qui nous ouvre à la réflexion de notre propre patrimoine génétique et nous renvois à nos aïeux, le tout en apprenant dans un langage précis et scientifique.

Espérons que notre futur ne vont pas dans le sens des prédictions de l'auteur...
Quoiqu'il en soit les générations futures auront du soucis à se faire même si cela reste une fiction.

Merci a Babelio et aux éditions Payot-rivages pour l'élargissement de mon horizon culturel et littéraire, sans qui cela n'aurait sans doute été permis sans cette masse critique.
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La présentation d'une famille sur huit générations (du milieu du 19e
au 21e siècle) vue sous le prisme de la conception et de l'acte reproducteur de certains de ses membres.

Belle idée romanesque. Roman résolument féministe, subtilement politique, et truffé de références scientifiques et historiques passionnantes.

Vraiment une très belle surprise de cette rentrée littéraire d'hiver !
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J'ai eu la chance de découvrir ce roman en participant à une masse critique organisée par Babelio que je remercie, de même que je remercie les éditions Rivages.
Je me faisais une joie de commencer le roman, car à la lecture de la 4ème de couverture, l'histoire d'une même famille sur plusieurs générations avec comme sujets principaux la reproduction et les relations hommes/femmes m'a beaucoup attiré. Je pensais que le fait d'aborder MeToo et la domination masculine sous forme de roman plutôt qu'un documentaire serait plus facile à lire. Malheureusement pour moi, le style d'écriture de Laurent Quintreau n'est pas fait pour moi, la partie qui décrit la fécondation de l'ovule est expliquée avec des thermes trop scientifiques, puis très vite il est question aussi de politique. 2ème point qui pour moi m'ont fait perdre le plaisir de la lecture de ce roman.
Dernier point qui m'a décontenancé, sur 8 générations et en presque 2 siècles d'histoire, il n'y a eu qu'une seule histoire d'amour. le reste était violence, viol, mariage de convenance ou encore le désir d'avoir un enfant. N'y a-t-il plus d'amour dans notre société ?!
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Chacun porte avec soi, dans ses traits et dans sa démarche, tout ce qu'il est, les ouvrières leur misère, les employés leur ambition, les patrons le sentiment de leur importance, les gueules cassées l'horreur de la guerre.
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Le capitalisme a triomphé, non par le glaive et le feu mais en prenant racine dans l'endroit où il est le plus difficile à combattre : à l'intérieur de nos corps, de nos cerveaux, de notre désir éperdu de confort.
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Au centre d’un nid de coton douloureux, Sophie de Marcheville tente désespérément de s’agripper aux mots comme à la promesse d’une terre ferme, ligne de flottaison immédiatement submergée de bourrasques d’adrénaline et de cortisol. Si, pour beaucoup de jeunes filles de sa condition, la vie peut ressembler à un rêve de princesse, la sienne s’apparenterait plutôt à une suite de petits cauchemars sans queue ni tête.
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Mais il faudra attendre le XXe siècle pour comprendre qu’il suffit d’un simple dérèglement biochimique, d’un minuscule dysfonctionnement de telle protéine, d’une infinitésimale carence de telle molécule, pour que la vie ne vaille pas la peine d’être vécue.
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Mais seul le grand Esprit de la nature a le pouvoir de présider en direct au brassage de la méiose. Maitre absolu du hasard, ricaneur sans miséricorde ni malveillance, il joue avec les combinaisons possibles et avec les nerfs, contrevenant parfois aux desiderata premiers des principaux intéressés: unetelle complexée par son allure de pot à tabac peut très bien devenir la maman d'un pot a tabac miniature, unetelle détestant sa belle-mère n'est nullement à l'abri d'accoucher du portrait craché de ladite belle-mère - et avec un peu de chance, elle en héritera également le caractère, les névroses, les manies et les intonations-, ressemblance dont on imagine les conséquences sur les futures relations mère-fille.
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