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Le sultan Amurat conduit pour Byzance, le siège aux portes de Babylone.
En cas d'échec il sera abandonné par ses troupes composées de janissaires. Cela réjouit le vizir Acomat qui, resté à Bysance, complote contre son maître.
Il veut se révolter et pour cela se servir de l'amour de Roxanne, sa favorite, pour Bajazet le frère du sultan, condamné à mort par celui-ci mais gracié par Acomat qui espère le placer sur le trône.
Roxanne avoue son amour pour Bajazet à Atalide qui l'aime aussi.
Bajazet, hésitant, est sommé de choisir entre la mort et le mariage, il se soumet. Atalide veut alors mettre fin à ses jours mais Bajazet lui prouve son amour en dédaignant la femme qu'il va épouser.
Au terme de multiples détours d'une passion qui étreint chacun de ses personnages, Acomat s'enfuit, Bajazet et Roxanne sont assassinés et Atalide se suicide...
C'est une tragédie en vers de cinq actes crée pour le Théâtre de l'hôtel de Bourgogne que présente Jean Racine en 1672. Elle est publiée la même année.
Elle est inspirée d'événements qui se passèrent à la même époque en Turquie. Elle fut pour Jean Racine un grand succès, expliqué en grande partie par la beauté de l'écriture et par la poésie provoquée par l'atmosphère du sérail où se joue cette tragédie particulièrement sanglante.
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Bajazet est la septième pièce de Jean Racine, suivant Bérénice et précédant Mithridate. On peut dire qu'elle confirme le génie du Maître. Conciliant un certain orientalisme avec un exceptionnel talent de construction d'intrigues, il a réussit encore une fois à m'enchanter. Mais quel Maître, quel auteur, bon sang !
Quel Maître de la construction d'intrigues, tellement habile dans la construction de ses intrigues !...
Une grande oeuvre, par un Maître du théâtre tragique et du théâtre tout court.
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Créée en janvier 1672 à l'Hôtel de Bourgogne, la pièce va connaître un franc succès, mais se maintiendra moins longtemps à l'affiche que d'autres pièces de Racine, et elle ne figure pas parmi les oeuvres de l'auteur les plus jouées. Elle sera publiée pour la première fois quelques mois après sa création. Racine a déclaré s'être inspiré d'un fait historique réel, rapporté par l'ambassadeur de France à Constantinople, le comte de Cézy, l'assassinat de deux de ses frères par le sultan Murat IV. Ce récit a d'ailleurs inspiré avant Racine, Ségrais dans les Nouvelles françaises. C'est Ségrais qui a introduit le motif de la sultane amoureuse dans l'histoire. Il est aussi probable que Racine ait utilisé pour bâtir son intrigue un épisode du roman d'Héliodore, Théagène et Chariclée.

Nous sommes à Constantinople, dans le sérail du sultan Amurat ( Murat IV). Ce dernier est à la guerre, et il a délégué une partie de son pouvoir à sa favorite, Roxane. En particulier, elle doit veiller sur Bajazet, un jeune frère du sultan, en sursis, pouvant être exécuté à toute heure, selon le bon plaisir du sultan, qui craint d'être un jour détrôné par son frère. Mais Roxane est tombée sous le charme de Bajazet, et envisage d'utiliser son pouvoir pour mettre ce dernier sur le trône à la place d'Amurat. Elle est encouragée à le faire à la fois par le grand vizir, Acomat, qui quelque peu en disgrâce, craint l'avenir que lui réserve Amurat, mais aussi par Atalide, une jeune fille de sang royal, en réalité amoureuse et aimée de Bajazet, qui essaie de le sauver et de le faire accéder au pouvoir, en entretenant la flamme de Roxane dans une forme de duplicité. Tout ce petit monde est en attente de connaître le sort de la bataille décisive que doit livrer Amurat, sa mort ou sa victoire pouvant changer la donne.
Roxane finit par se décider à franchir le pas, et soutenir Bajazet, appuyée par les soutiens d'Acomat, mais elle demande à Bajazet de l'épouser. Ce dernier ne veut pas, même pas faire semblant, et Roxane est prête à le faire tuer. Atalide, malgré sa jalousie, pousse Bajazet à feindre, en le menaçant de mourir avant lui. Roxane se laisse facilement tromper, et tout semble fonctionner comme prévu. Mais la jalousie d'Atalide se manifeste, et Bajazet se montre de nouveau froid avec Roxane, qui est par ailleurs sur pression, suite à la victoire d'Amurat, et l'arrivée d'un de ses serviteurs, venu surveiller l'exécution des ordres de son maître. La pièce se dirige vers sa fin tragique et sanglante.

Au final, le personnage le plus important de la pièce, est un absent, Amurat. C'est lui qui a mis en place la situation initiale : Bajazet enfermé et promis à la mort, le pouvoir donné à Roxane, la semi disgrâce d'Acomat qui le pousse à comploter. C'est lui aussi qui provoque en fin de compte le dénouement. Les personnages en présence en paraissent quelque peu dépourvus de consistance. Sauf Acomat, qui a clairement fait son choix et se montre très conséquent dans l'exécution de ses projets, les personnages principaux sont tous en face à un dilemme insurmontable. Roxane, hésite entre la voie confortable de rester la favorite d'un homme qu'elle n'aime pas, et risquer de tout perdre en faveur d'un homme qu'elle aime. Atalide est partagée entre son amour, qui la pousse à encourager Bajazet à courtiser Roxane, et sa jalousie et sa crainte de le perdre. Bajazet, qui même s'il est le personnage titre, est peut-être le plus pâle, répugne à se montrer malhonnête avec Roxane, qu'il méprise, à mentir et tromper, même s'il sait que sa vie et le pouvoir sont en jeu. Ce sont quelque part les femmes et Acomat qui le poussent à adopter un comportement qu'il désapprouve, et qui se livrent à travers sa personne à des jeux de pouvoir, qui lui échappent en grande partie. Roxane et Atalide sont finalement perdue par la passion, qui les empêche d'analyser la situation avec lucidité, et qui les fait agir de manière impulsive et qui les mènera à leur perte.

La situation est très ramassée, l'unité de lieu (une pièce du sérail), de temps (la journée où les personnages attendent de connaître le sort d'Amurat) et d'action (la mort ou l'accès au pouvoir de Bajazet) se justifient pleinement, sans rien d'artificiel ni forcé. le sérail, lieu d'enfermement, labyrinthique et étouffant, où les choses se décident entre deux teintures qui étouffent les voix, où des assassins muets peuvent à n'importe quel moment transformer n'importe qui en cadavre, est un endroit extrêmement propice à la tragédie.

Une très bonne pièce, qui mériterait d'être plus jouée.
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Encore une fois, c'est grâce à un podcast de France Culture que je ressors une tragédie classique, Bajazet de Jean Racine, de ma bibliothèque, histoire de combiner relecture et audio-lecture.

Bajazet est d'inspiration orientale ce qui est plutôt « moderne » pour l'époque bien qu'en 1672, la Turquie soit à la mode. de plus, les sources de Racine sont très récentes et véridiques, ainsi qu'il le précise dans sa préface : « M. le comte de Cézy était alors ambassadeur à Constantinople. Il fut instruit de toutes les particularités de la mort de Bajazet ; et il y a quantité́ de personnes à la cour qui se souviennent de les lui avoir entendu conter lorsqu'il fut de retour... M. le chevalier de Nantouillet est du nombre de ces personnes. Et c'est à lui que je suis redevable de cette histoire, et même du dessein que j'ai pris d'en faire une tragédie ».
L'action se passe dans les secrets du sérail. Se sentant en disgrâce, le grand vizir Acomat conspire pour que le frère d'Amurat, Bajazet, élevé dans le gynécée, devienne sultan. Il imagine une rencontre entre ce dernier et Roxane afin qu'elle tombe amoureuse de lui et qu'il accède au titre. Or, la princesse Atalide, qui lui sert d'intermédiaire, et Bajazet s'aiment en secret. Amurat donne à Roxane l'ordre de faire exécuter Bajazet dont elle s'est réellement éprise.

Cette tragédie n'est pas ma préférée de Racine ; j'avoue ne guère ressentir d'empathie pour les personnages ni d'intérêt particulier pour la trahison amoureuse et politique orchestrée par Acomat.
Les enjeux publics et privés et la succession des déclarations d'amour sont difficiles à suivre : Bajazet doit faire une déclaration publique avec l'accord de Roxane mais, pour se déclarer publiquement, Roxane exige de Bajazet un aveu plus sentimental, plus intime… La parole de Bajazet est doublement empêchée et source de péril : si le mensonge qu'il entretient par son silence lui fait horreur, il risque en se montrant sincère, de mettre en danger la vie d'Atalide.
Au troisième acte, tout est question de mauvaise interprétation des un(e)s et des autres : Acomat a cru voir les signes d'une parfaite entente entre Roxane et Bajazet et Roxane a interprété le trouble de Bajazet comme la manifestation d'un émoi amoureux tandis que la Jalousie d'Atalide va précipiter les choses quand arrive l'ordre du Sultan de faire exécuter Bajazet.

Bajazet est un drôle de héros, peu crédible : dans une civilisation orientale qui semble vouée au despotisme sanguinaire, il incarne une éthique chevaleresque qui lui a valu son enfermement au sérail, car Amurat le considérait comme un dangereux rival… Paradoxalement, je l'ai trouvé pathétique, perdu dans ses effets de galanterie, incapable de feindre et de biaiser devant Roxane.
Atalide aussi m'a prodigieusement agacée : elle ne s'est pas montrée à la hauteur du plan dans lequel elle avait un rôle à jouer. Elle avait pourtant toutes les clés en main, à la fois une certaine influence sur Roxane et tout pouvoir sur Bajazet ; mais elle a été incapable de se maîtriser, s'évanouissant au pire moment et laissant découvrir ainsi un message compromettant de son amant.
Face à eux et à leurs faiblesses, Roxane incarne la tyrannie faite femme ; elle voudrait convertir son pouvoir sur les vies en pouvoir sur les coeurs. Sa toute-puissance qu'elle tient d'Amurat, est éphémère et illusoire puisque son double-jeu sera percé à jour par le sultan qui va la manipuler et l'intégrer à sa vengeance…
Le grand vizir Acomat est le seul à rester lucide bien que ses calculs aient échoué à causes de passions amoureuses incontrôlables ; d'ailleurs, il sera le seul à tirer son épingle du jeu, ayant anticipé sa fuite avant le retour du sultan au cas où les évènements ne se seraient pas enchaîné comme prévu dans son plan.

Je retiens cependant comme clé de lecture le lieu emblématique et transgressif du sérail, symbole de l'enfermement qui illustre le pouvoir du sultan sur ses femmes, ses esclaves et ses serviteurs. C'est un espace clos et labyrinthique, où les portes sont fermées et ouvertes à la dérobée, où des chemins secrets conduisent à des endroits écartés mais où Roxane, en l'absence du sultan, règne en maitresse et où les hommes ne sont guère à leur aise.
La transgression vient de l'inhabituelle circulation masculine dans le gynécée. Depuis des mois, des messagers transitent entre Byzance, Babylone et le sérail ; les allées et venues fébriles n'épargnent pas le quartier réservé aux femmes et les appartements particuliers de la sultane.
Cependant la communication est complexe car il est impossible de se parler directement tandis que les rumeurs sont colportées et que la médiation dont est chargée Atalide est faussée par ses propres sentiments pour Bajazet.

Ces deux relectures de Bajazet ne m'ont pas convaincue… Je demeure peu captivée par cette valse-hésitation.


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Histoire tragique d'un frère de sultan, Bajazet, dont deux femmes sont amoureuses....
L'une sultane, favorite de son frère parti guerroyer, et l'autre son amie d'enfance dont il est amoureux depuis toujours.
Forcément, ça finit mal !
La seule chose qui m'a réellement plu, c'est la construction en alexandrins, la musicalité de ce texte est géniale.
Le sujet bof, mais c'était pour une bonne cause, le challenge solidaire 2021 !
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(...) Comme dans beaucoup de tragédies de l'époque, on se retrouve avec un pentagone amoureux compliqué et assez convenu. Embrouillé par-dessus le marché par un complot politique qui titube suivant les hauts et les bas du jeu des « je-t'aime-moi-non-plus » entre les protagonistes. Bon, et évidemment ça finit très mal pour tout le monde ^^

J'avoue que j'ai eu du mal à m'intéresser à cette intrigue, c'était assez répétitif dans la construction et, si la plume de Racine est plutôt agréable, elle ne propose pas dans cette pièce de répliques spécialement inspirées. Tous les personnages sont pénibles, ils n'ont à offrir qu'une succession de lamentations et de menaces. Avec leur côté obsessionnel, on aurait dit des personnages de drama 😆

Pas la meilleure pièce de Racine à mon avis, mais c'était intéressant de découvrir un texte qui surfait sur la mode de l'époque des « turqueries ».
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Cette tragédie en cinq actes de 1672 traduit l'engouement de l'époque pour les "turqueries" ,on y retrouve les ingrédients exotiques et les stéréotypes sur le pouvoir ottoman (Vizir qui veut être sultan à la place du sultan ,douceur très relative des transitions de pouvoir, intrigues du sérail...). En s'inspirant de faits réels qu'il tord un peu Racine construit une intrigue tragique à souhait ,amour impossible et mort imminente constamment enlacés et les magnifie par ses vers incomparables.
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Toute la cruauté, et la complexité politique d'un Orient qui pour être un décalque des sombres intrigues de la cour de France n'en est pas moins historique..

En l'absence du sultan, Roxane, sa favorite, doit faire exécuter Bajazet. mais elle l'aime, donc elle ourdit un complot contre le sultan pour sauver Bajazet...et l'épouser. Bajazet est très moyennement enthousiaste: il aime Atalide et en est aimé...Quand cette furie de Roxane s'en aperçoit, c'est un déchaînement de jalousie, de violence, de représailles...Tout finira très mal, comme il se doit dans une tragédie.

Moins linéaire et "pure" dans son déroulement que ses tragédies grecques ou romaines, plus enchevêtrée, trop compliquée et par là même moins "lisible" que ses autres tragédies, "Bajazet " vaut surtout pour le personnage de Roxane,monstre féminin hors norme, tigresse de harem prête à toutes les turpitudes pour arriver à ses fins. A côté d'elle Hermione est un petit lynx apprivoisé...c'est dire!
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Modèle récurrent du classicisme, Bajazet est une pièce de théâtre tragique de Racine qu'on ne présente plus. Jalousie, trahison, mort, le tout sur un décor et une atmosphère orientale. Tout pour plaire, surtout en 1672.

L'ambiance est sombre. le tragique et la fatalité placent son ombre sur toute la pièce, à tout moment jusque dans les mots, la forme et les vers. C'est non seulement un travail d'analyse et de recherche très intéressant à faire, mais surtout un grand plaisir de découvrir un tel texte dont le travail et le lyrisme offrent quelque chose de beau et artistique.
A côté, les personnages ne sont plus très originaux pour notre époque, cependant ils sont parfaits en tant qu'esclaves du drame qui se prépare, se dessine et s'exécute. Ils le pressentent, le vivent et y succombent. Avec résignation et presque avec soulagement.

Une lecture ardue pour ceux qui n'auront pas l'habitude de l'écriture versifiée. Cependant ils ne doivent pas oublier que cela apporte toutefois cette belle touche poétique et une beauté certaine à la pièce de théâtre. En réalité, c'est à mon avis le texte en lui-même, sa forme et sa composition, qui font tout l'intérêt de la pièce car à bien y réfléchir, l'intrigue nous parait plus très originale aujourd'hui.
Bajazet n'est pas ma pièce préférée de Racine, mais j'en conserverai sans aucun doute un souvenir marquant.
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Encore une fois, la maîtrise totale qu'a Racine de la langue française et sa manière unique et incroyable d'écrire une tragédie fait en sorte que la lecture est un plaisir de chaque instant. Je suis béate d'admiration devant la simple beauté de la langue et je ne peux qu'être enchantée par sa manière de raconter Bajazet.
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