Les qualifications d'utopiste, de visionnaire, dont on n'avait cessé de l'affubler, et qui l'avaient laissé totalement insensible, lui firent soudain mal. Ce que disaient les confrères de son âge, qui possédaient depuis longtemps leurs agences, qui bâtissaient des ébauches de villes ignobles certes, mais tout de même des ébauches de villes, qu'un architecte qui ne construit pas n'existe pas lui paraissait soudain une cruelle évidence. Un peintre n'est pas obligé de vendre son tableau, ni de l'exposer. Un tableau a sa vie propre. Mais une architecture non construite est une architecture fantôme. (p.29)
Lorsqu'il rencontra Sylvia, sa première femme, il venait juste d'être diplômé, l'un des rares autodidactes d'ailleurs, et l'un des rares prolos, qui aient jamais été diplômés à l'école des Beaux-arts, l'architecture étant une chasse gardée de la bourgeoisie. Depuis deux ans il dessinait sa ville idéale. (p.27)
- "Histoire de l'architecture et de l'urbanisme modernes. Volume 1, 2 et 3", Michel Ragon, Points https://www.librest.com/livres/histoire-de-l-architecture-et-de-l-urbanisme-modernes--volume-1-ideologies-et-pionniers--1800-1910-michel-ragon_0-2712854_9782757814796.html?ctx=6131117a2919d5d1ed4c78e297996c36
- "La mémoire des vaincus", Michel Ragon, le livre de poche https://www.librest.com/livres/la-memoire-des-vaincus-michel-ragon_0-841261_9782253059509.html?ctx=c861d676e5f970f74a9de2ea7154ff7d
- "Les visionnaires - DVD", Julien Donada, Petit à Petit production