Michel Ragon choisit de nous présenter un
Rabelais vieillissant et quelque peu aigri, logé à Saint-Maur-des-Fossés dans une masure proche du château du cardinal qu'il sert,
Jean du Bellay, proche de
François Ier puis de son fils et successeur Henri II.
Les discussions avec son maître
Jean du Bellay, avec son serviteur Gui, un moinillon fugueur, avec son ami Philibert de l'Orme, grand architecte qui influença fortement le domaine et en particulier l'architecture de la Renaissance, permettent à la fois de revenir sur sa vie passée, notamment sur son oeuvre littéraire, et sur les problématiques du temps (
François Ier est mort depuis peu, Henri II accède au pouvoir, la censure morale, politique et religieuse retient chacun de respirer, les querelles théologiques battent leur plein – le camp du pape à Rome, le camp de Calvin à Genève, et la gallicanisme en France). le fil conducteur étant que tous veulent le forcer à donner une suite aux aventures de
Pantagruel (derrière lequel se cache
François Ier) pour faire valoir Henri II, ce qu'il refuse obstinément – au départ.
J'ai trouvé la structure narrative un peu lâche au départ, et peu « prétexte ». Certains points sont traités plusieurs fois avec des approfondissements variés, mais cela donnait par moment une impression brouillonne plus que construite. J'ai beaucoup regretté l'absence de sources bibliographiques et c'est vrai que je m'attendais et j'attendais davantage de détails sur les différentes étapes de sa vie, notamment ses années d'étude.
Cependant, j'ai beaucoup apprécié d'être plongée dans l'esprit humaniste bien retranscrit : grâce aux portraits de personnalité telles que
François Ier (forcément) et
Marguerite de Navarre (qu'il idolâtre à la manière d'un amant courtois d'après l'auteur – quelles sont ses sources ? J'aimerais vraiment le savoir !) ; à l'évocation des amitiés et/ou querelles avec
Clément Marot et Calvin ; les jeunes
Ronsard et
Du Bellay (Joachim, petit neveu du cardinal), futurs membres de la Pléiade qui vont fortement influencer la littérature et la langue française, dans un sens opposé à celui de
Rabelais – qui peste donc contre eux ; son travail et ses découvertes et innovations en médecine, se basant sur les sources antiques grecques qu'il a lui-même traduites (et non lu en latin traduit de l'arabe qui avait traduit le grec…).
Pour résumer, j'ai trouvé la forme parfois maladroite et un peu forcée mais le fond très intéressant, me donnant envie d'approfondir encore un peu la période.