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sur 1860 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman d'Atiq Rahimi. Prix Goncourt 2008. (Je n'ai jamais qu'un an de retard...)


"Syngué sabour (du perse syngue "pierre" et sabour "patience"). Pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s'agit d'une pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères... On lui confie tout ce que l'on n'ose pas révéler aux autres... Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate... Et ce jour-là, on est délivré." (Quatrième de couverture)

Une femme afghane veille son époux, immobile, absent et silencieux depuis qu'il a reçu une balle dans la nuque. Pieuse d'abord, elle égrene les noms d'Allah au rythme des boules d'un chapelet, et entoure son homme de soins attentifs et inquiets. le silence et l'impassibilité de l'homme ont peu à peu raison de sa patience et de sa retenue. Seule face à l'homme, elle parle pour la première fois, raconte ses attentes déçues, ses trahisons et ses décisions de femme rebelle. Elle dit sa haine de la guerre qui lui a volé plusieurs fois son époux, sa haine d'une religion qui place les principes au-dessus de l'amour. Dans une chambre, elle prend possession de l'esprit de son homme, en fait le réceptacle d'une vie perdue et d'aveux indicibles.

D'abord gênée par le ton du texte et son sujet, je me suis laissée prendre à la beauté des mots. Je n'aime pas les récits qui parlent de maladie, d'infirmité et de diminution physique. Encore moins ceux qui montre l'emprise d'un personnage sur un autre, malade. C'est un voyeurisme qui, plus encore que tous les autres, m'écoeure.

Mais il y a dans la plume d'Atiq Rahimi une pudeur au coeur même de l'étalage, une retenue subtile avant le débordement. La femme parle avec haine parfois, colère et lassitude très souvent. Elle blasphème, se repend dans l'instant, et recommence. Son discours est une mélopée sans fin. La narration même participe de tous les aveux de cette femme coupable et blessée. Les descriptions sont des cantiques. Tout dans la langue de l'auteur est célébration, quel que soit l'objet de cette célébration.

Il y a peu de gestes, même si le texte est riche en allusions visuelles, en beautés cachées et en horreurs dissimulées. Mais de mouvements, on ne saurait dire qu'ils abondent. Ce qui rend la conclusion, la dernière page si impressionnante, si troublante! Impossible d'en dire davantage sans déflorer toute une narration subtile et très richement construite.

C'est une belle lecture, mais il vaut mieux être bien dans ses baskets avant d'ouvrir le livre. Déprimés s'abstenir...


Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Un livre dur, sombre, sur la condition des femmes afghanes. Devant son mari dans le coma suite à une blessure de guerre, une femme livre ses secrets, son ressenti sur la brutalité masculine. Son mari est l'éponge qui doit absorber la colère jusqu'alors cachée de la femme, la pierre de patience (Syngué sabour).
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Syngué sabour : pierre de patience... Une légende dit qu'il existe une pierre magique, à laquelle on peut confier toute sa détresse, tout ce qui nous travaille. La pierre reste là, impassible et un jour elle explose : ce jour-là, cette personne est libérée.
Quelque part, en Afghanistan ou ailleurs, une femme veille son mari dans le coma. Son mari violent et absent est là, devant elle, si vulnérable. Elle compte les jours, énonce les noms d'Allah, et recommence. Puis s'impatiente. Alors elle commence à parler. A faire sauter un à un les verrous de sa prison. A dire sa colère, son indignation, à exprimer ses désirs, à révéler ses secrets à sa "pierre de patience", jusqu'à ce qu'elle explose. Ce jour-là, l'épouse de ce soldat afghan sera devenue une femme libre.
Ce court roman est un récit criant d'humanité, rédigé dans un style qui suit les états d'esprit de cette jeune femme. Des phrases courtes quand elle hésite, des paragraphes longs quand elle ose.
Un très beau récit mais l'ensemble m'a semblé un peu froid, détaché. Peut-être que c'est ce qu'il faut pour explorer efficacement les recoins d'une jeune épouse d'Afghanistan ou d'ailleurs...
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Un livre pas toujours facile à lire du fait du contenu, mais au final, je l'ai très vite lu : une fois en main, je ne l'ai plus lâché : une ambiance particulière, si bien rendue, si réaliste ...
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J'ai vu le film. Il montre la condition de la femme en afghanistan. On a l'impression de revenir au moyen âge
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"Le froid ou l'émotion, les larmes ou la terreur saccadent son souffle. Elle tremble."

Un livre sur les pensées d'une femme qui enfin peu parlé, pleuré, caresser, aimer. Un livre riche d'images, d'instants suspendus. Qui mériterait une belle adaptation. Dans ce contexte de la folie des hommes, elle perd l'esprit et sa langue se délient, son corps et ses démons aussi. Place de la femme, des armes, du sang, du sexe, de la religion, de Dieu. Un livre que l'on ferme et dont le silence flotte longtemps au dessus d'un rideau d'oiseaux migrateurs qui resteront prisonniers de la poussière, ne s'envoleront jamais si ce n'est par la pensée.

Et quelle chute. On n'en saisit pas le sens exacte. Peu être que c'est à nous de le choisir ? le mystère flotte, comme son âme ? On ferme le livre et on se sent petite, si petite face à cette violence.

"La nuit vient et repart. Elle emporte les nuages et la brume avec elle.

Le soleil est de retour. Avec ses raies de lumière, il amène la femme dans la chambre. "
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Une jeune femme, sans doute afghane, soigne son mari. Celui-ci est sur son lit et ne bouge plus, ne parle plus ; il ne fait que respirer. le mollah a conseillé à la femme de réciter chaque jour un des noms d'Allah en égrenant son chapelet.
Mais petit à petit la guerre se rapproche, et la femme confie ses deux filles à sa tante, car leur maison est en pleine zone de combat. Elle revient voir son mari pour lui remettre sa perfusion et du collyre dans les yeux. Et elle se confie à lui...

Soyez patient, car le récit est abrupte au départ et ne devient intéressant qu'au bout de quelques pages.
Etonnnant qu'il n'ai pas reçu une fatwa (mais ce n'est peut-être plus la mode !) car l'auteur y expose des idées plutôt subversives.
Un livre qui ne laisse pas insensible.
Lien : http://lescouassous.over-blo..
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Pour Atiq Rahimi, Syngue Sabour est cette pierre à la Mecque à qui l'on confie ses malheurs, et qui suffisamment chargée explose pour annoncer l'apocalypse.

On ne pouvait choisir métaphore plus percutante pour le récit de cet auteur afghan : dans un huis-clos sur fond de guérilla, une femme oppressée par sa condition se libère. Elle se confie à son homme, un soldat du jihad plongé dans un coma profond par une balle.

Plus qu'un roman engagé, le récit statique distille une violence qui s'en va crescendo et nous rend spectateur impuissant des aveux de cette femme, écrasée par les traditions.
.
Atiq Rahimi dédie son histoire à Nadia Anjuman, poétesse afganne batue à mort par son mari car elle était "trop libre".

Pour aller plus loin, l'histoire possible en tous lieux, racontant toutes oppressions, me fait penser au Message d'André Chedid. Un Goncourt qui se mérite (for once ^^)
Lien : http://ranatoad.blogspot.com
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"Syngue sabour" Pierre de patience, Un huis clos surprenant , on touche aux plus intimes des sentiments, cette femme nous dévoile ses secrets et dépeint la difficile et douloureuse condition féminine en Iran ou dans toute théocratie obscurantiste.

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Je n'avais jamais lu un prix Goncourt avant "Singué Sabour", je suis heureuse d'avoir choisi celui-là. Il m'a laissé l'envie d'aller sur la côte Atlantique me trouver un petit caillou auquel je pourrais raconter mes secrets et mes émotions sans pudeur. Un chef-d'oeuvre.
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