Ce livre se passe vers la fin de la première guerre mondiale, aux Etats Unis, dans une bourgade reculée de l'Amérique profonde, très profonde et rurale.
J'ai lu ce livre avec un intérêt mitigé. Les descriptions de la nature sont assez belles et évocatrices. L'atmosphère est tantôt boueuse, voire bouseuse, tantôt élégiaque, autour du personnage féminin de Laurel, jeune femme désirante, mélancolique, et pleine d'amour, rejetée par l'ensemble de la population pour une tâche de naissance qui lui cause une réputation de sorcière. Cette partie, autour de la nature et de Laurel, fait tout l'intérêt du livre.
En revanche, les dialogues, les conversations sont souvent dénuées d'intérêt, longues, prosaïques, et certaines sont amplement dispensables.
A mon sens, on ne peut pas vraiment qualifier ce livre de « roman » . C'est plutôt une sorte de nouvelle étirée sur la longueur. le scénario tient en une ligne, je ne le dévoilerai pas pour ne pas ternir l'intérêt du lecteur. le propos est banal, voire simpliste : quand il y a une guerre, les haines envers des hommes de pays ennemis se déchaînent de façon irrationnelle et violente. Oui, en effet, la bêtise des hommes n'a pas de limites, surtout quand il est question d'identification patriotique. Mais enfin on n'a pas attendu
Ron Rash pour le savoir, et situer ce propos dans un contexte de première guerre mondiale (pour changer un peu, dirons nous, de la suivante...) ne renouvelle pas le propos. D'aucuns diraient que nous avons là « un vibrant appel à l'amitié entre les peuples » ou un roman montrant que « l'amour transcende toutes les haines »… Autant dire, une belle série de clichés.
La construction dramatique montre que
Ron Rash maîtrise les codes du roman policier : le prologue place un suspense qui tiendra le lecteur jusqu'au bout du roman : mais à qui appartient ce crâne retrouvé au fond du puits ? Peu à peu, on se demande : qui va mourir, qui va en réchapper ? En somme, sur quelle(s) tête(s) va s'abattre le drame, et de quelle façon ? Mais au fond, cela apparaît, au fil de la lecture, comme une technique narrative et dramaturgique. Reconnaissons cependant à
Ron Rash d'avoir, en bon auteur de polars, ménagé une réponse à ces questions qui surprend légèrement le lecteur. Pas de quoi être bouleversé néanmoins, puisque l'on sait d'emblée que tout cela va mal finir.
Pour ma part, ce genre de récit manichéen, où la question de qui est le méchant et qui est le gentil, et de si ça finira bien ou mal, (et pour qui), ne m'intéresse pas, et ne relève pas de l'art du roman.
Je ne recommande donc pas cette lecture, et me dispenserai de lire les autres livres de son auteur.
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