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3,98

sur 660 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour dénoncer la bêtise humaine, la peur de l'autre, les préjugés et le nationalisme étriqué, Ron Rash nous emmène en Caroline du Nord, dans un vallon étroit qui ne laisse aucune chance aux rayons du soleil.

Un frère et une soeur vivent dans une ferme isolée. Lui est revenu amputé de la 1ère guerre mondiale, elle vit quasi recluse à cause d'une tâche de naissance que les habitants superstitieux considerent comme une marque de sorcière. Mais Laurel a des ambitions, elle veut devenir institutrice ; et des rêves, elle veut quitter cette "terre d'ombre" et vivre dans la lumière.
Et c'est un mystérieux joueur de flûte qui, sans prononcer le moindre mot, va la guider vers la clarté.
Jusqu'au moment, digne d'une tragédie antique, où la cruauté et la bêtise des hommes vont jeter définitivement un voile noir sur ce vallon désolé qui venait à peine de s'illuminer.
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Ron Rash serait-il le Johannes Boe de la littérature américaine?

Avec "Un pied au paradis", "Le monde à l'endroit" et "Une terre d'ombre" il signe pour moi un véritable tir grouppé.
Le dernier étant le plus abouti, à mon sens, par la rigueur, la simplicité et le réalisme de la trame dramatique.

L'ambiance rude et rurale a évoqué chez moi le souvenir de "L'espagnol" de Bernard Clavel à plusieurs reprises.

Une de mes meilleures lectures des 12 derniers mois.





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Après Un pied au paradis et le monde à l'endroit je retrouve Ron Rash dont les personnages évoluent dans un décor des Appalaches tantôt envoûtant et inquiétant tantôt serein et lumineux.

Dès les premières pages, on sait qu'un drame va se dérouler dans ce vallon.
Les personnages principaux, Hank, blessé durant la première guerre mondiale, taiseux mais fort de la volonté de s'en sortir et Laurel sa soeur, rejetée à cause d'une tâche de naissance mais qui rêve d'une vie meilleure vont voir leur vie basculer à l'arrivée d'un joueur de flûte.

Dès lors l'ambiance devient de plus en plus inquiétante à mesure que le drame se noue.
Il est question de préjugés, de lâcheté, de vengeance, de solitude et même si parfois de petites notes d'espoir, de solidarité et de musique se glissent dans le récit, l'ambiance reste irrémédiablement sombre et pesante.
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Un vallon dans lequel on n'a le droit ni à la lumière ni au bonheur !

Extrait de la page 27 : "une terre d'ombre et rien d'autre lui avait dit sa mère, qui soutenait qu'il n'y avait pas d'endroit plus lugubre dans toute la chaîne des Blue Ridge. Un lieu maudit pensait la plupart des habitants du comté, bien avant que le père de Laurel n'achète ces terres. Les cherokees avaient évité ce vallon, et dans la première famille blanche à s'y être installée tout le monde était mort de la varicelle. On racontait des histoires de chasseurs qui étaient entrés là et qu'on n'avait plus jamais revus, un lieu où erraient fantômes et esprits. Mais les parents de Laurel n'en savaient rien au printemps où son père, à la recherche de terres bon marché, avait passé la frontière séparant les comtés de Cocke et de Madison et trouvé 100 acres pour le prix de 20 dans le Tennessee."

Un livre que je qualifierais humblement de "moyen".
Ce n'est pas de la littérature à grand spectacle, à grande surprise, mais c'est plaisant à lire.
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Fuir!
Fuir ce vallon encaissé de Caroline du Nord, si encaissé que le soleil y pénètre à peine, fuir la médisance crasse des villageois qui la prenne pour une sorcière au seul motif qu'elle a une tâche de naissance, fuir parce que la guerre lointaine en Europe va bien finir par s'achever et laisser s'ouvrir un monde de nouvelles possibilités, fuir puisque son frère rentré mutilé de cette guerre va se marier et l'abandonner à sa solitude...
Quand Laurel rencontre au bord du ruisseau l'inconnu à la flûte d'argent, ce sont tous ces espoirs qu'elle projette sur lui. le lien se tisse, mais le destin veille...

Voilà un âpre roman d'atmosphère dont on tourne les pages pour chercher l'air et la lumière, tant ils y manquent. Un thriller oppressant également, qui s'ouvre sur la découverte d'un crâne au fonds d'un puits; comprendre comment il est arrivé là vous coûtera quelques pénibles sensations d'étouffement, mais offre aussi un moment d'immersion intense dans l'univers bruissant de nature et de rigueur d'un Ron Rash au mieux de sa forme.
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Un canyon qui ne voit jamais le soleil, dans ce canyon une ferme et dans cette ferme une soeur qu'on prend pour une sorcière à cause de sa tâche de naissance et un frère qui revient de la guerre en Europe une main en moins... Un vieux, voisin qui aide comme il peut et plus loin, un village avec son sergent recruteur de soldats pour aller combattre...
Et si un rayon de soleil venait éclaircir ce paysage et cette vie de misère qui colle à la peau ? Un rayon de soleil qui aurait la forme de trilles jouées à la flûte ?
Un roman noir qui n'a rien de "policier" même s'il en reçu le prix en 2014, une écriture limpide, des descriptions soignées et en découpage en petits chapitres qui en rend sa lecture très agréable...
Un bon moment de lecture, je recommande.
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Une terre sombre et désolée, un endroit où le soleil n'arrive à percer l'obscurité de ses rayons. Un vallon sur le flanc opposé de la montagne où se trouve la ville et ses activités. Une famille qui s'exclue en cherchant la tranquillité, venant s'installer dans un coin discret pour s'y épanouir.

La terre ne donne pas, la forêt est malade, la ferme s'abîme. le père ne peut plus travailler, ensuite c'est la mère qui est emportée. Plus que tout, le vrai problème réside dans les croyances de cette ville de paysans. La jeune fille de la famille, Laurel, a une tâche de vin sur le visage, symbole de la sorcellerie, une marque apposée pour montrer sa différence. Vivant sur le flanc noir de la montagne, cela donne foi aux brimades et harcèlements des camarades qui deviendront des adultes encore plus obscènes.

Un joli brin de fille qui sera toute seule une fois son frère parti à la guerre, emprisonnée sur cette colline et dans cette ferme, avec personne à qui parler si ce n'est son reflet dans le miroir qui lui crit son isolement. Un jour elle entend un son, une douce mélodie qui semble bien incongrue de ce côté mort du paysage. S'y trouve un jeune homme en loques qui viendra partager leur vie et leur travail à la ferme, apporter un peu de douceur et de bonheur dans l'existence de Laurel.

Dans cette atmosphère étouffante et moite d'obscurité, sur fond de seconde guerre mondiale où « le boche » est traqué puis éliminé sans sommation, ce petit souffle de douceur est un bienfait inestimable pour Laurel. Si le roman est très lent, il met bien en scène le monde paysan et leur culture, leurs croyances qui traversent le temps et les époques sans s'améliorer. La fin dépote tout ça, et vaut de s'accrocher au manque d'action du récit.

Ce roman a eu le Grand Prix de littérature policière 2014. Ah ? Vous m'en voyez épatée car il ne s'agit absolument pas pour moi d'un policier. J'accorde qu'il a un côté noir, mais c'est vraiment sur le fond et tellement bien caché qu'il ne saute pas aux yeux. Mais grâce à ce superbe bandeau je me suis attendu tout du long à avoir un retournement, un cadavre, quelque chose! Pour en fait un néant absolu … Bon.
Lien : https://cenquellesalle.wordp..
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J'avoue ne pas avoir été complètement conquise par la lecture de mon premier Ron Rash : Une Terre d'ombre.
Premier étonnement, le prix qu'il a obtenu en 2014 : le Grand Prix de littérature policière alors que pour moi il n'y a rien de vraiment tendu ou surprenant dans le fil de l'intrigue en dépit de certaines scènes qui s'avèrent plus captivantes par le suspense qui s'en dégage. Ce manque de tempo m'a d'ailleurs un peu déroutée au début du roman...
Désir de Ron Rash de planter avec précision le cadre de l'histoire : un vallon sinistre des Appalaches, oublié du soleil et soumis à une sorte de malédiction inscrite dans le paysage désolé et dans le coeur des femmes et des hommes qui y vivent ? Peut-être... Une nature donc omniprésente et oppressante, à commencer par la falaise qui surplombe le vallon . Il est vrai aussi que Ron Rash sait évoquer grâce à son écriture minutieuse et sensorielle toute la beauté insoupçonnée de la faune et la flore de ces lieux. Et certains passages dégagent une vraie poésie. On sent que l'auteur a vécu dans ces lieux qu'il a pris le temps d'observer et de mettre en mots toutes ses perceptions auditives, tactiles ou visuelles. Mais j'ai regretté parfois que son écriture soit plus minutieuse que suggestive.
Tout comme j'ai eu du mal à m'attacher vraiment aux pas des trois héros de l'histoire : Hank et Laurel Selton, une soeur et un frère , qui vivent de l'exploitation d'une ferme dans ce vallon maudit. Un duo qui va devenir trio avec l'arrivée d'un mystérieux joueur de flûte, à la fois messager de bonheur et d'espoir mais aussi porteur d'une tragédie imminente. Je n'ai pas réussi à partager vraiment les émotions de ces trois personnages sans doute en raison de l'écriture de l'auteur que j'ai sentie ou trop distanciée ou trop explicative.
En revanche certaines thèmes sont fort bien traités, qu'il s'agisse des superstitions villageoises dont va être victime Laurel et qui font d'elle une sorcière au regard des habitants de ce village perdu de Caroline du Nord ou bien de la xénophobie meurtrière dont Walter va être la cible car il a la malchance d'être allemand au moment où les Etats-Unis vont déclarer la guerre à l'Allemagne en 1917. L'auteur peint par petites touches assassines la stigmatisation et l'exclusion dont Laurel est la cible tout comme il rend sensible à travers le sergent recruteur, Chauncey Feith, le patriotisme borné dont fait preuve ce personnage et qui va lui faire commettre le pire.
Bilan mitigé donc, mais je m'interdis d'en rester là et vais essayer, en laissant passer un peu de temps, de me lancer dans la lecture d'un autre Ron Rash. Peut-être aurai-je la main plus heureuse...
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Comme son titre semble le suggérer, on reste longtemps dans l'ombre de cette histoire magistralement construite... et qui obtint le Grand prix de la littérature policière en 2014.
Lauren et Hank Shelton sont frère et soeur et vivent seuls dans un vallon isolé des Appalaches, lieu maudit qui a vu mourir leurs parents. Tous deux mènent une vie difficile : Hank est revenu amputé d'une main des combats de la guerre mondiale qui fait rage en Europe tandis que Laurel est mise au ban et perçue comme sorcière en raison d'une tache de naissance. Lorsqu'un étranger surgit dans la vie morne de l'héroïne, tout prend soudain un autre éclat, tout semble alors possible. Longtemps la musique du mystérieux joueur de flûte vous hantera comme le déroulement implacable des événements régis par la fatalité. Ron Rash excelle ainsi à montrer la bêtise d'une petite ville en proie à l'ignorance et à la superstition. Certains résistent, fragiles représentants de la civilisation et de la culture, mais peu en sortiront indemnes... L'écriture sobre met aussi en valeur la nature âpre où évoluent les personnages, puissance invisible dont la présence oppresse et magnifie le récit. Or curieusement cette sauvagerie des paysages apaise quand celle des hommes dévaste. Découvrez cette voix singulière et puissante.
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Ténèbres, silence et solitude sont les trois mots de la trame du récit : ils évoquent la bétise, la lâcheté et le mépris des habitants envers "ceux" du vallon. Hank et Laurel sont seuls, tout comme Slidell, ils sont à part, on ne vient pas jusque là.

Et puis Walter arrive et les couleurs apparaissent ; celles des perroquets, de la plume verte que Walter a gardée, ces couleurs qui vont dessiner les rêves et les espoirs que Laurel s'autorise désormais.

Le vert est important dans ce roman comme un porte-malheur : le vert de la plume qui dit que l'histoire n'est pas celle que l'on espère pour Laurel, le vert de la robe de la passagère du Lusitania et le vert de la robe de Laurel au pique-nique.


La nature est un personnage à part entière du roman, en ce sens, les éphémères rappellent qu'il faut vivre le moment présent en toute intensité et que les projets d'avenir ne restent parfois que des projets par la faute d'une haine entretenue ou d'un refus de générosité.

Très belle histoire que celle-ci qui se déroule à la fin de la Première Guerre Mondiale, sur fond d'Histoire avec un grand H, les peurs et les appréhensions d'un bourg face à ce que les habitants n'acceptent pas toujours de comprendre des étrangers.


Ron Rash sait mêler habilement intrigue et liens avec la faune ou la nature, avec les intempéries, comme si tout était lié et que dans notre monde , animaux, cieux, et hommes interagissaient sans vouloir le reconnaître et la malédiction ou les superstitions ne seraient finalement que ce refus d'en prendre conscience.

Je crois que je n'oublierai pas Laurel....
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