Le roi au-delà de la mer

Dans le prolongement de Thierry Ardisson et son « Louis XX : Contre-enquête sur la Monarchie », publié à l'occasion du bicentenaire de la Révolution, Jean Raspail interpelle les prétendants au Trône.

Trois évocations hantent cet ouvrage et justifient sa lecture par leur souffle épique :
- la profanation des sépultures dans la basilique de Saint Denis en 1793, au coeur de la Terreur.
- la défaite des Jacobites en 1746 à la bataille de Culloden et l'extermination des insurgés écossais par le duc Cumberland et ses mercenaires allemands.
- la tentative de la duchesse de Berry en 1832 et le sursaut des vendéens.

Nostalgie nourrie d'histoire, avivée par le spectacle offert par notre république incarnée par des présidents rendus impuissants par le quinquennat et le poids des médias, cet ouvrage ne m'a pas convaincu et je doute qu'une restauration monarchique soit possible et soit aujourd'hui souhaitable.

Le rétablissement de la royauté en Espagne est-il, par exemple, un modèle enviable ?

Un ouvrage qui incite à la réflexion mais ne laisse un souvenir impérissable contrairement à l'inoubliable « Sire ».

Presque comme une suite de Sire, ici, Raspail dans un récit romancé s'adresse à son roi fantasmé, un roi qui se prendrait enfin pour le roi et qui refuserait le jeu républicain et citoyen et people que l'on aimerait lui voir jouer. Il partirait en exil en Ecosse, l'autre pays des rois sans patrie. de là, Raspail imagine deux magnifiques pieds de nez à la République : la conquête pacifique par la seule érection de ses armes en pleine vue d'une vingtaine d'îlots au large des côtes françaises ; l'autre alternative serait la conquête d'une seule île mais avec l'intention de n'en plus partir sauf par les armes et le sang. Dans les deux cas non pour reconquérir son pays, dessein voué à l'échec, Raspail le sait, mais pour témoigner et rappeler que le roi est toujours vivant et continue à prendre date. On sent dans ce court récit de fiction l'envie pressante de Raspail de voir la monarchie redevenir sinon une alternative politique, du moins un signe à l'horizon pour ne pas sombrer définitivement dans la décadence annoncée, pour qu'après l'effondrement de notre pays, notre culture, notre civilisation reste un espoir, une lueur, ni flétrie, ni corrompue, ni collabo avec ce qui se passe depuis plus d'un siècle en France, depuis 50 ans, depuis la fin du vingtième siècle. La seule lueur d'espoir comme cette idée d'un monastère qui abriterait pour la protéger, le protéger, toute la culture, tout le savoir accumulé de notre histoire française et européenne.

Roman inclassable, violent et utopique.
Un descendant des rois de France, exilé, va tenter un coup d'état et de reprendre pocession de son royaume.
Bien que la cause soit perdue d'avance, le prétendant soulève une « armée » et réalise les aspirations profondes de ses partisants et les siennes propres.
Tous se savent utopiques ; mais peu importe la conclusion de leur affaire ; ce qui compte le plus, c'est cette marche triomphante de la monarchie ; cette action belle et noble ; « à la Jeanne d'Arc ».

J'ai pensé que ce livre était la continuation du roman Sire, à mon avis il est plutôt une réflexion sur le retour de la monarchie en France qu'un vrai roman.

Moi que j'aime l'histoire de la France je l'ai trouvé assez intéressant, riche d'aspects historiques et avec quelques anecdotes bien racontées.

Prenez deux ou trois heures, revivez l'histoire de notre pays, goûtez de cette oeuvre troublante où se croisent souffle, idéalisme, rêve…

Bonne lecture, Patrick