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EAN : 9782874663345
233 pages
Jourdan (19/03/2015)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
En pleine tourmente de la guerre 14-18, alors que l'armée d'Albert    Ier, le Roi-Chevalier, se bat sur l'Yser et que la Belgique non-occupée se réduit aux polders désolés du Westhoek, l'Hôpital de la Croix-Rouge à La Panne va écrire une page magnifique, mais méconnue de l'histoire de la Première Guerre mondiale.

Installée dans l'Hôtel de l'Océan, sur la digue, à une douzaine de kilomètres des premières lignes, l'ambulance du docteur Depa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La situation, il y a un siècle, en Flandre, fait penser à la Gaule du temps de Jules César, revu et corrigé par Goscinny et Uderzo, mais en plus dramatique : un tout petit espace, coincée entre la rivière de l'Yser et la mer du Nord, totalisant de Nieuport à La Panne à peine 12,50 km.
Après la grande bataille d'Anvers, les troupes belges et françaises étaient forcées de se retirer vers la côte, où ont eu lieu les batailles sanglantes de l'Yser du 17 au 31 octobre 1914. Pour empêcher l'armée allemande de joindre Dunkerque, le roi Albert 1er de Belgique et commandant suprême de son armée, approuva une grande inondation du polder du Westhoek (coin occidental). Une initiative émanant du chef éclusier du canal de l'Yser, Henri Geeraert, qui a mis une zone de presque 10 km de longueur sur 3 km de largeur à blanc, ce qui arrêta net l'avance allemande. Notre éclusier fut récompensé par sa photo sur les billets de 1000 francs belges, hélas, longtemps après sa mort.

Dans cette zone non occupée de même pas 50 km carrés comptant une quarantaine de villages, La Panne devint la nouvelle capitale du royaume jusqu'à la fin de la Grande Guerre, car le roi y gouverna par arrêtés, tandis que le gouvernement s'était retiré en sécurité en Normandie. le souverain qu'on voyait se rendre chaque matin à cheval sur la plage vers son devoir, obtint vite le surnom de "Roi-Chevalier". Une capitale de 2.872 habitants à 12 km des premières tranchées allemandes et où étaient concentrés les 40.000 combattants belges restants (38.716 succombèrent), coupés de leurs familles.
Comme plus de 3/4 des soldats blessés moururent lors de leur transfert aux cliniques, 5 hôpitaux de front s'ouvrirent, dont celui de l'Hôtel de l'Océan sur la digue à La Panne.

Le couple royal confia la charge de ces hôpitaux à l'éminent chirurgien Antoine Depage (1862-1925), qui avait opéré le roi Léopold II en 1909 et déjà fait ses preuves à Constantinople lors de la Guerre du Balkan et dont l'épouse, Marie Picard, mourut au retour des États-Unis d'une mission de collecte de fonds, à bord du paquebot Lusitania, torpillé par des sous-marins allemands en mai 1915. Des fonds importants furent effectivement nécessaires pour transformer l'hôtel en hôpital et aménager ces centres de l'équipement indispensable. Heureusement que le sort de la petite Belgique et du courage de son peuple lui valut une grande sympathie outre-Atlantique, comme l'avait résumé dans un titre le New York Times : "Brave little Belgium". L'aide financière US fut considérable. L'Hôpital de L'Océan comptait 150 lits au départ et presque 1200 en 1918, sans compter les dépendances érigées dans les dunes.

L'ouvrage que Raymond Reding a consacré à cette "capitale de fortune" parmi le bruit et la fureur - pour citer William Faulkner - de cette immense tuerie mondiale, m'a impressionné et plu et cela pas bêtement parce qu'il m'arrive d'habiter à La Panne. Impressionné parce que l'idée même de ce livre à été suggèrée à l'auteur par le doyen de la faculté de médecine de Bruxelles, où il était chirurgien, presque comme un défi ! Ce doyen a probablement été aussi enchanté que moi de la façon superbe qu'il a relevé ce défi en quelques 240 pages. Tout y est : les prémisses de cette horrible guerre et ses conséquences épouvantables en vies et misère humaines, comme encadrement des soins prodigués à ces malheureux jeunes soldats blessés.

Les chiffres de la Première Guerre mondiale sont incroyablement terrifiants : 74 millions de combattants mobilisés et plus de la moitié de ces engagés furent tués, blessés, capturés ou disparurent. L'ampleur des pertes donne le vertige : le nombre de morts, rien que des victimes françaises, est estimé à 1.375.000 ! Des statistiques sur le nombre de vies brisées des jeunes garçons sortant des tranchées sont évidemment inconnues, mais ont dû être tout à fait colossales. de nombreux témoignages littéraires existent, mais je me limite à 2 très représentatifs : un écrit par un participant "À l'Ouest rien de nouveau" de Erich Maria Remarque et un écrit par une femme loin du front "Le retour du soldat" de Rebecca West.

Cette boucherie a aussi été la première occasion d'utilisation d'armes chimiques : les gaz toxiques, le fameux gaz "moutarde" aussi nommé "l'yperite", d'après le nom de la ville d'Ypres, qui s'attaqua principalement aux yeux et à la peau " dont la guérison, si elle intervenait, prenait des mois en laissant des séquelles considérables." Ce qu'on appelle "shell shock" aujourd'hui était totalement ignoré à cette époque, où l'on préférait parler de "plaies des nerfs".
Lorsque j'avais 18 ans et me trouvais en Angleterre pour des cours d'été d'anglais, j'étais étonné que surtout les personnes d'un certain âge me demandaient souvent, lorsqu'ils apprirent que j'étais flamand, "Are you from Ypres ?" Maintenant et encore plus après lecture de ce livre, je comprends mieux la portée de cette question.

Raymond Reding est chef de service de chirurgie pédiatrique abdominale à la clinique Saint-Luc de Bruxelles et professeur à l'université de Louvain. Il est aussi l'auteur du remarquable "Le roman de Saigon", où il a effectué plusieurs visites et de nombreuses opérations chirurgicales.

Je termine par le poème célèbre de John McCrae (1872-1918), médecin militaire et poète canadien : "Au champ d'honneur" ("In Flanders Fields") :

Au champ d'honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix ; et dans l'espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.

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Excellent livre. Une écriture très agréable.
Une documentation riche en informations.
Raymond Reding séduit son lecteur.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ô femmes dont les mains sont belles,
Vous dédiez, par charité,
Leur sûre et tranquille bonté
Au soin quotidien des blessures mortelles.

Émile Verhaeren

En hommage aux infirmières bénévoles de la Première Guerre mondiale au front, en Flandre.

(page 141)
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" Le médecin militaire ne soigne pas, il évacue. "

Max Deauville (pseudo du docteur et écrivain Maurice Duwez, 1881-1966)

(page 79)
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Video de Raymond Reding (II) (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raymond Reding (II)
Communication du Pr Raymond Reding au symposium "1914-1918: Les médecins montent au front" le 10 mai 2014 organisé par l'Académie royale de Médecine de Belgique au Palais des Académies.
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