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EAN : 9782081509108
81 pages
Flammarion (08/01/2020)
2.95/5   70 notes
Résumé :
Elle s’enduisait de la vieille crème de huit heures d’Elizabeth Arden. Tu pues le camphre Gigi, je disais. Elle répondait c’est un aphrodisiaque, la pauvreAu temps du Théâtre de Clichy, j’étais sa seule amie. Les autres étaient jalousesLes hommes tournicotaient comme des mouches. Elle tombait amoureuse plusieurs fois par mois.À vingt-trois ans elle s’est trouvée enceinte. Pendant deux jours on s’est cassé la tête pour savoir quoi faire et puis elle a dit, allez hop ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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… « Tu commences petites gens, tu finis petites gens. »

Phrase cruelle tenue par Anne-Marie, la comédienne âgée qui se souvient.
Petits rôles tenus sous l'ombre de « noms » qui écrasent mais n'en finissent pas moins dans une solitude intérieure qui les ronge.
Même « Gigi » la copine des débuts, celle au physique impeccable, celle qui a su plaire, ce qu'Anne-Marie n'a pu concrétiser, termine sa vie tristement.

Amertume, banalités quotidiennes, fils ennuyeux, regrets, souvenirs nostalgiques du premier contact avec le monde du théâtre, souvenirs aigris des tentatives avortées, l'ombre et la lumière pour d'autres.
L'enfermement pour Anne-Marie entre les planches et la banalité d'une vie de couple réglée, trop réglée, ne permettant pas un épanouissement personnel plus créateur explique beaucoup de choses.
La phrase cruelle résume ce qu'est l'obscur, le « sans-grade » du théâtre.
Un rêve à portée de main, une incapacité viscérale, une projection amère dans celui ou celle qui a réussi.

Tout s'égrène dans ce monologue d'apparence banale, sans nouveautés que ce qui est connu depuis toujours : le théâtre et sa gloire éphémère, la rivalité, la rancoeur, le rêve et le vide.

« Anne-Marie la Beauté » se lit aisément, à coups de soubresauts et rend ainsi hommage à tous ceux qui tentent de vivre de cet art dont il ne reste que les mots et dont les interprètes s'oublient…

Ce monologue doit sûrement acquérir un plus avec une interprétation marquante.
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🪞 « Je suis vieille maintenant, avoir une main à attraper c'est important
Je le dis sans sentimentalité attention.
Je n'ai jamais été une sentimentale.
Enfin si, j'ai été une sentimentale malheureusement, mais en secret, sans le gnangnan qui est associé à ça »
(P.38)

🪞Anne-Marie Mille livre un monologue sur sa vie. Ancienne actrice de théâtre qui n'a fait que croiser un succès qu'elle contemplait avidement, elle se penche sur son expérience, ses amis, son enfance, les hommes. Issue d'une famille modeste, elle grandit dans un environnement hostile, sa mère ne croyant pas en elle et ne supportant que quelqu'un d'autre qu'elle-même ne soit le centre du monde ; elle quitte la maison familiale dès le plus jeune âge pour rejoindre la capitale dans le rêve de côtoyer à Paris ceux qu'elle admirait tant dans sa petite bourgade et qui forçaient le respect et l'admiration à leur moindre passage.

🪞Les contemplations d'un avenir brillant comme revanche sur un passé troublant, voilà ce qui transcende Anne-Marie. Mais la jeune fille est plutôt quelconque, ni jolie ni laide, sans grand talent, au contraire de la belle Gigi, femme enivrante et ensorcelante dont le moindre geste fascine la jeune fille. Deux ans les séparent seulement, mais un océan infranchissable, en réalité. Gigi s'affranchît de tout, des codes, des hommes et de la bienséance, elle foule la scène comme une reine insouciante. Elle quitte un jour le théâtre pour le cinéma, sans aucun regret, sans aucune peine pour la troupe d'amis qu'elle avait… et Anne-Marie, des années plus tard, déplore cette attitude, ce manquement.

🪞Bien plus qu'un récit sur la femme qu'elle n'a jamais été, Anne-Marie qui se rêvait « La beauté » livre une confession nostalgique et désespérée de ce qui n'est plus, de ce qui disparaît, comme les volutes de fumée merveilleux et envoûtants que certains réfractaires chassent d'un revers de main. Se faisant la voix d'une splendeur et d'une époque passées, elle est l'unique témoin brinquebalant du temps qui fuit, des idéaux qui s'effritent, des sols qui se dérobent sous nos pieds, ne laissant que les souvenirs à étreindre, poussière d'or évaporée …
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Comme beaucoup d'entre nous rencontré Yasmina Reza grâce à ses écrits théâtraux, « Art » et puis « le dieu du carnage ». Puis sont venus d'autre livres me laissant à chaque fois d'excellents souvenirs. Il en sera de même de celui-ci.

Il s'agit cette fois d'une fiction sans aucun doute largement inspirée de ses rencontres et observations quand elle travaille avec comédiens et comédiennes, Yasmina Reza étant également metteuse en scène.
Anne-Marie et Giselle sont comédiennes, amies de longue date. Giselle a connu le succès et la gloire, Anne-Marie est toujours restée second rôle ou même simple figurante.

Au crépuscule de sa vie, après les funérailles de Giselle, Anne-Marie se remémore leur existence passée.

Il s'agit d'un monologue, j'imagine très bien une vieille dame assisse dans son vieux fauteuil usé, une tasse de thé posée sur la table basse, l'après-midi n'en finit pas, et ses souvenirs remontent à la surface, en vrac. Comme on tire sur un morceau de ficelle et c'est la pelote tout entière qui se déroule, la première évocation en appelle une autre, la mémoire est capricieuse, le cheminement de la pensée erratique, et parfois même redondant.

J'ai trouvé ce texte terriblement attachant, émouvant, drôle aussi. Il y a de l'amertume, un peu de jalousie dans ses souvenirs évidemment. Elle aurait aimé être aussi célèbre que son amie, elle avait plus de talent qu'elle mais le destin a fait qu'elle n'a jamais réussi à être au bon endroit au bon moment.

Comme les petits vieux avec lesquels il m'arrive de parler, Anne-Marie se répète, mais ce radotage n'est pas lassant, il apporte au contraire une certaine légèreté au texte, plus de crédibilité encore.

Elle mélange anecdotes et souvenirs anciens aux situations actuelles, aux remarques faites par son médecin ou par son fils, c'est savoureux de lucidité, même dans la perte de repères elle arrive à rebondir et à encore donner le change, pour combien de temps ?

Il semblerait que ce texte ait été joué au théâtre, par un homme, André Marcon, à qui le livre est dédié. J'aurais adoré le voir interprété. Un seul en scène sans grand fracas mais incarnant toute la puissance de la mémoire fluctuante et la tendresse que l'on peut avoir pour une personne qui sombre inexorablement tout en ayant encore des moments de fulgurances et de vigueur.

Un petit texte court, deux heures d'une après-midi passée en compagnie d'Anne-Marie, un excellent moment de lecture.


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Après avoir découvert Yasmina Reza dans "Art" que j'avais tout simplement adoré, il me tardait de découvrir l'envergure de sa plume dans d'autres genres. Avec "Anne-Marie la Beauté", elle nous emmène dans un monologue, celui de cette ancienne comédienne, qui échange avec l'autrice sur son passé.

Mêlant aux souvenirs de sa carrière avec ses anciens collègues des anecdotes plus personnelles sur la vieillesse, ce récit pour le moins décousu est touchant. C'est avant tout l'amenuisement de la mémoire qui est ici exprimé, avec le radotage et les ellipses qui lui sont propres. L'on a parfois du mal à suivre le fil des pensées ainsi énumérées, mais c'est ce qui fait le charme de ce texte, qui retranscrit avec fidélité l'évaporation des souvenirs, qui viennent et reviennent dans l'esprit de leurs auteurs, comme des vagues dont les bribes de conversations seraient l'écume.
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Une ancienne actrice âgée, Anne-Marie Mille, monologue sur sa vie – ses joies, ses peines, ses amours, ses succès, ses échecs, la vieillesse… – et parle notamment d'une autre actrice qu'elle a connue, Giselle Fayole, et qui a eu beaucoup plus de succès qu'elle-même. ● C'est un très beau texte, très touchant, avec un superbe style parlé : Yasmina Reza à son meilleur. Je le recommande vivement.
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critiques presse (1)
Bibliobs
07 janvier 2020
Dans « Anne-Marie la beauté », la romancière et dramaturge met en scène l’art qui l’a consacrée : le théâtre. Avec ses fortunes et ses illusions.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Giselle était allongée sur un sofa à fleurs avec ses cheveux

Ses cheveux m’ont hypnotisée

Elle avait vingt et un ans. J’en avais dix-neuf

Elle faisait partie des filles qui restaient au lit jusqu’à midi, elles faisaient tout dans le lit, manger, téléphoner, lire, recevoir, et dans leur loge, elles avaient un divan et elles s’allongeaient encore avec les pieds surélevés

Giselle c’était ça quand je l’ai connue. Allongée avec une tasse de thé à portée de main et un biscuit.
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Ses cheveux m’ont hypnotisée
Elle avait vingt et un ans. J’en avais dix-neuf
Elle faisait partie des filles qui restaient au lit jusqu’à midi, elles faisaient tout dans le lit, manger, téléphoner, lire, recevoir, et dans leur loge, elles avaient un divan et elles s’allongeaient encore avec les pieds surélevés
Giselle c’était ça quand je l’ai connue. Allongée avec une tasse de thé à portée de main et un biscuit
Elle avait une chambre rue Émile-Augier, à la Muette. Moi rue des Rondeaux dans le 20e
Ça longeait le cimetière du Père-Lachaise. Une vue à se mettre une balle. Je n’ai jamais compris les gens qui peuvent ne manger qu’un seul biscuit. Un seul biscuit, où est la joie ?
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Dans les magazines, j’étais à l’affût des photos de Brigitte Bardot. Je les découpais et je les collais dans un album que je montrais à des visiteurs invisibles
Je commentais les épisodes de ma vie en tournant les pages avec modestie car c’était moi bien sûr cette beauté. Anne-Marie la beauté
Je posais avec des cuissardes genre Nancy Sinatra, je faisais le pitre sur un bateau en Norvège
Parfois je disais à mes interlocuteurs, je suis pensive sur ce banc c’est vrai, c’était une période sombre
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Mon mari avait besoin d’un cadre pour survivre. Même d’un cadre carcéral. S’il avait eu son électrochoc à dix-sept heures et sa torture à dix-huit heures trente il aurait été content. C’est la règle, on sait ce qu’on fait. J’aurais bien fait la bédouine avec un Olbrecht
Tu fais la bédouine et quand tu es veuve tu finis dans un cagibi avec un réchaud et tes breloques empilées
Mon mari m’a laissé deux garanties de prévoyance en capital et rente, plus deux assurances vie à mon nom. Sans parler du gentil trois-pièces à deux pas de la place Pereire
Toujours eu le spectre de la roue qui tourne
Tu commences petites gens et tu finis petites gens
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vous sais gré d’être venue m’interviewer
Il ne faut pas oublier une chose madame : dans notre monde on tombe de haut
Dans les théâtres autrefois, des artistes faisaient la quête pour leurs camarades dans le besoin
Une femme en robe rouge plissée récitait un petit discours moitié bigot moitié menaçant, ensuite elle passait avec sa tirelire
Elle respirait le malheur. Une coiffure déséquilibrée sur le côté, vaguement miteuse
La coiffure qu’on a fait gonfler en enroulant les mèches en hauteur et qui s’effondre sur le côté, c’est la coiffure du malheur
D’autres fois, c’était un homme avec un chapeau de d’Artagnan pour égayer
Ils disaient des noms qu’on avait lus sur des affiches un jour, les pauvres gens qui avaient cru en leur étoile.
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