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EAN : 9782490297030
150 pages
Editions Anacaona (09/05/2019)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Racisme et machisme à la télévision, métisses et carnaval, Serena Williams, féminisme, quotas raciaux, mobilisation sur les réseaux sociaux, blackface… Rien n’échappe au regard aiguisé de la philosophe, féministe et activiste Djamila Ribeiro.

Dans ces chroniques originellement publiées dans la presse, Djamila Ribeiro réagit à chaud sur des situations du quotidien, à partir desquelles elle aborde des concepts comme le patriarcat, les droits LGBT+, l’au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si vous êtes fatigué e d'entendre parler du sexisme et du racisme, imaginez celles et ceux qui les vivent tous les jours

Le Brésil, le racisme et le machisme. Dans ses chroniques, Djamila Ribeiro nous propose des analyses percutantes mais non dénuées d'humour.

L'autrice aborde, entre autres, les apports de féministes noires, l'arrogance de certaines féministes blanches, les résistances, la criminalisation de l'avortement, l'idée romantique de la maternité et sa naturalisation, l'humour et le racisme, « Pourquoi la société montre-t-elle de la compréhension envers la personne qui opprime et non envers celle qui est opprimée ? », les « experts en opinion », l'idéologie raciste, « le racisme est un système d'oppression qui vise à nier les droits à un groupe, qui crée une idéologie d'oppression envers ce groupe »…

Elle discute aussi de Simone de Beauvoir, de sujet, « je veux en être le sujet », de discours « du racisme, du machisme, de l'homophobie, de la lesbophobie, de la transphobie », de l'héritage de l'esclavage, de la confusion entre liberté d'expression et discours de haine, du concept d'égalité abstraite..

Djamila Ribeiro cite un extrait d'un poème de Maya Angelou :

« Avec vos mots, vous pouvez m'assassiner,
Avec vos yeux, vous pouvez me décapiter,
Avec votre haine, vous pouvez me tuer,
Mais encore, comme l'air, je me lèverai »

Je souligne particulièrement le texte « le racisme à l'envers n'existe pas », le racisme comme système d'oppression, « le racisme va au-delà des injures, c'est un système qui nie nos droits », les discours de fausse symétrie.

Comme elle, je rappelle l'intervention d'Aamer Rahman : le « Racisme Anti Blancs » par Aamer Rahman – VOSTFR – (« Reverse Racism » ) https://entreleslignesentrelesmots.blog/2015/11/09/le-racisme-anti-blancs-par-aamer-rahman-vostfr-reverse-racism/

Djamila Ribeiro parle du carnaval, de caricatures et de déguisements, de drôlerie « mais pour qui ? », de rêves détruits, de généralisations « imposées à des groupes sociaux spécifiques », de naturalisation des oppressions et de l'origine sociale des inégalités, « le pouvoir s'est toujours appliqué à cacher l'origine sociale des inégalités, en faisant croire que les disparités sont naturelles, méritocratiques ou fixées par la providence », de blackface, de structure sociale héritée de l'esclavage, des religions africaines, de blanchité, de discrimination positive et de quotas « Les quotas sont des mesures d'urgence temporaire qui doivent exister jusqu'à ce que les écarts se réduisent », d'égalité et d'inégalité, « traiter inégalement les inégaux pour promouvoir l'égalité effective », du machisme et du racisme comme éléments structurant la société, de valorisation d'un modèle blanc et d'« amplifier l'universalité, pour qu'elle incluse un nombre supérieur de possibilités d'existence », de corps et de regards sur les corps, « le regard conditionné sur ce que serait la beauté et la féminité est une insulte à l'intelligence des téléspectateurs », des impositions sociales sur le comportement des femmes, de contrôle du corps des femmes, de métissage et des mulâtresses, de métissage et de la culture du viol, de la chosification des femmes et des groupes de femmes, de la déshumanisation des femmes noires, de l'émotion sélective, de la vie des un·es et des autres, de la fétichisation de la pauvreté…

J'ai aussi été particulièrement été intéressé par le texte « le racisme est une problématique blanche », le blanc comme affirmation politique, l'histoire des privilèges, « Les personnes blanches ne se voient pas comme blanches, elle se voient comme des personnes », la construction des normes et des écarts aux normes, la différence, « je suis devenue différente à travers la discrimination ».

Djamila Ribeiro analyse les apports de l'intersectionnalité, l'importance des contre-discours et des contre-récits, « La question du silence peut également être étendue à un silence épistémologique et de pratique politique au sein du mouvement féministe », l'invisibilisation des réalités, le mythe de la femme moderne, la confusion « entre valeurs démocratiques et valeurs capitalistes, émancipation et ascension économique ».

Elle développe sur l'autonomisation des femmes et les conditions de cette autonomie…

Le livre se termine par un très beau texte auto-biographique, « le masque du silence. Djamila Ribeiro par elle-même ». L'autrice parle de son enfance, de ses ressentis et de ses révoltes, des évolutions de sa pensée, de ses cheveux, de la langue anglaise, de l'engagement de son père, d'autrices (dont Chimamanda Ngozi Adichie et de son intervention sur le danger d'une histoire unique, https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/07/14/le-danger-dune-histoire-unique/), de non-place et d'humanité, de production de savoirs et de visibilité d'autrices…

Elle revient, entre autres, sur la place des féminismes noirs, « Penser les féminismes noirs, c'est penser les projets démocratiques », la réduction des populations noires à l'esclavage « comme si la résistance n'avait pas existé », la différence entre « identité victimiste et résistance militante », la pluralité des savoirs, la réfutation de l'épistémologie « du maître qui prétend englober toutes les autres », la reconfiguration du monde « à partir d'autres regards », l'imbrication des dominations, « les féministes noires affirment qu'il n'est pas possible de lutter contre une oppression et d'en alimenter une autre », l'égalité…

Je souligne particulièrement : « une sensation d'inadéquation ne me quittait pas », la difficulté de parler ou d'exister « pleinement dans certains espaces », la construction de protection, « j'ai dû épaissir ma cape de protection », la non-appartenance, « ce sentiment de non-appartenance », les refus, « Je ne voulais plus me cacher, je ne voulais plus être invisible ».

Un certain nombre de lectrices et de lecteurs en reconnaîtront aisément les raisons…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Parce qu’elles ne sont ni blanche ni hommes, les femmes noires occupent une position très difficile dans la société suprémaciste blanche. Nous représentons une sorte de double carence, une double altérité puisque nous sommes l’antithèse des deux, de la blanchité et de la masculinité. Dans ce schéma, la femme noire ne peut qu’être l’autre, et jamais elle-même. Les femmes blanches ont un statut oscillant, en tant qu’elles-mêmes et en tant que l’autre de l’homme blanc, car elles sont blanches, mais elles ne sont pas hommes ; les hommes noirs exercent la fonction d’opposant aux hommes blancs car ils sont de possibles concurrents dans la conquête des femmes blanches, car ce sont des hommes, mais ils ne sont pas blancs ; les femmes noires, donc, ne sont ni blanches ni hommes, et exercent la fonction de l’autre de l’autre.

(P115)
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Avec vos mots vous pouvez m’assassiner,
Avec vos yeux, vous pouvez me décapiter,
Avec votre haine, vous pouvez me tuer,
Mais encore, comme l’air, je me lèverai.

Maya Angelou
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Pourquoi la société montre-t-elle de la compréhension envers la personne qui opprime et non envers celle qui est opprimée ?
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Penser l’intersectionnalité, c’est percevoir qu’il ne peut y avoir une primauté d’oppression sur une autre, et que celles-ci étant structurantes, il faut rompre avec la structure. C’est penser que la race, la classe et le genre ne peuvent être des catégories considérées de façon isolée : elles sont au contraire indissociables.

(P112)
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En perdant la peur du féminisme noir, les individus privilégiés verront que notre lutte est essentielle et urgent, car tant que nous, femmes noires, continuerons à être la cible d’attaques constantes, l’humanité tout entière sera menacée.

(P162)
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